Ni les morales ni les coutumes ne sont le mental

Musique :

« La liseuse dans le marc de café »

 Paroles ,  Blog de Lila

 

 

 « Ni les morales ni les coutumes » ne sont « le mental » [1]

 

-Un préfet qui ordonne

des juges qui se démettent

beaucoup d’experts qui supposent

des médecins qui entérinent

et un supposé malade -

 

 

Page II

Dans tout le Site :

 

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Plan de la page :

 

1.      Présentation du site

2.      Etapes et jalons

3.      Conclusion

4.      Clôture

5.      Mes publications

6.      Lois sur la psychiatrie (vers 2000)

7.      Fin de page – notes de bas de page

 

Message principal de cette page :

« …lorsque se constitue sous nos yeux une sorte de « nouvel ordre psy » qui justifierait tous les « standards… »

Notes de bas de page : 

 

1.      La traversée de la méditerranée [2]

2.      La toxicomanie [3]

3.      Effets indésirables des médicaments [4]

4.      Volumes [5]

5.      Un idéal impossible [6]

6.      Les constitutions [7]

7.      Effets trompeurs [8]

8.      Du « démuni d’esprit » au « démuni d’argent » [9]

9.      Populations africaines[10]-

10.  Toponymes [11]

11.   Croyances et symbolique  [12]

12.   Ibn Battuta [13]

13.  Hal de Qsar es souk[14]

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1. Présentation du site

 

Longtemps j’ai espéré lire un jour ce j’avais moi-même à dire. Ces choses que je voyais, mal connues, je pensais qu’il fallait les dire. Ce jour n’est jamais venu, c’est pourquoi j’ai créé ce site. J’ai mis alors « en ligne », au début des année 2000, quelques articles courts que j’avais écrits, longtemps plus tôt. Témoins de mes préoccupations, depuis mes premiers pas dans la « psychiatrie » jusque devenu « psychiatre des hôpitaux », ils en livrent un début d’analyse.

Puis l’actualité et certains projets m’apparurent inquiétants, tout en confirmant l’analyse. Mais ces errements ne viennent peut-être que de méconnaissances ou de malentendus. J’ai alors essayé d’en faire une véritable systématisation pour le web, directement, espérant ainsi aider au plus tôt et au mieux, tous ceux qui pourraient bénéficier de mon appréhension des difficultés du sujet :

q           Quels sont donc les liens entre  la médecine et la psychiatrie ?

q           Qu'est-ce donc ce qu'on appelle « maladie mentale » ?

q           S'il y a « maladie », de quel « genre de maladie » s'agit-il ?

q           Pourquoi dit-on si souvent qu'elles sont «  incurables »?

q           Y aurait-il quiproquos, voire imposture à  appeler « psychique »  une maladie pour laquelle on ne met en place que des mesures « physiques » : internements par contrainte et médications?

q           Le  « psychisme » existe-il réellement ? Si oui, que peut-on entendre par ce mot?

q           Pourquoi la « psychanalyse » n'est-elle jamais utilisée précisément là d'où elle est issue, et où il semblerait qu'elle ait le plus sa raison d'être ?

q           Quelle peut-être la fonction d'une « demande ou d'un refus de soins »?

q           Enfin, à tous moments, cette question de base, qui est à l'origine même de « l'invention de la psychiatrie », en France entre 1810 et 1838, et en tant qu'elle est bien autre chose que la médecine des fous, qui, elle, est immémoriale : Peut-on, « par une même et unique opération », concilier « les soins et l'ordre public » et permettre le bon déroulement des ces deux domaines aussi nécessaires l'un que l'autre ?

q           Peut-on, « par une même et unique opération » en mélangeant, voire en « inversant les rôles », des acteurs, médecins et policiers, eu égard à leurs compétences, permettre le bon déroulement des ces deux domaines ?

 

Car, c'est légalement le « policier » qui décide de « l'indication de l'hospitalisation sous contrainte », en déclarant un sujet « atteint de troubles psychiatriques », et, en pratique, c’est le « médecin » qui met en oeuvre les moyens de contention, en général des « neuroleptiques », que lui seul a le droit de prescrire. Les « juges », eux, sont exclus, exclusion, très insuffisamment encore dénoncée.

 

La réponse est venue : « Non! » : L'un et l'autre, les « soins » d’un côté, « ordre public » de l’autre, relèvent de procédures et de procédés différents.

D'ailleurs l'inefficacité de la psychiatrie en matière de lutte contre la « dangerosité » pourrait faire frémir. A l'inverse, bien souvent elle l'aggrave. On remarquera que depuis qu'elle existe, la psychiatrie n'a sans doute jamais contrôlé aucun des grands responsables des massacres ni à l'échelle planétaire, ni probablement même seulement à l'échelle familiale.

Mais que ne la brandit-on pas lorsque l'on voudrait s'opposer au cours d'un procès! Ce qui entrave le travail du médecin psychiatre, qu'il soit public ou privé est moins son « ignorance médicale » des étiologies de la morbidité ou l'insuffisance de son arsenal thérapeutique que « la législation » elle-même dont on est étonné qu'elle perdure encore.

Au total ces questions, élaborées par un médecin à la recherche des outils de travail dont il avait besoin, aboutissent la plupart du temps à rejoindre comme préalable à tout soin possible la question des « droits de l'homme ».

Il faudrait même aller beaucoup plus loin, dans le sens du respect de tout ce dont l’homme est donateur ou légataire, et d’un ensemble beaucoup plus vaste dont, assurément, s’il en partage la substance, il n’en est ni le centre ni le maître. Ces questions pourtant n’étaient pas les premières de mes recherches.

Mes préoccupations ont toujours été médicales, et l’on est parfois affligé que la question des « droits de l'homme » ait besoin d’être énoncée au préalable des soins, tant elle devrait aller de soi : La médecine, pourrait-elle être autre que « humanitaire »?

 

Les déclarations, pourtant, çà et là, côtoient l’hypocrisie: Que l'incurie des uns ou la violence des autres provoque des victimes, et l'on délègue une cohorte de psychologues pour consoler les survivants ! Un mésusage des psychologues viendrait alors occuper la place de la « véritable justice ». Car quel peut être le rôle des psychologues, quand dénier l'évènement serait un comble, qu’être victime n'est pas une maladie, et qu'une réparation ne pourrait venir qu'en impliquant le responsable?

Et que dire, alors, lorsque le système est institutionnalisé, lorsque se constitue sous nos yeux une sorte de « nouvel ordre psy » qui justifierait tous les « standards », quand « au nom de l’ordre et des soins par la même opération » comme le voulait le préfet Gasparin en 1838, on donne naissance à cette « chimère » que nous analysons dans nos textes !

Alors même que l'un et l'autre sont nécessaires, si on les réunit dans une même main toute puissante, s'il manque la justice, il n'y a plus ni ordre ni soin ! Police et justice semblent portés parfois à espérer qu’en subjuguant la psychiatrie, ils préviendraient mieux les délits. Mais en réalité, « la psychiatrie », si l'on veut désigner par là « l'ordre des soins », ne peut en rien tenir lieu ni de police ni de justice, qu'elles soient préventives ou curatives.

Mais le fonctionnement de la psychiatrie soignante a besoin de la justice : Jadis, dans une société telle que l’était celle de la France chrétienne, l’esprit du christianisme, autant que sa lettre, étaient un guide et un recours. Mais la psychiatrie n’est pas le christianisme : Dans notre état de droit laïc, c’est dans le « droit » que se lisent les principes et les recours.

Dès lors, comment une psychiatrie qui entendrait se soustraire au droit, pourrait-elle alors être reconnue, et aider quiconque? Un tel microcosme de « non-droit absolu » ne peut être que le lieu de conflits insolubles, abandonnés tant aux « tolérances arbitraires » » qu’aux « tyrannies arbitraires ».

Pour stigmatiser la confusion qui résultait de ce trop coutumier usage, un ami infirmier me susurrait ce proverbe : « Quand on veut tuer son chien, on dit qu'il a la rage »!

En France, quand les circonstances incitent à y reconnaître les manifestations de la folie, le « Le Droit,  corpus juridique », est remplacé par l’expression directe du « pouvoir exécutif » ayant pour fin - et dans l’urgence, réelle ou alléguée - l’établissement ou le rétablissement de l’ordre public.

Et le pouvoir de l’État est par nature et par volonté, plus puissant que n’importe quel autre dans la nation.

l’État est le représentant d’une « Moralité Publique » ou plus simplement d’une « Volonté Publique » et soumis aux sources dont il émane.

Une fois la justice écartée, les agents de la psychiatrie sont donc soumis à deux injonctions de nature parfaitement différente, et obéissent par priorité à des ordres qui sont ceux - non pas d’une ordonnance médicale - mais d'une ordonnance préfectorale.

 

Quel va être alors le destin d’une « ordonnance médicale » qui, elle, en diffère à la fois :

ü           Par son registre de « particulier » qui, sans n’être jamais le seul produit de lui-même, est différent du « général »

ü           Par son registre organique de « mental » qui est l’outil nécessaire à la maturation de « la morale de chacun » ?

 

Pourtant, quelle que soit la volonté de l’exécutif, elle n’est que peu puissante au regard de La Vie qu'il lui est plus facile d’ensevelir que de relever.

Toute la question de la psychiatrie est celle des places respectives des fonctions de l'exécutif, du judiciaire et du médical :

En France, en cas d'urgence reconnue, aucune fonction n’est au-dessus de la fonction exécutive :

 

Deux questions au moins surgissent :

ü                      Qu'appelle-t-on urgence ?

ü                      La réponse (une cascade de mesures pré-établie et impersonnelles) sera-t-elle appropriée ?

 

En Espagne, après le rétablissement de la démocratie, en 1978, il a été reconnu que la justice et le médecin pouvaient avoir un pouvoir décisionnel immédiat plus puissant que celui du pouvoir exécutif.

[Voir :

ü           « Table ronde du 8 XII 1989 sur la refonte de la législation de la psychiatrie en Espagne en 1978 : « Au-delà des Pyrénées » clic

ü           « Habeas corpus » et système Psychiatrique français clic ]

 

L’incidence de ces fonctions – aperçues, saisies et appelées au cours du temps de multiples façons différentes (sciences profanes, religieuses, physiologiques, sociologiques etc. – or aucune science ne reconnaît qu’elle sait tout, quoi qu’on veuille en dire ou en reprocher) n’avaient jamais atteint numériquement et qualitativement le poids qu’elle a désormais atteint en notre nation, sinon dans le monde.

 

Si la médecine et a fortiori la psychiatrie ont besoin du judiciaire et de l'exécutif de l’État, jusqu’en pour leur existence même, l’inverse et la façon d'en user, contingente, est propre à modeler le visage de tout un peuple

De Platon (Politéia) à Montesquieu (L’Esprit des Lois), d’Hippodame de Milet à Charles Fourier (Le Phalanstère), nos penseurs n’ont cessé de rêver la Cité :

Une organisation est toujours nécessaire - dont en dépendra le sort.

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2. Etapes et jalons

 

 

 

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      Moulay Idriss Zerhoun

مولاي إدريس زرهون

 

    (Vers du poète préislamique Imrou’l Qaïs)

قِفَا نَبْكِ مِنْ ذِكْرَى حَبِيبٍ و مَنْزِل

 

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    وزارة الصحة -  مستوصف مولاي يوسف - الطب النفس

 

 

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Le dispensaire Moulay Youssef sous son oranger

 

 

J’ai rencontré au Maroc, en tant que médecin-chef en psychiatrie, la diversité des expressions culturelles...

 

Heureuse est cette diversité qui est la vie même...

C’est le fait de la vie de tendre vers la diversité.

 

Contrairement à ce qu’on a parfois fait dire à ce qu’on croyait être une vision darwinienne du monde, il n’y a pas de plus fort « en soi », car tous ont besoin de tous.

Plus encore, chacun à sa façon - de la bactérie à l’homme, jusqu’à chacun parmi ces mêmes entre eux – s’approche plus ou moins d’un idéal de perfection différent, qui est fonction de situations différentes, de rapports différents, de besoins différents, de désirs donc différents.

 

Le « royaume chérifien » ne totalisait, pour la « Santé Publique », que quatorze psychiatres de « formation européenne », et l'on comprendra que cette situation m’ait incité à une réflexion quant à son besoin de notre apport[15].

 

<=  Ci-contre, à Meknès , le dispensaire Moulay Youssef sous son oranger.

 

Les émanations des fleurs d’orangers ont toujours été recommandées pour leurs effets apaisants.

(Cf. Les recommandations de Philippe Pinel pour les jardins dans les asiles.)

Ma réflexion s’est penché tout naturellement sur la compréhension des fonctions d’équilibrations sociales, que l’on retrouve dans toutes les sociétés, tantôt similaires, tantôt différentes, mais toujours nécessaires.

Il y a même des constantes parmi les variantes : Toujours, le religieux, ou un équivalent, y tiennent un rôle essentiel.

A partir de là, je me livrai à des recherches particulières sur les cultures arabo- et hispanophones depuis le Moyen Age en ce carrefour culturel qu’est « l'extrême ouest méditerranéen », puis sur l’origine des pratiques et des juridictions médicales dans monde arabophone, qui fut initiateur en maintes occasions.

Il m’est alors apparu combien les recherches dans le passé et dans l’espace sont propres à ressusciter en nous la matière la plus enfouie d’un patrimoine partagé autant que du sien propre.

 

Volubilis

 

 

 

Puis j'ai cherché à comprendre les conditions de travail si particulières à notre psychiatrie :

 

Le travail au « Centre Marmottan», centre de lutte contre les toxicomanies,  m'a fait réfléchir à certaines lois que je considère absurdes, dont le paradigme se retrouve partout en psychiatrie : Par la « loi du 31 décembre 1970 », qui concerne le toxicomane, celui-ci peut être « déjudiciarisé » de ses éventuels actes délictueux, c'est-à-dire que ces actes ne seront pas soumis aux investigations judiciaires, s'il est « reconnu malade soigné pour sa toxicomanie ».

 

Naturellement cela peut inciter l'intéressé à tenter de poursuivre impunément les éventuels délits qui se rapportent à sa toxicomanie, à condition d'être inscrit dans le registre de la maladie, et parfois, pour cela, de poursuivre celle-ci.

On constatera que le nombre des toxicomanes a considérablement augmenté depuis cette date[16].

 En fait, cette loi reproduit d'assez près, tout en évitant un certain « mélange », l'ensemble de la situation existante en psychiatrie, qui « déjudiciarise » tous les actes « commis en état de supposée démence » : Le « fondement légal » du système est « l'article 64 du code pénal de 1810 » : «  Il n'y a ni crime ni délit si l'inculpé était en état de démence au temps de l'action… ».

Naturellement tout le reste en découle, presque par nécessité, comme j'essaie de l'analyser plus loin, à commencer par la fameuse « loi du 30 juin 1838 », fondatrice des « Asiles d'aliénés départementaux » en France, soit 28 ans après. On constatera que le nombre des personnes concernées a considérablement augmenté depuis cette date.

Puis vinrent de plus en plus fréquemment des « condamnations à une psychothérapie », en échange d'une peine de prison, par exemple,  qui sont, maintenant, souvent formulées par les juges ! {Voir anecdote }

Je me suis donc demandé comment est-il possible de travailler dans de telles conditions.

D'une manière générale, en psychiatrie, il me semble que les difficultés rencontrées par le médecin soignant, dans sa pratique, proviennent davantage de « modalités de prises en charge qui lui sont imposées », lesquelles peuvent être  « pathogènes », que des soins eux-mêmes, pour lesquels les remèdes et les théories sont maintenant nombreux et très élaborés, mais doivent être prodigués par un même médecin responsable de l’ensemble des modalités de la prise en charge.

Ce point est essentiel pour éviter les cafouillements.

Comme il en va dans tous les métiers, l’art ne suffit pas : le technicien a aussi sa place pour poser les indications : Un remède qui est bon ici, en vue de tel résultat, pourra être totalement déconseillé ailleurs, en vue du même résultat, ou d’un autre résultat.

Il n’appartient qu’au technicien concerné de poser des indications en accord avec son patient. Ni le résultat de la psychothérapie, ni son indication n’ont à être imposés par une instance non compétente.

Tout traitement inapproprié est nuisible[17]. Il en est de même encore de la psychothérapie. Cette remarque ne semble être jamais formulée. Elle est pourtant essentielle.

On a l’impression que « le public » -  dont certains juges - considèrent un peu la psychiatrie comme une émanation du ciel où « Dieu reconnaîtra les siens ». Comment cela serait-il possible avec la configuration actuelle du système ?

 

Or la psychiatrie, la psychanalyse, la psychothérapie, comme tout remède lorsqu’il est inapproprié, peuvent-être nuisibles. Ce n’est pas de consulter le médecin, ni le psychanalyste ou le psychothérapeute, ni de recueillir son avis qui sont nuisibles, c’est le remède s’il est inadapté.

L’image qui nous vient à l’esprit serait un peu celle d’une ablation chirurgicale, des amygdales par exemple : Pendant longtemps, on a pensé que ces glandes étaient inutiles, et qu’il était « toujours positif » de les retirer. On ne l’affirme plus aujourd’hui.

De même, la psychanalyse n’est pas une entreprise anodine :

Elle consiste à faire prendre conscience de ce qui est inconscient. Les auteurs se sont toujours penché sur la très grande difficulté technique de la chose. C’est, certes, un point important. Mais ils ont peut-être trop négligé d’en faire connaître les inconvénients, que, de ce fait, le public et les tribunaux semblent souvent ignorer.

Car pourrait-on prétendre que l’inconscient est chose anodine, ou qu’il est impunément malléable à merci ?

Au contraire, comme tout organe, l’inconscient est un instrument tout à fait important, délicat et essentiel : de très nombreuses autres fonctions ne pourraient pas fonctionner sans lui. Toute intervention sur lui est un acte dont l’indication doit être soigneusement discutée entre le praticien et le demandeur.

Il est fort possible que « le recul du temps » apporte un jour davantage de lumières sur ce sur quoi nous attirons ici l’attention.

L’hôpital de La Salpetrière, haut lieu d ‘approches scientifiques de l’inconscient au XIX ème siècle.

 

En conséquence de quoi, l'expression « pathologie iatrogène » - qui désigne habituellement la « pathologie provoquée ou aggravée par la médecine » - est-elle elle-même largement dépassée, lorsque, comme ici, ce n’est pas le médecin chargé d’entrer en relation avec « le supposé patient », qui décide de la modalité thérapeutique, et pas même si celle-ci s’impose :

Le vocabulaire manque ici pour désigner ici le type de « iatrogénie » évoqué, car la « contrainte », qui devient toujours tôt ou tard médicamenteuse, prend origine soit directement du préfet, soit d’un médecin qui ne sera pas le médecin responsable, les certificats de retour étant dans les deux cas adressés à la préfecture.

 

La recherche spéculative se demandera : « Pourquoi en est-il ainsi ? ».

C’est une part du travail que nous exposons ici.

Mais la question pratique (à laquelle j’ai essayé de répondre) qu'il faudrait poser à chaque médecin,  pourrait être celle-ci : «  Si les tutelles mettaient à votre disposition exactement tout ce dont vous avez besoin pour travailler, en lois, en matériel, en personnel etc. que demanderiez-vous ? ».

Quant-à la même question en miroir, posée aux patients, voire à tout usager potentiel, elle se fait toujours trop discrète.

 

«  La psychiatrie doit être faite et défaite par tous », écrivait le docteur Roger Gentis dans « Les murs de l’asile ».

On pourrait alors débattre à partir des réponses à de telles questions, alors que jusqu'ici les règles ont été dictées avant d'avoir posé les questions, sinon à quelques dirigeants seulement.

Hommage et merci soient rendus ici à tous ceux, maîtres et amis, à qui je suis redevable, collègues, collaborateurs, aides et assistants à titres divers, secrétaires, patients, pour ce qu'ils m'ont apporté en connaissance et en amitié.

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3. Conclusion

Le plus urgent ici nous a semblé être de remettre en question les institutions et non les personnes. Du fait de l'uniformisation des institutions, certains attendraient que tous les hommes aient des comportements univoques.

Mais, devant la biologie, du fait des dons de la nature, ou des maladies, de l'ethnie, du sexe, de l'âge, il n'y a que des différences !

Il est juste alors de reconsidérer certaines distributions : Sait-on que les besoins en médicaments varient considérablement en fonction de chacun ? , et que, même dans les conditions physiologiques, les besoins différent beaucoup ? , et que, quand une longueur passe de 1 à 2, les volumes qui s’y rapportent passent de 1 à 8, car un volume croit comme le cube d'une longueur[18] ?

 Cette règle vaut pour l’air respiré, l’eau, le sang circulant, la nourriture, l'espace occupé…, alors que la matière reste la même. Ainsi, en définitive, « la médecine relève toujours du particulier », et la « psychiatrie-médecine de soins » aussi, bien sûr.

Que valent dès lors les « égalités » des administrations ?(Cf.  « Des droits des hommes, de la nature et de la psychiatrie ») Que vaut la « psychiatrie dogmatique » qui « classe » « l’inclassable », alors que Freud lui-même, que tout le monde invoque à tout bout de champ, disait, tel un vrai médecin, que toute la théorie doit être revue chaque fois pour chaque patient ! Tous les hommes , toutes les femmes , tous « les êtres » ne sont ni équivalents ni interchangeables[19] ... Les Constitutions n'y peuvent rien[20]

Devant les inégalités, il faut alors juger des « mérites » et « redistribuer », en médecine répondre aux très différents « besoins » en écoutant les « demandes », et en psychiatrie surtout se garder d’enfermer les personnes dans des catégories préétablies. (Cf.  « Le champ de la demande et le lit du traitement »).

On aura remarqué combien les diversités naturelles évoquées sont souvent incompatibles avec les « cases » artificielles de toutes sortes imposées à l’individu, et n’ont rien à voir avec les pseudo-diversités de type « commercial » proposées, sinon imposées, qui ne changent que la couleur, les accessoires, les prises de courant, simples verrouillages de « fidélisation »…à une marque ou à un modèle. Alors que les besoins de la vie sont simples, pourtant, les choses simples (air, eau...) sont de plus en plus confisquées au profit du superflu, souvent meurtrier.

 

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Les taggs sur la cabine d'alimentation électrique sont évidemment volontaires

tandis que l’humour ASILE DANGER de MORT est accidentel.

Quant aux causes de violences sociales, que l’on assimile trop facilement à des maladies psychiatriques, (Cf.  « L’invention de la psychiatrie ») elles sont, dans un grand nombre de cas, évidentes : Les cupidités sont souvent entretenues par les promesses d'images identificatoires manipulées.
On ne peut pas faire à la fois la promotion du  mercantilisme  totalitaire et espérer que le crime et la délinquances vont diminuer. Et il est vain de vouloir réprimer la violence sans s’attaquer aux causes :

Elles ne sont d’ailleurs pas toujours directement visibles[21], et l’accès à l’indispensable expression « utile » n’est pas toujours aisé (Cf. ). On n’aurait pas voulu que la psychiatrie fût  prise dans le « piège » d’avoir à charge des maux pour lesquels on se refuserait à toute prévention. Il en est de même pour toute la médecine, qui par certains côtés, suit l’évolution de la psychiatrie.

Vers 1860, Henri Dunant avait conçu « la Croix Rouge», après les horreurs de la bataille de Solferino, pour protéger la médecine de « l’engrenage » des « violences de la guerre ».. On serait fort inspiré de comprendre que c’est maintenant très souvent « en temps dit de paix » que plane la menace sur nos « possibilités  de soins », lesquels sont pris dans « l’engrenage » que nous montrons.

Je m’explique : il n’y a pas de médecine possible sans une sorte de « halte au feu », le temps de réparer les blessures. En psychiatrie, il en va de même, bien qu’il ne soit pas tant question de « brancard » que d’un « discernement  du champ » qui permettrait de rendre possible ce que nous appelons dans un texte présenté ici « le lit du traitement (Cf. supra)». Les démarches « sanitaires pures » d’organisations comme la « Croix Rouge » ou le « Croissant Rouge » restent un modèle méthodologique, par leur désengagement total de « l’ordre guerrier ». De même, « en temps dit de paix », l’absolue nécessité pour toute activité à prétention soignante, d’un désengagement total de toute position partisane parmi les « conflits civils » a de plus en plus besoin d’être rappelée.


Or, bien souvent, au lieu de réunir les éléments indispensables aux soins,

 *         on impose une « grêle de contraintes » au nom « d’urgences et de dangerosités », en fait souvent aggravées par les confusions qui en résultent, et les « pressions » permanentes ne font que s’opposer indéfiniment aux soins,

  *        cependant que, « la justice ignorera les faits » qu'elle déclare « acte de démence au moment des faits », alors que c'est « l'état de démence durant une mise en examen et/ou au temps du jugement» (Cf.  « Habeas corpus et système psychiatrique français ») qui empêcheraient une personne d'être entendue.

Ainsi dès le départ, deux étapes nécessaires sont arbitrairement négligées, avec des conséquences multiples :

*          Au niveau « des faits », faute de « jugement », aussi bien que dans les suites qui découlent de cette absence, dans une institution, la recherche de « qui » a été, ou sera « agresseur », et qui est « victime ».

*          Au niveau « d’un malade », quand la personne « hospitalisée sous contrainte » est malade, les questions de savoir « quels faits » a-t-il commis, et « de quoi » et « comment » le soigner.

C’est cette «  déjudiciarisation » intempestive et « à priori » qui a engendré en France « la psychiatrie administrative » que nous connaissons. En vouant un « culte » simpliste à « La raison », comme si elle existait univoque, on a jeté un anathème sur « La folie », comme si elle en était le « négatif ». La folie  est alors devenu le « joker » de toutes nos ignorances, de bonne ou de mauvaise foi. Au lieu qu’il n’y ait encore « les croyants et les mécréants », il y a aujourd’hui « les non-fous et les fous », mais le vocabulaire ne veut plus rien dire lorsque le fou est toujours l’autre, l’incompris, ou l’inaccepté[22] en l’autre….

Dans la reconnaissance de Dieu était, fondamentalement, un acte d’humilité envers ce que l’on ne comprend pas. La même attitude aurait pu encore exister envers l’adoration d’une raison que l’on admettrait n’atteindre jamais. Mais le piège n’est-il pas déjà là lorsque l’on ne s’apprête à respecter que ce que l’on croit comprendre ? Et qu’en dire dès lors que « La raison », c’est toujours moi et c’est toujours les miens ? La Fontaine raillait : « ..la raison du plus fort est toujours la meilleure… ! ». Il serait égal en ce sens d’écrire « …la folie du plus fort est toujours la meilleure… », mais comment pourrait-on le dire, lorsque ce qui est appelé folie est quelquefois simplement « …la raison du plus faible… » ? .En fait, lorsque cette dialectique est à la dimension d’un Etat, de justice il ne sera plus question. Et les fondements de la psychiatrie reposent radicalement sur la soustraction à celle-ci des « faits » dudit aliéné.

Que penserait-on de qui s’écrierait ouvertement : « A bas la justice ! » ?. Or la psychiatrie dénie la justice. Mais ici la chose était tue le plus généralement. C’est pourquoi nous lui avons consacré ce site. Il fallait que la vraie raison d'être de l'administration fût de rendre possible « les soins » et que celle du médecin fût d'être au service du patient... Qu'en est-il exactement ?

Honnie comme envers de la raison, ce qu’elle n’est pas, pourtant, on a quelquefois l’impression que la « folie » est devenue une véritable « passion française ». Nous avons donc cherché à expliquer la naissance et l’expansion de cette psychiatrie, et à montrer comment tout ce qui est dit « psy.* » est concerné dans cette évolution, désireux seulement ici d’apporter notre part d'expérience et de réflexion.

 

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4. Clôture.



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Azrou sous la neige

 

 

 

 

Les services de psychiatrie les plus « séculiers » de l ’hôpital de Perray-Vaucluse (91360) ont maintenant été transférés à Paris, Porte de Choisy,  dans une tour de huit étages :

Mais la législation est restée la même !

 

 

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Le « psychiatre », doit respecter les croyances et les coutumes de chacun : Le « Mental » n’est pas « La Morale » :

 

Du Nord au Sud du Maroc (Côte méditerranéenne, Rif, Moyen et Haut Atlas, hauts plateaux pré-sahariens), et d’Ouest en Est (De Casablanca, « ville atlantique  jumelle de New-york »,  à Oujda, qui ouvre sur l’Algérie, vers les routes des pèlerinages et le Moyen Orient, et administre au Sud le passage vers ce qui était l’antique « route des palmiers », chapelet d’oasis traversant le Sahara et menant  à l’Afrique noire),  les régions, de même que les populations et les modes de vie, présentent un grande diversité[23].

Il est particulièrement important pour ledit « psychiatre praticien », de respecter les croyances et coutumes de chacun parmi tous ceux qu’il rencontre, qu’il n’appartient pas à l’art médical de chercher à transformer dans la relation thérapeutique[24].

La question acquiert une grande acuité, avec la démultiplication considérable de la présence, des moyens, et de ce que l’on attend, de toute la médecine en général, et de la psychiatrie en particulier.

L’assimilation simple, parfois tentante, de la « morale » au « mental » - c’est-à-dire de « conjonctions hautement interactives et culturelles » à un « état de fonctionnement » relevant du particulier, ne peut mener qu’à une impasse.

Mas elle est si fréquente qu’il importe de le rappeler[25].

 

 

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 Hôpital Moulay Ismaël : service de psychiatrie

 

 

 

Vue vers le Palais Moulay Ismaël clic

 « côté  hommes » clic

 « côté femmes » clic  

Hôpital de Ksar es Souq clic note13

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

بحالي  بغيتْ شي نَمْشي أنا 

L’indispensable C.T.M  : Un des gros problèmes pour pouvoir sortir de l’hôpital : Obtenir de l’administration la « réquisition » qui permettra la prise en charge du retour tant attendu, à 500, 600, 700 km…

 

 

 

 

Depuis le 48 av Zerqtouni : l’Hal Med V

l.a gde mosquée

Boulangerie

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Oued Ziz

 

 

Erfoud   clic

 

 

 

 

 

 

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Sahara – puits clic

 

 

 

 

 

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Azrou

 

Vers Midelt

 

 

 

 

Le Moyen Atlas.

La neige n’est jamais très loin dans les forêts de cèdres. 

C’est le frigidaire du Maroc.

En apportant la glace dans des caves, on a faisait des frigidaires.

Et en faisant glacer des crèmes, on fait des « sorbets » (<=  le mot français vient de « chourba »)

 

 

 

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Khénifra

 

 

 

 

 

 


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Plateau pré saharien : 

 

L’eau est tirée du puits avec un seau, puis conservée et transportée dans des jarres en terre poreuse ; L’évaporation la rafraîchit et elle ne se corromps pas.

Les lavandières utilisent aussi  des « guerba » qui sont des outres en peau de chèvre.

 

 

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Ancien hôpital rural de Figuig

 

Paysage du sud

 

 

 


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5. Liste des articles, publiés ou inédits, mis en page web sur ce site :

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6. Liste des principales lois régissant la psychiatrie :

On peut les consulter sur les sites gouvernementaux (Cf. http://www.legifrance.gouv.fr/ et http://www.sante.gouv.fr) :

1.La loi qui dé-judiciarise les actes du patient = Nouveau code pénal - article 122-1 , qui va bien au delà des simples « non-lieu» . (voir aussi l'ancien article 64du Code Pénal de Napoléon de 1810, dont dérive le nouvel article, pour les comparer.)
2.La loi qui le remet aux autorités administratives = Loi du 27 juin 1990, qui régit actuellement le fonctionnement de la psychiatrie hospitalière, (voir aussi la loi du 30 juin 1838, qui était la première, pour les comparer). On y lira aussi les droits que cette loi garantit aux patients selon les cas.
3.Pour l'accès aux certificats médicaux adressés à la préfecture, nous posons le problème dans l'article « l'invention de la psychiatrie» .
4.Les transmissions des cas de « non-lieu»  de la Justice à la préfecture sont précisées à l 'article L 348 - de la loi du 27 juin 1990.
5.Quelques textes visant à rééquilibrer les droits du patient, mais qui, n’étant pas destinés spécialement à la psychiatrie, ne corrigent pas le « ratage de départ » de celle-ci. On ne peut cependant que se réjouir lorsque les patients de la psychiatrie ont le droit d’accéder aux droits de la législation commune :

*          Code Civil, en particulier pour les réparations des torts subis.

*          Charte du malade hospitalisé (circulaire du 20 septembre 1974) et textes suivants.

*          Lois d'accès aux dossiers médicaux, (renseignements accessibles au Conseil de l'Ordre des médecins) dont loi dite «Kouchner» du 4 mars 2002.

*           Lois de 1978 d'accès aux documents administratifs et suivantes, le rôle de la CADA , (renseignements à la Commission d'Accès aux Documents Administratifs 35 rue Saint Dominique 75007 Paris

Cette liste est non-exclusive. En outre, toutes les questions sur les tutelles et les curatelles (Loi du 3 janvier 1968 sue les incapables majeurs) sont d’une importance considérables en psychiatrie, bien qu’elles ne soient pas propres à la psychiatrie.

6.On peut aussi consulter un site qui présente { toutes les lois }.

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Notes de bas de page :

 



[1] La formule est volontairement brève :

On peut parler de mental comme d’une mécanique individuelle (anatomique, physiologique, génétique, d’un moi avant la lettre, pour faire simple) la  morale étant au contraire une attitude adoptée vis à vis d’un autre, ou réflexive vis à vis d’un soi-même, la présence de la dimension d’un autre étant ce qui en fait la particularité.

Ainsi, la morale a deux aspects :

 

1)      La morale officielle, c’est-à-dire la moralité publique,

2)       La morale individuelle qui y adhère ou non.

 

En psychiatrie, nous dénonçons sans cesse la perversion d’un système qui joue avec des concepts qu’il refusera [de] ou ne pourra préciser jamais.

Un rapprochement de la définition de Darwin permet de s’éloigner des psychologisations oiseuses  Clic

 

[2] La traversée de la méditerranée :

 

 

Casablanca  - clic image

 

Marseille - clic

 

La traversée de la méditerranée est riche en questionnements et en enseignements dans les deux sens de la traversée. Beaucoup de celles qui furent interrogations n’auraient plus cours aujourd’hui, parce que les différences se sont estompées entre les deux rives de la Méditerranée. Elles n’en sont peut-être que plus utiles :

Comment un pays de plus de 20 millions d’habitants se suffisait-il de 14 psychiatres sans qu’une grande multitude de « fous » ne traînassent partout dans les rues, ou ne fussent confinés dans les maisons ou les prisons ?

 

Certes, la tranquillité des campagnes et des villes traditionnelles ne se retrouvait pas partout - à Casablanca en particulier – loin de là, comme en témoigne la lecture ci-dessous de la « Rédaction d'Aîni Bennaî » , miroir des préoccupations psychiatriques de sa mère, le psychiatre Rita El Khayat.

 

Hôpital El Hank

 

Il est notable que les trois évocations dans ces quelques lignes de la « Rédaction » révèlent avec précision la nature des pathologies les plus lourdes rencontrées par le médecin ; et analysées dans le livre « La Folie - El Hank – Casablanca » :

Elles sont relationnelles et repérées par :

 

1)      L’expression de la plainte,

2)      la drogue et

3)      la prostitution.

 

C’est leur aspect phénoménologique.

Or il se trouve que c’est exactement aussi la même pathologie que l’on rencontre dans les quartiers dits déshérités en France.

Folie, certes, mais de quel côté ?

Comment nommer avec justesse les maladies d'une population « rassemblée au titre de la Folie » mais dont le visage apparaît, dès qu'on l'approche, comme une « expression-symptôme directe de malaise conjoncturel urbain » ?

C’est à juste titre qu’on a décrié l’insalubrité des structures existantes, les chaînes et les cellules de l’hôpital « El Hank » à Casablanca.

Comme toujours en médecine, le soulagement, au final, est individuel, mais les causes des souffrances, elles, ne sont jamais uniquement, et souvent peu ou pas du tout d'origine individuelle, particulièrement dans ce qui est regroupé au titre de la psychiatrie moderne.

 « Le médecin travaille toujours en bout de chaîne » – ici, dramatiquement, à la fois au sens propre et au sens figuré !

 

Infra : Le livre du psychiatre Rita El Khayat :

 

 

 

Aïni, fille du psychiatre Rita El Khayat  est décédée à l’orée de son adolescence.

La « rédaction d’Aïni » témoigne autant de l’affection d’une mère, que le livre perpétue l’humour magnifique de l’auteur : « Heureusement qu’il y a encore des marocaines pour écrire correctement en français ! »

 

 

Cf. aussi El Hank : les oubliettes des temps modernes, in : L’économiste, N°330 du 14/05/1998.

 

Au temps du Protectorat français, les locaux d’El Hank abritaient les tuberculeux.

Ultérieurement, les structures furent administrativement dédiées aux malades mentaux, mais pouvaient aussi abriter des cas relevant purement de la médecine somatique, par manque de diagnostic, ou manque de lits appropriés.

De tels « lieux d’oubliés » sont malheureusement nombreux dans le monde, et c’est une finalité de ces pages web que de montrer ce en quoi la France doit aussi remédier à ses propres maux.

 

Hôpital Moulay Ismaël

 

La médecine pratiquée – ou non pratiquée –  à El Hank relève dogmatiquement davantage des « nouvelles conceptions internationales » - et en conséquence aussi d’inadéquations importées - que des bimaristanes traditionnels (Cf. L'invention de la psychiatrie;

En revanche, les patients de l’Hôpital Moulay Ismaël – distant de 150 km -  pouvaient aussi y passer un électroencéphalogramme en cas de nécessité, aucun appareil à l’époque ne le permettant encore dans les provinces de Meknès et Ksar es souq (= Er Rachidia).

L’hôpital Moulay Ismael , ancien hôpital Louis au temps du protectorat, recevait en effet de ces deux provinces, et il n’y avait ni local ni personnel formés à la psychiatrie à Ksar es souq.

A Meknès par exemple, étaient régulièrement envoyés les « enragés » en psychiatrie, en toute connaissance de cause, faute de disposer de service plus approprié : Les patients enragés mouraient dans les trois jours. La rage ne comporte d’ailleurs toujours pas d’autre traitement qu’une difficile vaccination préventive qui doit survenir dès la suspicion d’une morsure contagieuse. Puis l’animal suspecté d’être vecteur du virus doit être si possible mis en observation et son évolution déterminera la conduite à suivre pour le patient.

Il y avait un certain nombre d’épileptiques connus mais peu ou mal traités ou équilibrés au sein de leur famille souvent très lointaine.

On a vu arriver en psychiatrie diverses pathologies somatiques en phase terminale, tuberculose hyper-fébrile par exemple, s’accompagnant de déshydratation et délire, parce que le diagnostic n’avait pas été fait : C’est alors le « délire » fébrile qui constituait le premier « signe d’appel » – tout comme en France, d’ailleurs – à toute époque - il n’est pas rare qu’une «dysphasie » soit rapportée à des désordres psychiatriques alors qu’elle révèle une authentique tumeur cérébrale, ou une hémorragie méningée, etc.

Le matériel médical manquait pour les radiographies et les électroencéphalogrammes, lesquels derniers ne pouvaient être faits que à Rabat, devaient permettre de mettre rapidement en évidence une lésion soupçonnée par la clinique.

Mais précisément – et tout comme en France – les choses ne sont pas toujours aussi simples, et, hormis les dérèglements à retentissement psychique bien connus, partout en « psychiatrie vraie, si l’on peut dire », encore aujourd’hui, « l’étiologie » reste le plus souvent mystérieuse.

Pourtant, ces pathologies ne sont pas pour autant des « futilités », et l’évolution peut être dramatique et mortelle, sans que le médecin n’ait la moindre possibilité, en dépit de toutes les données de la science et de la technique, d’y remédier.

Cette psychiatrie passait donc d’abord, puis tout au long de la prise en charge, par une préoccupation particulièrement éveillée des fonctions somatiques connues et accessibles, dont la psychiatrie n’est d’ailleurs en réalité jamais séparable.

La tendance à une excessive rupture, entre le réputé somatique et le réputé psychique, est au contraire, à combattre en France.

 

Au total, dans les années 1970, le service de psychiatrie de Meknès qui gérait la psychiatrie des provinces de Meknès et de Ksar es Souq, soit une population de 500.000 habitants, comprenait moins de 100 lits pour les hommes, et moins de 100 autres pour les femmes et les enfants.

Les problèmes propres aux langues berbères ou dialectes des régions éloignées étaient généralement résolus par une répartition judicieuse du personnel infirmier. Néanmoins persistaient parfois des incompréhensions linguistiques, et comme partout, des cas de « mutisme » toujours bien énigmatiques : Il n’est pas toujours possible de savaoir si un mutisme est pathologique ou non – entendant par là : volontaire ou non. C’est en général l’aide des autres sens - gestuels et mimiques qui parlent – qui renseignent. Mais ce n’est pas toujours le cas, et j’ai bien des souvenirs de cas où nous avons passés des heures de jours et de nuits à essayer seulement de communiquer, d’autant que, en médecine, il arrive toujours un moment où tout devient urgence – urgence de plus en plus urgente – avant qu’il ne soit trop tard.

Bien qu’en psychiatrie le langage parlé soit loin d’être le seul mode d’expression, un mutisme inexpliqué peut résister au meilleur interprète.

Naturellement au Maroc il aurait été – et resterait - mal venu de plaquer directement des pathologies importées de la nosographie occidentale moderne. Par exemple, il serait difficile d’appeler « hallucinations auditives » le fait qu’un patient « entende » - voire « converse » avec - des « jnouns (pl. de djinns) » tant le fait peut être banal et culturel.

La remarque vaut aussi en France aujourd’hui pour beaucoup de patients « altéro-culturels », en me permettant l’emploi de ce néologisme.

La remarque que « toute pathologie a quelque chose d’ individuel » reste d’ailleurs toujours valable, là comme ailleurs.

La psychiatrie européenne était, sinon mal connue, du moins difficilement directement importable, dans ses deux dimensions : Celle des « internements administratifs » et celle des « nouvelles pratiques ».

 

C’est ce qui m’a amené à réfléchir plus profondément ensuite à sa genèse en France dans un contexte de laïcité très spécifique.

La police marocaine utilisait à tort les « internements administratifs » comme on le fait en France, mais avec beaucoup moins de moyens, si bien que « la sortie » du patient qui était parfois domicilié à plus de 400 km (de Meknès => Ksar es Souq (Rachidia) => Erfoud, => ou même au-delà vers le Sahara) nécessitait la « réquisition » d’un billet de « car » via la Compagnie des Transports Marocains, la CTM, qu’il fallait se battre pour obtenir de l’administration et pouvait devenir le principal obstacle à une sortie.

 

On remarquera qu’en France la Police agit exactement de même en assurant le convoyage de l’entrée, mais pas de la sortie.

Par ailleurs, on avait du mal à assurer un suivi médical des personnes incarcérées en prison.

Quant à la population, elle était presque radicalement divisée en deux parts, sans dépendance directe avec le niveau social : Les adeptes des pratiques européennes et les traditionalistes. Parfois le passage de  l’une à l’autre part survenait successivement.

Les traditionalistes utilisaient les médecines traditionnelles et/ou religieuses, et se tournaient vers les « fqihs » ou même les sorciers : Les fqihs appuyaient leurs pratiques sur le Coran. Mais les sorciers au contraire utilisaient des pratiques magiques parfaitement interdites par l’islam :

Autant les « neuroleptiques » qui inondent aujourd’hui la planète entière étaient inconnus des médecines traditionnelles, autant celles-ci n’ignoraient en rien – déjà - les « maladies mentales » et plus facilement par excès que par défaut !.

 

L’entraide était généralement bien développée, sous l’égide de l’islam ou de valeurs familiales ou claniques, mais le rejet aussi se rencontrait.

On sait que l’institution du « tuteur » est prévue dans le Coran (Mohammed rassoul Allah était orphelin) jusque pour les déficiences mentales profondes. Dans ces conditions, personne n’était rejeté ou abandonné.

Les populations non traditionalistes, c’est à dire « européanisées », évidemment en général citadines, au contraire venaient consulter le psychiatre européen ou européanisé, plutôt en consultation externe, spontanément, souvent avec une confiance souvent presque sans limite, ce qui est souvent le cas aussi des vrais nécessiteux en soins psychiatriques en France : Les plus malades sont alors les plus dociles, et étant données les éventualités d’inadéquations, deviennent facilement les plus victimes.

 

En France aussi, ceux qu’on appelle « malades mentaux », c’est à dire plus exactement « ceux que l’on psychiatrise / ou que l’on a psychiatrisé / et qui le restent », me semblent généralement bien plus « dociles » que la moyenne de la population générale; fait, en l’occurrence, jamais relevé. C’est pourtant mon impression personnelle : C’est aussi ce qui m’a aidé à comprendre la fonction de « pharmacos » (« bouc émissaire  humain» chez les Grecs de l’Antiquité) fonction que je développe ailleurs. Ce n’est cependant pas toujours le cas ; et alors, s’ils se rebellent, ne serait-ce qu’en gesticulant pour éviter une injection, on a tôt fait de le dire « violents ».

 

Ainsi, au Maroc, pour les uns le psychiatre n’était qu’une dernière extrémité alors que pour les autres, il était l’avenir d’un progrès attendu.

 

Le Maroc est depuis longtemps un carrefour humain et culturel d’une diversité considérable : On estime aujourd’hui la population composée à 50% de berbérophones et à 50% d’arabophones, mais les origines des populations sont en réalité beaucoup plus complexes que les données linguistiques : Les Romains s’y sont installés, les Vandales l’ont traversé, les dynasties « almoravides », venues du Sahara, unirent pratiquement le Delta intérieur du Niger aux Pyrénées.

 « Le grand Maroc » historiquement, a été ouvert à la fois vers l’Afrique sub-saharienne, l’Atlantique, le Nord de la Méditerranée et, vers l’Est, jusqu’à la vallée du Nil. Les travaux récents sur l’ADN (travaux de Gérard Lucotte) semblent confirmer l’homogénéité ethnique des Berbères, des Touaregs, des Libyens de l’Antiquité et des habitants du Delta du Nil. Mais c’est surtout depuis la naissance de l’islam qu’il est aussi une porte ouverte sur le Moyen Orient : L’islam et la langue arabe ont véhiculé les apports de la Perse et par elle de l’Inde, en musique, littérature, mathématiques et astronomie, et même connu la Chine (Cf. « Les mille et une nuits », et – infra – les voyages d’Ibn Battuta).

Ces apports ont gagné l’Europe via l’Italie et, surtout, la péninsule ibérique.

 

Presque tout ce qui, techniquement, était alors particulier au Maroc ne l’est plus aujourd’hui.

Par contre, bien que l’on ne puisse jamais rien généraliser sans rencontrer d’exception, il reste presque toujours certaines particularités propres au peuple marocain qui demeurent – indépendamment des paysages – mais de plus en plus difficiles à percevoir pour un « migrant » français qui voyagerait drapé de ses présupposés.

 

[3]

La toxicomanie :

La toxicomanie n’est pas un phénomène nouveau dans l’histoire de l’humanité, mais son développement actuel à grande échelle est concomitant de structurations nouvelles du mental chez beaucoup d’être humains.

Il est vrai qu’il existe aujourd’hui une conjonction réunissant :

 

1.      Circulation facilitée de produits biologiquement puissants,

2.      Iintentions malhonnêtes ou directement destructrices des pourvoyeurs de drogues, etc.

 

Mais dans tous les cas, il resterait vain, dans un but thérapeutique, de s’en remettre :

 

1.      « Aux seules lois » - ou à leur soustraction,

2.      A l’usage de « la force » d’une police détournée de sa véritable fonction d’ordre (exécutive d'internements prétendument sanitaires),

3.      Ou à celle d’un puissant « médicament » de substitution,

4.      Tant que le thérapeute n’aura pas compris le mécanisme de base mis en acte dans le phénomène de la toxicomanie :

 

Comme pour bien d’autres états, et souvent de ceux qu’on appelle « maladies » – et pas seulement mentales – on pourrait dire que la toxicomanie est déjà une recherche de guérison.

Mais, mal orientée, elle mènerait au ratage.

 

Paradoxalement, ce que recherche le toxicomane n’est pas « une extase de plénitude », mais « la symbolisation d’un manque ».

Le toxicomane tente inlassablement de remettre en scène une opération qui aura échouée –afin de la réussir enfin -  dans laquelle la fonction de « l’agent de la symbolisation » tenait une place centrale.

C’est pourquoi les diverses attitudes du toxicomane reproduisent si étrangement les affres d’un impossible « sevrage ».

C’est pourquoi aussi, « une addiction », dans son sens le plus large, se substitue volontiers à une autre – comme on l’observe tous les jours dans la vie courante : (« le manque » serait alors l’insaisissable l’objet d’une insatiable recherche).

Traditionnellement, au stade de l’enfance, c’est par la mise en place de la « fonction paternelle », que « l’agent de la symbolisation », « fonction maternelle », se détournant de l’enfant, devait lui permettre l’accès à la « symbolisation du manque » (par exemple et fondamentalement celui du « sein nourricier » en tant que partie de l’enfant – dès lors qu‘il relaie « le placenta »).

 « L’objet - sein », au départ pure appartenance au « réel » de l’enfant et de ses besoins, devient ainsi, ensuite, aussi, représentation « symbolique » de ce qui n’est pas lui, soumis à la puissance de la mère, et dont l’enjeu peut mettre en péril jusqu’à la vie du nourrisson.

Au registre du « besoin » s’ajoute alors celui du « plaisir », issu des gratifications mesurées de ce qui devient « don », de puissance et d’amour.

Les fonctions « d’agent » ou de « thérapeute », peuvent ici s’opérer sans conscience – c’est le cas habituel ou « normal » - mais s’inscrivent tous deux dans ce schéma.

Sur « le mécanisme de la symbolisation », on lira avec profit le séminaire de Jacques Lacan « La relation d’objet » (1956-1957).

 

 

[4] Effets indésirables des médicaments :

Tous les médicaments ont des effets indésirables, souvent multiples. « De deux maux il faut choisir le moindre ! ». Il n’y a aucun produit miracle.

Mal employés, les médicaments peuvent aller jusqu’à produire l’effet contraire de ce pourquoi on aurait voulu les utiliser.

Les neuroleptiques, eux sont généralement des « ralentisseurs de neurone ». Ils ralentissent « les passages à l’acte », mais ils ralentissent aussi son contrôle, et la réflexion.

Enfin, tout médicament inutile est nuisible.

 

[5] Volumes :

Quand une ligne croit en fonction de « x », les surfaces (carrés) correspondantes croissent comme « x 2 » et les volumes (cubes ) correspondants croissent comme « x 3 ».

Quand les droites augmentent selon « 1 ; 2 ; 3 ; 4 ; 5 » les surfaces correspondantes augmentent comme « 1 ; 4 ; 9 ; 16 ; 25 » et les volumes correspondants augmentent selon « 1 ; 8 ; 27 ; 64 ; 125 » 

En somme, le « contenu » augmente beaucoup plus vite que le « contenant », les bébés se déshydratent plus vite que les adultes, et on a intérêt à acheter le lait en bouteilles de 2 ou 5 litres plutôt que 1 litre.

La « culture de l’emballage » de la grande distribution encombre les poubelles d’emballages vides très peu rentables pour le consommateur, et de plus, plus l’emballage est petit, plus il y a, en proportion du contenu total, de contenu perdu qui reste accroché au fond du contenant !

Quand un corps augmente harmonieusement en taille, son volume et son poids doublent dès que chaque dimension augmente selon la racine cubique de 2, soit 1,259.

Un animal haut de 1,259 mètres aura un volume et un poids doubles de celui d’un animal haut de 1 mètre aux proportions équivalentes.

C’est important sitôt que l’on prescrit une dose de médicament, que l’on mesure un débit cardiaque, ou une ventilation pulmonaire…

Pour un appartement c’est différent si la hauteur des murs est standardisée, mais selon la hauteur des plafonds le volume habitable variera tout de même très rapidement. Pour les étages, une note d’ironie : clic.

 

[6] Un idéal impossible :

Ici, quelques remarques que l’on pourrait longuement développer: « Etre ou ne pas être « équivalent » ? :

La médecine fonctionne surtout selon des schémas faisant appel à des maladies déjà connues qui sont reconnues chez un patient puis soignées suivant les règles déjà établies.

Mais lorsque la maladie n’est ni connue ni reconnue par le médecin, il lui arrivera de déclarer –– « C’est psychique ! ».Le mécanisme est alors le suivant :

En médecine, comme dans toutes les sciences, les ouvertures sont fermées par « les idées préconçues » et les « tabous » qui prennent l’allure d’interdictions d’innover.

L’idéologie du « tout le monde pareil » est tellement écrasante qu’il est difficile d’ admettre une exception au « schème » du standard. Il est difficile d’admettre un cas « pas comme les autres  [connus] ! ».

Alors, le médecin fera une concession à la doctrine du  « tout le monde pareil » dans le domaine de la matière, qui est le seul « surveillé », et  rejettera « la différence » dans un hypothétique « psychisme fourre-tout », là où elle ne dérange personne, mais qu’il serait bien en peine de préciser, et se débarrassera du problème en chargeant un malheureux  «psychiatre » d’apprécier…

Mais la question de la différence ressurgit de toutes façons, car, comme chacun sait, en réalité les hommes sont aussi différents  que semblables.

Ajoutons aussi comme l’a très bien fait remarquer Jacques Lacan que « le désir de l’homme est le désir de l’autre ».

Une anecdote illustrera à la fois ces trois propos : Une patiente n’avait de cesse de me dire : - « Je voudrais être comme d’autres … » Je lui demandais : - « Comme quels autres et être comment ? ». Elle ne savait pas. Mais ce n’est pas pour cela qu’elle avait été internée. Cette demande, en effet, était parmi les plus banales qui soient. En réalité, elle avait été internée à la demande de son médecin traitant pour « un état mélancolique avec hallucinations cénestho-pathiques », c’est-à-dire parce qu’elle « percevait des sensations sans cause ». Finalement, en l’écoutant avec soin, il n’a pas été difficile de découvrir malheureusement la lésion maligne d’une vertèbre lombaire dont elle devait hélas décéder rapidement.

        Pour les raisons dites « révolutionnaires de 1789 », « l’égalité »  est devenue l’un des mythes adoré des français. Il est presque paradoxal, mais largement confirmé, que cette quête est elle même à l’origine d’une « compétition permanente ». Il s’agirait alors toujours de « rattraper »  tous les « petits décalages », les petites différences, etc. … Ce n’est plus du tout une compétition vers « le Bien »,  et son domaine n’est plus « l’Au-delà ».

De là, on aperçoit immédiatement :

- Différentes « déviations » qui peuvent être infligées à la psychiatrie selon les « conceptions externes » de « celui qui » (le Législateur) lui assignerait des buts,

- Tout comme les « résistances internes » de « celui qui » (le patient) articule une demande de soins :

Certes une « demande de soins » peut être très différente des  « désirs mêmes » de celui qui articule ladite demande : C’est le rôle du thérapeute de s’en accommoder avec son patient.

Beaucoup plus problématiques sont les contraintes sociales, toujours mal à propos, qui peuvent être imposées « à, et au sein de », cette même relation, et cela en fonction de conceptions plus ou moins  idéologiques préétablies, soit du « tous doivent être équivalents », soit que chacun soit aperçu comme « le maillon préconçu d’une trame » que l’on veut tisser à partir d’un déclaré « psychisme », qui n’est alors, en réalité, envisagé que comme le produit d’une succession de contraintes imposées. Cf. .

 

 

[7] Mais les constitutions ne restent pas sans effets :

Car il est indéniable que « les constitutions » - ou simplement les grands principes imposés qui déterminent le sort des populations, sont loin d’être dénués d’effets.

Et tous ne sont pas équivalents.

A ce point de vue, il serait sage de développer l’analyse théorique des conséquences des grands principes allégués par la pensée, avant de les constater dans les actes. Mais de cela, peu de gens sont en état de se soucier :

Naturellement, ce n’est pas le travail des historiens de le faire.

D’un autre côté, ceux qui traitent des éventualités du futur sont appelés « utopistes » ou « prophètes » ou poètes ».

Quant aux théoriciens du présent, ils sont en général entraînés dans le tourbillon de la polémique, et disposent d’autant moins de recul, que l’enseignement a – en général - limité l’enseignement  de l’histoire des longues durées, au profit de dites « sciences de la modernité ». Ainsi beaucoup ignorent jusqu’aux – lointains - travaux d’Archimède.

A partir de notre catégorie de médecin et de psychiatre – certes limitée - remarquons seulement que les aptitudes des hommes et des femmes, (et entre chacun de ces être entre eux) sont profondément différentes, mais que l’ordre d’une nature immémoriale avait rendu les sexes « complémentaires ».

Il est tout à fait probable que notre forçage, aux fins de l’application d’un fallacieux « principe d’équivalences », ne peut mener qu’à la dislocations de familles construites sur ce principe inapplicable en pratique.

Bien souvent, les tentatives de construction de ce que l’on appelle aujourd’hui « familles recomposées » ressemblerait à une recherche menée – en temps réel - sous formes « de travaux - directement - pratiques ».

Mais les « protagonistes » qui se risquent ici « sans filet » - pour eux – encourent le risque d’être victime de celui des « pêcheurs » de fretin de toute sorte, ou de multiples formes d’exploitation.

 

 

[8] Effets trompeurs :

On peut placer ici les remarques suivantes :

La caméra qu’il ne faut pas montrer :

Le « cinématographe » s’est inscrit, dans le domaine artistique, dans le sillage du théâtre, et autres « fictions ». Aux fins d’entretenir la fiction, il a été tout à fait justifié d’instaurer comme « règle d’or » de ne jamais montrer la caméra ! Mais lorsque est venu le temps de montrer les « actualités cinématographiques », en salle de projection d’abord, puis à la télévision, pour des raisons peut-être « esthétique », mais parfois insidieusement pernicieuses, la même règle a été respectée jusqu’à aujourd’hui. Comme les sons et les images sont devenus extrêmement « manipulables », l’auditeur sait de moins en moins ce qu’il doit croire, si tant est qu’il ne se laisse pas aller tout simplement au suave bercement de ses sens diligemment flattés. Quelques rares fois, un « iconoclaste » se permet de briser « la règle taboue ». C’est rare, alors que la règle de montrer « caméras, matériels et équipes de cameramen » mériterait souvent d’être imposée au nom de la vérité !

L’agressivité des souris blanches :

Une expérience dite de « psychophysiologie » a été faite, même si elle n’était certes pas nécessaire : deux souris blanches sont placées dans une cage métallique : Elles manifestent alors l’une envers l’autre le meilleur comportement :

Une flamme sous les pattes : Un opérateur extérieur place ensuite la flamme d’une bougie sous la cage, de façon à chauffer leurs pattes. Les souris manifestent alors une forte agressivité l’une contre l’autre, sans pouvoir s’opposer à la cause.

L’utilité d’une telle constatation est considérable en médecine, non seulement au moment de comprendre ce qui se passe au sein des comportements sociaux, mais même dans un hôpital.

Violences dans un hôpital :  Nous avons observé souvent des conflits explosifs entre « patients » et « soignants ». Il est clair que toute contrainte est susceptible de les initialiser et que l’exposition du personnel soignant est « occasionnelle » lorsque la contrainte est policière. Mais l’expression d’une manifestation unique pouvant relever de causes ou d’artefacts différents entraîne la plus grande confusion dans la recherche scientifique des causes.

Les causes intérieures et les causes extérieures : La compréhension de l’expérience peut être étendue à tout le champ médical : En médecine, la distinction entre certaines représentations de l’intérieur et de l’extérieur est fallacieuse. (Cf. « bande de Möbius ». voir: corps). Une « hémorragie méningée » peut parfaitement être la cause d’une agitation violente. Dans le climat de contraintes et d’oppositions régnant, souvent accompagné de sentiments hostiles parfois verbalisés de toutes parts, il est rare alors qu’émerge, de la dispute, la pensée que l’urgence est celle d’une « ponction lombaire », chez un soignant plus préoccupé par le contrôle de ses réponses à la violence que par la recherche des causes.Il est tout simplement fâcheux que par la confusion des genres imposée par les contraintes de la loi, le personnel soignant réagisse policièrement à une situation qui ne l’est pas. L’inverse serait tout aussi vrai.

Les méfaits « psychiques » de la pollution : En reconnaissance de l’importance des « facteurs pathogènes exogènes », il faut insister sur la pollution, facteur pathogène important et reconnu dans toute la médecine, sauf en psychiatrie Or l’impact comportemental est évident (nervosité/tabagisme/asthénie, agressivité, violences), mais ne figure dans aucun ouvrage, et l’accès aux statistiques nous a été rendu difficile. Elle est en passe de devenir un fléau majeur. Elle est d’abord généralement une affaire de proximité : Derrière un moteur thermique, ou une cigarette incandescente, même dans un désert, l’ appareil respiratoire réagit par une diminution de la ventilation, les échanges diminuent, l’invalidité est immédiate. A terme, il est fort probable que la pollution, qui impose pour plusieurs raisons la sédentarité, soit une des principales causes d’obésité, voire de cachexie, et plus généralement d’invalidités, à type d’excitation ou de ralentissement, physique et aussi mental. Nous avons montré, sur une autre {page}, comment la nicotine pouvait même devenir, pour le fumeur, le moyen facile d’obtenir une sorte « d’hyper-adaptation » par la diminution de la motricité physique, recherchée, favorable à un fonctionnement attendu en revanche, supposé plus serein, de son intellect, ou, plus simplement encore, favorable à l’adaptation à toute imposition d’une mobilité restreinte. Dans ce cas ce n’est plus l’environnement qui est organisé pour convenir, mais le sujet qui doit s’adapter à l’organisation imposée

Les dérangements de la prévention : En médecine, la prévention est toujours, et de loin, le meilleur des remèdes, à ce point que dans les études de médecine, elle figure, quand le moyen est connu, en bonne place dans la rubrique des traitements et s’appelle le « traitement prophylactique ». Si l’idée paraît simple, il n’est pas toujours aussi évident de le connaître : cela impose d’abord de connaître les causes : Tant que les souris blanches n’ont pas connaissance de l’intervenant externe, elle ne peuvent rien faire. Ensuite non plus dans cette expérience, mais les deux étapes sont bien différentes. C’est le meilleur de la science médicale que de découvrir ce qui est pathogène ou non, chose rendue difficile lorsque, en vue de certains profits, la toxicité de certains produits est volontairement occultée.

Le médecin, hélas, n’est désigné souvent, à ce moment-là, que comme un « dérangeur ».

 

 

[9]

Du « démuni d’argent » au « démuni d’esprit » : 

Voici en quels termes notre poète Rutebeuf (1230-1285) évoque la vilaine apellation de « fou » au milieu du XIIIème siècle : (d’après le texte établi par Michel Zink) : 

 

1

«… Savez-vous pourquoi nul ne s'entraime ?
Les gens ne veulent plus s'entraimer !
Car dans leur cœur il y a tant d'amertume,
Cruauté rancune et envie,
Qu'il n'est personne au monde
Qui ne soit disposé à faire du bien aux autres
S’il n'y trouve profit !

 

2

Rien ne sert d’avoir parent :
Un parent, pauvre n'en a pas,
Et d’amis, il n’en a guère :
Nul n'a parents s'il n'en peut mettre le prix.
Qui est riche a parentèle,
Mais le pauvre n'a de parents
Qu’il ne plaigne les frais

 

3

S'il reste chez lui plus d'un jour.
Qui a de quoi, il est aimé,
Mais qui n'a rien, traité de fou,

Traité de fou...
N'a pas perdu tout son bois :
Ne lui reste que du hêtre
* - du fou.
Nul ne revêt plus ceux qui sont nus.

 

4

Bien au contraire
Chacun le plume,
Le plonge dans l'ordure,
Et fou ne gagne rien.
Et ne garde pas son gain,
Car pauvreté est maladie :

Voilà la première plaie… »

 

 

hêtre* : en latin « fagus » => en langue populaire : « faou (existe en Bretagne) =>  fou »   Cf. En Vendée, « Le Puy du Fou », (puy <= podium) = « La colline du hêtre ».

Cf. L’inoubliable vers des Bucoliques de Virgile ; « O Ti-ty-re tu patulae recubans sub tegmine fagi ... » dans lequel le mot « fagus, fagi » apparaît.

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Cependant les habitants du « Puy du fou » s’appellent aujourd’hui « Puy-folais » en référence probable au mot latin « follis, follem = ballon, et de là « le fol » puis « le fou » par opposition au sage. Mais cet adjectf est peut-être récent.

Pour « fagus » : suivez la flèche : ®

Seules les datations de l’apparition de chaque mot permettraient de trancher en faveur de l’étymologie d'origine.

 

 

Cf. aussi la complainte de Rutebeuf dont le texte a été établi et chanté par Léo Ferré : clic  

 

1

Que sont mes amis devenus
Que j'avais de si près tenus
Et tant aimés
Ils ont été trop clairsemés
Je crois le vent les a ôtés
L'amour est morte
Ce sont amis que vent emporte
Et il ventait devant ma porte
Les emporta

 

2

Avec le temps qu'arbre défeuille
Quand il ne reste en branche feuille
Qui n'aille à terre
Avec pauvreté qui m'atterre
Qui de partout me fait la guerre
Au temps d'hiver
Ne convient pas que vous raconte
Comment je me suis mis à honte
En quelle manière

 

3

Que sont mes amis devenus
Que j'avais de si près tenus
Et tant aimés
Ils ont été trop clairsemés
Je crois le vent les a ôtés
L'amour est morte
Le mal ne sait pas seul venir
Tout ce qui m'était à venir
M'est avenu

 

4

Pauvre sens et pauvre mémoire
M'a Dieu donné le Roi de gloire
Et pauvre rente
Et droit au cul quand bise vente
Le vent me vient le vent m'évente
L'amour est morte
Ce sont amis que vent emporte
Et il ventait devant ma porte
Les emporta

 

 

L'espérance de lendemain ce sont mes fêtes.

 

 

Le profit prend désormais le pas sur la charité. A l’aube de la « Modernité », à sa façon et sans pouvoir lui donner de nom, Rutebeuf remarque ici bien des transformations des valeurs qui signent déjà la fin du Moyen Age. (Cf. notes de bas de page sur le « Purgatoire » in : site/page web 10.htm)

On voit aussi comment « le prétendu fou » est encore seulement saisi ici à travers un « on dit », qui ne deviendra vraiment « statut » qu’en 1838 en France, après une longue et progressive « réification » de l’objet.

Au Moyen Age, le  « malade »  (<= « male habitus ») n’avait pas encore été particularisé comme aujourd’hui en tant que tel par un statut propre.

Découvrant chaque jour une multitude de « nouvelles maladies », il n’est pas impossible que la science moderne déstabilise à nouveau un statut devenu trop rigide : Comme le répète le généticien philosophe Albert Jacquard, nul n’est exempt en soi d’une grande quantité de gènes appelés « pathologiques ». De ce point de vue-là, c’est alors le langage de la « Modernité », et non celui d’un Moyen Age, bien à tort, considéré « obscur », qui pourrait avoir été une  « parenthèse ».

 

 

[10] Populations africaines :

l est probable aussi que l’on remettra un jour en cause beaucoup de ce qu’il est convenu d’appeler « l’histoire officielle » : Par exemple en retrouvant, grâce à l’archéologie, la linguistique, l’A.D.N. , ce qu’ont pu partager les habitants de la « Vallée du Nil » et ceux des « Vallée du Niger » (Futa Djalon, Tombouctou, Djenné), et « du Sénégal »,  lesquelles communiquaient, il n’y a pas si longtemps, grâce à l’espace, alors verdoyant et animé, devenu aujourd’hui « Sahara » :

 

clic

 

Depuis sont apparus des travaux passionnants dont rendent compte des livres. Citons :

(2006) Christiane Desroches Noblecourt : « Le fabuleux trésor de L’Egypte »

(1990) Théophile Obenga : « La philisophie africaine des pharaons »

(2006) Bernard Lugan : « Histoire de l'Afrique », livre dans lequel il propose comme étymologie du mot Sénégal, deux noms de tribus berbères connues au Maroc : Zenatas ou Snadjas.

(2006) Martin Bernal (Anglais) : « Black Athéna » en 3 gros volumes comencés en 1987. Le titre est volontairement provocateur et faux car la déesse est originaire de Saïs dans le Delta. Le volume 3 (de linguistique) paru en 2006 n'est pas encore traduit en français, mais on y trouve l’origine égyptienne des mots Odysseus (Ulysse) Sparta, Hilotes, laconique, etc.

 

[11] Toponymes :

Même quelques simples détails  toponymiques pourraient  remettre en cause « l’histoire officielle » : Ainsi, sur la côte sud de l’actuel « Ghana » se trouve un port nommé « Elmina », mot banal en arabe, qui  signifie « le port ».

Mais « l’histoire officielle »  enseigne que la ville fut fondée par les portugais qui la nommèrent ainsi en raison de la présence d’une « mine d’or ». Or l’article « el » n’existe pas en portugais:

 

 

 

 

[12] Différences entre « croyances » et « registre symbolique » :

Cf. Jacques Lacan, le 16 Mars 1955 , in : « Le séminaire livre II » Chapitre XIV « L’imaginaire, le réel et le symbolique », Éditions du Seuil 1978, page 193 :

« … Marcel Gnaule a fait rapidement allusion à l'islamisation d'une partie importante des populations du Soudan, au fait que celles-ci continuent à fonctionner sur « un registre symbolique » tout en appartenant à « un style de credo religieux nettement discordant avec ce système ». Leur exigence sur ce plan se manifeste d'une façon très précise, par exemple quand ils demandent qu'on leur apprenne l'arabe, parce que l'arabe est la langue du Coran.

Il y a là une tradition qui vient de très loin, qui est très vivante, et qui semble s'entretenir par toutes sortes de procédés. … Il ne faut pas croire que la civilisation soudanaise ne mérite pas son nom. Nous avons assez de témoignages de ses créations comme de sa métaphysique pour mettre en cause cette échelle unique sur laquelle nous croyons pouvoir mesurer la qualité des civilisations. … On a mis longtemps à pouvoir entrer en communication avec eux. Il y a là une analogie avec notre propre position vis-à-vis du « sujet ». … »

 

 

[13] Le « moral » n’est pas du tout le « mental » : Exemple de Ibn Battuta :

 

Le voyageur Ibn Battuta (Tanger 1304 – Marrakech 1369) parcourut le monde, de la vallée du Niger à la vallée du Nil , et jusqu’à la Volga et la Chine.

Invité en Inde à assister à un cérémonial, dans lequel les jeunes veuves de guerre indiennes se jetaient dans les flammes, il s’évanouit.

Si les mœurs qu’il découvrait le troublèrent à ce point, il n’en reste pas moins que le fonctionnement mental de ces femmes, qui se jetaient d’elles-mêmes dans les flammes, refusant même de se voiler la vue, ne témoignait, pour autant, d’aucune pathologie.

 

[14]

Vers 1975, quelques années après la construction du grand barrage de la Vallée du Ziz, la ville changea de nom :

Le nouveau nom a été choisi en l’honneur du prince Moulay Rachid, fils cadet du roi Hassan II, père de l’actuel roi du Maroc Mohammed VI.

Le mot « qsar » figure encore dans l’ancien nom de l’hôpital tel que lisible sur cette photo : « moustachfa qsar es souq » (écrit selon le mode marocain ancien avec 1 point sur le « q » et 1 point sous le « f »).

« qsar » traduisait, comme dans beaucoup de régions pré sahariennes, le mot de langue amazighe « Igrem » (= village fortifié ).

 

 

 

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« El barrada : la théière » « celle qui refroidit »

« لصينية :

El siniya » « le grand plateau rond de l’invitation et du partage. »

 

o       « Lem chaheb Filistin »

Souq d’Azrou

 

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Fin des notes de bas de page :