On commémore cette année le cinquantième
anniversaire de l’année 1968… Comment
naviguait-on en ces temps-là ?
La navigation de plaisance –
à voile – a une longue tradition en Occident.
Son renouveau advint dans et
par sa « démocratisation » dans la période de l’après guerre.
Comme au temps d’Alain
Gerbault les plaisanciers ont continué à se mêler - avec beaucoup de
prévenance comme en témoigne l’extrait ci-dessous du « Cours de
navigation des Glénans » - au monde rude des marins-pêcheurs qui
naviguaient encore beaucoup à la voile : Thoniers et langoustiers
tiraient de longs bords le long des côtes de Mauritanie.
Les « fêtes de la
mer » locales accompagnées de bénédictions de la mer et des navires
n’étaient en rien des évènements touristiques.
Après 1950 la voile a
disparu progressivement du monde du travail, avant que le monde presque tout
entier de la pêche non-industrielle, même motorisée, ne disparaisse à
son tour.
Le « vapeur »
s’était imposé au XIX ème siècle d’abord à la marine de guerre puis
à la marine marchande, mais je crois qu’on n’a jamais pêché au charbon.
A partir de 1916 la marine
de guerre découvrit les avantages du pétrole sur le charbon comme carburant –
pour la rapidité du remplissage des cuves, de l’allumage des chaudières et de
la sortie des ports - en méditerranée, mais les moteurs étaient restés encore à
vapeur.
Puis les moteurs à explosion
remplacèrent partout la machine à vapeur, sur mer, sur terre, dans les airs,
et, la pêche et la plaisance les adoptèrent directement, la première avant la
guerre et la seconde après la guerre, sans passer par le charbon.
Le pétrole a finalement fait
presque disparaître partout les autres sources d’énergie - sauf sous l’eau où
il est rentré en concurrence avec le nucléaire.
Ainsi par étapes, le charbon
a remplacé la voile ; le pétrole a remplacé le charbon ; et la
plaisance a remplacé la pêche *.
La « philosophie de
la voile » au rythme de la nature a pratiquement disparu, laissant la
place aux industries que l’on sait, et de l’époque de la voile il ne reste
presque rien.
Le mot « vacances » bien
présent en 1959 était une reprise des idéaux 1936 et se conjugua d’abord au
sein du monde du travail et dans la sobriété
L’écologie était bien
présente en mer comme partout ailleurs - sans dire son nom - mais bien « dans
les faits » depuis toujours et encore 100 ans plus tôt, comme on le
constate en lisant le récit du périple de 5 ans à la voile du naturaliste Charles
Darwin de son périple à la voile (de 1831 à 1837 et il a de 22 à 27 ans)
De ses observations naîtra
la « théorie de l’évolution des espèces »
- Comme d’autres
apprentissages, l’apprentissage à usage professionnel de la voile comporte deux
approches : théorique et pratique.
- Comme loisir, il deviendra
à la fois apprentissage des manœuvres, de la mer, de la nature et du monde
vivant)
- Hors normes et
d’initiative originale, l’enseignement de ce monde vivant était aussi le
souci du Commandant Cousteau, - en particulier du monde sub-aquatique
- qu'il appela d'abord « monde du silence », ce qu’il est en
effet pour l'homme.
En ce monde d' aujourd’hui, les leçons de la mer restent parfaitement
d’actualité :
o
En ce qui concerne
la pollution du monde et le changement climatique (dont on ignore en réalité beaucoup
les causes, mais pour lequel on connaît quelques remèdes) à la fois comme
milieu d’études et comme lieu d’enjeux essentiels.
o
Et comme scène de la
prochaine répartition des peuples.
Pourtant,
dans l’ensemble de l’enseignement scolaire, l'enseignement de l'ensemble des
choses de la mer reste infiniment trop réduit, aussi bien dans les deux
domaines théorique et pratique - comme formateurs de l'esprit.
La
France est depuis longtemps trop bureaucratique tant sur mer que sur terre.
Ce
fut sans doute la première raison de sa perte de la guerre de 7 ans sur les
océans (Traité de Paris 1763) face à l'Angleterre, et progressivement depuis de
son effacement international, et de la perte de la francophonie comme grande
langue internationale.
On
dirait que seul le Québec se souvient de notre abandon qu'il nous a reproche
lors de la signature du traité, mais les québécois ont enfin retrouvé
maintenant le droit intangible au passeport français.
Probablement
à la suite d’une longue série de démissions, d'abord de l’esprit, plus que de
celle des armes, la France parait aujourd'hui confinée et frileuse, et devenue
presque sans horizon ni idéal, sinon celui – désastreux - de se mettre au
service d'un tourisme extrêmement destructeur, dans l’immédiat, de l'environnement
et des maigres ambitions de ses apôtres, et économiquement à long terme, mais
plus gravement encore, moralement à toutes les étapes.
La
France a in extremis réussi à conserver son immense espace maritime, mais c’est
à grand peine qu’elle semble déployer l’énergie nécessaire à sa conservation et
a son ’exploitation.
Le C.N.G. pâlie dans
une toute petite mesure au déficit à l’école en enseignement des choses
de la mer, dont se plaignait EricTabarly.
Le souci didactique marque
profondément la tradition du C.N.G, (Cente Nautique des Glénans)
Si l’on se souvient que le C.N.G
- cité abondamment dans les pages infra par la « Revue Bateaux »
- a été fondé en 1947 par un ancien résistant, on peut facilement faire
remonter ses idéaux à dès l’après-guerre.
Le commerce maintenant
omniprésent ne viendra qu’avec les justement nommées, durant la décennie
70,.« années de récupération » (pour fustiger les fausses
promesses et pleurer la révolution perdue dont, encore une fois, les
demandes n’étaient ni de biens matériels ni de loisirs ni de retraites, mais de
« participation à la gestion »)
Aujourd’hui, on dirait
souvent que l’enseignement est dispensé par les entreprises elles-mêmes
vendeuses, ce qui est un comble.
On déplore à juste titre la
mainmise de seulement quelques trusts dans le monde, et en occident, sur les
media de l’information.
Mais disant cela, on ne
parle en général que de la vente des contenus et/ou accessoirement de celles
des supports.
Mais il y a bien pire, c’est
« le lavage de cerveau » qui résulte des œillères imposées aux
journalistes lors des enseignements prodigués, d’où il résulte que ceux-là même
qui diffusent des fausses nouvelles en sont ignorants et n’ont d’ailleurs plus
le moindre sens critique pour s’apercevoir immédiatement de l’incohérence des
propos.
Le même phénomène se répand
en aval dans l’esprit ds citoyens.
L’esprit humain est ainsi
fait qu’il est infiniment plus difficile de remplacer une mauvaise habitude
(comme un mauvais doigté en musique) par une bonne habitude que d’acquérir
d’emblée cette même bonne habitude.
L’enseignement est indiscutablement une source de savoir et de
connaissances, et comme tel, une source de libertés, de celles qui font la
différence entre celui qui connaît et celui qui ignore l’entrée de sa propre
maison.
Il
peut être aussi – bien qu’insuffisant à l’être (car il faut, là, lui adjoindre
aussi l’intelligence et la morale) – ce qui permet un apport de
« progrès » (au sens d’amélioration) en tant qu’il est différent de
« l’innovation » (au sens très souvent purement commercial et aux
conséquences dégénératives)
J’ai vu un « consommateur »
crédule me montrer des « bougies spéciales pour faire du feu
biologique » dont il avait garni toute sa maison – ce qui ne
l’empêchait pas de griller cigarette sur cigarette !
Encore un écolo-pyromane !
En comparaison, dans le même
temps la médecine s’est engagée dans beaucoup d’impasses idéologiques ou
administratives, souvent alliées au commercial.
L’enseignement scolaire de la
médecine reste honteusement presque inexistant.
Un tel enseignement reste à
mon avis la plus importante de toutes les attentes pour pouvoir procurer une
médecine de qualité à toute la population.
Mai 68 n’y a rien
changé : Les CHU étaient nés bien avant 1968 et il n’y a eu aucun
renouveau significatif dans statuts hospitaliers avant l’apparition des « praticiens
hospitaliers » en 1985, se soldant – comme le nom restrictif l’indique
- par un recul de l’enseignement et de la recherche.
Il est possible que l’idéologie
des égalités symbolisée par les mystérieux plateaux d’une balance en
équilibre vides ** soit mal compatible avec
une biologie de la variété, comprise et enseignée seulement dans les classes
supérieures.
Les années 80 verront
l’apparition du dramatique « numérus clausus » ***- limitation du nombre des
étudiants et des diplômes de médecine - cependant que, au contraire,
l’inflation commerciale explosera dans toutes les directions.
En psychiatrie (cf. « mai
1968 pour la psychiatrie » clic)
tout ce qui fut décidé en 1970 était contraire aux demandes du « livre
blanc de la psychiatrie » brandi en 1968 par le personnel hospitalier
- toutes catégories confondues, patients et soignants, dans la rue.
Les nouveaux maux découlent
des incohérences imposées : ainsi - du chômage à la rage des loisirs - des
carences graves au sein d’une consommation surabondante plombent massivement
jusqu’aux tréfonds de désirs manipulés.
__________________________________
Notes de bas de page de
cette Note :
* 1
Toxicocratie : C’est la prise de pouvoir par le plus toxique… pour
contre l’autre.
Feux : bois et tabac : Encore un écolo-pyromane ! Et tant pis
pour les autres : « Je ne fume pas, j’enfume ! »
Sachant qu’il n’y a pas plus
allergisant et cancérogène pour les poumons que les fumées de
tabac et de feux de bois : les fumées ne sont pas dans le salon mais vont
dans la rue…
Fioul : Dans
ces conditions, la voile ne survit plus qu’à l’état vestigial et les
démonstrations olympiques éclairs n’y changent rien : Les enjeux se
déroulent ailleurs.
Une nouvelle vie se dessine
partout, sous l’empire d’une « toxicocratie », c’est à dire de
la prise de pouvoir par un toxique, car même si à l’origine seule la puissance
énergétique tirée du produit (ou son sentiment : cf. le tabac, l’alcool,
etc.) était recherchée, sa toxicité participe aussi à la domination par un
effet d’empoisonnement des autres et de leur écosystème auquel seule la machine
pourra résister.
Ainsi, le premier navire
motorisé sillonnant les océans pour de raisons stratégiques ou commerciales
condamnait tous les autres à l’imiter - au prix de la disparition de la faune
et de la flore.
Il en a été de même avec
l’automobile qui fit presque disparaître en 100 ans sur terre tous les autres
moyens de locomotion, animaux et jusqu’aux propres pieds des piétons :
Ainsi les passages pour piétons traversant le parking de la sortie de la gare
de Sainte Geneviève des Bois (91700) disparurent au profit de l’augmentation
des places de stationnements.
** 2 Egalités :
J’explique ailleurs le sens
de la représentation du cœur et de la plume sur les plateaux de
« la balance de la psychostasie » au « tribunal
d’Osiris » dans l’Egypte phraonique (clic).
Des bibliothèques entières
pourraient être consacrées à l’histoire des confusions ou pertes des symboles
et à leurs conséquences : On pèse les mots, comme au temps de l’ordalie on
faisait parler les dieux pour affirmer la justesse d’une décision de justice,
raison pour laquelle les mots « inférieurs » dans les noms de
nos départements sont devenus « maritimes », tandis que par
perte de son histoire, on s’égare sur le sens du mot « homme »
en français.
*** 23 « Numerus
clausus » :
J’étais syndicalisé et j’ai
participé aux votes (mais sans rapport avec les consignes) dans les années
1980 : J’y étais opposé.
Le principe de base dans les
hôpitaux ( or tout médecin les traverse lors de sa formation) était que les médecins
– mandarins étaient très fiers d’avoir beaucoup de lits et ne voulaient pas
de rivaux !
Cela me faisait penser aux
officiers de marine de La Royale qui ne voulaient surtout pas que les
matelots sachent se servir d’un sextant afin de se rendre indispensables
à la navigation et ne pas être jetés par dessus-bord en cas de rebellion…
Revue
« Bateaux » mensuel N° 15 -
août 1959 -
Couverture et 4 ème de couverture et p. 22-23
pp. 24-27
pp. 28-31
Tri-cy-rouges
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Ba-co-vert
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Ton destin sera d’errer à jamais, sans abri dans l’océan de
l’amour car l’aimée c’est ton cœur :
Elle n’a pas de terre, pas de patrie, pas d’adresse …
Nizar Qabbani