Décussations des connexions neurologiques :

 

Partitions, Partages, Représentations

de l'autre et de soi

 

(L’individu biologique et sa perception sémantique)

_____________________________________________

Le croisement en « X » des fibres nerveuses (« décussation ») pour une « intégration grégaire »,

 

à côté d’une « image de soi » avec « aliénation [1] » « individuelle »:

 

« Voies et centres nerveux » J. Delmas et A. Delmas,

Masson éditeur, Paris 1962 (réédition)

– d’où sont tirées les planches de cette page web.

« L’image spéculaire » n’est pas substituable à « l’image réelle » et ne permet pas la « substitution » imaginaire avec un individu semblable réel [2].

 

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docteur jacques de Person

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Anoushka Shankar accompagne au sitar son père le pandit ravi Shankar : Le vis à vis est tout autre chose qu’une image spéculaire.

 

 « L'organisme est une représentation de son environnement»

John Zachary Young (1907 – 1997)

 

 « S’il était possible de brancher l’œil sur le bout du nerf auditif, on « entendrait », c'est à dire que l'on aurait une sensation sonore - avec l'oeil »

Jean Pierre Changeux – L’homme neuronal – Paris 1983

 

« 

Erwin Schrödinger (Vienne 1887 – 1961) Prix Nobel de Physique 1933

« What is life » Cambridge 1944 (Travail qui a mené Watson à la découverte e l’ADN)

 

 

Ce texte s’inscrit dans une recherche sur ce que représente la notion d’individu en biologie, irréductible à celle de l'individu administratif.

 

Il nous paraît familier que ce dernier soit à la fois « un » et membre d’un groupe qui lui en a façonné l’existence.

 

Pourtant en biologie, le système nerveux aperçu comme structurant une unité somatique, n’a été systématisé que parmi les dernières classifications de l’organisation anatomique - si l’on exempte le cas exemplaire du système immunitaire – lui aussi fortement relationnel - de découverte encore plus récente, et pourtant omniprésent, essentiel et vital.

 

Au cœur de la neurologie, c’est toute la fonction inter-individuelle que structure l’organisation croisée en « X » du système appelé « décussation » (en latin decussatio, mot dérivé du nom et de la forme du chiffre « dix » équivalent du mot grec chiasma, « en forme de la lettre « X »)

La première démonstration de l’utilité en géométrie optique de la décussation des voies optiques (partielle ou totale selon les espèces)) a été apportée par Ramon y Cajal (Prix Nobel 1906 pour la découverte du neurone).

Ce dernier fait ensuite découler hypothétiquement de cette organisation croisée tous les croisements des voies motrices et sensitives aux fins de cohérence de la réponse animale aux stimuli extérieurs à lui, en particulier la vue d’un prédateur.

C’est d’ailleurs en réponse à la perception cellulaire d’un monde extérieur qu’est phylogénétiquement apparu chez  les premiers métazoaires tout le concept de « neurologisation » à partir d’une dépolarisation cellulaire.

Dans le même sens, l’organisation pourrait aussi être appréciée en considérant l’animal vis à vis d’un congénère, et émettre l’hypothèse de l’apparition d’un nouveau schéma de lui-même et ce pourrait alors être toute la conception même de bilatérien qui aurait pu apparaître dans un même mouvement d’organisation cohérente, faisant acquérir aussi au bilatérien de nouvelles fonctions de stabilité, de mobilité, et de sociabilité :

Ainsi pourrait-on comprendre à partir de l’anatomie comment les poissons nagent en banc « comme s’ils se donnaient la main » , comment les humains peuvent se serrer la main en croisant leurs bras ou reproduire le doigté enseigné lors d’un cours de musique.

 

Plus encore, on pourrait dire que si toutes les pièces du monde sont interconnectées, fut-ce par les liens discontinus ou invisibles, et que les propriétés du vivant découlent de son agencement moléculaire, l’organisation en connexions croisées du système de relation des bilatériens serait la signature anatomique d’un développement identitaire analogue et socialisé au sein d’une colonie de proches.

________________________

 

J’ai l’intention de réécrire en entier cette page web en en changeant le plan (qui s’était construit peu à peu) pour la présenter de façon plus didactique.

Car j’ai enfin pu lire les écrits et travaux de Santiago Ramon y Cajal (1852-1934)  Cf. aussi WIKIPEDIA

 

Il partage en 1906 le prix Nobel de Médecine avec le cytologiste Camille Golgi, pour son travail sur la structure du système nerveux

Il fut pionnier dans la description des synapses de la rétine 2, développe la «doctrine du neurone », selon laquelle le tissu cérébral est composé de cellules individuelles. Il peut être considéré comme le père fondateur des Neurosciences, et à la fois médecin et scientifique il était aussi « humaniste » et considéré comme tête de la « Generación de Sabios  »

Il vécut une époque dramatiquement marquée par la guerre hispano-américaine de 1898, au terme de laquelle l’Espagne perdra l’île de Cuba parmi d'autres territoires, guerre qui, à l’orée du XX ème siècle, initialisa un lent déclin de l’Europe face à la prépondérance grandissante des U.S.A.dans bientôt une majorité de disciplines.

 Les vérités anatomiques demeurent .

 

Lire dans : « SOUVENIRS  DE MA VIE »

https://cvc.cervantes.es/ciencia/cajal/cajal_recuerdos/recuerdos/default.htm

Seconde partie - Chapitre XV :

 

«¿No fuera más sencillo —me preguntaba— que cada cordón óptico desembocara directamente en los centros cerebrales de su lado, ya que la impresión recibida por cada retina provoca predilectamente reacciones motrices en las regiones correspondientes de la cabeza, tronco y extremidad superior?»

Pero las incongruencias aparentes continúan en el encéfalo y bulbo. También la vía piramidal del cerebro o de los movimientos voluntarios, los cordones sensitivos llegados de la médula y del bulbo, los manojos centrífugos nacidos en el cerebelo, se entrecruzan total o casi totalmente.

¡Y luego, la absoluta generalidad, la irreductible pertinacia de tales decusaciones, iniciadas en los peces y proseguidas tenazmente hasta el hombre!... En realidad, no faltan en ningún animal de visión lenticular, es decir, provisto de ojos sencillos, en los cuales la imagen sintética es proyectada por una lente convergente. Recientemente, hemos reconocido dicho cruce, aunque con asiento diferente, en los insectos y cefalópodos, cuyo ojo obedece también a la norma estructural del vertebrado.

«Quizás —me decía— el cruce fundamental de las vías ópticas está fatalmente ligado al mecanismo físico de la visión. Busquemos, pues, en este mecanismo la razón lógica de tal organización. Una vez averiguada, nada será más fácil que explicar, a título de disposiciones compensadoras y correctoras, las decusaciones primordiales de las vías motrices y sensitivas.»

Y dando de mano a otras conjeturas, se apoderó de mí, obsesionante, el siguiente pensamiento: Todo tendría llana explicación, admitiendo que la percepción correcta de un objeto implica la congruencia de las superficies cerebrales de proyección o representativas de cada punto del espacio. Por tanto, para que la percepción mental se unifique y concuerde exactamente con la realidad exterior, o, en otros términos, para que la imagen aportada por el ojo derecho se continúe con la aportada por el ojo izquierdo, es de todo punto necesario el entrecruzamiento lateral de las vías ópticas; cruce total en los animales de visión panorámica; cruce parcial en los animales dotados de campo visivo común.

Los siguientes esquemas explican claramente la precedente teoría.

por reflexión); y determinada disposición mecánica, con igual fin concebida, y destinada a producir eclipses alternativos de la imagen estereoscópica, proyectada en un telón.

Mis ideas sobre el móvil utilitario de los entrecruzamientos alcanzaron éxito lisonjero de publicidad. Extractadas o reproducidas íntegramente por muchas revistas extranjeras, merecieron además la honra de una buena traducción alemana, bajo la forma de libro, del Dr. Bressler; versión amablemente prologada por el célebre profesor Pablo Flechsig, de Leipzig. No obstante sus defectos, que no desconozco,6 mi teoría sugirió interesantes trabajos. Entre otras investigaciones, provocó la ya mentada de Kölliker,7 rectificadora de anteriores errores; la de Havet, 8 francamente confirmatoria, recaída en el kiasma de los crustáceos, y la muy interesante del Dr. Márquez,9 donde los postulados de mi concepción fueron ingeniosa y afortunadamente aplicados al esclarecimiento de los cruces de algunos nervios motores del globo ocular.

Conforme era de presumir, los hechos positivos consignados en mi trabajo acogiéronse con aplauso y apreciáronse en todo su valor por los sabios especialistas. Mas en cuanto a la teoría propiamente dicha, los dictámenes discreparon. Lugaro y otros sabios opusieron algunas objeciones ingeniosas y propuesto otras explicaciones histológicas. Creemos sin jactancia que ninguno de mis impugnadores antiguos o modernos ha logrado imaginar explicación utilitaria más sencilla y natural del cruce fundamental de las vías ópticas en los vertebrados inferiores y del cruce parcial de las mismas en el hombre y mamíferos.

Algunos autores modernos critican esta teoría por excesivamente finalista. Para ellos, el esclarecimiento del cruce óptico no implica ningún designio o intención utilitarios, sino que depende de las condiciones mecánicas del desarrollo ontogénico y filogénico. Los que así discurren no me han entendido. En ninguno de mis escritos afirmo yo que dichos cruces sean la encarnación de una idea utilitaria impuesta por un

 

principio rector orgánico inmanente o trascendente; antes bien, de acuerdo con los postulados del evolucionismo, doy a entender que, habiéndose aquéllos originado por causas físico-químicas, han prevalecido y se han perpetuado hereditariamente, precisamente por ser provechosos. Si no lo fueran, carecerían de constancia (hay cruzamientos ópticos hasta en los cefalópodos, insectos y crustáceos) o hubieran desaparecido en los animales superiores. Importa no confundir el concepto de utilidad , innegable en la inmensa mayoría de nuestros órganos y tejidos, con el de finalidad , concepción puramente metafísica, sobre cuya realidad el biólogo no tiene para qué ocuparse. Por lo demás, sobre éste como sobre otros muchos problemas dificilísimos, la ciencia no ha dicho todavía la última palabra.


 

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Plan de cette page : (les textes soulignés sont des liens hypertexte)

 

01        Ouverture

02        Introduction à la question de la décussation chez les animaux

03        Introduction au résumé

04        Résumé :

ü                  Premières structurations anatomiques

ü                  Comportements sociaux organisés

ü                  L’échappée individuelle

ü                  L’image de soi

ü                  Remarques

1.     La conscience

2.     Les pensées imaginaires

 

05        Introduction (Infra) :

Wikipédia

ü                  Discussion

 

06        Ajouté en 2020 :

ü      « The somatic twist » : Comparaison des animaux à :

ü                 Système nerveux périphérique ventral qui est non décussé

ü                 Système nerveux périphérique dorsal qui est décussé

 

07        Ajouté en 2017 :

La décussation corollaire de la vie sociale organisée :

ü     Les 3 états du cerveau : Eveil, sommeil et rêves.

 

2.1  L’individu coupé du monde extérieur

2.2  Différence de nature entre rêve et vie éveillée

2.2.1.1  Oubli 

2.2.1.2  Affects 

2.2.1.3  Horloges

 

ü      Image spéculaire en 2D:

 

3.1  Proprioception 

3.2 Neurones miroirs

3.3 communication entre 2 individus

3.4 Nœuds

3.5 La mise à plat en 2 D

3.6 La vue 

3.7 L’audition

3.8 L’olfaction

3.9 Les dimensions en physique

3.10 Psychologie et génétique

3.11 Connexions et état de rêve

3.12 L’interprétation des rêves

 

ü     Au final :

4.0 Génétique, Arrêt de la neurogéanèse, épigénétique

4.1 Rêves et neuroleptique

4.2 Responsabilité et rêve

4.3 La douleur

4.4 Résumé; La conscience en neurophysiologie.

.

08        Fin de l’ajout en 2017

 

09        La décussation chez les animaux.(Transition)

10        L’identification à l’image spéculaire chez les êtres humains.

11        La conflictualité des deux représentations du schéma corporel.

12         Conclusion

 

13        Dans les relations thérapeutiques:

1.      La relation médicale habituelle   (« Les raisons …)

2.      L’examen psychiatrique classique   (… de la raison … )

RAPPORTS ENTRE LA MEDECINE ET LA PSYCHIATRIE :

1.      la façon de traiter la réputée maladie :

2.      différentes difficultés d’examen :

1.      Le cerveau connaît le corps qui l'abrite, mais ne peut pas se connaître lui-même.

2.      Un organe caché

3.      un organe insensible

4.      Hippocrate contre les catégories françaises de 1970 !

 « Διὸ φημὶ τὸν ἐγκέφαλον εἶναι τὸν ἑρμηνεύοντα τὴν ξύνεσιν » = « Donc je dis que l'encéphale est l'interprètant (au neutre = non personnifié)  de la connection »

Διὸ φημὶ τὸν ἐγκέφαλον εἶναι τὸν ἑρμηνεύοντα τὴν ξύνεσιν 

NB : Au temps d'Hippocrate « ξύν-εσιν » (« syn-esie ») signifie mot à mot « connection » Il est ici au singulier. Le mot existe toujours en grec contemporain mais a pris le sens de « circonspection ; bon sens » trop abstrait ici. (Ne pas confondre avec « cinésie » (mouvement) et « syn-cinésies » (mouvements associés)

3.      L’apport de la psychanalyse   (… ne sont pas celles du coeur. »

4.      Et tant pis si l’analyste déclare qu’il n’y a rien compris !

 

 

01.    Ouverture (Retour plan)

 

         La question de la décussation en général me semble présenter un intérêt considérable (malgré ou parce que) bien qu’il ne soit presque jamais abordé en neurosciences, je pressens qu’il contient une clé importante des premiers repérages sociaux des individus.

Elle est probablement aussi une clé importante de l’énigme de ce que nous sommes, et particulièrement au sein de « tout ce » et « tous ceux » qui nous entourent.

Toute étude d’une phylogenèse, porte axiomatiquement notre regard vers l’origine des espaces lointains, des temps révolus, ou vers les distances infinies qui nous séparent des inférences futures et des domaines encore inexplorés.

Mais dans le cas de la décussation des connexions abordées dans le cadre de la phylogenèse de l’homme, elle se double de la particularité que des sujets aussi propres à nous-mêmes que ce que nous estimons être la nature de notre conscience, nos particularités humaines uniques d’avoir conçu et adoré des dieux, reproduit des feux, et jusqu’à celles de chacun doublé de sa finitude, peuvent aussi bien inverser le chemin des questions, en plaçant en celui qui les pose – et sa quelque peu évanescente existence - toutes les origines de tous ces mêmes domaines, et dans tous les cas touche sûrement aux confins de ce qui peut être actuellement compréhensible pour un homme.

 

« Ils ont des yeux pour ne pas voir

et des oreilles pour ne pas entendre ! … »

Thème récurrent des écritures

 

Partenariat

J’ai eu l’idée que la décussation des fibres nerveuses de la vie de relation chez l’animal – c’est à dire grosso modo le fait que l'hémisphère droit du cerveau soit en relation avec le coté gauche du corps et inversement – indiquait l’intégration de la notion d’altérité chez l’animal : Ainsi le côté opposé à l’hémisphère intégrant les connexions, serait de cette façon déplacé du côté du partenaire et non plus de l’agent. Cette altérité double une ipséité qui pour autant ne disparaît pas - mais persiste par exemple dans les nerfs optiques (qui sont à la fois directs et croisés), dans les fonctions d’urgence comme les réflexes innés médullaires (réflexe rotulien, etc.)

Il est significatif que dans le timing de la phylogénèse, l’apparition de la moelle est antérieure à celle de l’encéphalisation.

Il faut considérer les voies motrices, les voies trophiques et les voies sensitives et sensorielles : Toutes ne décussent pas.

La voix et émise de façon médiane, bien que les nerfs moteurs décussent : c’est l’arrangement final qui importe pour la fonction.

En effet, sur le plan fonctionnel, alors que certaines fonctions sont totalement latéralisées, d’autres bilatéralisées, d’autres enfin sont médianes du fait de la fusion directe de structures médiales et symétriques (pharynx, larynx, bouche, langue, etc.) : L’individu est en quelque sorte centré.

Les voies auditives sont directes (non croisées) et cela est en rapport avec leur apparition originale. Cf. plus bas le coup de queue du poisson : c’est probablement un changement de pression de l’eau qui déclenche le signal pour le banc de poisson entier et la transformation du baromètre aquatique en baromètre aérien (organe acoustique) doit dériver de la même fonction  pour le groupe (transposée de l’eau à l’air) en indiquant à la meute la provenance directionnelle d’un bruit (pression aérienne)

 

Mammifères

Un genre de déplacement fonctionnel analogue est saisissable chez les mammifère au niveau du sein maternel dans la relation mère-enfant et a fait dire au grand obstétricien du XIX éme siècle Adolphe Pinard : « Le sein de la mère appartient à l’enfant »

 

Apparition de la symbolisation

Puis le psychanalyste Jacques Lacan , peut-être averti de cette pensée, a utilisé la même situation de départ pour élaborer le mécanisme de l’apparition de la symbolisation chez l’être humain : Le sein maternel (ou le biberon) enjeu biologique vital du bébé, devient progressivement par les opérations de sevrage une ré-appropriation de la mère, qui elle même se distancie alors biologiquement de l’enfant, et s’en détourne (en se tournant vers une dimension extérieure subsumée par le nom du père) en même temps qu’elle initie le bébé à la relation symbolique, le sein prenant alors  valeur symbolique de « don d‘amour » de la mère, etc. (Cf. tout le séminaire « La relation d’objet »)

 

Les faits 

Certes, chacun sait que l’image est trompeuse; mais l'idée aussi est trompeuse - et c'est presque le même mot qui la désigne (eidos = image) :

Depuis l’arrivée de l’informatique, on demande de plus en plus souvent au lecteur d’ordinateur ou de téléphone (le mot devient impropre) d'être « intuitif » mais ladite intuition exigerait bien souvent que le lecteur soit déjà acquis à la « cause » dont justement il voudrait débattre …

Alors que disent les faits ?

 

_______________________________

 

 

 

 

02.    Introduction à la question de la décussation chez les animaux : (Retour plan)

 

Cette étude - dont l'objet a été infléchi au cours de mon travail - est pour cette raison revenue en construction.

Le sujet est – étonnamment - si rarement abordé autrement qu’en rendant compte de la simple constatation anatomique qu’il est difficile de l’appuyer sur des sources et expériences, physiologiques ou pathologiques.

Il rassemble deux domaines dont on ne peut exprimer une certaine connaissance verbale que chez l'homme - le physique et le psychique - qui, s’ils y sont réunis, ne se mélangent pas – voire, à un certain point de vue, pourraient être un envers l’un de l’autre

Encore ce vocabulaire obligé est-il maladroit car les hommes sont différents entre eux.

 

Le traitement de ce sujet y rencontre d’emblée le paradoxe que le psychique semblerait a priori n’avoir rien à voir avec la décussation physiquement observable, mais que c'est pourtant à partir (ou à l’aide) de ce psychique (marqué de singularité personnelle, « originale d’origine », individuel) que l'on peut parler du physique qui, au contraire, aurait été premier dans le temps et puiserait ses origines dans une nuit des temps supposée, - supposée « commune » au sens de « partagée mais sans partition » - que nous interrogeons et faisons parler - mais qui ne parle pas, sinon alors « autrement » - mais dont rien ne prouve qu’elle aurait même eu la moindre existence.

 

Les termes physique, intellectuel, mental, psychique... : Longtemps dans l’histoire de l’humanité une très ancienne tradition (théiste ou animiste) a tenté d'associer ou de faire correspondre une composante psychique aux mieux reconnues de nos représentations physiques lorsqu’elles sont individualisées comme telles et inversement.

Sans doute était-ce là un mode d’expression commode, à un certain degré intuitif ou culturel, mais qui a disparu chez la plupart des biologistes aujourd’hui.

Pourtant, un tel classement intellectuel qui possède ces deux faces n’est pas sans intérêt, dans un domaine où tout classement scientifique a toujours rencontré des limites, ou carences et blocages.

Mais justement, un intérêt de l'étude ici est que – sinon dans les mythologies - personne n'a jamais pu montrer que l’un pouvait naître de l'autre !

Quiconque a tenté un jour de ranger sa bibliothèque a rencontré un problème similaire : Il y a toujours une infinité de classements possibles, et souvent des inclassables et enfin des improbables rapprochements.

Aussi, en attente de mieux dire, en sciences et particulièrement en biologie il est bon de se défier des débarras hâtifs, et avant d’en comprendre pourquoi, pourquoi ne pas garder l’un et l’autre ?

 

Psychisme et mental : Bien que le sens d'un mot soit souvent circonstanciel et en lui-même imprécis, on verra déjà entre psychisme et mental la différence suivante :

On verra dans le psychisme un attribut individuel lié à une personne ou à sa qualité en tant qu’individu, qualité - en partie au moins - acquise et peu sensible à l’environnement physique, alors que le fonctionnement mental serait celui d’un outils d’origine innée, héréditairement transmis, et fortement soumis aux ingérences environnementales, accidentelles (neurologiques) et même à l’alimentation, etc. Ce sens serait surtout celui d’un dictionnaire de langue.

Le mental aurait alors ainsi un sens ou des racines, plus matérielles que culturelles. (matériel ? Mais « Qu'est-ce que la matière ? »[3])

Comme c'est le cas de toute notre appréhension de la nature, une telle classification souffre de nombreuses omissions exceptions ou contradictions (quelle est la place de la volonté?)

Mais d’autres phénomènes bien connus rendent aussi cette classification un peu illusoire: par exemple, autant [on a l'impression que] l'on peut mouvoir volontairement plusieurs pièces corporelles en même temps, voire faire plusieurs choses en même temps, autant il paraît impossible de penser à plusieurs idées en même temps ; Un autre phénomène est bien connu est celui dit de « l’anesthésie douloureuse » : Une nouvelle douleur plus forte en efface une autre, au moins en partie. Cet argument montrerait que le la douleur fait partie des sensations mentales.

Curieusement, individualiser, c’est aussi accorder une certaine « personnalité temporo-spatiale » à ces choses dès lors qu'elles sont en quelque sorte « autonomisées » – à l’issue d’une partition (mentale, physique) par un troisième – voire par soi-même (car une section est possible) Les lézards s’auto-sectionnent la queue (exactement, une information ordonne à la queue de se sectionner elle-même[4]) dans certaines stratégies de fuite. Chez l’être humain, le soi-même reste en principe d’un seul côté (les philosophes ont souvent posé la question)

Ainsi, là est peut-être toute la problématique de la communication entre deux êtres, ou choses : C’est à dire, dans la re-syntonisation entre deux êtres, deux choses à partir du moment où ils sont individualisés .

Car la division n’exclut pas les reconstitutions dans certains moments particuliers (effusion, extase, dépersonnalisation, autre.)

Qu’en est-il aux différents niveaux unitaires (cellulaire, etc.) et des rapports entre les différents niveaux ? Mais toutes nos interrogations sont peut-être bien trop rationnelles pour interroger la nature !

Finalement, personne ne comprend les rapports entre le fonctionnement de l'appareil neurologique physique et les phénomènes de la conscience et de la volonté au sein de cette mécanique – pour autant qu’elle soit concernée : Comme le dit Michel Jouvet, il est possible que notre cerveau ne puisse se penser lui-même.

Et l’on sait à combien de difficultés mène souvent toute simple tentative de classification des choses de la nature.

On rappellera aussi la question de l'existence ou non de l'inconscient collectif qui opposa toujours Carl Jung à Sigmund Freud qui le rejetait.

Sur un sujet contigu, on rappellera la triple origine de « la morale individuelle » selon Darwin :

1)      Génétique (instincts innés); 2) Environnementale sociale et 3) Fonctionnement mental de chacun.

Notons que Darwin (1871) n’utilise pas le mot psychisme, mais ce mot a été banalisé depuis dans le sens d’une personnalisation.

Notons aussi que Darwin parle ailleurs de l'expression des émotions là où l'on parlerait volontiers de celle de sentiments.

Les mots étant toujours imparfaits mieux vaut essayer de décrire leur contenu que de s'en embarrasser exagérément.

 

La réalité physique d'une chose, d’une plante ou d’un animal est historiquement (phylogénétiquement) inséparable d’un grand tout, au demeurant fort mal connu, qui va de la physique nanométrique à l'astrophysique et que nous mesurons au moyen de dimensions qui n’ont aucune signification à l’échelle humaine.

Dans ce grand tout (qui n'est peut-être pas « un tout »), nous individualisons des objets avec des mots et des représentations en fonction de nos critères, mais nous ignorons jusqu’à à peu près tout de l’origine et des raisons mêmes des critères que nous utilisons.

 

A l’inverse, l’individu psychologique (traditionnellement, « l’âme » que ce mot traduit, a une connotation individuelle, et accessoirement religieuse) a d'abord été perçu chez l'être parlant, se situant lui-même d’abord comme origine et centre de son monde et de ses perceptions.

Mais au cours de sa vie, un tel individu est amené à reconnaître qu’il existe aussi un très grand nombre d’autres individus qui ont justement en partage avec lui cette particularité d’être reconnus par lui comme des individus, et auxquels il prête spontanément des qualités dont les perceptions prennent cependant manifestement origine en lui-même.

Lorsque ces deux aspects se rencontrent en un même corps, ils en défissent la vie, voire l'existence.

 

Les représentations psychiques ne peuvent assurément exprimer toutes les qualités des choses physiques, pas plus que celles-ci ne sont capables d'exprimer les précédentes.

A ce jour, par aucun moyen, l’un n’a été capable d’atteindre pleinement l’autre de ces deux aspects, peut-être de reconnaissance fallacieuse, sinon, seulement de l’annihiler.

Mais on a aussi décrit l’impression d'autres états comme nous le verrons.

 

Au total, «  l’homme-physique » part du tout et « l’homme-individu » part du « moi » (parfois prédéfini bien avant la conception)

Notre physique est actuellement incapable (Cf. Lee Smolin : « Rien ne va plus en physique ») de saisir un certain nombre de problèmes, et ce, parmi ceux qui nous paraissent les plus radicaux comme celui du temps ou celui de l’espace.

La question de « l’individu » pose la question du temps : Il est facile de couper en deux une feuille de papier, mais les deux morceaux, vieillissent-ils de façon contemporaine ? La réponse est NON s'ils s’éloignent rapidement l’un de l’autre.

En physique-biologie, on connaît bien le paradoxe du voyageur de Langevin. Ainsi, en toute précision, deux individus qui bougent séparément ne vieillissent pas exactement de façon contemporaine.

Mais alors, où sont les frontières d'une chose réputée indivise ?

Et même, deux parties d’un individu, comme la tête et la queue ne resteraient pas contemporaines ?

Qu’est-ce qu’un individu dont toutes ses parties ne sont pas contemporaines en même temps, mais seulement avec lui-même ?

L’individu n’est déterminé qu’en tant que signifiant – (administratif)

 

 

 

 

03.    Introduction au résumé : (Retour plan)

Ce sujet concerne toutes les communications inter-individuelles humaines (et peut-être animales)

o       Il concerne également la question dite « du côté dominant » (droitier/gaucher, peut-être celle de l'œil directeur des ophtalmologistes - qui serait indépendant du côté dominant - etc.) qui est en réalité la question de « l’hémisphère cérébral dominant » (lequel est l’hémisphère cérébral opposé au côté dominant du corps, mais les correspondances ne sont pas rigoureuses à 100%) :

o       Ainsi l’hémisphère cérébral gauche est celui du langage et de la main droite du droitier, et lorsque le côté dominant est inversé, l’inversion concerne les ensembles fonctionnels en entier.

La question est si ancienne qu’elle s’est inscrite dans la génétique et intervient très tôt dans l’embryogenèse, si bien que la dominance d’un côté est toujours généralisée, harmonieuse et homogène pour tous les ensembles d’un même type fonctionnel ou d’usage.

La dominance d’un côté est héréditaire et se transmet « par quartiers » chez l'homme.

Son usage est devenu réflexe : Ainsi, un droitier allongé dans un lit d’hôpital, les yeux encore fermés - qu'il ne peut pas toujours ouvrir – pourra répondre dans un demi-sommeil au « Bonjour ! » par lequel un médecin signale l'arrivée de sa visite, en tendant vaguement sa main droite autant pour signaler qu'il ne dort pas complètement que pour en serrer une autre… en supposant tacitement et inconsciemment que « son semblable » est également droitier.

Il est possible – mais je ne suis pas initié au sujet – qu’on retrouve un côté dominant chez beaucoup d’animaux sinon tous (enroulement du corps dans les positions allongées, etc.)

 

 

04.    Résumé : (Retour plan)

 Les structurations anatomiques des premiers animaux permettaient des petits déplacements, individuels ou génériques, fortement soumis aux grès des courants, en dépit de repérages extérieurs (chaleur du soleil, horloge solaire[5], attractions chimiques, etc.)

Puis, le développement du système nerveux allait permettre à l’individu de développer sa maîtrise de son positionnement dans l’espace naturel, et sa gestion de ses rencontres, comportements destinées en particuliers à satisfaire ses besoins alimentaires et sa reproduction.

La première orientation à apparaître chez l'animal fut l’orientation dorso-ventrale - en opposition à la pesanteur. Sa sensibilité à la chaleur et à la lumière se spécialisèrent en particulier avec l’apparition des plaques optiques dans la portion céphalique du neuro-ectoderme menant à la formation des yeux d’où partent les nerfs optiques qui se croisent en un « X » appelé « chiasma ».

Les deux autres dimensions spatiales (avant/arrière et droite/gauche) purent apparaître alors et les neurones de la latéralisation se développèrent en poussant des fibres croisées entre un côté de l'encéphale et le coté opposé innervé du corps.

Pourquoi ce croisement ?[6]

1         Les comportements sociaux organisés (en ordre, en horde, en rang, en file et en vis à vis) seraient ainsi rendus possibles et organisés génétiquement probablement grâce à l’apparition dans le règne animal du croisement des fibres nerveuses en « X » (croisement appelé « décussation » du nom latin « decem » de la lettre représentée)*

Ce croisement anatomique aurait permis à l’animal de structurer géométriquement l’organisation de sa vie sociale avec une appréhension de l’autre semblable réel dans un positionnement spatial orienté de façon identique et donc substituable, que les yeux soient ouverts ou fermés.

2      A la différence des deux formes précédentes que furent le grouillement et l'organisation géométrique de la vie sociale, advint en troisième lieu « l’échappée individuelle » :

Dernière venue dans l’histoire de la phylogenèse apparut en effet « l'image virtuelle de soi » : Les dimensions et les rapports de cette nouvelle image correspondront aux « images de l’autre semblable » que nous voyons, dont les proportions sont très différentes de celles des « représentations » innées de notre corps, inscrites génétiquement dans notre système nerveux.

Mais, à la différence des images de nos semblables que nous voyons, la notre propre - que nous nous approprions ou qui nous est allouée - est non seulement virtuelle mais avec une inversion droite-gauche si elle a été élaborée et construite à partir d’un miroir (image dite spéculaire)

Elle est imaginaire pour l'être lui-même qui en est l’objet réel.

Au lieu que la structuration géométrique de la latéralisation ne soit formée de fibres croisées permettant une appréhension réelle de l'autre semblable dans un positionnement spatial substituable, l’image de soi devient « directe, antéro-postérieure, imaginaire et traditionnellement inversée latéralement par rapport à ce que serait un autre soi en face de soi ».

A la différence des deux premières organisations transmises génétiquement, cette image sera acquise de façon épigénétique, par un apprentissage entièrement post-natal, mais précoce de la « représentation de soi »

Cette image de la représentation de soi ne se substitue pas aux structures antérieurement acquises, elle s’y ajoute.

Dès lors, le soi va pouvoir prendre en charge son propre personnage individuellement au sein de la société animale (humaine), et cette représentation symbolique est contemporaine de l’apparition explosive des symbolisations et du langage articulé.

Au même moment dans l’histoire de la phylogenèse se situe l’arrêt de la production post-natale de nouveaux neurones (à l’exclusion des neurones de l’hippocampe)

Ainsi, pour les cellules neuronales, l’expression épigénétique prendrait le relais de l’expression génétique en permettant une nouvelle façon « d’être au monde » souple et reprogrammable par le simple jeu de nouvelles connexions mais sans création de nouvelles cellules.

L’épigénie commencerait dès la naissance du bébé - plongé alors qu’il est encore immature dans un environnement ouvert, prolongeant ainsi sa vie intra-utérine.

Lorsque la neurogénèse s'arrête, mais que les phases de sommeil paradoxal s’enchaînent, on est tenté de situer dans les rêves (« sourire aux anges ») - qui, au contraire du sommeil ordinaire, correspondent à une phase d’activité neurologique intense – une telle construction des représentations de soi et de son monde.

Dès lors, toutes les formes antérieures étant aussi conservées, c'est un très grand nombre de combinaisons qui deviendront possibles, entre des types de fonctionnements très différenciés, voire potentiellement conflictuels.

3       L’image de soi : L’écoute des aveugles de naissance montre à quel point leurs représentations du monde diffèrent de la représentation habituelle sui generis, et confirmerait que l’image de soi (différente de la représentation anatomique génétique encéphalique) soit un acquis totalement épicritique.

Il est possible que la multiplication des « images-selfies » permette de remplacer « l’image spéculaire » (inversée latéralement) de l’identification du soi, ou de les faire cohabiter.

Chacun pourrait alors - pour ainsi dire - « serrer la main » de son image de soi (ce qui est impossible dans le cas d’une image spéculaire) comme celle de son propre clone.

Ce qui n’empêchera pas les grandes voies des sensorialités, des sensibilités et de la motricité de rester croisées, hormis les voies réflexes ipsilatérales qui, rapides et incontrôlables, permettent depuis longtemps de déceler les paralysies psychologiques et celles des simulateurs.

4      Remarques :

- La Conscience : Dans tous les cas, les mécanismes phénoménaux et neurologiques des « prises de conscience » nous sont inconnus, même si l'on sait – a contrario – abolir cette conscience.

- Les pensées imaginaires activent métaboliquement (consommation de glucose, oxygène, etc.) les zones de représentations anatomiques correspondantes, bien que les qualités de l’image imaginaire soient très différentes (en proportions, etc.) des qualités des aires anatomiques correspondantes activées

- Les réalités biologiques ne cessent de déjouer nos rationalisations.

 

* Quand deux animaux sont en vis à vis, la droite de l’un est en face du côté gauche de l’autre et quand on relie deux ordinateurs entre eux, c’est avec un câble Ethernet croisé.

Il en résulte que pour communiquer avec un congénère, un animal devra envoyer vers lui des nerfs segmentaires croisés : Le schéma anatomique retenu par la nature prouve que cette configuration fut une priorité.

De ce fait l’animal aura également pour lui-même tous ses nerfs de la vie de relation croisés (entre le cerveau droit et le côté gauche du corps et inversement)

Les connexions croisées ne sont pas plus lentes que les connexions directes si les longueurs des dendrites, des axones et surtout le nombre des synapses (relais de connexions) sont les mêmes.

Les réflexes ipsi-latéraux (comme le réflexe rotulien ou « le triple retrait de Sherrington » à la noci-ception) sont beaucoup plus rapides, non pas parce qu’ils ne croisent pas la ligne médiane, mais parce qu’ils économisent beaucoup de trajet et de synapses en ne remontant pas dans le névraxe : Ils sont de ce fait incontrôlables et inconscients ; Ils ne sont pas abolis par la décérébration (Expérience de Galvani prouvant l’existence de l’électricité animale - Paris - 1797)

Les croisements optiques sont beaucoup plus complexes, du fait des demi-champs latéraux et du fait que le cristallin produit une image inversée sur la rétine - à la différence d’un miroir qui n’inverse pas l’image et ne fait que la réfléchir point par point)

Comme l'écrivait déjà Hippocrate : « L'encéphale est l'interprétant des connexions » Ainsi pouvons nous dire : « je sens /avec ma main » mais ma main ne peut pas dire: « Moi, main, je sens ! » non plus que le cerveau ne peut se sentir lui-même.

On sait aujourd'hui que durant le sommeil paradoxal, l’encéphale envoie non seulement une vague de paralysies aux structures nerveuses de la vie de relation, mais aussi un barrage à la communication entre les deux hémisphères cérébraux, ces deux faits participant probablement aux grandes particularités des compositions des rêves.

 

____________________

 

 

 

05.    Introduction : (Retour plan)

 

1)  On peut lire dans « wikipedia » (clic) [7] au mot « Décussation » :

 

« Pourquoi les principales voies nerveuses décussent-elles ?

La décussation des fibres nerveuses est connue depuis l'Antiquité car déjà Hippocrate avait noté qu'une blessure du côté gauche de la tête engendrait des convulsions de la partie droite du corps.

Mais l'explication de ce phénomène qui semble, à première vue, inutilement compliquer le système nerveux est une des questions les plus difficiles des neurosciences.

Ainsi Ramon y Cajal disait qu'il s'agissait là de « l'une des plus obscures questions de la biologie. »

L’article conclut en rapportant une explication qu’il aurait proposée : « … la décussation serait un vestige phylogénétique de la prépondérance des voies motrices extrapyramidales des vertébrés primitifs ».

 

 

 

2)  DISCUSSION

 

L’explication n'est guère satisfaisante.

Une justification de l’organisation d’une option conservée dans l’évolution phylogénétique animale doit tenir compte de l'ensemble des comportements dans lesquels elle peut être impliquée et de l’actualisation de son intérêt, et non pas seulement reposer sur un optimum de rapidité de seules fibres motrices mobilisées jadis.

Constatons d’abord que la décussation concerne le système nerveux de la vie de relation et ses connections.

Elle est massive et concerne également les fibres des catégories sensitives et trophiques des mêmes segments – les trois types de fibres étant d’ailleurs toujours fonctionnellement associés dans la physiologie de ces segments.

Il est peu probable que le système soit organisé autour du seul comportement de fuite, puisque le même modèle moule l’organisation tant des prédateurs que des proies, contrairement, par exemple, au réglage de l'organisation des systèmes de vigilance et de sommeil.

La moitié des fibres de la vue et la presque totalité de celles de l’audition ne croisent pas et s’intègrent à différents degrés dans un schéma de voies réflexes homolatérales.

Quant aux fibres de l’odorat, elles sont croisées, ce qui nous permet d’évoquer des fonctions différentes dans différentes situations de la vie.

Il est bien possible que la vue et l’audition participent à des repérages directionnels lointains et disons « absolus sinon fixes » dans la mise en place du cadrage d'une scène, et que, au contraire, les sensibilités, et la motricité du corps et des membres ; ainsi que l’olfaction et le cerveau primitif soient eux affectés à des repérages proches « relatifs et mobiles » comme c’est le cas dans la vie en groupe, l’approche d’un congénère, d’un prédateur ou d’une proie, etc.

Soulignons que rien ne reste plus fondamental à la vie de relation que « l’archipallium et les voies olfactives » même si la plupart des comportements rapides et violents qui - y /en - prennent origine (rage, peur, tendresse, sexualité, mémoire non verbalisable) ne peuvent parvenir à la « conscience néopalliale », sinon par un raisonnement déductif mettant en jeu d’autres connections d’apparition plus tardive.

 

Alors que nos connaissances scientifiques se sont beaucoup accrues par rapport à celles de l’Antiquité, les visions d’ensemble et même l’expérience simple semblent quelquefois négligées : On connaît la structure des molécules mais, en médecine, on néglige de plus en plus les palpations.

On a remplacé les questions du « Pourquoi » par celles du « Comment » mais finalement cette séparation méthodologique, en devenant verbale et presque injonctive, nous détourne insidieusement de champs entiers de recherches.

Le chiasma optique nous semble presque connu depuis toujours, mais, comme s’en étonnait Ramon y Cajal, on n’a jamais énoncé les raisons des décussations.

S’il nous faut peut-être renoncer à connaître les finalités ultimes des choses, les moments de leurs apparitions du moins nous sont souvent connus.

Mais il est frappant que les travaux de ceux qui se sont penchés sur ces sujets sont souvent difficiles à trouver.

Dans le cas présent, il semble  que personne n’ait expliqué « comment ni pourquoi » un neurone né à droite avait poussé son axone vers la gauche, même en invoquant les principes actuellement en vigueur expliquant « l’évolution » :

Pourtant, curieusement, alors que le « situs inversus » représente une occurrence connue non négligeable (1/10 000 chez l’homme), on n’a jamais décrit (à ma connaissance) chez aucun animal, d’organisation visuelle sans chiasma, et il est difficile de trouver des travaux au sujet d’une « induction » menant au dit « croisement ».

Pourquoi un phénomène comme celui dit de l’induction, introduit il y a fort longtemps en biologie (« tactismes et tropismes ») et particulièrement en embryologie, n’ est-il jamais exploré à l’échelle macroscopique ?

On explique dogmatiquement l’évolution par un mécanisme en deux temps que sont 1) le hasard des mutations, suivi de 2) la sélection naturelle.

Mais le mot hasard reste ici une énigme sinon un jocker et le seul hasard mènerait à la désorganisation.

Puis, pourquoi la sélection naturelle n’interviendrait-elle qu’a posteriori , au lieu d’être inductive : N’aurait-on pas retiré le mot Dieu (qui n’expliquait rien) d’un « Avant » que pour le remettre dans un « Après » (qui n’explique rien non plus) ?

Les réalités biologiques ne cessent de déjouer nos « rationalisations » : Comment les aborder ?

 

 

De fait, l’explication de décussations ne nous serait-elle pas plutôt donnée à voir sous nos yeux, pour ainsi dire, comme nous allons essayer de le montrer ?

Pour en comprendre la nature, puis les diverses conséquences de la particularité anatomique de la « décussation », qui existe chez tous les animaux sexués évolués, il faut prendre un certain recul :

 

Ø      envisager l’animal dans un environnement, et en particulier celui de ses semblables, c'est-à-dire à divers degrés celui des autres animaux,

 

Ø      et, pour les humains,

 

1.       en plus du phénomène de la décussation que l’homme partage avec tous les autres animaux, et qui lui est tout aussi indispensable,

2.     la complexité qu’apporte chez lui, en plus, le miroir, qui lui donne de lui-même une « image spéculaire », à laquelle il identifie, en même temps qu’il aliène, son « moi ».

3.     Mais cette image virtuelle n’est superposable

o       ni aux « images vraies » qu’il voit autour de lui, s’il n’en inverse pas toutes les parties,

o       ni à la sienne propre vue par les autres ou qu’il pourrait voir sur une photographie, un film ou un écran de projection,

depuis qu’il a unifié son « image spéculaire » au temps de « la phase du miroir » (entre 0,5 et 1,5 an chez l’enfant), sur laquelle il a projeté celle de tout « son moi », comme Lacan nous l’a montré et appris.

o       Dès lors, la différence entre l’homme et les autres animaux devient repérable dans les doubles possibilités de l’occurrence de ses attitudes et jusque dans la plus intime vis à vis de son partenaire.

 

Ajoutons d’emblée que cette forme de la reconnaissance propre, par un humain, de sa personne, devant un miroir plan, davantage que sur une représentation de lui-même sans inversion de symétrie, sculpturale ou graphiquephotographique, est devenue au fil des millénaires une coutume presque constitutive, mais n’est pas devenue transmissible génétiquement.

Il ne s’agit peut-être au départ pour l’être humain que d’un subterfuge, d’un stratagème visant à déjouer l’impossibilité radicale pour les yeux d’un animal de voir son propre visage.

Il peut s’agit peut-être d’une pulsion de « mirement = fait de se mirer » appartenant à un registre de désir et non pas de besoin.

Elle reste pourtant étrange puisque aliénante et ne répond apparemment à aucune nécessité de type animale au sein de l’espèce, sinon qu’elle est devenue une importante addiction.

 

Il n’est d’ailleurs pas du tout impensable qu’une caméra reliée à un écran de projection remplace un jour le miroir de la salle de bain, etc.

A ce propos, quelle représentation pourrait-elle ne pas être déjà autre chose qu'une « image » de la chose représentée ?

 

Philogénétiquement les yeux sont apparus comme instruments faits pour être sensibles aux changements du monde reconnu comme extérieur à l’animal (extériorité toute relative)

Apparut d’abord la plaque optique, simple peau sensible aux différents rayonnements photiques (des photons), puis creusement d’une cavité refermée en forme de sténopé, puis enfin structuration des parties de l’appareil sous forme d’un œil avec une rétine d’où partent chez l’homme un million de neurones (dont la fonction n’est pas seulement visuelle), doué de mobilité propre, etc.

A la rigueur un animal peut apercevoir sa queue : les chatons se mettent alors à tourner en rond en cherchant à attraper leur queue sans y parvenir, mais je n’ai jamais vu de petits lézards se livrer à de telles fantaisies !

 

L’affaire du miroir est certainement datée : Il semble impossible de savoir quand et comment elle est apparue.

Elle alimente le mythe de Narcisse : Celui-ci se mirait devant la surface d’un lac, puis irrésistiblement capté par sa propre image, s’y projette et se noie.

La conscience de soi non plus, ni même celle de l’individu humain comme tel, ne sont des phénomènes très anciens dans l'histoire de l'humanité, comme on le voit à la lecture des textes datant de 3000 ans ou plus.

 

En résumé, contrairement peut-être aux apparences premières, le croisement des fibres nerveuses, lui, participe fondamentalement dès son origine à la vie en groupe organisé, et est génétique - mais passerait inaperçu sans l’existence de la médecine - alors que la place du miroir est d’apparition récente et n’est pas un impératif obligé de la vie en groupe organisé.

 

Le croisement des fibres nerveuses axiales (elles ne croisent qu’une seule fois, de droite à gauche ou de gauche à droite) est incontestablement beaucoup plus ancien que le principe de l’identification à l’image du miroir et nous apparaît plus fondamental.

[Pour la date d’apparition : voir note de bas de page].

Quelle en sera son évolution, puisque tout évolue ?

Nous en ignorons tout !

On peut rappeler en effet ici que pour ce qu’il en est de la vie en groupe et de la reproduction des organismes, une quantité innombrable de types a déjà été tentée, en passant par les formes de reproduction non sexuée et les formes de reproduction sexuée sans contact entre les organismes parents, par éjection des gamètes, que ceux-ci soient mâles ou femelles, etc..

 

C’est l’idée d’un écosystème qui manque le plus généralement aux schémas entomologiques des théoriciens de laboratoires, capturés qu’ils restent trop souvent (pas nécessairement toujours) par la représentation administrative acquise de l’individu, présentable comme spécimen.

Mais la physique s’en tête à ne pas se laisser mettre en boite.   

Bien plus largement, la physique n’a jamais fait bon ménage avec l’idée de représentation, (et donc de dimension (voir infra)

 

Comme nous le verrons infra, la décussation marque en quelque sorte l’entrée du règne animal « dans la fonction sociale »

A ce stade, l’individu » - mais rien ne permet de dire à quel moment il sera perçu comme tel – pourrait être décrit comme « individu social » dont les contours n’étaient pas précisément bornés – bien au contraire - par le seul fait de la vie sociale[8].

Mais ensuite, l’homme, avec la reconnaissance de « son image spéculaire » (dans le miroir) au contraire en sort, et prend acte de son statut « d’individu administré » (reçoit, prend conscience, s’aliène avec) et comme tel, devient borné.

 

Dans l’encéphale, la programmation épicritique (« génétique épicritique » cf. J.P. Changeux et M. Jouvet) prend une place de plus en plus considérable, à mesure que la neurogénèse (création de nouveaux neurones) s’arrête plus précocement dans l’espèce (chez l’homme, à l’age de 3 mois ) mais que les connexions (synapses) au contraire continuent à se multiplier à la vitesse impressionnante de 10 millions par seconde (Igor Tsigelny) et le poids du cerveau humain sera multiplié par 5 de la naissance à l’age adulte.

Quand la neurogénèse s’arrête, le rêve apparaît : c’est la thèse de M.Jouvet.

Enfin on aurait tort d’oublier que les cellules autres que les neurones sont une à deux fois plus nombreuses que ceux-ci dans l’encéphale.

 

Avec « l’image spéculaire » (Cf. page « La physique des signifiants ») la « fonction sociale » (organisation d’un ensemble) fait retour : de « l’image » à « l’objet », qui en acquiert un « statut d’adminis-trait [9]» (por-trait – craie-é, crayonné - soutenu du « Trait unaire - Einziger Zug » trait énantiomorphe qui fait entrer l’objet dans le jeu des signifiants) et fait apparaître l’idée (image) d’un « corps (« soma ») borné » Mais comme on sait, en physique le trait n’a pas d’existence.

 

L’homme affirme ainsi sa schizophrénie pré-programmée dans l’encéphale (schizo-phrénie = esprit divisé – mais en fait, il ne s’agit pas ici d’esprit, sinon de « sociabilité divisée » ; pour adopter la maladroite expression de Bleuler[10]), en disposant des deux types de « présence au monde » et devenant ainsi, par l’un des deux côtés, le plus rebelle à la sociabilisation de tous les animaux évolués.

Le « signe du miroir » (« bris du miroir par celui qui s’y mire ») en est en pathologie une patente expression – fort bien exprimée dans la mythologie par Narcisse qui se noie, et, dans l’espèce humaine, par une agressivité endo-générique unique chez les animaux, qui va bien au delà du besoin.

 

Ajouté en 2020 : (Retour plan)

« Le somatic twist » Comparaison des animaux à Système nerveux périphérique ventral qui est non décussé

et ceux à SNP dorsal qui est décussé

Il me faut ici citer le blog de NeuWrite West qui est en ligne à l'adresse : clic

(https://neuroscience.stanford.edu/news/ask-neuroscientist-why-does-nervous-system-decussate)

et que je vais reproduire in extenso (2) après avoir décrit le contexte (1) avant de le discuter (3) :

(1) Contexte : Kelly Zalocusky répond le 12 décembre 2013 à la question du dr Sowrniya Priayamvatha : « Why should cross the tracts to and from the brain ?  »

La réponse n’est ni une réponse au pourquoi (Why ?) posée dans le blog, ni une réponse à un « Comment ?  », mais « le comment de la supposition que les vertébrés (dont le SNP est dorsal avec décussation des neurones) dériveraient d’invertébrés (dont le SNP est ventral sans décussation des neurones)

Cette réponse serait apportée par la supposition de l’existence dans la filiation supposée d’une torsion de 180° de tout le corps (« somatic twist ») de l’invertébré selon un axe longitudinal (comme un demi-tour de tire bouchon) par rapport au cerveau (« brain ») considéré comme point fixe.

(2) Le texte :

NeuWrite West Blog : clic : on Dec 12 2013

Answer of Kelly Zalocusty to an answer from Dr Sowrniya Priyamvatha

THE QUESTION

Ive Iearnt that tracts to and from the brain cross. Why should they cross? Is there any evolutionary significance for that? I know Ieft side of the brain controls right and vice versa but why? - Dr. Sowmiya Priyamvatha

THE ANSWER

Greetings, Dr. Priyamvatha!

Your question is actually hotly debated among evolutionary biologists and neuroscientists. There are, in fact, multiple theories about why tracts cross in the human nervous system. My favorite theory, though, has to do with the evolution of the entire vertebrate lineage. it is called the "somatic twist " hypothesis 1 , and it asserts that neural crossings (technically calIed "decussations") are the byproduct of a much larger evolutionary change : the switch from having a ventral (belly-side) nerve cord to dorsal (back-side) nerve cord.

The vast majority (96%) of known animal species are invertebrates - they do not have a spinal cord that is protected by bony vertebrae : Ants, crabs, squid, worms, sponges, jellyfish, butterflies, scallops, and snails , all fall into this category. And interestingly, none of these species exhibit the crossing pattern that you mention. Decussations are unique to vertebrates. Some invertebrates, such as sponges, have no known nervous tissue. Slightiy more advanced invertebrates, those with radial body plans (think, jeilyfish), have a diffuse "nerve net," but no central nervous system to decussate.

Bilateral invertebrates, however, tend to have a large collection of neurons near the front of the body (the brain), and a nerve cord (or cords) that runs the length of the animal. The primitive brain of bilateral invertebrates is found above (dorsal to) their mouths, just like ours is.

Beyond that, however, something very différent happens. In humans and in other vertebrates (sharks, crocodiles, frogs, owls, kangaroos...), the spinal cord runs along the back-side of the body. In bilateral invertebrates, the CNS starts in the brain but then runs around the digestive tract to the ventral (belly) side of the body. The invertebrate equivalent of a spinal cord runs along the animal's belly. In this body plan, the kidneys (nephridia) lies just above the nerve cord. Above the kidneys lies the digestive tract, and above that lies the main pumping organs for the circulatory system - the invertebrate equivalent of a heart.

If you enjoy anatomy, you may have already noticed that this arrangement is exactly the opposite of the one expressed in vertebrates. We have a dorsal nerve cord, below (ventral) to that is the kidneys, below that is the digestive tract

If you enjoy anatomy, you may have already noticed that this arrangement is exactly the opposite of the one expressed in vertebrates. We have a dorsal nerve cord, below (ventral) to that is the kidneys, below that is the digestive tract, and below the digestive tract is the heart.

This huge rearrangement of the entire body plan is called the "somatic twist". The idea is that, at some point in evolution, near the appearance of the first vertebrates, the entire body plan underwent a 180-degree twist relative to the brain. Evolutionary biologists have gone looking for dues about this rearrangement in very primitive vertebrates 2. They find that many of the signaling molecules that specify the dorsal-to-ventral development of the nervous system are the same between vertebrates and invertebrates. The nerve cord, for example, always lies on the same side of the body where the protein chordin is concentrated in embryonic development. In even our closest invertebrate relatives (the acorn worm), this is the same side of the body where the mouth is located (ventral). In even the most primitive vertebrates (hagfish, lamprey), however, this arrangement is upside-down, with all the organ systems flipped around 180 degrees.

Notes qui mènent aux sources sur lesquelles ce texte dit s'appuyer :

1 http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/24040928

2  http://www.plosbiology.org/article/fetchObject.action?uri=info%3Adoi%2F10.1371%2Fjournal.pbio.0040291&representation=PDF

 (3) Ma discussion : Ainsi :

Chez les animaux dont le névraxe est ventral (tous sont invertébrés) l’innervation périphérique ne décusse pas

Alors que chez ceux dont le névraxe est dorsal (tous sont vertébrés) les nerfs périphériques décussent ; Du moins - dogmatiquement dans le cadre de cette théorie - le devraient ceux qui sont dans la partie caudale de la torsion.

Ici le mot soma (corps) a le sens de corps sans le cerveau (brain) (pour ne pas parler de tête chez certains mollusques qui n’en ont pas) - et ne s’oppose pas au « psychi » du couple « soma/psychi » des psychologues, ce qui n’a pas besoin d’être commenté.  

La théorie du « somatic twist » dit que la position dorsale du névraxe chez les vertébrés serait le résultat d’une rotation de 180° (comme tournerait un tire-bouchon) de tout le corps (somatic) qui fait passer ainsi le névraxe de la position ventrale en position dorsale,  ainsi que les viscères dont les superpositions deviennent inversées, et les fibres nerveuses périphériques subiraient ainsi une torsion de 180°par rapport au cerveau (brain) – qui, lui était déjà en position dorsale, et le reste donc.

Mais :

1.       Achoppement majeur de l’hypothèse de cette théorie - dans les deux cas, le cerveau (brain) est dorsal, au dessus de la bouche, et donc le reste et les fibres qui vont du cerveau à la bouche devraient rester directes, ce qui n'est pas le cas. Les douze nerfs crâniens, qu’ils soient moteurs, sensitifs ou intéroceptifs – dont ceux de la bouche (sont concernés le V, le XI et le XII) - sont organisés sur le même mode fonctionnel que les nerfs périphériques.

2.     De plus, la plus banalisé de ces douze paires est sans doute celle du « nerf optique » (paire I) Or ce nerf décusse massivement au niveau de la formation appelée pour cette raison « chi-asma » (= en forme de X), le mot étant une substantivation du mot désignant l appellation de la lettre grecque « chi » écrite « X » - c’est-à-dire la même forme que le « X » « ixe » latin qui représente le chiffre « 10 » qui se dit « decem » prononcé « dekem » d’où le mot « décussatio » qui signifie « à la façon d’un 10 »

3.     De plus enfin, la décussation est bilatérale et symétrique, et elle correspondrait donc à deux torsions symétriques et simultanées, lesquelles torsions restent spatiale ment très difficile à concevoir sans étranglement.

4.     La théorie du « somatic twist » décrit aussi une inversion des superposition d’organes, qui pourrait peut être s'accorder avec la rotation mésentérique dans l'embryon humain, et une certaine rotation du cœur

La théorie est intéressante (peu importent les mots, qui sont habituellement sans grand intérêt en biologie) et la nature est pleine de secrets pour nous, en particulier dans la morphogenèse et met sans doute l’accent sur certains élément à retenir. Mais elle me semble totalement inacceptable sous la forme exprimée dans le bloc cité.

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Ajouté en 2017 : (Retour plan)

 

1. La décussation, corollaire e la vie sociale organisée

 

1.1 ) La décussation :

La décussation des fibres nerveuses au niveau du tronc cérébral me semble être un corollaire « pathognomonique » de la préparation anatomique innée de l’animal à la vie sociale.

Ainsi, cette structure acquise au cours de la phylogenèse animale et reproduite durant l’ontogenèse serait génétiquement reçue et transmise.

Elle serait l’apparition de la possibilité d’un ordre de regroupement social élaboré, celui de « la file indienne » ou du « côte à côte », qui n’est plus seulement « le grouillement » des animaux moins évolués.

Cet ordre n’est pas encore « l’ordre hiérarchique » à composante représentable virtuellement qui culminera avec l’homme – ou alors s’il l’est, il l’est sous une forme qui nous est encore totalement inconnue.

De toutes façons, ce n’est encore qu’un ordre biologique.

C’est, selon notre façon brutale de scander l’évolution, un important jalon dans l’histoire animale.

Il est particulièrement intéressant de considérer pour son apport comme en négatif ce qu’il en est lorsque l’animal est radicalement coupé de tous contacts avec ses congénères, ce qui est le cas du rêve.

 

1.2 ) Rappel :

Les enregistrements électro-encéphalo-graphiques ont permis durant la seconde moitié du XX ème siècle d’individualiser 3 états comportementaux de la vie animale : l’éveil, le sommeil et le rêve.

Bien que beaucoup de travaux existent relatés en langue anglaise, il n’en existe que peu relatés en français à part ceux de Michel Jouvet à qui nous renvoyons constamment le lecteur, puisque ses livres sont emplis d’une très grande quantité d’informations que nous n’allons pas relater ici.

Ces enregistrements électriques restent fort loin de pouvoir recenser l’ensemble des structures cérébrales, ni l’ensemble des phénomènes électriques cérébraux, ni l’ensemble des neurones, ni encore moins leur enregistrement unitaire complet qui est impossible (leur nombre est de 100 milliards, définitivement fixé 3 semaines après la naissance, accompagné de 5000 connexions par neurone, celles-ci pouvant être crées, entretenues ou détruites durant toute la vie)

Ces enregistrements sont cependant suffisamment explicites pour affirmer la particularité de 3 états, qui est corroborée par les études de physiologie et de pathologies humaines, les études expérimentales animales et les travaux d’autres disciplines, neurochirurgicales, radiologiques (IRM fonctionnelle), cognitives ou pharmacologiques, de plus en plus précises sur la présence et les effets des neuro-médiateurs, ou des effets neuro-pharmacologiques des médicaments ou neuro-toxiques des poisons

Comme toujours en médecine, ils sont loin de permettre d’en tirer des applications cliniques systématiques et assurées, contrairement à ce que pourraient faire croire certains effets d’annonces médiatisés.

 

2.0) Les trois états du cerveau

 

Ces trois états sont l’éveil, le sommeil profond et le rêve.

Ils sont presque indépendants entre eux et le passage de l’un l’autre est très rapide et insaisissable par la personne concernée, hormis pour une part l’état d’éveil lors du réveil. .

a) La vie éveillée est celle qui est partagée et interactive entre l ‘animal et son monde extérieur parmi lequel figurent ses congénères.

b) Le sommeil est un repos cérébral, dont l’utilité est probablement la possibilité d’éliminations et de recharges métaboliques.

c) Le rêve est un état de très intense activité cérébrale accompagnée d’une coupure quasi totale des interactions avec le monde extérieur.

Malgré de nombreuses variantes individuelles, d’origine essentiellement génétique, on peut, chez l’homme, en tenant compte de la majorité statistique, décomposer la succession de ces trois états au cours d’une journée de 24 heures comme suit :

§                     Un état d’éveil préréglé pour être globalement diurne, d’une durée comprise entre 14 et 20 heures selon les personnes

§                     Un état d’isolement du monde extérieur d’une durée comprise entre 10 et 3 heures (en tenant compte des cas extrêmes rencontrés) se divisant lui-même en deux états très différents :

o                    un sommeil de repos avec électro-encéphalo-gramme très ralenti et un état d’atonie musculaire léger, lui-même divisé en plusieurs phases selon les tracés.

o                    Un état de rêves appelé aussi sommeil paradoxal ou stade des mouvements oculaires rapides.

Il est, accompagné d’une activité cérébrale intense, d’un tracé électro-encéphalo-grahique montrant des ondes électriques rapides, rapprochées et de petites amplitudes, proches de celles de l’état d’éveil, un débit sanguin accéléré avec une forte consommation d’oxygène et de glucose dans les zones cérébrales activées, égale ou supérieure à celle de l’état d’éveil. .

Cet état est accompagne d’une atonie musculaire quasi totale et intense, qui est l’effet d’un processus actif d’inhibition de la motricité, des sensibilités et des sens (inhibition que l’on peut elle-même inhiber expérimentalement, rétablissant ainsi des connexions qui révèlent alors des comportements reconnaissables mais inappropriés) .

Il semble que la composante active ou non de la trophicité sur les muscles, les organes et les téguments (la peau est de même origine embryologique que le système nerveux central) dont est responsable le système nerveux dans son ensemble, indépendamment de la vascularisation, n’ait pas ou très peu été étudiée durant ces 2 composantes de l’état d’isolement. Il est bien connu qu’elle est conservée durant le coma. . .

 

Et est notable enfin la présence d’une érection, qui permet en clinique de distinguer les impuissances de cause occasionnelle, des impuissances de cause lésionnelle. .

Les phases de sommeil paradoxal durent 20 minutes et se renouvellent 4 à 5 fois par nuit, entrecoupées de phases de sommeil de repos de 90 minutes. .

La première apparition d’une période de sommeil paradoxal n’est jamais initiale après l’arrêt de l’éveil, mais est précédée par un sommeil de repos de 90 minutes, enchaînant des phases de sommeil de plus en plus profond. .

Le réveil spontané ou provoqué interrompt n’importe quelle phase, mais les rêves sont beaucoup plus présents, vivants, colorés et accessibles à l’éveil si celui-ci survient durant une phase de rêve. .

 

2.1 ) L’individu coupé du monde extérieur : .

Au contraire de la vie sociale « éveillée », durant le rêve - qui apparaît progressivement au cours de la phylogenèse animale, au fur et à mesure que cesse plus précocement la neuro-génèse lorsque l’on d’élève dans l’échelle animale (cf. Michel Jouvet), les communications sociales ne sont plus que « représentées » (par la mémoire ou l’invention) dans un organisme qui est coupé du monde extérieur et fonctionne donc en circuit fermé. .

Dans ces conditions, la décussation ne sert plus à rien, elle est exclue des circuits du rêve, et, normalement, durant le rêve, la plupart des connexions avec le monde extérieur sont inhibées (il existe quelques variantes qualitatives dans le monde animal) .

 

Au contraire, les fonctions de l’homéostasie interne (coeur et poumons) ne sont pas interrompues (il y a des variantes animales qualitatives et quantitatives selon les espèces). .

Expérimentalement ou dans certaines pathologies, ces inhibitions peuvent être levées, et apparaissent alors des comportements organisés vécus, mais inadaptés à l’environnement présent. .

Enfin, durant le rêve, les communications d’un hémisphère à l’autre (par le cops calleux) sont en grande majorité inhibées comme les afférences sensitives et les efférences motrices (lesquelles croisent au niveau du tronc cérébral) .

Le rêve ne représente les évènements – sociaux ou non - du présent, du passé, voire du .

 

A ce moment, la vie sociale est « en sommeil », mais « l’individu » au contraire, refermé sur lui-même, n’est pas en sommeil, et il se construit - ou se « recycle » - « comme tel », en rêvant. .

L’organisme construit alors ce qui sera une matrice (comportementale ou intellectuelle) :

§                    d’une part pour l’ensemble de l’organisme individuel lui-même (puisque, par exemple, durant le sommeil, le langage et l’écriture sont majoritairement déconnectés de la reconnaissance des visages, chacune de ces deux fonctions siégeant dans un hémisphère différent)

§                    et d’autre part pour sa vie sociale avec la levée des inhibitions neurologiques.

NB : Les concepts d’individu, de monde extérieur, etc. ne sont là que des façons conventionnelles de parler.

              On pourrait dater et comparer (mettre en parallèle) l’apparition dans le règne animal de la décussation, du rêve, de la vie sociale, de l’éveil, de l’épi-génétique, etc.

 

2.2 ) Différence de nature entre rêve et vie éveillée : .

Le rêve, contrairement aux suppositions de Blaise Pascal, et de bien d’autres philosophes, n’est pas du tout un état « symétrique » et comparable à celui de la vie éveillée. .

C’est un 3 ème état, avec une inhibition motrice presque totale (sauf du cœur et de la respiration chez l’homme ( pour d’autres animaux, c’est différent), une érection dans 90% des cas, etc. .

L’état de rêve recèle encore de nombreux mystères : .

 

2.2.1 ) L’oubli

L’oubli du rêve est massif et rapide. et en particulier l’oubli de la charge affective (que ne peut retranscrire un rapport écrit sur un papier)

Une fois perdu, il ne revient pas, sinon - peut-être- sous des formes étranges comme certaines impressions de déjà vécu (rêve prémonitoire dont l’existence est discuté) etc.

Cet oubli est un corollaire de la vie éveillée : On est proche ici du « refoulement » cher à Sigmund Freud, mais il est massif, alors que Freud décrit le refoulement à partir de la « psychologie de la vie quotidienne » : oubli d’un mot, d’un rendez-vous, lapsus, acte manqué, etc. ce qui est ponctuel. Et il en va de même pour « le mot d’esprit » et le rire - même si, de fait, toute acceptation ou refus de toute représentation (signifiant), affecte en réalité « l’ensemble de la personnalité » – si ce mot a un sens : Tout « symptôme » se présente comme limité, même s’il trahit un dérèglement global.

 

2.2.2 ) L’affect :

D’autre part, l’acte manqué, l’oubli, le lapsus, et jusqu’au déterminisme du rire s’accompagnent volontiers d’une charge émotive anxieuse.

Au contraire l’oubli d’un rêve ne l’est pas.

Ainsi, rêve et vie éveillée ne semblent pas mettre en action les mêmes voies et/ou structures et/ou neuromédiateurs et/ou facteurs encore inconnus.

 

2.2.3) L’horloge biologique :

Elle est chaque fois un perturbateur de l’état précédent en instaurant une coupure franche. 

Les réarrangements individuels aussi bien que grégaires en résultent chaque fois.

Avant le rêve n’existait que la multitude, répartie de façon probabiliste.

Cette « mise en place » implique des destructions de particularités individuelles et des restructurations.

L’ordre social, puis administratif apparaissent.

Relevons l’existence de nombreuses ambiguïtés du langage parlé (et dont l’existence est ontologiquement inévitable : cf : la page web « la physique des signifiants ») comme par exemple le mot « réveil » en français qui désigne aussi bien l’instrument du réveil que l’évènement de la réapparition de l’éveil (l’état « stationnaire »), spontané ou consécutif à une sollicitation interne (douleur ; cauchemar) ou externe qui le déclenche.

 

_____________

 

3.0 ) L’image spéculaire en 2D : .

L’image spéculaire (dans le miroir) est non seulement inversée, mais aussi « en 2D ». « plate » ! .

Or, il semble bien que notre cerveau soit pré-programmé pour le « 3D ». .

Ce qui expliquerait bien ce que nous croyons être des déconvenues, chez des animaux devant un miroir : en réalité, généralement ils s’en fichent, et ne se laissent pas berner par une image… fut-elle la leur et inversée ! .

Quelques fois, il est vrai qu’ils se laissent duper par l’image, mais en général pas longtemps, et ne semblent jamais la rapporter à eux-mêmes et ne sont pas capturés, fascinés. .

 [Petite exception pour les « animaux d’homme – estiques » (orthographie empruntée à jacques Lacan) et quelques situations précises et inhabituelles] .

Cf. infra : « Chez les animaux, il est clair que les yeux sont faits, non pas pour se regarder, mais pour regarder le monde qui leur est exterieur ». .

On en rapprochera le comportement des plantes – sans yeux ! Mais dont l’orientation spatiale, pour contourner une pierre, etc. est stupéfiante.

La différence fondamentale entre une plante et un animal – comme les mots le font comprendre – est que l’animal se déplace entièrement et n’a pas de racines. .

Puis la concavité se ferme en laissant apparaître une petite fente, comme un sténopé. . .

Puis la suite se construit au fil des épreuves et du temps. .

Nous, nous apprenons à nous reconnaître (re-connaissance : vision du 2eme degré) devant un miroir - mais guère plus devant cette image inversée et plate, dès qu’il ne s’agit plus du visage !

Tout simplement parce qu’on s’est habitué depuis tout petit à admettre de nous identifier à cette représentation de nous, mais qui n’est en rien une véritable image notre corps.

Et dès qu’il s’agit de se gratter le dos, on comprend vite qu’on le réussit mieux les yeux fermés, qu’en essayant de contrôler le geste devant un miroir.

Un problème majeur est qu’on est tellement « acculturé » par les impositions idéologiques de nos administrations (sans parler de l’imposition de l’impôt !) – imposition progressive depuis des millénaires d’une individualisation – maintenant concrétisée par un numéro ‘immatriculation à la sécurité sociale, à vie, et non transmissible, etc.) – et comment pourrait-il en être autrement ? qu’on a beaucoup de mal à concevoir les choses autrement. (Cf. l’idée d’individu chez Homère dans la page « la physique des signifiants »).

C’est exactement comme lorsqu’une musique, ou n’importe quelle œuvre d’art, ou un exploit sportif, peut nous transporter au comble de l’émotion ou de l’admiration alors que la même production laissera un autre peuple - ou un voisin – dans la plus totale indifférence - comme on le voit aussi chez les animaux, dont chaque espèce est particulièrement sensible aux valeurs privilégiées par l’espèce.

Les ralentissements ou accélérations des pulsations cardiaques - que l’on signale infra - peuvent eux-mêmes témoigner d’un forgeage culturel, comme l’a bien démontré Pavlov.

 

3.1 ) La « proprioception »

Il faut que tout le monde apprenne ce qu’est la « proprioception » (= la sensibilité corporelle profonde) et, dans le monde animal évolué, il y a même des fibres spécialisées dans la proprioception consciente et d’autres spécialisées dans la proprioception inconsciente : .

Les fibres de la sensibilité et de la motricité sont myélinisées - et donc beaucoup plus rapides que les fibres non-myélinisées de la douleur et de la sensibilité thermique (brûlures)

C’est pourquoi le réflexe de redressement en cas de chute est beaucoup plus rapide que le réflexe de retrait en cas de brûlure.

C’est certainement « mental » surtout si on considère le mental comme une unité centrale de commande comportant dans son entier : « Encéphale (cerveau + cervelet), Névraxe (moelle épinière) et les Nerfs (L’ensemble constituant le SNC (système nerveux central (avec F s’il est fabriqué en France J) + le SNV (système neuro-végétatif( (innervation des poumons, du cœur, des intestins, de la moelle osseuse (cf. immunité) etc.) » .

 

[Il semble déjà que les nerfs (« neurones ») ne soient plus considérés aujourd’hui que comme des « rails » véhiculant le travail des « usines » que sont les « astrocytes » (en nombre presque double de celui des neurones dans l’espèce humaine) lesquels astrocytes intégreraient beaucoup d’informations et fabriqueraient l’information à véhiculer, ramenant ainsi la fonction du neurone - devenu quasi-sacrée - à une fonction plus triviale. .

(Cf. les livres récents : « La myéline, le turbo du cerveau » et « L’homme glial »)

Mais toujours, les communications restent nécessaires et de leur rapidité dépendent les arrangements de l’ordonation de « l’avant » et de « l’après » - paramètres importants dans ce qui a amené « La Raison Humaine ? » à forger un « principe de causalité ». .

Mais l’étape suivante pourrait bien être celle d’un « sans fil » - équivalent d’une WI-FI cérébrale ! On a déjà découvert les communications par champs magnétiques dans le cerveau.

s’arrête jamais !]

 

Tout cela n’est « psychologique » qu ‘à la condition de donner un sens « très neurologique » au mot invoqué.

Ce qui explique non seulement la rapidité du fonctionnement du réflexe rotulien, mais même le sursaut que l’on peut quelquefois manifester lorsqu’un dentiste passe une fraise sur une dent, sans même avoir mal, (on peut avoir mal après, mais pas forcément en cas d’anesthésie) et même sans comprendre pourquoi ! .

Quant au vécu du dentiste, il ne peut non plus se passer de sa proprioception, au point que l’un d’eux m’avait un peu fait peur en me disant : « je n’ai guère besoin de voir, je pourrais même te soigner les yeux fermés ! » .

Il est amusant de se souvenir que c’est grâce à l’impossibilité « volontaire » de s’opposer au réflexe rotulien que les médecins militaires décelaient les « simulateurs » bon pour la guerre ! On faisait ainsi la différence entre une lésion incapacitante et la volonté de simulation. .

Et il est vrai qu’il y a certaines choses que l’on réussit plutôt mieux sans voir, et à coup sûr aussi, sans réfléchir. .

d’un comportement organisé. .

Mais ce n’est en rien une image spéculaire, ni virtuelle, ni « de » soi-même – bien qu’elle soit produite par soi-même : Ce « de » n’est pas ici un génitif de propriété. .

Il ne faut pas confondre les images réelles – même imaginaires - avec les images spéculaires virtuelles. .

On constate aussi le même phénomène (trompeur d’occasion) chez les épinoches (poissons) qui sont capables de répondre par une éjaculation à la simple vue de morceaux de papier colorés : rien ne permet de se prononcer ici sur les représentations imaginaires des épinoches ! .

 

3.2 ) « les neurones miroirs » :

On pourra rapprocher aussi de la proprioception « les neurones miroirs » : Le mot est très mal choisi puisque justement il ne s’agit pas d’image spéculaire, inversée, énantiomorphe, en miroir !

De quoi s’agit-il ?

Depuis 1950, on sait (grâce aux enregistrements E.E.G.) que parmi les primates, la simple vue de l’acte de préhension chez un congénère, déclenche une activation des neurones homologues chez l’observateur.

Là encore, la décussation est donc essentielle, car il ne s’agit pas d’une image spéculaire (énantiomorphe)

 

 3.3) S’agit-il de « communication » ?

Tout dépend du sens donné à ce mot (qui peut être différent du mot à mot étymologique) :

o       si l’on considère que la communication définit une liaison immédiate, sans coupure, sans solution de continuité reconnue comme telle, sans individualisation des êtres, (comme par exemple un circuit électrique, même s’il comporte des résistances et des condensateurs)

en cours d’écriture…

…………………………

o       Par contre, si l’on considère que la communication implique une coupure (coupure qui sépare deux individus) : Le courant est coupé : on change de voltage, voire de nature de la transmission, ce la communication :

en cours d’écriture…

 

Si l’on considère 2 systèmes organisés séparés – et tout est alors ici question  de points de vue - peut-être interdépendants , mais définis séparément, on pourrait alors en arriver à une hypothèse qui consisterait à situer « la communication entre deux individus, individualisés et séparés » « dans l’imaginaire » :

On pourrait alors construire son paradigme à partir de la théorisation que Socrate donne à Alcibiade de « l’idée amoureuse ».

Cette théorisation est rapportée par Platon dans « Le Symposium (ou Banquet) ou De l’amour » : Alcibiade est amoureux de Socrate par ce

[(en deux mots instrumentaux : « par ce », aussi bien qu’en un seul mot : « parce », causatif)

(et ce « ce » dans les deux cas devrait être au neutre pluriel)]

qu’il imagine qu’il y a en Socrate, à l’intérieur de Socrate : mais cette « imagination » est toujours arrêtée par les écrans successifs qu’elle se construit elle-même et sur lesquels elle « projette » ses fantasmes, ces écrans étant comme la surface des « poupées russes » qui s’emboîtent indéfiniment (en théorie) et le déshabillage n’a de limite que celle que donne le fétichiste à son objet de plaisir : Dans le déshabillage possible jusqu’à l’infini, il s’arrête, à l’objet qui devient fétiche.

Dans l’amour, l’intérieur de l’objet aimé est dans la dimension imaginaire – en théorie illimitée - de l’amoureux, alors que le plaisir est corrélé à une dimension de surface – inexistante dans la réalité, puisque sans profondeur réelle, ce qui est encore un paradoxe entériné par le langage de la vie quotidienne, auquel l’homme est habitué – à défaut de l’avoir tout simplement lui-même créé - peut-être – qui sait ? plus que les autres animaux, lieu de projection du fantasme, « d’un fantasme plat ».

La dimension sexuée du fétichisme est une autre affaire de théorisation psychanalytique - qui a à voir avec le sexe ou son absence : le manque phallique ce la femme etc.

Mais fondamentalement le sexe n’a rien à voir avec l’amour, ni l’amour, sans doute, même avec l’espèce, et la sexualité est bien autre chose que l’amour ;

Nous n’en parlons que pour dire qu’elle ressortit au grégaire, au domaine de la proprioception et tout ce qui va avec, et il n’y a rien de plus à en dire.

Au contraire, nous essayons ici de théoriser la communication de deux sujets « réputés individus », et somme alors entraîné vers la dialectique amoureuse, dans laquelle nous proposons alors de faire rentrer cette communication au sens banal, quotidien du mot, dont la plupart des gens seraient sans doute bien en mal de dire ce que ce mot veut dire dans les relations humaines, et probablement - par a priori - enclins à en réfuter son essence imaginaire.

Celle-ci n’exclut d’ailleurs pas d’autres dimensions aussi, si tant est que ce mot y ait un sens.

 

 

3.4 ) Nœuds

J ‘ai trouvé un passage très intéressant à ce propos dans le livre d’Alexei Sossinsky : « Nœuds, genèse d’une théorie mathématique », Editions du Seuil, Paris,

février 1999 :

 

« … Le lecteur peut se demander quelle puissance de visualisation de l'espace on doit avoir pour inventer les monstres tels que le « collier d'Antoine » ou « le nœud sauvage de Zuev »

II sera peut-être surpris d'apprendre que ces deux mathématiciens [Antoine et Zuev] sont totalement non voyants.

Mais en fait, il n'y a ici rien d'étonnant, comme il n'y a rien d'étonnant au fait que presque tous les mathématiciens aveugles sont (ou ont été) géomètres.

L'intuition de l'espace que nous avons, nous autres, voyants, est surtout basée sur l'image du monde qui se projette sur notre rétine ; c'est donc une image à deux (et non à trois) dimensions qui est analysée par notre cer­veau.

L'intuition de l'espace d'un non-voyant, par contre, pro­vient surtout d'une expérience tactile et opérationnelle.

Elle est autrement plus profonde - au sens propre comme au figuré !

Pour terminer cette digression, notons que des travaux bio­logico-mathématiques assez récents (basés sur l'étude d'enfants et d'adultes nés aveugles et devenus voyants par la suite) ont montré que les structures mathématiques les plus profondes, par exemple les structures topologiques, sont innées, tandis que les structures plus fines, telles les structures linéaires, sont acquises [Zeeman, 1962].

Ainsi, l'aveugle devenu voyant ne distingue pas, au début, le carré du cercle : il ne voit que leur équivalence topologique.

Par contre, il voit aussitôt que le tore n'est pas une sphère.

Quant à nous, notre tendance à absolutiser ce que nous voyons nous fait souvent concevoir le monde d'une façon bien plate et superficielle... »

 

Et voilà pourquoi le devin Tirésias était aveugle ! .

Tous les physiciens devraient faire un peu de médecine ! Pour y décrypter comment fonctionne en fait leur propre physiologie, leur représentation du monde, etc. en la confrontant à la réalité de l’autre… .

Et même, à l’occasion, rencontrer des illettrés (mot qui n’a rien de péjoratif) qui n’ont jamais lu les lois de l’optique géométrique ni les propos philosophiques de René Descartes. .

(Cf. Mohamed Boughali, La représentation de l'espace chez le Marocain illettré : mythes et tradition orale, Paris, Éditions Anthropos, 1974.

[compte-rendu] clic

 

 

o                   Les illettrés ont souvent une conception plus spontanée que nous de l’espace dans lequel ils se meuvent – et se meuvent différemment.

o                   sont plus adroits pour tirer sur les brides d’un chameau avec leurs orteils, ou pour monter par l’échelle arrière sur le toit d’un autocar en marche à pleine vitesse, sur une route caillouteuse, pour rattacher une valise sur le toit…

Dans le même sens, enfin, un vieux physicien philosophe me disait : « Quand on ne connaît qu’une seule langue, on n’en connaît aucune ! » Hommage lui soit rendu.

 

NB :

1.                   Les yeux fermés, j’arrive sans problème, et du premier coup à faire toucher les pulpes de mes deux index.

2.                 En ne me guidant devant moi qu’avec les yeux, c’est beaucoup plus hésitant.

Cf. la démarche du « tabétique » (mais le tabès syphilitique a pratiquement disparu en France) qui lance la jambe en avant, maladroitement, parce qu’il a une anesthésie de la proprioception, due à une atteinte des « cordons postérieurs de la moelle (de Goll et Burdach de la proprioception inconsciente, entre autres car il y en a d’autres) »  : On dit « qu’il marche avec les yeux » ; Mais le résultat n’est pas très bon ; Evidemment, les yeux fermés, il n’arrive à rien, et finit par tomber ; En faisant « un pas en avant – un pas en arrière », ses pieds dessinent une étoile : c’est le signe de Romberg. Ainsi dans cette maladie, la vue joue le rôle de béquille de rattrapage, mais la démarche est boiteuse [11], bancale.

1.                   mettre les index bout à bout au-dessus de la tête uniquement en les regardant dans le miroir est presque impossible, du fait de l’absence de la dimension de la profondeur : ils se chevauchent. .

 

3.5 ) La mise à plat du 3D par « artifice » : .

C’est le problème de la mise à plat des nœuds, chose proprement impossible : On ne peut que dessiner « des diagrammes de nœuds » (une projection sur un plan) et introduire dans le dessin des coupures selon que les croisements se font « par dessus » ou « par dessous » (conventionnellement, selon une 3 ème dimension perpendiculaire au plan). .

Ensuite, on peut les orienter à plat, etc. comme suivant un cadran d’horloge : « sens horaire ou sens anti-horaire » (C’est également conventionnel, mais dans le plan) .

Voilà pour le 3D ! .

 

2.     Mais il y a autre chose encore à dire : L’orientation d’un cadran plat est possible en 2D mais n’a strictement rien à voir avec la 3 ème dimension spatiale :

 

Dans l’image spéculaire d’une pendule, toutes les aiguilles tournent dans le sens anti-horaire.

 

Ainsi, il suffirait d’avoir : Un cadran normal + l’image spéculaire en mouvement des aiguilles

(ou l’inverse pour chacun des deux)

pour avoir une pendule dont la lecture des aiguilles semblerait remonter le temps…

Cette fameuse flèche du temps !

Cf. Il y a deux flèches du temps opposées dans « Les Univers Gemellaires » de Jean Pierre Petit ; à lire. 

Cf. aussi toutes les difficultés d’Einstein pour définir le temps – ce à quoi il n’est jamais arrivé –

et d’en conclure, après la mort de son ami Michel Besso en 1955, que « le temps est une formidable illusion ».

 

 

Si l’on déclarait que notre monde va « de ce qu’il est convenu d’appeler la fin » vers « ce qu’il est convenu d’appeler l’origine », on penserait remonter le temps en vivant simplement.

Mais tout étant ici question de vocabulaire, on devrait aussi inverser l’énoncé des lois physiques qui incluent une orientation temporelle : Ainsi les lois de l’entropie devraient-elles se lire à l’envers, la dés-intégration radio-active deviendrait une ré-intégration – au prix de quoi les particules atomiques scanderaient aussi bien le temps, etc.  

 

En fait le problème des dites dimensions est extrêmement complexe en physique, voire complètement fallacieux :

Les interfaces des animaux ont une « dimension de Surface » mais peu ou prou « déformable » selon les organes.

 

3.6) L’œil :

Il est à remarquer que l’œil est un globe et que « la rétine est une surface concave » peu déformable.

Si bien que la vision rétinienne monoculaire est une vision en 2D au moment de l’accommodation du cristallin.

L’œil, et même les yeux, sont totalement incapables de voir le moindre volume :

Les rétines sont des surfaces qui ne peuvent appréhender que des dimensions « unes »

Il faut toujours posséder une dimension supplémentaire à celles de la chose appréhendée pour l’appréhender : 4 pour 3, 3 pour 2 et 2 pour une.

Avec une surface, on ne peut appréhender qu’une dimension

Tout le reste n’est que recomposition mentale.

Avec les 2 yeux on compose une 3eme dimension, ce qui nous permet d’apprécier des surfaces.

La vérité qui accompagne cette recomposition est une autre affaire (discutée plus loin) qui ne change rien aux raisonnements à partir de données (substantif) données (verbe)

En vision binoculaire : 2D + (conjugué avec) 2D revient à 3D (eh oui) : comme 2 surfaces qui se coupent en topologie, mais ici selon un angle variable formé par ces 2 surfaces concaves qui se coupent : Ce qu’on appelle parallaxe pour deux droites aboutit ici à ce qu’on appelle - faute de mieux - vision stéréo. .

L’accommodation séparée de chaque œil ajoute une complexité supplémentaire à la binocularité et il y a ici beaucoup plus que 2 droites joignant chaque œil à l’objet vu, par définition puisque mathématiquement une droite n’a pas d’épaisseur. .

De plus chaque œil accommode séparément en fonction de sa distance à l’objet : il y a là aussi des réflexes inconscients.

On touche ici du doigt aux limites des abstractions mathématiques appliquées à la physique : En physique il n’y a que « des niveaux de précision » : jamais « d’absolue précision », ni non plus « d’immuable », ce qui est inscrit étymologiquement dans le mot grec « physique », aussi bien que dans le mot latin « naturus », participe futur du verbe « naître », par lequel on l’a traduit.

En un sens, dans la vue, la question des dimensions n’est pas mesurable. Elle ne relève que d’une application d’un outil mathématique, mais il y a plusieurs outils mathématiques applicables possibles : N’est-ce pas une affaire profondément culturelle ?

Les animaux les plus évolués se permettent pas mal d’acrobaties physiologiques : l’homme lui a 100 milliards de neurones (et le double d’astrocytes, dont la valeur a été jusqu'à ce jour totalement sous estimée) pour s’y essayer.

Je me demande toujours si les animaux dont les oreilles sont orientables les orientent consciemment ou non ; de toutes façons, les oreilles sont beaucoup plus apparentées aux réflexes spinaux que les yeux [12].

 

3.7 ) L’oreille :

En ce qui concerne les tympans (correspondant aux ouies des poissons) la membrane s’enfonce car l’ouie travaille en pression qui est au principe même de son fonctionnement : on passe pour ainsi dire sans transition des ouies à l’ouie. Il n’y a pas de son dans le vide - qui d’ailleurs n’est vide que de l’absence de quelques éléments repérables, comme l’air, la terre l’eau et le feu… ! 

 

3.8) L’odorat :

Si on avait voulu placer les organes en fonction de leur importance dans la vie relationnelle des animaux, de leur développement encéphalique précoce et de leurs projections dans le cerveau primitif (archipallium)  il aurait fallu placer parmi les premiers l’odorat qui, en tant que l’une des fonctions premières et les plus essentielles à la vie de relation, se projette sur les parties du cerveau en rapport avec les fonctions vitales de l’organisme, toutes essentiellement inconscientes.

Pour ces raisons sans doute, rendant les expérimentations parmi les plus difficiles, elles sont restées longtemps les plus mal connues, et restent  encore chez l’homme beaucoup trop négligées à son détriment.

Les fibres reliant les bulbes olfactifs au cortex sont directes et croisées.

Les neurones de l’Hippocampe sont les seuls connus pour se renouveler encore durant la vie post-natale chez l’homme. Par contre, les cellules olfactives, elles, ne se renouvellent pratiquement pas.

 

 

 Voies olfactives  et voies afférentes de l’Hippocampe,

du Noyau amygdalien et des noyaux du Septum chez l'homme .

D’après J. Delmas - A. Delmas.

 

 

3.9 ) Les dimensions en physique :

Mais bien sûr, le percevant n’est pas le perçu de la perception, et on s’aperçoit donc que, en physiologie, les notions de 2D et de 3D n’ont pas de très grande « réalité physique », contrairement à d’autres fonctions mieux connotées : latéralisation ; ventralisation ; avant-arrière ; tubularité ; etc.

[La question de la « vérité » en dépend directement : elle dépend des limitations à voir, à faire et à dire, ce dont tout le monde a toujours eu le sentiment depuis toujours. 

Comme disait le psychanalyste Lacan, dont beaucoup d’aphorismes sont devenus célèbres : « La vérité ne peut que se mi-dire », « le langage ment ; l’engagement » ou « Le goût de ce qu’on dit ment », etc.]

Vocabulaire clic.

Les dimensions sont des manières de représentation, des abstractions, une mathématisation, des signifiants de langage. .

C’est probablement entièrement la notion de « dimension en physique » qui serait à revoir, peut-être en précisant « avec quelle façon de regarder » [13]

Cette notion de dimensions est issue d’un certain mode traditionnel de raisonnement, et comme telle bien intégrée, mais diffère fortement de toute la réflexologie proprioceptive innée, comme on vient de le voir.

Toute dimension en physique – astronomique ou non – résonne un peu comme le résultat mathématique d’une équation qui tend vers l’inadéquation.

même remarque peut sans doute être appliquée à toutes les dimensions en physique. .

Au reste et par ailleurs, ce que l’on sait reste bien mince, difficile à exprimer, et peut toujours être débattu ne serait-ce que pour ces raisons mêmes. .

En somme pour prendre soin de soi, la proprioception marche très bien, mais pour éviter de se cogner aux arbres, on a besoin des yeux.

Mais pourquoi diable nous a-t-il fallu aller nous chercher dans la glace ?

Pourquoi cette individualisation du corps unifié de l’enfant – et si précoce ?

L’identification, certes, mais est-ce que le désir en vient de nous – comment le pourrait-il ? Ou n’est-il pas la réponse à un ordre venu d’en haut ?

 

3.10) Psychologie et génétique : Sophocle contre Aristote :

Pour Aristote, l’ordre du monde – « sublunaire », comme il l’appelle – ne peut être remis en cause : - puisque « l’esclave l’est par nature » ; « l’esclave est une machine vivante » dit-il, soumise à l’inéluctable empreinte de sa destinée. Et, dès lors il n’y a plus rien à dire.

Pour Sophocle au contraire – bien que Sophocle le précédât de 2 siècles – le destin existe, il le reconnaît, mais encore faut-il que la partie soit jouée.

Certes il se méfie aussi de la liberté de l’esprit puisqu’il démontre clairement que l’esprit est manipulable. Mais les influences ne sont pas univoques. Elles font débat.

Dans la pièce « ŒdipeTyran » : Tyran tyrannisé, en fait, comme on le comprend ensuite – et le tyran devient bouc émissaire (« pharmacos ») – Sophocle fait découler l’injonction incestueuse du désir de Jocaste sa mère : Cet « en haut » est le désir de Jocaste mandaté à Œdipe, le désir de la mère mandaté à l’enfant.

Mais l’issue n’est décisive qu’au terme d’un débat : Œdipe veut savoir ; Jocaste tente de l’en dissuader ; Tirésias scande les temps : Le théâtre est le lieu des débats.

Le résultat devient alors celui d’une opération psychologique qui pourrait bien avoir autant de poids chez l’homme que celui de la génétique.

In fine, les prophéties du destin - « fatum » - se réalisent, mais ce n’était pas sûr.

2.500 ans plus tard, il semble bien que nous ayons beaucoup de mal à croire à la réalisation des prophéties et à la prédestination – à tort ou à raison.

Nous tenons cette tragédie pour un roman : Elle n’est pas une histoire vraie. Mais elle est tout de même une métaphore dont Freud saura faire l’usage que l’on sait.

Enfin, plus généralement si le complexe d’Oedipe est acquis, c’est aussi qu’il pourrait ne pas l’être.

On dit – en décrivant « la phase de latence » chez l’enfant - que l’homme naît incomplet et que son l’enfance est très longue rapportée à celle des animaux.

En réalité, à l’aune de ces considérations, si « l’incomplétude néo-natale » est avérée, le temps de « l’enfance » vraie (« in-fans = non –parlant ») – ce temps du passage « du parlé au parlant », est assez court et ne laisse guère à l’enfant de répit. La véritable phase de latence – de 4 ans à la puberté – ne vient curieusement qu’après, quand l’essentiel est déjà joué.

3.11 ) Connexions et état de rêve

Neurophysiologiquement, l’état de rêve n’est semblable ni à l’état d’éveil ni à l’état de sommeil et les connexions neurologiques s’établissent différemment des deux autres états.

Au niveau des hémisphères cérébraux, il existe des connections d’un côté à l’autre, évitant ainsi quand ils ne sont pas nécessaires, les longs trajets par la moelle. Les communications se font alors par le corps calleux, sorte de pont au niveau de la scissure inter-hémisphérique.

Il n’est plus question ici de croisements, mais simplement de transferts d’un endroit à l’autre, sans relation avec le monde extérieur.

Cela permet à chaque hémisphère d’avoir des spécialisations propres et beaucoup plus élaborées que ne sont les simples neurones effecteurs et récepteurs destinés à la périphérie. Ainsi, schématiquement les aires du langage sont placées dans l’hémisphère gauche chez le droitier ; les aires de reconnaissance visuelles à droite, les aire d’élaboration musicale aussi, etc. Chez le gaucher, c’est l’inverse.

Ainsi, et on le sait depuis l’antiquité, une lésion des aires motrices à gauche chez le droitier pourra engendrer une hémiplégie droite avec aphasie, alors que la même lésion de l’hémisphère droit ne donnera qu’une simple hémiplégie du côté gauche, sans aphasie. (Les aires de reconnaissance visuelle des visages (prosopo-gnosie) sont beaucoup plus postérieures).

Durant les phases de rêve, pendant ce qu’on appelle aussi sommeil, mais « sommeil paradoxal » « S.P. » le cerveau s’isole à peu près complètement du monde extérieur (beaucoup plus profondément que durant ledit « vrai sommeil »), en envoyant des ordres d’inhibition principalement dans la moelle, inhibant ainsi les réceptions sensitives et les possibilités de mouvement : Le cerveau travaille en circuit fermé, envoi des impulsions de l’hippocampe au cortex, en reçoit en retour, etc. Il travaille beaucoup, souvent plus encore que dans l’état d’éveil !

Ces phases de rêves durent environ 20 minutes environ 4 ou 5 fois par nuit et sont donc séparées par des séquences de « vrai sommeil » qui durent canoniquement 90 minutes.

Le S.P. n’est jamais initial dans une nuit, qui commence toujours par un sommeil en phases étagées, de sommeil de plus en plus profond. Puis quand le dormeur a pour ainsi dire, pris le temps de bien se tranquilliser, tout d’un coup et pour 20 minutes, il coupe tous les ponts avec le monde extérieur, le corps devient totalement hypotonique, la nuque devient molle (on voit alors la tête de notre voisin qui tombe si on voyage en train) et le cerveau se réveille, mais en circuit fermé.   

Ainsi le rêve fonctionne très bien selon des scénarios très fortement dépendant de sa génétique (comme on le voit chez les vrais jumeaux (homozygotes) chez lesquels il arrive qu’ils fassent « le même rêve »), selon l’espèce animale, évidemment, et même selon la lignée (comme on le voit dans les lignées de souris consanguines ) etc.

Certains pensent que alors le cerveau se recycle ou se ressource ; d’autres pensent qu’il intègre les nouveaux évènements de la journée passée, d’autres qu’il travaille sa mémoire : Personne n’en sait rien.

Ainsi, les connexions se font d’une zone du cerveau à une autre, sans jamais entrer en relation avec le monde extérieur ; De plus, les passages d’un hémisphère à l’autre sont peu intenses car le cops calleux est lui aussi en grande partie dés-afférenté.

Mais il se trouve que dans le cas de certaines lésions du corps humain – les descriptions de ces cas et leur compréhension sont récents - ou surtout chez des animaux de laboratoires chez lesquels il est possible de supprimer les connexions inhibitrices envoyées aux acteurs moteurs périphériques (muscles) on peut assister alors à une expression extériorisée du rêve en direct [14].

Ces expressions sont variables selon les espèces animales. Le chat y reproduit ses programmations de chat et la souris, ses programmations de souris.

Mais comme il s’agit bien de rêve, les comportements sont déconnectés des réalités du monde extérieur : Le chat se lance à la poursuite d’objets invisibles, etc.

Sans entrer dans les détails du câblage cérébral - et en particulier du fait que les communications inter-hémisphériques sont à peu près totalement bloquées durant la phase de rêve -  on comprendra ici que se produisent des comportements qui paraissent aberrants aux yeux de l’observateur, puisque le rêve est prévu pour fonctionner en circuit fermé, sans tenir compte du voisinage réel d’un congénère, d’un prédateur ou d’une proie.

Ainsi, dans les redressements d’explorations, le coup tendu, le chat peut tourner sa tête à droite alors que ses deux yeux vont se tourner vers la gauche, du fait de comportements programmés par un hémisphère, mais qui ne seront pas envoyés aux noyaux de l’autre, nécessaires à l’expression coordonnée dans le monde des relations sociales.

On peut probablement aussi expliquer ainsi l’existence, très fréquente dans les rêves, de dissonances étranges : Par exemple les rêveurs tantôt « voient les personnages » mais ne perçoivent leurs paroles que totalement brouillées, ou au contraire perçoivent des paroles claires, mais d’un locuteur sans visage, etc.

Mais, d’une part ces observations neurophysiologiques n’ont encore été faites que depuis quelques décennies, d’autre part les périodes de rêve ne totalisent pas plus de 100 minutes par jour chez l’homme (beaucoup moins chez les petits animaux et bien davantage chez les gros – on a même dégagé quelques lois à ce sujet), enfin – at least but not last - la nature n’a justement rien prévu pour que les rêves soient extériorisés.

Les travaux restent donc en nombre limité.

 

3.12 ) L’interprétation des rêves :

Tout ceci complique singulièrement les tentations et velléités « d’interprétations des rêves » qui semblent pourtant avoir existé de tous temps, et peut-être même, à différents degrés - chez tout un chacun - sans attendre bien entendu l’aventure de la psychanalyse :

En effet, si la communication inter-hémisphérique est ouverte durant l’état d’éveil, mais fermée durant l’état de rêve, quelle valeur donner à « l’immersion artificielle » des données de ce dernier état dans l’univers partagé des êtres que nous connaissons éveillés ?

Il est notable que si Freud connaissait le système de la décussation, il ignorait tout des travaux de Michel Jouvet et des connexions mises en jeu ou inhibés dans les états de rêves.

Dès lors, que dire aussi des amnésies des rêves?

- « Refoulements », disent-ils ? « Neuro-médiateurs », rétorquent les autres !

« Tanto monta, monta tanto, Isabel come Fernando » répondent Aragon et Castille: « du pareil au même! » 

Elles ont en effet un caractère très particulier, de survenue quasi-immédiate et cette amnésie est très rapidement envahissantes: Le souvenir rejaillira-t-il, que cela ne sous dira rien de sa valeur; de la valeur de tout ce qu’il affère. ?

Comme la mémoire est un attribut du mental, il s’agit d’un autre mental avec une autre mémoire.

Mais pour ce qu’i en est du mental, rien ne dit qu’il est un, ni qu'il est délimité.

Tout montre aussi que le mental / ou les mentaux / de l'éveil sont unis à ceux des rêves.

Alors, à côté d’un certain agacement, lorsqu'un réveil inopiné nous prive de voluptueux états dont il est strictement impossible de reprendre le cours, ou au contraire d’obsessions parfois troublantes et persistantes durant des années entières sinon toute une vie, quel est la nature du lien magique que tisse un dieu ou du démon et lie le rêveur à son rêve, comme s’il en était le jouet ?

Quelle est la nature du lien qui les réunit ? Qu'est-ce qui les engendre ensemble ?

Et puis il y a cette fameuse dimension du temps que le rêve traite à sa manière !

 

Comme l ecrit sereinement le poête Federico Garcia Lorca : « El sueño va sobre l tiempo, flotando com un velero... » « Le rêve va sous le temps, en flottant comme un voilier. »

 

4.0 ) Au final,

Tous les travaux ne cessent de confirmer l’importance de la génétique dans la mise en place des grandes structures du cerveau,

et même - ce qui n’était pas connu au moment où Jouvet menait ses principales expériences de laboratoire et les publiait - les différences entre les chromosomes sexuels X et Y eu égard aux zones dont ils permettront de stimuler un plus grand développement ;

et même au-delà, il y a des différences entre les fonctions du chromosome X hérité de la mère et le chromosome X hérité du père. On sait que le chromosome Y spécifique du sexe mâle est nécessairement hérité du père.

Mais au cours de l’évolution phylogénétique, la neurogénèse (qui se poursuit durant toute la vie chez les poissons) cesse de plus en plus précocement, si bien qu’elle cesse grosso modo 1 mois après la naissance chez l’homme ;

Avec l’exception notable de cellules olfactives, dont l’axone est connecté au rhinencéphale, et dans le cerveau, des neurones de l’hippocampe qui continuent à se multiplier.

Sans réplication, les cellules sont susceptibles de perdre leur fontion d’entretien de l’information génétique, et il semble bien que les rêves viennent alors à leur secours pour entretenir les patterns de l’information, tout en laissant une plus grande part à l’épigénétique.

Telle est du moins la théorisation de Michel Jouvet, dont le lecteur aura tout intérêt à consulter la présentation directement (Michel Jouvet, Le sommeil et le rêve, 1992 ; poche).

 

 

 

4.1) Etat de rêve et neuroleptiques :

Tout ceci a pourtant des implications directes en clinique neurologique, et en cette si mal nommée clinique psychiatrique, pourtant bien intéressante dès lors qu’elle réintègre sa juste, pleine et unique place au sein de la médecine.

Ces implications sont à rechercher d’une part chez un patient vierge de tout traitements médical – ce qui n’exclue pas la prise de substances pharmacologiques hallucinogènes et elles sont nombreuses et souvent peu connues (des toxines de poissons, etc.)

Des implications d’autre part sont importantes chez les patients neuroleptisés : J’ai très souvent remarqué à quel point de nombreux neuroleptiques ont souvent des effets dés-inhibiteurs, allant bien au-delà de ce qui est souhaité - et même scientifiquement énoncé actuellement. Ces effets dés-inhibiteurs se manifestent par exemple par le passage à l’acte suicidaire d’un déprimé, phénomène bien connu et à juste titre redouté.

Mais la dés-inhibition a beaucoup d’autres aspects plus insidieux et moins connus – plus difficiles à déceler - bien que leur importance soit considérable et joue en général en défaveur du patient qui « paraît plus fou qu’il ne l’est »

Cela se manifeste par exemple par « un laisser aller incoercible dans la parole » Souvent le psychiatre est content puisqu’il redoute toujours le mutisme.

Mais souvent se produisent des phénomènes analogues à ceux rapportés concernant la des-inhibition de l’inhibition normale durant les périodes de rêve.

Mais avec certains neuroleptiques cette dés-inhibition apparaît comme permanente, si bien que des fantasme quasiment rêvés sont énoncés n’importe où, mélangés aux énoncés d’ordre social de la vie quotidienne.

En général on en sourit, en mettant cela sur le compte de la folie – en réalité ici induite - mais il y a des cas où les conséquences sont beaucoup plus graves, en particulier dans les domaines publics, car des actes violents semblent aussi pouvoir être concernés, comme dans le cas des chats de laboratoire cités ci-dessus.

Or l’absence de contrôle est normale dans l’état de rêve physiologique « en circuit fermé » mais ne l’est pas dans l’état d’éveil physiologique « en circuit ouvert »

Dans un monde de plus en plus neuroleptisé (jusqu’aux confins de la planète) ce phénomène prend beaucoup d’importance mais est peu connu – souvent par les psychiatres eux-mêmes que  les nouveaux statuts officiels éloignent de plus en plus de la médecine – et les dites prises en charge se font de plus en plus en ambulatoire ; ajoutons les psychologues ; quelquefois le personnel infirmier ; bien davantage et plus souvent le personnel administratif d’un hôpital régulièrement en rapport avec les patients ; presque toujours les juges et les policiers desquels on ne peut pas exiger évidemment qu’ils soient « bons en médecine ».

Tout le monde n’est pas obligé de savoir quels neuroleptiques inhibent les rêves (I.M.A.O. (Inhibiteurs de la mono-amino-oxydase) ; Amines tricycliques (Chlorimipramine, etc.…)

Cela se manifeste au niveau végétatif, par des troubles multiples, des troubles de la salivation – en trop ou en pas assez – mais aussi de la bave par manque de déglutition rapporté à des symptômes extra-pyramidaux, comme les contractures musculaires, la démarche festinante, et même un syndrome parkinsonien total, les crises de plafonnement oculaire, des tiraillements dans les yeux, des troubles de l’accommodation, etc.

Les comportement complexes impliquent tellement de connexions entres les divers systèmes que les classifications sont toujours réductrices. 

N’oublions pas encore, très souvent, l’absence de règles chez la femme et l’impuissance chez l’homme.

Cette impuissance est à rapprocher de l’érection que l’on constate au contraire systématiquement comme signe pathognomonique du rêve, alors que de nombreux neuroleptiques suppriment tout simplement les rêves – ce qui s’objective très facilement sur les enregistrements électro-encéphalo-graphiques.

La cause immédiate des perturbation est ici évidente, mais on ne sait rien de son fonctionnement. 

Un mot pour dire enfin que les yeux sont très fortement impactés par les neuroleptiques alors que les mouvements oculaires rapides sont au contraire pathognomoniques de l’état de rêve – ici souvent supprimé.

Il en résulte que tout cela évoque fortement ce que j’ai appelé « l’extériorisation du rêve en direct » et le mélange des genres prend ici un aspect dramatique.

Les travaux sérieux sur le sujet restent beaucoup trop rare au vu des enjeux, et, comme ailleurs, l’homme joue ici beaucoup trop à l’apprenti sorcier.

Après cette digression, retenons que les résultats des explorations neurophysiologiques de l’état de rêve confirment ici le fait que la décussation des fibres nerveuses, essentielle dans les relations sociales de l’animal avec son monde extérieur, n’ont aucune fonction en circuit fermé, et aboutissent à des résultats totalement aberrants si on mélange ce qui est prévu pour l’état de veille, avec ce qui est prévu pour l’état de rêve.

Le sommeil, lui, semble être totalement différent de ces deux états du cerveau et avoir surtout une fonction de repos, de récupération, dans un état peu énergivore, permettant de recharger les batteries (ici en sucres – et le neurone utilisera des voies métaboliques précises).

A beaucoup d’égards, le fonctionnement cérébral ne peut pas être calqué sur celui des autres organes, mais les relations entre les uns et les autres sont nécessaires, et c’est une cause de complexité non négligeable de l’organisation. 

Beaucoup de choses restent encore à découvrir (travaux actuels rendus possibles depuis peu sur la névroglie : B. Zalc, F. Rosier : la myéline turbo du cerveau ; 2016 ; P. Magistretti, Y. Agid : l’homme glial ; 2O18) et probablement beaucoup d’erreurs à corriger.

 

4.2) La question de la responsabilité est intéressante :

La neurogénèse est sous contrôle génétique (les chromosomes X et Y n’ont pas le même impact, eu égard aux zones de développement cérébral qu’ils engendrent, ni même le Xp paternel n’a la même fonction que le Xm maternel, etc.)

Au fur et à mesure de l’avancée dans la phylogenèse, la neurogénèse s’arrête plus tôt chez l’individu :

- Les poissons renouvellent leurs neurones toute leur vie

- A l’age de 3 semaines pour l’homme, elle s’arrête – à l’exception notable des neurones de l’olfaction et du rhinencéphale qui continuent à se reproduire.

Les rêves, au contraire, se multiplient d’autant plus abondamment que la neuro-genèse s ‘arrête tôt et ils semblent prendre le relais de la programmation génétique de notre cerveau, à partir de structures déjà mises génétiquement en place, mais aussi en intégrant les nouvelles informations reçues dans l’état éveillé (et on parle alors d’épi-génétique). 

Ainsi, les rêves, eux, sous la pression des structures déjà en place déterminées génétiquement, pourraient avoir une fonction de restructuration - par exemple de trop grands égarements (de l’esprit ?) (au lieu d’être des petits délires, ils en seraient à peu près le contraire) – mais sous forme codée, chimiquement, électriquement, etc. et non pas verbale, sinon peut-être indirectement.

Mais ils pourraient d’autre part et en même temps intégrer les données nouvelles - si la structure en place les laisse passer – et les rêves acquérraient alors une fonction dite « épigénétique » (comme celle de nos bactéries intestinales, fonction très importante, et, en répartition de variétés, propre à chacun)

Les productions oniriques pourraient ainsi permettre une sorte de délibération intérieure (entre neurones !) - même à notre insu, individuelle, « à nos heures perdues ».

Que l’éternelle question de la prédestination soit entre les mains de Dieu ou de nos neurones, l’inné et l’acquis y tiennent en définitive la même place pour nos réflexions : l’un et l’autre sont opérants et je ne dirai évidemment pas quelle en est la part, probablement non mesurable.

Quoiqu’il en soit, la conscience éveillée a besoin de faire grandes études et travaux paléontologiques pour découvrir les grottes de nos ancêtres.

Le rêve, lui, à l’aide de sa mémoire génétique, y accèderait aussi - peut-être plus directement - au moyen d’une écriture d’un autre type et de contraintes temporo-spatiales différentes.

 

4.3) « La douleur va en ligne droite » … mais la ligne droite n’existe pas…

Il est à mon avis fondamental de s ‘apercevoir que toutes les géométries sont des construction de l’esprit – de l’esprit d’une culture partagée.

On sait depuis longtemps que la conception euclidienne des droites et des points ne correspond à aucune existence réelle, pas plus que les nombres qui ont tant fasciné Pythagore.

Quand on a un pincement vertébral L5-S1 au niveau du trou de conjugaison (sortie du nerf impliqué), occasionnant une sciatique, on perçoit une douleur fulgurante qui va comme en ligne droite directement du dos jusqu ‘au gros orteil du même côté.

En réalité, aucun nerf traversant le membre inférieur n’est impliqué dans la perception de cette douleur sciatique.

Le trajet des nerfs impliqués va directement du segment médullaire concerné au lobe pariétal controlatéral, siège de la représentation comme sur le schéma ci-dessous (en passant par quelques relais, qui seraient différents si la stimulation était inconsciente (je ne dirais plus perception alors)

La perception est ici trompeuse.

Le « signe de Lasègue » (réveil de la douleur en soulevant le membre inférieur) est significatif parce que la manœuvre tire sur les vertèbres, mais aucune manipulation des orteils ne réveillera la douleur !

Elle est celle de ce que l’on appelle « une conscience » - que l’on ne sait absolument pas où ni comment localiser – et qui donne l’impression au malade qu’un mauvais mouvement sur sa chaise aura entraîné une douleur qui va tout droit de la vertèbre à un orteil, par exemple.

Ainsi, non seulement les courbes et replis des nerfs, sont tout simplement assimilés par le patient à une ligne droite qui irait des vertèbres à l’orteil – sensation innée ou acquise : on ne peut pas savoir ce qu’il en serait de la sensation d’un être qui serait sans culture - mais, bien plus, aucun trajet nerveux concernant celui qui est invoqué par le patient – et par là « sincèrement ressenti » - n’est impliqué dans l’affaire, puisque le trajet nerveux anatomique ne va que de la vertèbre au cerveau.

Quant aux localisations sensitives et motrices au niveau des aires corticales, elles sont innées, génétiquement.

 

4.4) Résumé, et conscience :

La Vérité : Une convention ? : Même si toutes les images auraient ainsi quelque chose de fallacieux, par rapport aux sensations et réciproquement, (car rien n’est fallacieux « en soi », sinon par rapport à autre chose) aussi subjectivement qu’elles puise être ressenties, le mot Vérité subsume en principe la convergence de toutes nos conventions (pour employer le mot en grec attribué à Démocrite pour désigner toutes les appellations de nos conventions (les goûts, les couleurs, etc.) et plus adapté au présent propos que le mot « consensus » (qui sémantiquement (= « senti–ensemble ») laisse place à l’imposture ou l’erreur collective monumentale)

La Vérité est pressentie comme une valeur suprême qui doit avoir une constance, une cohérence relativement durable en une région et une époque donnée (et je dois choisir des mots différents de temps et lieu)

« Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au-delà » écrivait Blaise Pascal.

On a maintenant inventé l’expression « vérité alternative » ce qui me semble aberrant, car, aussi « vrai » que me semblent la consternation de Pascal ou l’aphorisme lacanien :  « La vérité ne peut que se mi-dire », Elle correspond à un besoin social de paradigme manichéen.

Ce manichéisme est réputé entraîner des guerres et des tortures, mais je crains fort que les guerres et les tortures ne procèdent d’une logique différente, dans laquelle la vérité serait justement nimbée de tabou et celui qui l’énonce de totem.

Il est remarquable que la déesse « Maât » de la « solidarité – co-opération sociale » soit apparue en Egypte au bord du Nil, il y a plus de 5000 ans (devenue un peu plus tard la déese de la « Vérité-justice » (représentée sur les fresques et hiéroglyphes par une plume, qui serait ou se rapporterait phonétiquement à l’énonciation de son nom.

Ce que cette déesse a soutenu a engendré une civilisation qui a duré plus de 3000 ans jusqu'au christianisme qui lui a succédé.

La conscience est un concept dont on ne sait presque rien de son histoire.  Le mot n’est guère utilisé dans l’antiquité gréco-latine.

Par contre il est devenu aujourd’hui presque universel et traduisible dans toutes les langues. Il remplit des livres de philosophies, mais non de physiologie – sinon davantage de neuro-sciences, mot qui a un sens différent et que je n’aime guère parce qu’il est beaucoup plus vague.

(à ne pas se procurer sans être averti parce qu’on peut y trouver traité n’importe quel sujet traitant de l’Histoire ou de la Philosophique)

Freud a introduit le mot inconscient (« Un-bewust ») qui est un savoir inconnu par la conscience et ne s’oppose pas à l’inscription de la conscience du savoir, puisque selon lui l'inconscient peut réapparaître dans les rêves.

Plus physiologiquement il faut souligner que durant les phases de rêves, de même que les sens, les sensibilités et les motricités sont abolies, de même on sait aujourd’hui que les communications entre les deux hémisphères cérébraux du néo-cortex sont inhibées, et c’est ainsi qu’on pourrait expliquer l’incompréhension habituelle des mots prononcés par un réveur quand il arrive qu’il parle.

Bref globalement la conscience est abolie dans le rêve et il se pourrait - vu qu'on dégage toujours des notions d’unité, d'unicité, etc. dans le mot conscience - que la communication des hémisphère soit importante. Mais pourtant des opérés dont le corps calleux a été sectinné peuvent aussi être conscient, lucide de « leur présence au monde »

En médecine, Pourtant cette conscience est fragile, et de même qu’elle disparaît dans les phases de rêve, elle disparaît sous l'empire de nombreuses drogues ou toxiques.

Lors d'un examen neurologique sommaire, on apprécie d’abord l’état de conscience et de lucidité par des questions simples sur l’orientation temporo-spatiale (année, date, heure, saison, lieu précis) et la plupart des démences abolissent à divers degrés ces repères : La désorientation temporo-spaciale est appelée « confusion mentale » et traduit systématiquement une souffrance du cerveau, que la cause soit directement une lésion de celui-ci ou conséquence d’un état métabolique généralisé (fièvre, déshydratation, etc.)

Mais la partie du cerveau mise en cause n’a jamais été précisément localisée, et en particulier, elle n’est certainement pas spécifique du néo-cortex puisque l’orientation temporo-spatiale est une faculté qui apparaît parmi les premières chez les animaux (et avec un tout autre sens chez les plantes) c’est-àdire très précocement dans l’échelle de la phylogénèse des animaux dont le cerveau est beaucoup plus archaïque que le notre.

Les insectes, les poissons, etc. sont très performants et bien entendu les oiseaux – mais ces derniers sont déjà fort évolués.

Ces animaux ne sont donc pas « confus » à l’état normal et éveillé, même si on ne sait pas de quelle façon cette conscience est éprouvée.

Les sensations : Il est rare de pouvoir mettre en parallèle la gravité d’une lésion ou son étendue avec ce que le patient semble en ressentir, ou dire en ressentir, indépendamment de ce qu’il peut en voir : Tout y apparaît déformé par rapport à nos canons.

Quant aux réflexes spontanés, ils semblent structurées au départ de la vie dans une subjectivité à peu près totale –par rapport aux délimitations « du corps administratif » anatomiquement limité par la peau ou les muqueuses – là où il y en a - : Tous les prolongements relationnels, environnementaux, etc, sont déniés)

Rappelons ici que les obstétriciens considèrent depuis toujours que le sein maternel ( qui est le relais du placenta chez les mammifères) appartient en ses premiers moments de l’allaitement ( qui n’aurait pas lieu sans bébé) au corps de l’enfant.

L’apport de ses délimitations semble nécessiter un apprentissage (conscient ou non) et particulièrement découler des mécanismes de la symbolisations. (Cf : Itard : « L’enfant sauvage de l’Aveyron » qui y échoua)

Des chatons qui ont les yeux bandés dès la naissance et durant deux mois restent ensuite définitivement aveugles. 

En médecine, on parle souvent « d’absence de parallélisme anatomo-clinique ».

On pourrait généraliser le fait, bien au delà, en parlant « d’absence de parallélisme somato-esthésique ».

Et ce fait fondamental – vrai pour les sens, les sensations et les sensibilités peut aussi être formulé à la manière de « la morale de l’histoire » pour bien des expériences vécues dans notre vie de tous les jours.

Dans le même sens, depuis des millénaires, on cherche le siège de la conscience… et on ne l’a toujours pas trouvé, malgré nos jolies I.R.M. en couleurs, qui s’animent dés avant (quelques centaines de milli-secondes) qu’un sujet ait eu conscience d’avoir l’intention de faire un mouvement : Qu’est-ce que la conscience ?

Une fois encore tournons-nous vers les joies et les peines éprouvées par les enfants : Elles n’ont en général que de très lointains rapports avec la place que notre composition essentiellement visuelle du monde réserve à l’évènement qui les a déclenchées.

La médecine n’est pas la télévision :

A l’écoute soumise de la plainte d’un patient qui exprime sincèrement ses sensations , le médecin est d’une certaine façon l’envers de la télévision.

Mais dans la mesure – qui serait à dire « anti-psychanalytique » - où il voudrait rendre à son patient « un aspect conforme », conforme aux autres et à ce dont tout patient est déjà en général imbibé et tributaire – et il y a là, mêlés, de l’inné (génétique, générique) et de l’acquis (épigénétique) pour le dire en termes toujours maladroits - le médecin parle alors comme la télévision.

 

 

Ces impressionnantes planches de systématisation anatomique ont bientôt 100 ans et restent inoubliables.

Elles étaient destinées à un usage neurochirurgical, et conservent toute leur importance – souvent insoupçonnée.

Mais, dans une toute autre perspective, pour comprendre l’apparition de la vie de relation qui est le sujet de cette page – dès l’étude de l’apparition de la vie de relation chez le bébé - dont le système neurologique est immature à la naissance – il conviendrait – quoique toute représentation en deviendrait alors impossible - de les conserver en supprimant d’aussi abruptes délimitations corporelles.

Par exemple, certes les cheveux en eux-mêmes sont insensibles, mais cependant, tout frôlement est transmis au cuir chevelu qui, lui, l’intègre dans son système homéostatique, etc.

Aires de la sensibilité

 

Aires de la motricité

 

 

 

 

Passage du Faisceau Pyramidal (fibres motrices descendantes) au niveau de la Capsule Interne :

Par un mouvement de torsion, les fibres les plus hautes de la circonvolution Frontale Ascendante sont devenues postérieures mais l’organisation somatotopique n’est jamais perdue.

 

Mais inné, acquis, etc. qu’est-ce à dire ? .

L’inné n’est-il pas aussi de quelque façon acquis ? .

Tout ici n’est affaire que d’étroites et changeantes proportions. .

Et comme ballotté entre les termes d’une myriade de diptyques, parfois de triptyques, personne n’a-t-il fait jamais autre chose que n’y tourner en rond - en passant par l’aveu de Blaise Pascal recueilli par sa sœur : « …J’ai grand peur que cette nature ne soit elle-même qu’une première coutume, comme la coutume est une seconde nature. » ?

 

Fin de l’ajout en 2017

 

5.) La décussation chez les animaux. (Retour plan)

 

Simplifions :

La décussation est le croisement au dessus du tronc cérébral de la plupart des fibres nerveuses vectrices de la sensibilité, des sensorialités et de la motricité.

Elle existe précocement chez tous les animaux sexués évolués[15], la sexualisation ayant d’ailleurs pour corollaire la vie en groupe homogène, l’hétéro- sexualité y obligeant les animaux, au moins au temps de la saison des amours.

Elle concerne donc particulièrement les composants neurologiques de la vie de relation.

Les animaux vivent en groupe aussi pour bien d’autres raisons que la recherche d’un partenaire sexuel, chasser et se défendre par exemple.

Les poissons se déplacent souvent en « bancs », les oiseaux en « vols », les gnous en « troupeaux » et les loups chassent en « meute ».

 

A quoi tout cela sert-il?

 

Le paradigme de l’explication tient en entier dans « la poignée de main » qui consiste à placer la paume d’une main droite contre la paume d’une autre main droite.

D’où l’embarras d’un gaucher à 100% en face d’un droitier, ce qui est une autre affaire.

 

Presque toutes les voies motrices, sensitives et sensorielles « décussent » au niveau du tronc cérébral, en majorité ou en totalité, à l’exception notable des voies auditives.

Certes, et c’est important, beaucoup d’organes sensoriels envoient à la fois des fibres directes et des fibres croisées - tout cela est important – mais nous avons décidé de simplifier pour dégager les mécanismes de base.

On remarquera que la décussation a lieu très haut dans le névraxe : Au niveau du tronc cérébral.

Ainsi, tout ce qui reste purement spinal, c’est-à-dire se passe entièrement en dessous de la décussation, reste ipsi-latéral.

C’est le cas des réflexes spinaux, à l’inverse des réflexes complexes (oculo-céphalo-gyres, etc.) qui mettent en jeu les structures supérieures.

Par exemple, lors de la brûlure d’une patte, les fibres sensitives rentrent au niveau de la corne postérieure de la moelle et se connectent par une courte liaison aux moto-neurones qui émergent de la corne antérieure de la moelle, au niveau du même segment : C’est le « réflexe du triple retrait » de Sherrington.

Et il est beaucoup plus rapide que s’il faisait relais au niveau des structures supérieures, ce qui impliquerait d’ailleurs de passer 2 fois par la décussation : Une fois pour les fibres sensitives, puis une autre fois pour les fibres motrices.

Finalement, grâce à ce réflexe homo-latéral rapide, le retrait de la patte a lieu avant même que la douleur ne soit perçue, et il n’est pas nécessaire qu’elle le soit (animal décérébré).

 

Chez les petits poissons qui se déplacent en « bancs » presque tout le cerveau est représenté par les aires de la vision, et les voies efférentes provenant des deux yeux décussent au niveau du « chiasma optique ».

Mais les yeux du poisson ne lui servent absolument pas à se voir lui même.

Aucun animal n’utilise véritablement ses yeux pour regarder ne serait-ce qu’une partie de son corps, et, même si cette partie est blessée, il ne regarde en général pas sa blessure. Il peut se livrer à des activités de léchage, ce qui est bien différent. Par contre, il n’est pas rare qu’un congénère lui donne des soins.

Dès lors, tout comportement partagé et réciproque en groupe implique une « latéralisation substituable » de l’un à l’autre animal, intégrée à l’image corporelle que chacun a construit comme représentation de « l’individu type » de son espèce.

Chez l’animal, les yeux – qui sont les premiers diverticules du cerveau apparus - servent avant tout à regarder le monde extérieur, c’est à dire ce qui n’est pas lui.

De ce monde qui lui est extérieur, l’animal fera deux parts :

Ø      Ce qui est part de « congénères »,

Ø      et ce qui ne l’est pas, par exemple aliment convoité, vivant ou non, parfois animal assez proche de lui phylogénétiquement, et qu’il devra reconnaître comme ayant quelques similitudes de latéralisation avec lui dont la reconnaissance est essentielle dans la course (tous les animaux courent la tête en avant[16]), parfois au contraire prédateurs qu’il faut fuir, et dont il faut aussi reconnaître le mouvement, mais parfois seulement pâturages ou eau, ne nécessitant pas de reconnaître une latéralisation, etc.

 

 

Mais, bien plus, grâce à la décussation de toutes les fibres sensitives qui arrivent au cerveau ou des fibres motrices qui le quittent, la vue n’est même pas nécessaire pour que l’animal se repère comme superposable et substituable à un autre. .

Certes, la vue est essentielle à la chasse, bien qu’il existe aussi l’olfaction, et qu’un grand nombre d’animaux soient quasiment dénués de vue. .

Mais, même un poisson aveugle pourrait grâce à ses frottements avec ses congénères, ou grâce à une analyse intelligente des tourbillons de l’eau, pourrait orienter ses déplacements dans le même sens que le reste de son « banc ». .

Le système de la latéralisation forme un ensemble parfaitement cohérent et homogène, et est propre à assurer la cohésion du groupe entier. .

 

Lorsqu’un animal est en vis à vis d’un de ses congénères – « les yeux dans les yeux » - sa droite se trouve en face de la gauche du congénère, comme s’il se voyait dans un miroir. .

Il lui serait alors impossible de se substituer à lui dans un schéma de représentation spatiale si ses voies perceptives n’étaient pas croisées.

Chez l’homme, on le verra, il en est de même par exemple lors du serrement de la poignée de main, de la main correspondante d’un autre, où l’épaule droite de l’un doit aller à la rencontre de l’épaule droite de l’autre, dans une direction croisée et oblique. Une poignée de main est, par exemple, tout à fait impossible dans un miroir, puisqu’une main droite ne peut aller qu’à la rencontre d’elle même, qui est devenue dans le miroir une main gauche.

 

Pour que les deux formes de deux animaux s’épousent, pour que chaque animal compare à – ou situe – sa droite par rapport à la droite correspondante de l’animal qui est en face de lui, il est nécessaire de rétablir une latéralisation convenable en croisant toutes les connexions.

 

[Il en va de même lorsqu’on recopie le HDD d’un ordinateur sur le HDD d’un autre ordinateur au moyen d’un câble « Ethernet croisé »]

 

S’il n’en était pas ainsi, un poisson dont les perceptions sensorielles ne décusseraient pas, intégrerait son image mentale de lui-même comme celle de l’autre inversée, et remonterait en nageant le sens de déplacement du banc.

 

Par contre, le fait que les aires auditives ne décussent pas, dans l’ensemble, est tout aussi essentiel aux comportements d’ensemble d’un groupe, afin que chaque animal puisse situer par rapport à lui même la source d’un son.

 

 

Par exemple, si deux loups sont face à face, l’un entendra et situera un son venu de sa droite, alors que l’autre entendra et situera le même son comme venu de sa gauche :

Ainsi, tous deux en même temps pourront se diriger vers - ou fuir le même son.

Ainsi une meute de loups pourra se diriger vers une source perçue par chacun selon sa position, chaque animal étant toujours parfaitement substituable à un autre qui serait à la même place[17].

Il est bien entendu que nous ne parlons ici que de la représentation spatiale de l’image corporelle, et non des structurations sociales, par exemple de type hiérarchique, dans le groupe.

On remarquera ici que la perception du son par les oreilles de l’animal est fortement latéralisée – le fait d’avoir deux oreilles est ici essentiel pour déterminer la provenance du son –alors que l’émission du son par l’animal lui même est strictement médiane, la fente des cordes vocales étant même strictement sagittale.

Ainsi, fait essentiel pour une technique, non seulement la structuration des sons, mais aussi la source de leur émission, ne présenteront aucune différence, que le sujet présente le « paraître » de son aliénation spéculaire, ou soit dans la situation « réelle » de l’aménagement analytique[18].

 

 

 

On remarquera aussi que ne décussent pas les voies olfactives, ni un ensemble de voies concernant l’archipallium etc. pourtant parmi les plus vitales et phylogénétiquement les plus anciennes des structures du cerveau. Il est donc absolument impossible de considérer la décussation comme un vestige anatomique. Au contraire, elle fait partie des acquisitions les plus élaborées dans l’échelle animale.

 

Il apparaît aussi que l’accouplement sexuel chez les animaux - à l’exception de l’homme et des animaux qui ne pratiquent aucun contact corporel direct - tienne compte de la représentation « décussée » de leur image corporelle : Ils adoptent le plus généralement une attitude latéralisée alignée, en alignant le coté droit du mâle avec le côté droit de la femelle, au contraire du vis à vis humain (Cf. infra).

 

Une analyse plus poussée du mélange de ces structures directes et croisées nous mènerait peut-être à des représentations topologiques complexes, permettant de conjuguer intuitivement une dite « réalité psychique » avec une autre, dite du « monde extérieur », nécessitant d’introduire des concepts de « bijections » et « bicontinuités », de « plongements » et « immersions », menant particulièrement à des figures comme celle du « cross-cap » par lequel on peut avoir une certaine approche de ces rapports[19].

Mais, pour intéressantes qu’elles soient, ces questions relèvent de domaines difficiles à faire valoir en un texte court.

Enfin, d’autres concepts, pourtant souvent maniés quotidiennement semblent encore intraduisibles en langage simple : L’infini droit recouvre-t-il l’infini gauche ? etc.

Restons-en là pour l’instant.

 

Conclusions :

Ø      Les voies les plus primitives, les plus simples, les plus rapides, réflexes, intra-individuelles, adaptées ou non, mais incontrôlables par l’animal, involontaires et pour tout dire, stupides, sont purement spinales, métamériques, directes, c’est-à-dire non croisées, bien que plus ou moins modulées par des afférences supra-médullaires internes et des états métaboliques internes.

Ø      A l’inverse, les voies complexes connectées au cerveau, aussi primitif soit-il, sont croisées, c’est-à-dire décussent et sont contrôlables par l’intelligence :

Cette intelligence est fondamentalement connectée à l’autre en tant que semblable, et principalement « congénère substituable », mais en définitive à tout ce qui est Autre. Cela apporte une lecture relativement nouvelle du mot « intelligence » :

On sait que le mot « intelligence » vient du latin « inter- legere » qui signifie « choisir entre ». Mais l’étymologie n’indique pas « qui » choisit – c’est-à-dire quelle instance dans la constitution de l’animal – ni le lieu, « le champ du choix ».

On a tendance à rapporter d’emblée ce choix à un « débat intérieur » : Il n’en est rien. L’intelligence est d’emblée un rapport de soi à l’autre.

Toutes ces fibres croisées du système relationnel indiquent suffisamment que dès l’origine, dès lors qu’il y a choix, même infime, pour ainsi dire mono ou oligo neuronal, au niveau du cerveau, c’est par rapport à l’image de l’autre substituable – ou du monde dit « extérieur » - que le choix est déterminé.

Est-ce à dire qu’il y a là un domaine « mental » ? C’est une question de mot.

Le mot « mental » découle de la racine sanscrite « man » qui indique la pensée (« Men-ayati = il pense »), mais ce mot est dès l’origine inséparable de ses corollaire de « mensonge » et de « mania », toutes fonctions proprement individuelles et liées.

Or il n’y a aucun mensonge au sens sémantique du terme, individuel, dans ces connexions de l’intelligence, même si l’animal, tout comme la plante, est capable de construire des pièges – pour ainsi dire « génériques » - pour tromper sa proie.

Aussi préférerions nous réserver le mot « mental » à l’espèce humaine, comme le fait d’ailleurs la langue anglaise avec le mot « man », et nous allons voir pourquoi et comment, même quand ce mental s’immisce, parfois, involontairement.

Le « mental » se rapporte à la « réflexion », dans tous les sens du mot, mais parfaitement définie par les lois de l’optique, et réalisée paradigmatiquement par à l’usage des miroirs.

 

Mais ce concept de réflexion, s’il instaure

Ø     la représentation « spéculaire »,

Ø     l’impénétrabilité du passage entre signifiant et signifié,

Ø     le langage,

Ø     et par là, la « castration » au sens linguistique, structuraliste ou psychanalytique du terme,

Ø     une sexualité « narcissique » (en fonction d’un « moi idéal » et non pas d’un « soi réel »),

Ø     une représentation euclidienne de l’espace, ces deux dernières particularités devenant éclatantes dans les mises en scène de l’acte sexuel,

Ø      et, inséparablement de tout signifiant, la tromperie (d’autrui ou d’une instance de soi-même),

restera, à l’inverse de tout ce qui se passe au niveau de la simple «intelligence du cerveau animal décussé » tel que nous venons de le présenter, toujours en rapport avec une image « inversée » de soi par rapport à sa représentation de « l’Autre », et n’apportera en lui-même aucune once d’intelligence supplémentaire au sens où nous venons de la définir.

 

6.) Transition : Et pour quelques de neurones de plus... !

 

L’évolution n’aurait-elle pas pu s’arrêter là ?

Il n’en fut rien !

A fur et à mesure de l’évolution des espèces le néocortex  de l’encéphale allait s’agrandir de plus en plus démesurément chez les primates et plus encore chez l’homme.

Et ce dernier ne cessera d’exprimer étrangement la fierté qu’il en tire !

Celle-ci s’exprimera particulièrement avec le miroir.

 

7.) L’identification à l’image spéculaire chez les êtres humains. (Retour plan)

 

Durant la phase d’individualisation, c’est à dire d’apprentissage de son individualité (entre 12 et 18 mois) - dit « stade du miroir » un enfant se trompe très facilement de côté, soit lorsqu’il veut imiter la mimique ou la gestuelle d’un adulte, soit lorsqu’il se plaint d’une petite blessure parce qu’il est tombé, etc. .

Tout cela est totalement entrelacé avec son rapport à l’autre, chargé d’une lourde charge affective, et de l’embarras d'une symétrie de l'image totalement virtuelle – différente de sa proprioception - qu'il lui reste à intégrer et à accoler à sa représentation corporelle génétique. .

 

A ce stade, deux bases de latéralisation sont possibles, et le miroir n’est pas nécessaire ici à la « réalisation » d’une « image spéculaire ».

Mais que l’image à laquelle l’individu s’identifie soit le reflet de la sienne propre ou celle de « son vis à vis », l’aliénation est la même : Son imaginaire annule la raison d’être de la décussation, et « son moi » se construira désormais sur la base d’une latéralisation inversée.

Si la question n’était que visuelle, un aveugle s’y retrouverait mieux en son espèce. Mais il n’est pas sûr que la question soit seulement visuelle, puisque c’est l’ensemble de l’identification qui est concernée. Étant donnée la très grande importance du regard pour tous les animaux qui en sont pourvus - et une des caractéristiques de l’espèce humaine semble bien être d’en négliger sa raison d’être première – on pourrait dire que « l’œil n’est pas fait pour soi, mais pour l’autre ». Précisons encore : Non pas pour se mirer en l’autre, mais pour le voir et le « suivre », dans tous les sens du mot.

Quant à « l’imaginaire », il se structurerait à partir de la représentation de la supposition de « se penser être vu ».

On touche là, en quelque sorte, à toute la différence qui existe entre « l’intégration dans la foule » et « l’individualisation personnelle »[20].

Mais la question va plus loin encore : car elle aboutit nécessairement à un conflit : Elle débusque des contradictions, voire des impossibilités :

Car on ne peut pas demander en même temps à quelqu’un d’assumer un comportement parfaitement grégaire et intégré au sein d’une foule et d’y assumer – sans conflit - les fonctions du représentant d’une identité spéculaire qui, dès l’origine, aura été construite sur une image fondamentalement inverse de celle de tous les autre membres.
Plus encore, comment convier à faire con-vivre des « semblables tous différents », s’il n’existait encore une grande variété de molécules attractives, puissants attracteurs biologiques et personnels, ressentis par les animaux que nous sommes encore, à partir des « phéromones » dont le but naturel n’est autre qu’une diffusion extracorporelle de molécules, hors la personne, que nos gouvernants nous autorisent encore à exhiber en tant que senteurs humaines « naturelles ».

En cas d’éradication de ces « odeurs sui généris », qu’aucun parfum n’a jamais remplacé, et/ou « d ‘anosmie » généralisée, le tocsin pourra être sonné.

Attirances et répulsions ne seraient même plus ressenties.

Car il est bien évident que ce ne sont pas les écrans de télévision , chaussures de marque, ou autres tweeters et portables, ayant surtout valeurs d’entraves, qui amélioreront nos amours.

Ces schémas basiques ne sont pas ici que métaphoriques.

 

8.) La conflictualité des deux représentations du schéma corporel. (Retour plan)

 

Nous n’avons aucun mot permettant de désigner nommément « l’animal » qui est animal sans être « homme ».

Nous savons bien pourtant que l’homme est un aussi un « animal », un « être vivant » même, genre dont font partie aussi « les plantes », dans un sens « nos semblables », ne l’oublions pas..- puisque nous savons bien, que « l’homme » est aussi un « animal ».

Mais, parmi « le vivant », qu’est-ce qui différencie l’homme de ce qui n’est pas l’homme ?

On a même le plus grand mal à définir tant l’homme que la vie, à leur trouver des limites, des définitions, des caractéristiques, des repères.

Darwin a montré la continuité de la vie avec la théorie de « l’évolutionnisme ».

Mais il fait découler l’évolution de « the struggle for life » = « la lutte pour la « sur-vie », chez les animaux : Tout semble montrer que « les vies » ne sont pas toujours en lutte – il y a aussi « coopération » - même chez les animaux, et cette lutte contingente ne définit rien.

Et quelle est la nature de « cette vie » transmise – au point que l’on a pu penser que l’homme, l’animal, la plante, n’étaient que « des transmetteurs de vie » ?

Quelle est la nature de ce mystérieux « germen » immortel en un sens ?

 

On parle depuis Aristote du « zoon logoticon » = de « l’être parlant »[21].

Mais l’homme est aussi le seul à faire cuire ses aliments – et encore, la limite n’est pas toujours nette. L’homme s’identifie aussi volontiers à sa nourriture.

Le « parler » est-il le plus éminent caractère de l’homme ?

Dans cette direction, sa considération en tant que faisant fonctionner des jeux de « signifiants », le situe la dimension plus large et plus abstraite du « symbolique ».

 « L’identification » y figure alors comme saisie d’un « imaginaire » , essentielle à la caractérisation de l’homme, mais quelle en est sa nature exacte ?

 

de la « fille » comportera encore un stade supplémentaire.

 

En 420 avant Jésus Christ, sur les quelques pierres d’un théâtre encore rudimentaire, la pièce « ОιδιπουςΤυραννος », « Œdipe Tyran », de Sophocle, se déroule exactement comme une psychanalyse « avant la lettre ».

Et, finalement, Freud – cela ne retire rien à ce qu’on lui doit –n’a pas eu besoin d’aller chercher très loin l’essentiel de son inspiration initiale.

Chez Sophocle, le « tenant-lieu » de psychanalyste est Tirésias ; et, bien sûr, il est aveugle.

Tout de même, Freud éprouvera rapidement le besoin de ne plus voir ses patients, pour les mieux écouter.

Un peu plus tard, c’est dans le « Συμποσίον », « Banquet », de Platon, que Jacques Lacan trouvera, sous la forme exprimée des « Τα εντα αγαλματα », « Ta enta agalmata », l’inspiration de ce qui fera – à juste raison - la fortune de son « objet petit « a » du désir.

 

Au total, l’homme se présente doublement, autant comme :

Ø                      un animal « banal » « décussé »,

Ø                      que comme le support animé de ce dont il produira à son usage « une image spéculaire  inversée », et à laquelle il s’identifiera - à tort – parfois avec la plus grande violence – violence du désespoir – désespoir d’une impossibilité - image de « l’animal narcissique ».

 

9.) Conclusions (Retour plan)

 

a)     Le psychanalyste Jacques Lacan terminait en ces termes la séance du 11 janvier 1977 de son « séminaire » :

 

 « Avec le langage, nous aboyons après cette chose, et ce que veut dire S (A) c'est ça que ça veut dire, c'est que ça ne répond pas.

C'est bien en ça que nous parlons tout seuls, que nous parlons tout seuls jusqu'à ce que sorte ce qu'on appelle un Moi, c'est-à-dire quelque chose dont rien ne garantit qu'il ne puisse à proprement parler délirer.  C'est bien en quoi j'ai pointé, comme Freud d'ailleurs, qu'il n'y avait pas à y regarder de si près pour ce qui est de la psychanalyse et que, entre folie et débilité mentale, nous n'avons que le choix.   En voilà assez pour aujourd'hui !  »

 

b)    Cette réflexion toute théorique est propre - c’est sa raison d'être - pourrait susciter quelques questionnements pratiques :

 

Une « grégarisaté » - ne s’oppose pas plus au « délire collectif », que la « moïfication » favoriserait « l’individuel »

Mais, le consensuel, le conventionnel ou conventionné, le voté et démocratique  en tant que mots postulats de l’envers du délire sont, par la stigmatisation - qui souvent d'ailleurs les fonde - en pratique, souvent bien plus redoutables qu’une « sortie de chemin » (c’est le sens du mot « dé-lire ») limitée – car sinon c’est elle qui fait consensus.

D’autres encore qui en définitive fondent le sens de la vie : « Qu’est-ce qu'un choix ? etc. »

Ce n’est pas d’hier que la question dite du « libre arbitre » agite l’esprit des humains - mais on n'a guère l'habitude d'en différencier l’individuel, d’un autre, collectif :

C’est qu’on a déjà bien du mal, comme on l’a vu, à répondre à des questions comme : « Qu’est-ce qu'un individu ? » « A partir de combien devient-on un, ou in- ? » …

 

c) La biologie des règnes animal et végétal, tout le monde en conviendra, ne peut se lire à l’échelle d’une vie humaine.

La médecine, au contraire est le résultat d’une « relation partagée en un temps et un lieu », « entre un patient et un soignant ».

On peut même penser que la médecine tire davantage son impulsion des sentiments, de la compassion, de l’entraide, que du « rationnel ».

Avec le temps s’en est construit une sorte de « corpus plus ou moins scientifique » sur ces deux socles, de la « compassion » et de « la reflexion ».

Mais si l’empathie s’étend, la raison, elle, reste un mot creux en ce sens qu’aucune science n’a jamais apporté la moindre explication sur ce que l’on appelle la vie, la mort, l’éternité[22].

Cet « import-export » est en voie de peser d’un poids croissant dans un monde de plus en plus peuplé et de moins en moins divers – tant au mental qu’au tréfonds de sa terre.

Qu’en fera-t-on ?

 

d) Problèmes apportés par la prévalence de l’imagerie dans l’appréhension du monde :

On voit même qu’il peut y avoir, si le mode d’appréhension délaissant toutes les sensorialités non visuelles devient privilégié, des conséquences graves de cette appréhension fallacieuse du monde, d’une part pour l’individu, mais plus encore pour le groupe :

On remarquera que les « kinési-thérapeutes », mot dans lequel « Kinési- » signifie « mouvement », lequel « mouvement » est manifeste dans le domaine visuel, n’ont pas, dans l’appellation, de mot correspondant pour les « troubles de la sensibilité », invisibles, mais souvent aussi invalidants que les troubles de la motricité.

C’est toujours avec les plus grandes difficultés qu’on a cherché à « mesurer » ces troubles, et plus encore leur « invalidation ».

Et cette incapacité - pour ainsi dire « impossibilité fondamentale » - à mesurer ces troubles, peut devenir « déni », pouvant aller, à l’échelle individuelle, jusqu’à soit « l’accusation de simulation », soit « l’invocation de troubles mentaux ».

Les exemples en sont légion.

A l’échelle collective, les ravages d’un « déni d’existence » de tout ce qui n’est pas immédiatement visible, peuvent être bien plus considérables encore :

Dans un monde de plus en plus voué aux flatteries des mirages de la spécularité – pour ne pas dire de la spéculation, aux platitudes d’une imagerie trompeuse, à la réduction en très petit nombre des sensorialités valorisées, à l’anesthésie, voire à l’annihilation des mécanismes d’alarmes, il est facile de comptabiliser les pertes et les périls.

Il serait beaucoup plus difficile d’en dégager les perspectives de plénitude et d’épanouissement.

 

 

10.0) Dans les relations thérapeutiques. (Retour plan)

 

Plans de réflexions :

 

10.1) La relation médicale habituelle :   Reformulons en trois temps les « contrariétés »   de Blaise Pascal : « Les raisons   » (Retour plan) 

Sous cet aspect, la relation médicale habituelle n’est pas différente de la relation affective empathique, propre à tous les animaux.

Nous avons déjà souligné d’ailleurs que les bases de la médecine sont plus affectives que rationnelles.

Il n’est en effet ni facile ni souhaitable de rester indifférent au malheur de son proche, et ce d’autant plus que l’on éprouve des sentiments d’affection à son égard.

Pourtant tout ou presque nous échappe dans cette dimension des choses de la nature, et, hormis les réflexes simples, notre raison y échoue généralement, et nous fait comettre bien des erreurs avec les meilleures intentions.

Un des exemples les plus spectaculaires en est la théorie des 4 éléments (chaud, froid, humide, sec, etc.) qui dirigea en occident les gestes des médecins durant 2500 ans, jusqu’à l’apparition de la reconnaissance atomique des corps simples et du tableau de la classification périodique des éléments de Mendeleïev, toujours en utilisation au quotidien.

Avec la théorie des 4 éléments, au nom du trop de « chaud », on faisait des saignées, lesquelles ont tué des milliers de gens.

Tout montre que, si nos dogmes ont changés, notre vouloir d’explications est le même, et les mécanismes qui guident notre pensée, ou nos actes, sont de même nature : c’est à dire sur la base d’une  substitution de soi à l’autre ».

Par exemple, pour comprendre ce qui se passe lors d’un traumatisme d’un pied gauche, le médecin, tout comme un frère, un père ou un ami, regardera son propre pied gauche, et ce qui peut en résulter.

Bien sûr, le bon praticien tiendra compte aussi des particularités qu’il connaît de chacun, mais, nous simplifions ici au maximum nos explications.

Car hélas, nombre des temps faisant partie des temps traditionnels de l ‘examen médical complet (interrogatoire (et anamnèse), inspection, palpation, percussion, auscultation, riches d’orientations, sinon de conclusions, puis enfin seulement, examens dits complémentaires) sont en voie de disparition, au profit d’une immédiate distanciation, et d’un passage direct – et souvent mal orienté pour cette raison même – aux batteries d’examens complémentaires.

Quoi qu’il en soit, dans son principe, l’examen médical habituel ne diffère d’un examen pratiqué par un ami, que par l’apport d’un niveau de connaissance supplémentaire, ou différent.

 

10.2) L’examen psychiatrique classique  :  «  … de la Raison  » (Retour plan)

Tel qu’il s’est constitué petit à petit, l’examen psychiatrique classique en dérive directement : La base du raisonnement en est la même ; c’est encore celle de la « substitution », qui devient ici le véritable « tour de passe-passe » d’une « substitution de soi à l’autre » : Et c’est bien ainsi que l’on n’a aucun risque de retrouver « les raisons du patient » !

Par exemple, un psychiatre constatant une situation inadmissible, ou qu’on lui a indiquée comme telle, pourrait la juger à l’aune de ses préjugés ou de ce qu’il a appris et dire : « Moi, à sa place, je n’aurais pas pensé cela, ou agi ainsi, etc . ».

Mais justement, il n’est pas à sa place.

 

[ RAPPORTS ENTRE LA MEDECINE ET LA PSYCHIATRIE :

On a tant écrit sur les rapports ente la médecine et la psychiatrie que je vais ne dire que 2 choses : .

1). LA FAÇON DE TRAITER LA REPUTEE MALADIE : Quel que soit le diagnostic de maladie psychiatrique invoqué, sitôt qu’on trouve une cause responsable des symptômes (tumeur, virus, fièvre, etc,) ladite maladie n’est plus psychiatrique, comme si le propre des maladies psychiatriques était d’être des maladies sans causes ou sans confirmation possible des causes supputées. .

Or, l’étude par un abord n'en exclut pas un autre : Une tumeur du cerveau peut être envisagée sous ses aspects chirurgical, médical, psychiatrique, etc., .

Je souligne ici la différence qu'il y a entre les possibles apports complémentaires que l’on peut attendre d’un examen « multi-disciplinaire » pour un patient, contrairement au vide stérile et désespérant qui résulte toujours des assemblées prétendues « inter-disciplinaires » [23].

Mais seule la psychiatrie a le triste privilège de rester sous l’obédience directe des ordonnances préfectorales, qui décident des dates d’entrée et de sortie de celui qui est bien souvent amené menotté dans l’hôpital psychiatrique, sans être pourtant inculpé de faute, et qui ne sera jamais jugé, mais où le personnel fait cependant office de gardien, etc. .

A l’inverse, un inculpé ou un prisonnier peut être admis dans un « hôpital normal », mais ce sont les policiers qui se relaient pour surveiller la porte de sa chambre, car ce rôle n’est pas dévolu aux infirmiers qui y travaillent comme soignants….

2)    DIFFERENTES DIFFICULTES D’EXAMEN : Des difficultés différentes méritent d’être soulignées : .Le cerveau connaît le corps qui l'abrite, mais ne peut pas se connaître lui-même. .

3)     

La fonction de l’encéphale a été parfaitement comprise par Hippocrate : « L'encéphale est l'interprétant des connections du corps humain » : « [17] Διὸ φημὶ τὸν ἐγκέφαλον εἶναι τὸν ἑρμηνεύοντα τὴν ξύνεσιν » (Cf. plus clic) (Retour plan)

 

Mais l’encéphale n’est pas en même temps « l’interprétant » (« to hermineuonta » cf. l’herméneutique) et « l’interprété » (les connexions « Synésis ») .

 A) UN ORGANE CACHE : Parmi les animaux, on en distingue deux types : Ceux qui ont des exosquelettes (insectes, etc. et pour croître, ils doivent se débarrasser de leur exosquelette en muant) et ceux qui ont des endosquelettes (les os sont en profondeur) comme c’est le cas des amphibiens, des mammifères et de l’homme ; .

Mais en réalité les mammifères sont mixtes, car leur crâne est un exosquelette. Leur encéphale (d’où son nom, to enkephalon = ce qui est dans la tête ) est contenu dans une boite osseuse inextensible (exosquelette) et est de ce fait protégé, mais aussi « caché » et c’est pourquoi dans l’histoire, le cerveau est resté longtemps difficile à observer et a été entouré de mystères. .

B) UN ORGANE INSENSIBLE : Plus important quoique les deux propositions se potentialisent pour contribuer à la méconnaissance de tout le système nerveux – si important dans « la vie de relation » -  tout le système nerveux (les propriétés du système nerveux sont les mêmes « dans et hors de la tête ») est pratiquement insensible : Il reçoit la sensibilité (et les informations sensorielles) par des nerfs eux-mêmes insensibles (à la section par exemple) .

Pourtant, de la section d'un nerf résultent une paralysie et/ou une anesthésie et/ou bien d'autres troubles, mais la section en elle-même ne fait pas mal, et, réalisée dans une zone cachée, elle peut être bien difficile à deviner si on n’en connaît pas la symptomatologie clinique. .

Que la section concerne le gros nerf sciatique ou un faisceau de neurones de l’encéphale, l'insensibilité est la même. .

C’est ainsi que l'on peut voir des personnes qui ont perdu une bonne partie de leur cerveau sans éprouver la moindre douleur. Une aphasie, des hallucinations auditives (« des voix »), peuvent parfaitement être la première expression d’un cancer du poumon ou de la prostate surtout, plus discrète (par le biais de métastases) sans douleurs dans la tête. .

Les troubles graves peuvent alors passer pour une possession diabolique, une hystérie, etc. Parfois seuls quelques neurones sont atteints, ou d’autres cellules (névroglie) ou des médiateurs chimiques, de façon temporaire, ou non. Certaines maladies guérissent rapidement et certains poisons s’éliminent. .

Des abcès du cerveau, des hématomes chroniques, une rupture d’anévrysme (Hexagone de Willis) soudaine sous le soleil de midi chez un sujet jeune, peuvent se manifester d’abord par un tableau psychiatrique et la découverte de la cause sera une surprise, etc. .

Bien souvent la mort survient avant qu’aucune cause n'ai été trouvée car certaines affections peuvent durer très longtemps (On a dit que Charles Darwin présentait des troubles psychiatriques dépressifs (ainsi qu’une insuffisance cardiaque) tous dus à une trypanosomiase (filaire) qu’il aurait pu contracter en Argentine lors de son tour du monde à bord du Beagle (= Le limier) à 25 ans. .

D’autres organes du corps sont également eux-mêmes insensibles, mais ils sont moins entourés de mystères car par leur périphérie souple, ils sont immédiatement accessibles.

Naturellement tout ce qui vient d'être dit concernant les lésions acquises est tout aussi vrai en ce qui concerne les anomalies génétiques macroscopiques. .

Quand aux anomalies microscopiques ou métaboliques, elles sont dans tous les cas, où qu’elles siègent, imperceptibles autrement que par leurs conséquences. .

C) ET L’ON DOIT RENDRE GLOIRE AU GRAND HIPPOCRATE  (= le pouvoir du cheval)  (460 - 377 Avant Jésus Christ) d’avoir été le premier à nous enseigner que l’épilepsie n'était pas un « mal sacré », mais due à une affection du cerveau. .

Le monde est rempli de malades dont on constate la maladie sans en connaître la ou les cause(s) mais c’est tout de même la connaissance de la cause qui permet les meilleures guérisons - et grâce à des médicaments efficaces dont il est vrai qu’ils ont souvent été découverts bien avant qu’on ne découvre les raisons de leurs efficacités. .

De plus, chacun réagit différemment à une même agression, car il n'y a que rarement une seule cause à l’origine de l'expression personnalisée des symptômes, et il y a de plus toujours des causes de causes, ce qui permet d'orienter un peu la prophylaxie dont les impératifs varient beaucoup d’une personne et d’un contexte à une (un) autre. .

La suppression de la notion de « race » est pertinente en ce sens qu’il n'existe pas de « race pure » mais on est bien obligé de conserver les traditionnelles notions de « terrain » et « d’hérédité » aujourd’hui largement affinées par « la génétique » et « l’ADN » .

On n'en a pourtant jamais fini dans ces recherches et l'on peut aller très loin dans cette direction : On s'est ainsi aperçu que les oiseaux ont conservé des cellules souches dentaires (odontoblastes) de leurs lointains ancêtres dinosauriens dont l’expression complète est ordinairement inhibée. .

Les plus grandes difficultés résident ici comme partout dans « l’interprétation des résultats » dont les conséquences sont pourtant toujours considérables, sachant que d'une part toute interprétation peut être trompeuse, et que d’autre part, plus radicalement encore, une interprétation n’est jamais l’objet lui-même de l’interprétation. .

Cette remarque limite d’emblée tout le champ de vérité que l’on peut attendre des impressions humaines ou animales, comme des déductions de la lecture d’un appareil de mesure. .

Terminons par cette curiosité de laboratoire vérifiée autant de fois qu'on le voudra, citée par Michel Jouvet : .

La simulation en images de laboratoire d’une automobile parcourant à différentes vitesses une rue dans laquelle surviennent des évènements imprévus est facile à reproduire. .

On présente alors soudain au conducteur l’image d’un piéton qui traverse inopinément la chaussée. .

Le bon chauffeur donne alors un coup de volant pour l’éviter ou appuie sur la pédale de frein, et se dit s’il ne l’a pas blessé : « Je l’ai évité de justesse ! » .

Mais l’enregistrement électroencéphalographique du cerveau montre que la zone motrice du cerveau a lancé la commande du geste qui a sauvé le piéton quelques 300 à 500 millisecondes avant que les autres zones du cerveau ne témoignent de la prise de décision de l’acte .

 [Mais, même si la volonté apparaît ici comme un épiphénomène, l’acte a bien eu lieu !] .

L’intérêt pour le neurologue est dans le tracé des voies nerveuses , mais l’intérêt métaphysique est également certain, même s’il est sans surprise pour les plus avertis. .

Un grand nombre d’expériences beaucoup plus complexes, vont toutes dans le même sens, et confirment l’importance qui a toujours été prosaïquement accordée à l’entraînement dans l’apprentissage des pratiques comportementales. .

Il va sans dire que la séparation de la « psychiatrie » et de la « neurologie » en 1970 en France a été une totale aberration :

Il fallait au contraire abolir « les lois d’exception dites de la psychiatrie » (qui tirent leur origine d’une exploitation injustifiable de l’obscurantisme) comme les demandes en avait été réitérées depuis l’origine (30 juin 1838) puis reprises après - et en lien avec - les sinistres pratiques du nazisme, dès 1945, puis en mai 1968, afin de permettre aux affections mentales de réintégrer pleinement les champs de la médecine et de la physique toute entière, dans la meilleure tradition hippocratique [24]. …].

 

10.3) L’apport profond de la psychanalyse :  « …  ne sont pas celles du cœur  » (Retour plan)

L’esprit de la psychanalyse repose en entier sur cette citation de Pascal, à laquelle on pourrait en adjoindre une autre, qui se trouve parmi les textes regroupés par sa sœur dans le chapitre qui porte le nom de « contrariétés », et les quelques lignes du petit passage en question se terminent ainsi :

« On dit que le coutume est une seconde nature, mais je crains bien fort que la nature elle-même ne soit qu’une première coutume. »

Mais de l’esprit à la pratique il restait à franchir le pas et c’est Freud qui le fit.

Qui plus est, Freud réduira cette « première coutume » à un enchaînement verbal, fut-il constitué de mots « insensés », au moins pour celui ou ceux qui s’en occupent.

A-t-il eu tort, a-t-il eu raison de le faire ?

La méthode tout comme ses fruits peuvent être discutés, mais on n’en connaît pas d’autre pour connaître l’objet dont il s’agit, et elle se situe dans une longue tradition instaurant une certaine primauté du « dire »[25].

La psychanalyse a peut-être du une part de son apparition à l’utilisation expansive et abusive de cette psychiatrie classique, devenue, surtout après 1838 chez nous, une méthode illusoire d’imposition de modèles, quand ce n’était pas d’élimination pure et simple.

On pense ici aux courants européens[26] qui menèrent à la fondation de la société d’hygiène raciale en 1905 à Berlin, et aux éliminations physiques de réputés malades mentaux initialisées en l’Allemagne nationale socialiste.

Simultanément, comme nous le montrons en d’autres pages, l’utilisation de la « psychiatrie dogmatique et/ou administrative », depuis grosso modo l’apparition - et non sans lien abusif avec elle - de la laïcité en France dans son sens moderne, s’est imposée de façon continue et de plus en plus extensive sous l’égide de l’exécutif.

On en est toujours là aujourd’hui.

Pourtant la psychanalyse reste toujours décriée, tandis que, paradoxalement, au même moment, les « mois » «  individuels » de chacun semblent de plus en plus s’affronter comme rendus de plus en plus inaccessibles les uns pour les autres.

La psychanalyse n’aura peut-être eu que le destin d’une huître qui s’entrouvre un temps, puis se referme promptement.   

Toujours est-il que l’attitude du praticien dans « l’intervention psychanalytique » se doit d’être précisément inverse de celle du somaticien[27] : Ici, ce n’est plus de la « substitution grégaire » que doit découler le modèle.

Car il n’ y a pas de modèle de « chacun » en tant que tel.

Elle devrait être aussi celle de tous les professionnels de l’appréhension des phénomènes dit « psychiatriques » - si l’on en veut.

Et c’est directement sur « le moi » que le psychanalyste travaille, comme il traiterait d’un « symptôme ».

Car, en se mettant « à la place » de son patient, précisément, le psychanalyste serait sûr de n’arriver à rien, sinon peut-être à s’analyser lui-même.

Bien plus, toute velléité de compréhension peut y faire figure d’obstacle.

Plus prosaïquement encore, on pourrait dire que chacun apprend peu ou prou la médecine sur lui-même ou, en tous cas, à partir de lui-même, alors qu’en psychanalyse, c’est radicalement impossible : on ne peut pas dire : « moi à sa place, etc. ». Seule l’acceptation est de mise.

Tout, absolument tout, doit être rendu à l’analysant…en retour.

Tout, doit être rendu recevable par et pour l’analysant… en retour à lui – c’est le seul travail qu’à çà faire l’analyste – que ce soit par technique, par don ou par affinité - mais ce travail n’est pas rien.

 

10.4) Et tant pis – c’est même un bon signe – si l’analyste déclare qu’il n’y a rien compris ! (Retour plan)

Freud ajoute explicitement que la « psycho-synthèse » se fera d’elle-même, et qu’après l’analyse, la participation de l’analyste est alors terminée.

L’idéologie ne doit y avoir aucune part.

 

 

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Notes de bas de page : ________________

 

 



[1] Vocabulaire :

« Aliénation » vient du latin « aliénus », racine « alius » = « autre », et on trouve en grec « αλλος » (« allos"), même sens. Le mot ne signifie rien d’autre que « différence », « diversité ».

On y reviendra, car elle est inhérente à la « spécularité » : le sens de rotation des aiguilles d’une horloge s’inverse dans un miroir.

« Décussation » : Ce mot n'est pas propre à la médecine : Son sens est purement géométrique.

Ce mot est utilisé aussi ailleurs, par exemple pour désigner la disposition des feuilles des plantes sur une tige, etc.

Le mot existe en latin (« décussatio ») et en français et est dérivé du mot latin « decem » qui signifie « dix » représenté par la forme du chiffre « dix :  X » de nos anciennes horloges.

Il est la lettre « X » de l’alphabet latin (NB : il n’y avait pas de minuscules en latin classique)

C'est en raison du trajet oblique du « croisement » des axones des nerfs - au cours duquel ils traversent la ligne médiane et changent de côté du corps - que ce mot latin a été retenu pour désigner ce croisement.

Une telle constitution géométrique animale est propre aux nerfs : Elle ne concerne aucun autre élément anatomique *.

« Chiasma » : Le mot grec « χιασμα » (Chi-asma) signifie exactement la même chose et a été formé dès l’antiquité grecque pour désigner le croisement des deux nerfs optiques, déjà reconnu dans l’antiquité grecque.

Le mot « χιασμα » est composé de lettre « X » de l'alphabet grec suffixée du suffixe grec « -asma –asmatos » (comme dans « fantasme »)  avec à peu près le même usage que le latin (ou le français) du suffixe « -atio (-ation) » Ici le sens est donc « en forme de « χ » Et le mot « chiasma » est réservé à cet emploi.

Je ne sais comment la lettre « X » de l’alphabet latin, qui en dérive et dont dérive le nôtre, s'est prononcée exactement (le « x » espagnol s'est prononcé « ch » jusqu"au 17 ème siècle)

En grec contemporain la lettre « X » est prononcée devant « i » comme « ich » en allemand (d'où « psychisme ») et comme la jota espagnole devant a et o (d’où « psychologue » qui en fait un « K  »)

Mais tout ceci est de la linguistique.

Ce qui nous intéressera dans cette page est  la physiologie en rapport avec cette géométrie.

 

*Anatomo – physiologie : Il faut noter ici que les neurones n’ont plus « le vent en poupe » depuis que la névroglie – et en particulier les astrocytes - sont mieux connus, en tant que "cerveaux du système nerveux » (les usines) , le rôle des neurones devenant alors celui de voies de transport (câbles électriques) de l'information à véhiculer, mais cela ne change rien à la question de la décussation.

Par contre il faut noter ce fait fondamental (et signalé depuis toujours) que l’organisme forme un tout (dépendant aussi en totalité de son environnement (jusqu'aux champs électriques, magnétiques, etc. et tout ce dont on ignore encore jusqu’à la possibilité même d'existence)

Ainsi le système nerveux est sensible aux hormones, sexuelles par exemple (« on pense avec ses pieds ! » peut-on dire avec pudeur) ; thyroïdiennes (une hypothyroïdie engendre le crétinisme (alpin (iodo-prive) ; etc.; et en particulier tout le système hypothalamique, ses mécanismes d’éveil et ses hormones de stimulation.

En somme beaucoup de chimie, et le système nerveux n’est individualisé comme tel que dans les livres.

En pratique les communications par neurotransmissions (elles ne le sont pas toutes) qu’elles soient intra-individuelles ou inter-individuelles (interrogations qui sont plus précisément le sujet de cette page) sont beaucoup plus complexes : Le neurone n’apporte qu’un signal (tantôt électrique par production chimique ; tantôt chimique par déclenchement électrique)

Puis ce signal doit être interprété comme le signe d’une signification pour que celle-ci permette de « mettre en commun » (c'est le sens du mot communiquer) quelque chose, mise en commun qui peut se manifester par une contraction musculaire, l’expression d’une émotion, un comportement, un dire, parfois cette chose très étrange qu’on appelle une pensée (complexe et invasive mais individualisée et monopolisante) etc.

Comme le signale déjà Lucrèce (I er siècle av.J.C.) dans le « De nature rerum » l’apport sensoriel est toujours juste : Ce n'est que son interprétation qui peut être trompeuse.

Toute notre vie relationnelle résulte de ces transformations de signaux en signes significatifs. Comment le deviennent-ils ?

Pour Démocrite (V ème siècle av. J. C.) le maître lointain de Lucèce, les hommes se comprennent par convention : Tout est convention (le salé, le sucré, etc.) : La question est donc reportée sur la reconnaissance de l’objet.

 

L’anatomie : Toute l’anatomie humaine est en effet répertoriée selon trois plans : vertical, horizontal et sagittal, qui ne sont pas équivalents : Seul le plan sagittal  (sagitta en latin = flèche d’un arc-instrument) est un plan de symétrie naturel.

Par convention, pour l’homme, la position anatomique est celle du corps au garde à vous, petit doigt sur la couture du pantalon, et on en infère les éléments et leurs positions correspondantes chez les animaux.

Toutes les structures terrestres, minérales, végétales et animales, s’opposent à des degrés divers à la gravité, mais lors du redressement des animaux les éléments ventraux deviennent antérieurs ; les éléments dorsaux deviennent postérieurs et le plan horizontal devient vertical (et réciproquement)

Les plans passant par un axe selon lequel s’exerce la force gravitationnelle sont dits verticaux.

Les segments de plan (courbes) parallèles à la surface terrestre sont dits horizontaux.

Par convention on appelle droite et gauche les côtés déterminés par le plan de symétrie sagittal (le seul) repérés lorsque les éléments antérieurs de la tête (bouche, nez, puis yeux) sont tournés soit vers le bas, soit vers l’avant. Ces symétries, comme toutes celles de la nature, ne sont jamais parfaites.

Ce plan sagittal n’a rien à voir avec la terre. Il est individuel, et même, d’une certaine façon, figurerait comme caractéristique et délimitation de ce qu’on appelle individu.

 

Ces quelques précisions soulignent combien notre appréhension de la nature, dans son ensemble - comme dans ses plus infinis détails - est une construction mentale cartésienne plus ou moins arbitraire qui fait d’emblée songer à une impossible quadrature du cercle :

La « quadrature du cercle » ou « l’encerclement du carré » posent la question du dedans et du dehors :  C’est ainsi qu’Archimède (qu’il faut relire soigneusement en grec) en était arrivé à fonder le calcul différentiel, pour calculer la périphérie du cercle. :

Que s passe-t-il lorsque le carré (ou polygone) inscrit (dans l’endo-péri-phérie du cercle) en arrive à rejoindre le carré (ou polygone) ex-crit (dans l’exo-péri-phérie du cercle) ?

C’est ainsi qu’est né le chiffre « pi » (initiale du mot « péri-phérie » = « trans-fert autour ») (mot non inventé par Archimàde lui-même)

Et il n’existe toujours pas de rencontre entre une mathématique et une physique qui permettraient conjointement d’abolir cette « limite » entre intérieur et extérieur.

La distinction ci-dessus entre physique et mental rencontre cette difficulté.

 

Pour les organes symétriques (tels les membres qui sont des expansions métamériques horizontales) on utilise souvent les adjectifs médial (proche de l’axe de symétrie) et son opposé : latéral, qui sont équivalents à externe/interne, c’est à dire éloigné/proche du plan sagittal.

On utilise enfin les adjectifs distal/proximal qui se comprennent sans explication.

L’utilité de ce vocabulaire est considérable car s’il est souvent vrai « qu’un bon dessin vaut mieux qu’un long discours » il arrive aussi « qu’un bon discours vaille mieux que de longs dessins » ou du moins se complètent-ils.

 

[2] « L’image spéculaire » : (« speculum »  = miroir, en latin) est l’image qui vient d’un miroir. C’est une « image virtuelle », trompeuse pour celui qui s’y mire.

(NB : « Spectare ; speculare;, etc. » C'est dommage pour les Français qui n’apprennent plus le latin ni le grec de ne plus pouvoir sentir le génie de leur langue - d'autant que les sciences du monde entier continuent à se référer largement à ces langues - mais on y reviendra quand la France se sera ressaisie)

 

1.      En raison de la symétrie autour de l’axe vertical de l’homme debout, elle « ressemble » à toute image de celui qui se regarde dans le miroir, et sans doute aussi à lui-même.

Mais quand l’homme serre son poing droit, il l’observe dans un miroir, « comme » s’il apercevait son poing gauche serré.

Pourtant, c’est vraiment son poing droit qu’il aperçoit, mais en image virtuelle et inversée car elle est fabriquée par une réflexion point par point (du moins en physique macroscopique)

 

2.      Chacun ne se connaît qu’en image, et, jusqu’à la généralisation des photographies, se voyait le plus souvent « en image inversée ».

Il reste encore vrai que personne ne s’est jamais vu lui-même !

 

3.      Un évènement essentiel est la sorte de « prise de conscience » par l’enfant de 6 à 18 mois d’une maîtrise de ses attitudes, énoncée par Lacan sous le nom de « stade du miroir » : Avec jubilation, l’enfant aperçoit que son « image » semble obéir à ses commandes, comme dans une immédiateté absolue.

Cette image spéculaire, qui est une image latéralement inversée de lui-même, prendra l’allure d’un paradigme – non pas l’unique - de ses auto-représentations, pourtant non superposables avec les images des autres qu’il observe autour de lui.

Quel est le sens du va et vient de son regard, qui va de sa mère à son image spéculaire ?

Parcours d’un champ qu’il construit comme sans compter le temps des trajets de lumière !

 

Ainsi, la question de la lumière jalonnera de ses énigmes une nature « photo-morphique », tissée aux « lumières de l’esprit »

Il est habituel d’ironiser sur les animaux qui ne se reconnaissent pas dans le miroir, mais n’est-ce pas plutôt l’homme qui est le plus piégé à ce jeu de capture ?

 

[3] L’école matérialiste 

A la rencontre de l’âme et du corps, on peut interroger l’école dite matérialiste : Démocrite (Vème s.) Epicure (III ème s.) et Lucrèce (Ier s.)

Dans son œuvre « De natura rerum » (De la nature des choses) , Lucrèce, (moraliste plus que physicien), outre les éloges répétés à ses maîtres - dont il se recommande - traite de tous les sujets : De l’âme (qui est matière pure et mortelle), des Dieux (auxquels il ne faut pas croire), du langage, du sommeil, des sens, des objets et atomes, etc.

Il parle des miroirs. Il explique l’inversion de symétrie constatée dans l’image reflétée par « le rebondissement des simulacres » issus de l’objet sur une surface dure et lisse.

Les « simulacres » sont de fines pellicules d’images dégagées par les objets, qu’arrêteraient une surface dure et rugueuse, ou que dissiperait un environnement gazeux, etc.

Pour lui, les sens ne sont jamais trompés : Lorsqu’ils nous trompent, c’est par l’interprétation que nous faisons des informations reçues.

Le surprenant est que, s’il décrit avec justesse les phénomènes, et que, de plus, il mentionne parfaitement l’effet trompeur d’un assemblage fallacieux des « simulacres » par l’esprit, il ne s’attarde à aucun moment sur les procédés de reconstruction de l’image par l’esprit ni de la signification de l’individuation d’une image en tant que telle par ce qui la comprend.

Il ne traite ni de la « fabrication » des images en tant que telles (à partir de la réception des données), ni de l’unité signifiante que représente un assemblage de données (reçues, conçues ou émises), ni donc de la question de l’individu.

 

[4] Donc trinité hétérogène du lézard. Pour une autre observation – mais elle mérite aussi une place ici - j’ai déjà parlé des amphibiens (crocodile et lézard vert en particulier) dans la genèse des religions pharaoniques, puis, pour ses emprunts, du  christianisme, à propos de l’importance des oeufs dans ces religions et de la parthénogenèse chez les amphibiens (oeufs fertiles sans fécondation – ne donnant de ce fait naissance qu'à des femelles) – voir ces pages.

 

[5] Et des yeux pour quoi faire ?

Qui pourrait imaginer aujourd'hui un monde sans images et sans vue, sans lumière, sans photons ?

Il y aurait des livres à écrire sur ce statut exceptionnel que les grandes religions et après elles, la Science ont donné à la lumière (e= mc2)

Mais la lumière ne représente qu'une partie du rayonnement électromagnétique, dont nous percevons d’autres effets, sous forme de chaleur, d'images de types très variées, etc.

Nous opérons finalement - que ce soit sur papier ou dans notre cerveau - une sélection qualitative et quantitative des images, idées ou sensations que nous avons recueillies de ces rayonnements.

Tout le reste pourra nous rester définitivement étranger.

On commence cependant aujourd’hui à comprendre comment certains contrats de la nature ont été passés avec certains rayonnements, de quelle manière la vie en tire de l’énergie, et régule ses rythmes et comportements en fonction de l’éclairement (pour la plupart, dans des longueurs d’onde humainement invisibles)

La plupart des plantes (celles qui ont de la chlorophylle) captent le CO2 de l'air ou de l’eau, à partir duquel elles opèrent la photosynthèse grâce à l'énergie des photons.

Plus précisément encore, elles se sont dotées de multiples horloges et l'agenda est devenu héréditaire (génétique):

La chute des feuilles et les pousses du printemps sont réglées par des horloges génétiques ; L'heure de l’ouverture des fleurs dans la journée est réglée génétiquement (rangées dans un placard, elles s’ouvriront à la même heure) ; Certaines algues marines commencent à remonter vers la surface de l’eau quelques heures avant midi pour être à l’heure au rendez-vous du soleil, puis redescendent dans les profondeurs quelques heures après.

Certains animaux - tels les méduses - ont opportunément repris le principe photosensible en se dotant de chloroplastes.

Apparurent ensuite chez les animaux les plaques optiques, d’abord sensibles seulement à la lumière et aux ombres, puis s’est constituée la caméra (chambre) optique, d'abord à la façon d'un sténopé, puis un oeil très complet doté de multiples fonctions, parmi lesquelles la vue n’est que l’une d'entre elles.

Les yeux ont repris à leur compte ces fonctions très anciennes d’horloges biologiques (relayées dans les noyaux du Septum) Les cellules rétiniennes dédiées n’ont rien à voir avec la vue et on commence depuis quelques décennies à décrire les circuits impliqués dans les alternances veille/sommeil, les secrétions cycliques d’hormones, les rythmes saisonniers, etc

 

[6]

Le coup de queue du poisson : (Cf. « L’image de soi, image de l’autre » : clic)

Buno Chanet (Museum national d’histoire naturelle) a publié notamment sur les différents types de décussation chiasmatique et travaillé sur les intéressantes cellules de Mauthner :

« Chez les vertébrés aquatiques ne possédant pas d’amnios (« poissons », larves d’amphibiens), un système croisé de connexion entre organes existe au moyen des cellules de Mauthner (fig d’après Bodian (1952).modifié d’après Eaton et al. 2001 »

Le circuit associe la connexion d’une cellule mécano-ceptrice dont l’axone lui-même croise la ligne médiane pour aller se connecter directement avec un neurone moteur controlatéral.

Le circuit réalise donc une figure évoquant un réflexe mono-synaptique ipsi-latéral (du type le plus rapide que nous connaissons) tout en réalisant pourtant un réflexe mono-synaptique contro-latéral, c’est à dire en réalisant une connexion croisée (décussée)

[comme si en prenant un réflexe rotulien, le clinicien observait à sa grande surprise la contraction du quadriceps controlatéral – soit le genre de situation qui déclenchait l’hilarité dans les vieux gags du cinéma muet !

Le circuit des cellules de Mauthner est intéressant à de nombreux points de vue.

Il ne réalise pas une décussation qui serait composées de l'entrée de la voie sensitive vers un hémisphère cérébral controlatéral, où elle ferait connexion, puis la sortie par cet hémisphère d’une voie motrice qui opérerait un nouveau croisement pour regagner le côté d’origine de la sensation, et là seulement serait une décussation en « » - et même double - tant des voies sensitives que des vies motrices.

Mais une telle double décussation ne comporterait pas de croisement sensitivo-moteur.

On retrouve un authentique croisement réflexe simple (sans décussation) dans les réflexes controlatéraux des animaux évolués en accompagnement des réflexes médullaires ipsi-latéraux, mais impliquant alors un ou plusieurs inter neurones, et donc une voie poly-synaptique.

On distingue d’autre part le réflexe monosynaptique ipsi-latéral en extension rapide (<1 millisec.) :

Du phénomène « d'innervation réciproque » qui est plus lent et associe un réflexe poly-synaptique de flexion ipsi-latérale à une extension contro-latérale (et l'inverse pour les 2 autres pattes) mais tout cela est poly-synaptique et lent et ne concerne pas les fibres croisées]

Le circuit des cellules de Mauthner serait impliqué dans « le coup de queue du poisson » dans les vives réactions de fuite.

 

Je serais tenté d’y voir simultanément un réflexe noci-ceptif très rapide et un signal envoyé aux congénères propre à engendrer une réaction de groupe comme le sont celles des bancs des poissons en fuite qui nous semblent si bien synchronisés.

Un simple signal barométrique (le récepteur auditif n'est sensible à rien d’autre qu'à la pression (de l'eau ou de l'air) pourrait alors déclencher dans le banc entier des poissons, comme une « réaction en chaîne orientée de l'intérieur » par les particuliers - que sont les poissons - à la différence de la « réaction en chaîne d'une explosion atomique » par exemple - qui n’est pas « orientée de l'intérieur » par les particules.

C’est déjà de la psychologie des foules, dont les manifestations sont également des « explosions orientées » à la suite d’un signal donné.

Le mot « psychologie » a d'ailleurs toujours eu quelque chose d’incongru à cette place, puisque cela revient à considérer « la foule » comme « un seul individu » : le mot grec « Psychè » a en effet toujours eu le sens de « vie individuelle » depuis des millénaires (et c'est ainsi qu’il a traduit le mot âme dans un système religieux) contrairement au mot grec « bios » qui signifie « un complexe de vie » et c’est pourquoi il trouve justement sa place dans les qualifications des éco-systêmes.

Tout cela concerne, interroge, déplace, les termes de ce qu’on entend ou a entendu par le mot « individu »

Il me semble que l'on pourrait étudier l’hypothèse de l’existence des lois suivantes :

-          Ce qui est direct pourrait n’envoyer de message que de soi à soi, alors que ce qui est croisé peut envoyer un message de soi à l’autre. Ce n’est pas la seule fonction du croisement. Ce croisement (qui est en soi différent de la décussation) pourrait être aussi ancien que l’apparition des voies directes.

-          Ce qui est croisé n’est pas plus lent que ce qui est direct si l’axone et les synapses sont semblables : Ce qui ralentit le message c’est surtout la qualité de l’axone et le nombre de synapses.

 

[7] Schéma en coupe du névraxe :

L’mage de la décussation que donne Wikipedia doit être comprise comme un texte, mais insuffisante pour la réalité anatomique (physique)

La représentation ne mentionne pas les voies visuelles qui décussent aussi.

Au niveau du névraxe, il n’y a pas que les fibres descendantes motrices qui descendent vers le névraxe (motrices) ou celles qui montent (sensitives) car il y a aussi des fibres d’un 3 eme genre fonctionnel, qui sont indispensables, les fibres trophiques, qui ne sont en relation ni avec les zones motrices ni avec les zones sensitives du cortex.

Elles cheminent dans la corne intermédio-lateralis, corne qui est entre la corne antérieure et la corne postérieure et répondent également à une somato-topie.

Elles sont masquées sur le dessin que donne Wikipédia, parce qu’il représente à sa place, en superposition, une décussation (et comme on ne voit pas la légendes, il est difficile de savoir quelles sont ces faisceaux de fibres (chiasma optique ?) qui, elles, ne passent pas dans le plan horizontal de la coupe puisqu'elles sont verticales, et surtout ne passent pas dans la substance grise, puisqu'elles sont blanches, myélinisées.

 

 

[8] In-dividu ne veut pas dire limité :

Individu signifie non-divisé, mais la question des limites est une autre question et une chose indivise pourrait être illimitée.

Une autre question serait encore de savoir si l’illimité est unique.

Là sont des étrangetés de la physique quantique – à laquelle se prête si bien la nature.

Le passage de « l’individu de nature » à « l’individu administré », pourrait par sa seule désignation, lui apporter ipso facto des contours, en obéissant ainsi à quelque chose qui s’apparenterait au « principe d’indétermination d’Heisenberg ».

Il y a peut-être là une approche théorique à explorer.

 

[9] Trait :

Je sais que je fais des jeux de mots imparfaits, en ce sens que je remplace des voyelles fermées par des voyelles ouvertes : Je reprends ici la forme onomatopéique que j’avais trouvée pour décrire le foisonnement surréaliste de mai 68 dans « mai 68 pour la psychiatrie » 

Mais ces rencontres en français de termes qui, de « quasi-homophoniques » deviennent peu à peu finalement « homophoniques » (on perd de plus en plus le sens de ces discriminations sonores – mais non sans quiproquos, redressements, sorties de jeu et difficultés de toutes sortes) ne sont probablement pas fortuites.

 

[10]  Schizo-phrénie :

En fait, en 1911, Bleuler en conformité avec « l’amalgame psychiatrique » déjà en vigueur à son époque a totalement confondu (fusionné) la « fonction sociale » avec la « fonction mentale »

La fonction mentale peut développer une fonction spirituelle (sens qu’a pris tardivement le mot « psychique » en grec) pouvant être elle-même anti-sociale ou non, en fonction du sens qui est retenu pour la « fonction sociale » (par exemple, les stylistes qui passaient leur temps debout sur des colonnes se mettaient volontairement à l’écart de leur groupe, etc.)

Il faut rappeler que le mot « maladie » est très « tolérant » puisqu’il vient du bas latin « male habitus » (venu du verbe habere = avoir => « mauvaise présentation » => male habitus => mal-habde = > malade)

Le mot anglais « desease » est aussi imprécis.

L’affaire tourne donc ici autour du sens donné au mot « social »

Pour les animaux rudimentaires – et vu de haut et de loin - il y a peu à en dire, car peu nous en est connu par nous les humains.

Plus on gravit l’échelle phylogénétique animale, plus les choix deviennent nombreux, en partie rendus possibles par l’immensité du patrimoine neuronal, sans que l’on n’ait jamais prouvé de relation directe de cause à effet simple ici.

Actuellement le sens reconnu par l’O.M.S. (pluri-causal) au mot « maladie mentale » est fortement lesté par les symptômes sociaux, selon des critères stricts (et évolutifs) du mot social. C’est le cas fourni par les critères du D.S.M.

Encore faudrait-il s’assurer que le D.S.M. lui-même (à prétention internationale) soit correctement appliqué.

C’est la raison pour laquelle dès qu’un cas est identifié par son rattachement à des lésions anatomiques massives, il sort instantanément du répertoire psychiatrique, et le patient est généralement transféré – parfois difficilement – en neurologie, en neurochirurgie (cas par exemple des aphasies tumorales etc.) ou encore en endocrinologie (maladie s thyroïdiennes, etc.)

Il me semble que beaucoup de maladies dites « bipolaires » (toute nouvelle entité) pour lesquelles on prescrit un peu vite de la « mélatonine » relèvent en réalité de la thyroïde.

Le critère (non avoué) consiste à faire sommairement une différence entre :

§         une maladie somatique lourde (tumeur), (=> médecine somatique)

§         un dysfonctionnement physiologique fin (par exemple du à des perturbations chimiques telles que celles de neuro-médiateurs (aujourd’hui une centaine sont connus) (=> psychiatrie).

On voit immédiatement que la « ségrégation » - mot qui n’est pas abusif ci – ne repose sur aucune assise.

Il n’y a médicalement aucune raison de procéder à une telle classification :

§         une affection lésionnelle

§         n’empêche pas un dysfonctionnement mental,

§         ni, encore, des manifestation asociales : Il faut en ce cas tenir compte des 3 domaines.

Quand on ne sait pas, c’est bien sûr la psychiatrie (au nom du principe de précaution énoncé dès 1838 par la formule « dangereux pour lui-même ou pour autrui ») qui recueille toutes les ignorances, et parfois toutes les mauvaises volontés, voire les mauvaises intentions. Tel est le cas par exemple, de l’imprécision actuelle de la situation de « l’autisme » qui a pris son envol en 1943.

Mais la liste serait longue.

Le mot « schizo-phrénie » a été introduit dans la psychiatrie allemande en 1911 par Bleuler.

Il signifie « esprit divisé » ce qui est doublement maladroit :

- D’une part parce que le fait (qui part de termes administratifs pour définir une fonction mentale) peut ne pas avoir de rapport avec la psychiatrie. Bleuler a voulu ainsi remplacer l’entité qu’était « démence précoce » (dementia praecox) probablement pour apporter à la maladie une explication étiologique – peut-être à la manière d’Hippocrate qui avait créé le mot « mélan-cholie » (= humeur noire) dans les cas d’une affliction foudroyante en la rapportant à la secrétion de bile noire.

Incidemment rappelons qu’Hippocrate s’est ici trompé – doublement lui aussi - car aucune bile noire n’a jamais existé. Celle-ci était supposée être secrétée par la rate (splèn – splènos, en grec ancien ; splina en grec actuel – d’où le « spleen » des romantiques) mais la rate n’a jamais rien secrété.

- D’autre part parce que l’esprit a toujours été conçu comme indépendant de cette rhétorique mathématique.

Bleuler imaginait-il de nombreux fragments ? Le mot dans le sens courant dépréciatif l’imagine plutôt comme signifiant coupé en deux. C’est donc le cas de notre emploi ici : celle d’un « être à deux visages ». L’idée est alors plus radicale que la l’expression populaire « d’individu félé »

Au delà d’une simple fêlure, l’expression deviendrait un oxymore, car un individu brisé n’est alors plus indivis.

Tous ces mots ont pourtant fait fortune.

 

[11] Boiteux =

1.      « oedipien » en traduisant les jeux de mots du mot « Oidipous » en grec !

2.      Est-ce pour marcher droit au sens figuré (comme le devin aveugle Tirésias) qu’Œdipe se crève les yeux, après la révélation de son parricide et de son inceste ?

3.      Il était de la famille maudite de Lambdacus : Là encore, jeu de mot sur la lettre grecque, dont nous avons fini par exorciser le sort en parlant d’un individu « lambda » et qui est aussi la forme de l’idéogramme chinois qui signifie « homme »

4.      Cf. Revoir aussi l’énigme que la sphinge pose à Œdipe.

 

[12] En réalité je simplifie encore.

Il faut comprendre combien la biologie ne peut être rendue par notre vocabulaire toujours maladroit à la saisir :

Le réflexe rotulien est inné et indépendant de notre volonté.

Les oreilles ne peuvent être fermées, mais cependant on peut oublier d’entendre le tic-tac d’une horloge, et ne pas pouvoir dire ensuite si un son était émis ou non.

A l’inverse une image qui passe devant nous peut déclencher une réaction appropriée acquise, mais qui sera réalisée avant même que l’on en prenne conscience ; mais que pourtant la conscience accompagne et mémorise, et que l’on peut croire avoir fait volontairement. Les tests de laboratoire sont pourtant formels sur l’ordre de succession d’activation des neurones - qui se comptent en dizaines ou centaines de milli-secondes.

Les décalages temporels viennent en particulier des différents types de fibres nerveuses (myélinisées –  jusqu’à 100 fois plus rapides – ou non-myélinisées) qui transmettent les réceptions des informations ou les ordres. La longueur du trajet des fibres a aussi de l’importance.

Parfois la réflexion précède la réaction ; parfois c’est l’inverse.

Et il est souvent difficile de dire si la réaction a été inconsciente – les plus rapides – mais mémorisée consciemment quand même – comme lorsque l’on se rend compte qu’un mot vient de nous échapper - et aussi si elle a été plus adaptée qu’une autre qui aurait été le résultat d’une réflexion.

Si je lance un objet, il atteint en généralement mieux sa cible si je le lance « sans réfléchir », mais volontairement quand même…

Il y a aussi l’activation de la zone du mouvement dès la préparation du mouvement … qui pourra ne pas avoir lieu.

Plus curieux, il y a aussi, chez l’homme, comme chez l’animal non-homme, ce qu’on appelle d’un très mauvais mot « les neurones miroirs » - mais ces neurones ne sont ni des images, ni virtuelles, ni planes, ni inversées.

De quoi s’agit-il ?

Lorsque l’on observe avec un peu de d’empathie quelqu’un faire un mouvement, on active en même temps nos cellules cérébrales correspondant à celles qui seraient activées si nous faisions le même mouvement : Bonne préparation à l’imitation ! Avis aux officionados et aux addicts des petits écrans !

Evidemment la même chose est beaucoup moins évidente pour les sensations et sensibilités qui sont vécues très différemment selon que l’on a été « en situation » ou non. C’est ici où elle n’existe en général pas – « larmes de crocodiles » – qu’il faudrait employer le mot empathie.

Bien sûr, cette note n’est encore qu’une simplification du peu que l’on connaît.

 

[13] Dimensions et rationalismes :

L’affaire n’est pas simple, mais même les mathématiciens sont obligés de changer de géométrie de temps en temps ! Espace euclidiens, géométrie de Riemann, etc.

L’inadéquation de nos représentations est évidente au changement d’échelle : localement la terre paraît plate ; vue de la lune c’est une boule et vu de plus loin, elle est ponctuelle. Or un point n’a pas de matérialité…

On a l’impression que le raisonnement dépasse la raison – et aussi le vocabulaire et les équations : Les rationalismes connus finissent toujours par rencontrer le zéro et l’infini qui engendrent les apories. Est-il bien vrai que les parallèles se rencontrent à l’infini ?

On peut admettre qu’on ne comprenne plus, mais il y a plus : Parle-t-on bien de réalités ?

En fait, sur ces questions de dimension précisément – comme sur bien d’autres – la physique quantique dément la physique classique avec laquelle elle n’a plus rien à voir.

Il est tout à fait évident que le mot « dimension » en physique – et ailleurs - recouvre plusieurs concepts de natures très différentes.

Mais il est dommage de ne pas encore avoir trouvé plusieurs mots à la place d’un seul, pour des significations très différentes parce que l’on ne les a pas encore comprises, ce qui entretient les quiproquos.

La situation me semble aussi énorme que la traduction en français par le même mot « temps » des mots anglais « time » et « weather », même si des liens sémantiques, évolutifs et historiques des invasions latines l’explique très bien : Le temps de « tempus » était celui d’un autre monde !

Cependant maintenant et dans ce cas, les contextes de l’emploi de l’un ou l’autre mots sont tellement différents qu’il est en général impossible de faire la confusion.

 

[14] La destruction sélective des systèmes responsables de l'atonie musculaire : in :Michel Jouvet , Le sommeil et le rêve ; Odile Jacob ; 1992 ; pp. 133-134 :

La destruction sélective des systèmes responsables de l'atonie musculaire peut ainsi permettre de dévoiler les comportements oniriques qui sont l'expression de l'activité des systèmes moteurs corticaux et sous-corticaux mis en jeu par un « générateur » situé dans le tronc cérébral.

Le chat dont l'éveil et le sommeil sont normaux va présenter au cours du sommeil paradoxal des comportements carac­téristiques : orientation, guet, attaque et poursuite de proies imaginaires, frayeur, combat, etc.

Pendant ces épisodes, l'animal ne réagit pas aux stimulations du milieu extérieur.

Il ne fait aucun doute qu'il s'agit bien de sommeil paradoxal avec persistance du tonus musculaire comme l'ont démontré les nombreux enregistrements des signes électriques spé­cifiques de cet état dans différents laboratoires. L'électro­physiologie nous apporte alors d'intéressantes précisions :

Le cortex cérébral présente en effet une activité élec­trique rapide similaire à celle de l'éveil, tandis que le cortex visuel reçoit des signaux endogènes issus du tronc cérébral qui pourraient être les corrélats d'une imagerie visuelle (activité dite ponto géniculo-occipitaleP.G.O.)

L'étude des latences entre mouvements oculaires et l'ar­rivée de ces signaux au niveau du cortex visuel démontre cependant l'existence d'un paradoxe :

Ø      Chez l'animal éveillé et attentif, le signal rétinien de la cible de l'attention arrive aux centres visuels avant que ne se déclenche le mouvement oculaire de poursuite (la cause précède l'effet)

Ø      Par contre, chez l'animal rêveur, le début du mouvement oculaire précède ou coïncide avec l'arrivée du signal endogène non rétinien (activité PGO) au niveau du cortex visuel. Il fau­drait alors concevoir que l'effet précède la cause, ce qui est évidemment impossible. Il faut donc admettre qu'un système cérébral programme (ou sélectionne) à la fois l'imagerie onirique et la réponse d'orientation oculomotrice. Les délais synaptiques peuvent, en effet, expliquer les latences entre un générateur ponto-bulbaire et l'arrivée des informations au niveau des noyaux oculomoteurs et du cortex visuel.

L'ensemble de ces données permet d'émettre les hypo­thèses suivantes :

Ø      ou bien le comportement onirique n'est que le déclen­chement de comportements automatiques organisés et complexes sans phénomènes hallucinatoires comme ceux de l'imagerie onirique (le chat agirait alors comme un automate, ou comme l'animal-machine de Descartes)

Ø      ou bien il existe à la fois, chez le chat, une excitation de la sphère sensorielle (surtout visuelle) en même temps que surviennent des comportements adaptés à ces halluci­nations (attaque, fuite, poursuite). Cette hypothèse nous oblige alors à admettre qu’il existe une différence fonda­mentale entre l’organisation sensorimotrice de la perception onirique et celle de l’attention visuelle au cours de l’éveil.

Ainsi, l’hypothèse de rêve d’action caractéristique de l’espèce féline (guet, attaque, rage, fuite, peur, poursuite) survenant au cours du sommeil paradoxal est plausible bien que difficilement réfutable. Certains mécanismes étudiés chez le chat au cours du sommeil paradoxal peuvent donc, toutes réserves faites, être extrapolés à l’homme, surtout depuis que des comportements oniriques ont été découverts chez l’humain.

Le comportement onirique chez l’homme :

Chez des individus masculins atteints de lésions du tronc cérébral lésant les structures inhibitrices du tonus muscu­laire, il a été décrit récemment des comportements oni­riques - souvent représentés par des attaques violentes (entraînant des fractures du bras du rêveur ou des ecchy­moses sur sa conjointe !). Dans tous les cas, les enregistre­ments polygraphiques de ces épisodes ont révélé qu'ils survenaient exclusivement au cours du sommeil paradoxal avec tonus musculaire [à cause de la lésion du système inhibiteur] et qu'ils s'accompagnaient d'un rêve (attaque d'un animal par exemple)

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Les rêves de Descartes :

Revenons sur un des aspects les plus spectaculaires et rare du rêve – sans lésion physiologique – appelé « rêve lucide » : Les rêves de Descartes il y a presque 400 ans :

Il faut remarquer que le troisième rêve de Des­cartes au cours de la fameuse nuit du 10 novembre 1619 était un rêve lucide...

« Ce qu'il y a de singulier à remar­quer, c'est que doutant si ce qu'il venait de voir était songe ou vision, non seulement il décida en dormant que c'était un songe, mais il en fit encore l'interprétation avant que le sommeil le quittât... » (Descartes parle de lui à la troisième personne) On sait que ce rêve conduisit Des­cartes à proposer la dichotomie entre « res immateria » et « res materia » et la formule «Je pense donc je suis » qui devait retarder les études sur l'inconscient en France.

Le rêve lucide est bien un rêve authentique des rêveurs lucides ont été enregistrés pendant toute la nuit avec des électrodes au niveau du scalp, des orbites et des muscles. Il est donc ainsi possible de repérer sans aucune ambiguïté l'apparition des signes cardinaux du sommeil paradoxal (qui sont impossibles à simuler).

… Ainsi, un Moi conscient d'être conscient (et éveillé) (conscience réflexive) est « rêvé », par un inconscient qu'il ne peut influencer (mais qu'il peut interrompre au moindre mouvement)

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P. 170 de ce même livre, M. Jouvet formule élégamment la conclusion de son exposé de « La Théorie de la programmation itérative » de Roff­warg, Muzio, Dement, J. Adrien et Dewan :

« Cette théorie ne dévoile pas entièrement le mystère des fonctions de l'activité onirique et apparaîtra sans doute bientôt aussi erronée que toutes celles qui dorment dans le cimetière des théories du rêve.

Elle ne fait que traduire l'immense curiosité d'un cerveau éveillé pour ce qui le rêve. »

 

[15] Apparition de la céphalisation : «  Le nombre de cordons et de ganglions nerveux diminue avec l’évolution et le ganglion cérébral se développe pour donner un cerveau (concentration du tissu nerveux dans la tête).

Ce phénomène s’appelle la céphalisation.

La céphalisation apparaît chez les espèces pourvues d’une symétrie bilatérale (elle n’est pas

présente chez les espèces dotées d’une symétrie radiaire par exemple). Notez que la concentration du tissu nerveux peut aussi apparaître au niveau thoracique comme par

 exemple chez la mouche ou le crabe (Figures 3 et 8).

On distingue donc chez les Invertébrés, à partir des vers, un système nerveux central (SNC)

composé d’un cerveau, de cordons et ganglions nerveux, et un système nerveux

périphérique (SNP) composé des nerfs et des récepteurs sensoriels  ») in : Biosystématique des Invertébrés  : Le système nerveux et les organes des sens ;  clic . Université de Provence , Marie Montant avril 2009 ; Vos questions à : marie.montant@univ-provence.fr

On pourrait dire « encéphalisation », puisque « encéphale » est le nom de ce qui est « dans » la tête, « Képhalè » signifiant la tête dans son ensemble.

Le nématode (134 neurones contre quelques milliards chez l’être humain) n’a pas encore de « décussation ».

Mais il a déjà un avant (siège de la « céphalisation ») et un arrière, ainsi qu’un dos et un ventre, ayant chacun son nerf, positionnements repérables par rapport au cœur de la terre : il en résulte immédiatement un côté droit et un côté gauche (sans nerfs latéraux).

La « céphalisation » et la « ventralisation » précèdent donc l’apparition de la « décussation ». Ce fait en lui-même est intéressant.

Il serait intéressant de rechercher quand et comment apparaît la décussation, mais cela ne changerait rien au développement que nous présentons ici.

 

 

[16] Un animal avance vers « son avant » :

Le commun ne prête en général guère attention à ces remarques simples de tous les jours : qu’un animal avance vers « son avant » et que sa droite est « à droite de son avant, s’il avance le ventre vers le bas ».

 Les « bipèdes » :

L’homme, les kangourous, les oiseaux, sont quasiment des « faux bipèdes » en ce sens que la nature a refait dans chaque pied un avant et un arrière, par quoi il redevient en quelque sorte quadrupède, sans quoi, comme perché sur deux béquilles, l’homme aurait à peu près la stabilité d’un vélo – c’est à dire que livré à lui-même, il ne resterait vertical qu’en avançant.

Au demeurant, l’homme est déjà le paradigme du « gratte-ciel », ce qui permet de placer un plus grand nombre d’individus sur une même surface qu’en position ventrale. Mais il y perd en vitesse et en stabilité par rapport à la plupart des autres mammifères restés quadrupèdes.

Au demeurant, il n’y a pour nous « de ciel » que défini par opposition à la force de gravitation terrestre. C’est à dire fort mal précisé :

C’est par rapport à la pesanteur que les animaux se construisent, et non par rapport au ciel.

c’est de son absence que profitent les satellites.

On situe le centre de gravité de la terre en « un centre », indiqué approximativement par un « fil à plomb », si bien qu’en réalité, deux murs d’une maison que l’on croit parallèles forment un « V », et qu’aux antipodes les hommes sont pieds contre pieds, ce qui n’avait pas dérangé Ératosthène, mais a longtemps fait s’interroger les hommes du Moyen Age.

On n’en a d’ailleurs pas épuisé le thème.

 L’animal est informé

de tout cela par les 3 canaux semi-circulaires du labyrinthe de son oreille interne – dont les fibres efférentes ne décussent pas.

Mais « un animal sur le dos », surtout si, dans l’échelle phylogénétique animale, il est éloigné des mammifères et de l’homme, est en général un animal mort ou agonisant :

Un corbeau posé sur le dos ne bouge plus et ne cherche même pas à se relever.

Quelle en est l’explication ?

Sans doute est-ce parceque la position sur le dos annule tout des effets des décussations primaires, et donc de « la représentation de l’espace et du monde » de l’animal – si l’on est en droit d’employer pour lui une vision excessivement propre à l’homme : Les repères de l’animal deviennent alors inutilisables.

A l’inverse, les animaux utilisent d’autres organes et systèmes organisés que l’homme ne possède pas : « échométrie » chez les chauves-souris et les dauphins, « sensibilité aux infrarouges » chez les serpents, « ligne latérale » chez les requins, « polarisation de la lumière » chez les abeilles, etc.  .pour nous limiter à quelques systèmes connus – sans doute bien peu nombreux encore au regard de l’existant.

Mais on ne verra pas couramment un oiseau voler sur le dos, ou un poisson nager sur le dos, hormis peut-être dans un bref passage entre deux justes repérages, faisant abstraction du passage obligé en lui-même.

On peut presque en dire autant des « jeux de domination » chez les jeunes mammifères autres que l’homme, jeux toujours brefs et simulant généralement un combat.

Au contraire des animaux, les physiciens – plus penchés en cela sur l’étude des molécules ou des corps sans vie que sur celle des animaux organisés, se préoccupent des stéréo-métries en découvrant de nouveaux univers, petits ou grands.

Et il semble bien que l’on trouve « une latéralisation originelle » à peu près partout dans ladite nature - sinon partout – la différence entre « lévogyrie » et « dextrogyrie » n’étant d’ailleurs pas mince, même au niveau des sucres !

Une latéralisation est décelable aux niveaux : atomiques, moléculaires, animaux, galactiques, etc.

Est-il est supposable qu’il y ait un lien entre ces latéralisations structurales ?

Est-ce que la nature « s’oriente » ?

Il y a là encore un mystère - presque immatériel - que nous côtoyons à chaque instant - qui n’est pas facilement explicable simplement - dès le fameux « big-bang » originel.

Mais on peut aussi se demander si le mot origine a vraiment un sens.

Jacques Lacan a formulé il y a longtemps que « le Réel est orienté par la forclusion du sens » (Séminaire « Le Sinthome », Paris, 1975 – 1976).

 

[17] Les voies acoustiques sont essentiellement directes :

Mais il y a plus encore – ou du moins quelque chose de particulièrement intéressant, tout particulièrement pour les musiciens – c’est que cette absence de décussation de la réception sonore en fait un équivalent physiologique « d’afférence spinale directe », avec tout ce que cela comporte à la fois en rapidité de saisie, en non-corticalisation, en quasi indépendance – et aussi possiblement simultanéité – de toute réflexion intellectualisée ; alors qu’à l’inverse les réflexions ne peuvent habituellement être traitées qu’une par une par le cerveau, qui ne peut habituellement pas traiter deux « idées » en même temps.

On sait qu’il existe une thérapie fort prisée qui s’appelle la « musico-thérapie ».

Mais s’il est vrai qu’en la matière tout ce qui « fait du bien » est bon à prendre, on peut se demander si la musique relève vraiment plus d’une « psycho-quelque chose » que n’importe quel réflexe spinal :

Il serait d’ailleurs intéressant – et facile – de savoir si, lorsque les mammifères tournent et orientent leurs oreilles pour localiser un son, sans même bouger la tête, il s’agit d’un réflexe simple, homo-latéral et rapide – équivalent spinal en sorte - ou bien d’une recherche « intellectuelle », corticalisée, décussée. Il est probable que les deux peuvent se manifester, le mode réflexe étant bien sûr toujours le plus rapide, même s’il n’est pas forcément toujours le plus adapté.

Les médecins savent depuis très longtemps que telle ou telle musique peut ralentir ou accélérer le cœur, etc. Tout cela n’a rien à voir avec la psychothérapie.

Il serait sans doute préférable de ne pas déplacer la musique de la place qui lui est due.

 

[18] Le son est émis « médian », mais reçu « latéralisé » :

Du fait de cette « dualité », pour ne pas dire « ambiguïté » particulièrement remarquable chez l’être humain, il y a là peut-être tout un ensemble de recherches à faire – qui semblent n’avoir jamais étés abordées - tant à propos de « concepts analytiques », comme ceux de Symbolique Réel et Imaginaire chers à Lacan, que de beaucoup de bizarreries aux confins de la neurologie, de la médecine, et de la psychanalyse, (malencontreusement actuellement désunies) (pour des motivations que l’on critique en d’autres pages) parmi lesquels « nos rêves » (au sens vrai et non publicitaire du terme) dont les explications mêlent toujours, pour le moins, encore beaucoup d’éléments chaotiques.

« La vida es un sueno y nos suenos, suenos son » (Calderon de la Barca) : La vie c’est encore rêver, mais rêver qu’on ne rêve plus.

D’être en cela « double ou dédoublé » « en diurne comme en nocturne » n’empêche pas que l’homme est aussi un animal à part entière, on l’oublie un peu trop.

Et cette dualité, objet de cette page, est peut-être chez lui plus remarquable encore que ce que l’on en tire comme particularités (d’être un « être parlant », « debout », « qui joue avec le feu », « qui grime l’image à laquelle il s’identifie », etc.) .

 

[19] Cf. Juan David Nasio : « Introduction à la topologie de Lacan » :, Petite bibliothèque Payot, Paris 2010.

 

[20] Se regarder soi-même :

Il est probable qu’il y ait lieu de rapprocher cette sorte de « retournement vers l’intérieur de l’imaginaire » aux formulations successives de retournements qui ont jalonnées les élaborations de Jacques Lacan, en dernier celles des « formes toriques » des éléments constitutifs du nœud borroméen.

 

[21] Parole :

Le très grand, philosophe persan Farabi, « arabo-graphe » comme beaucoup l’ont été, a beaucoup lu les philosophes grecs : Après avoir lu la « Politéia » de Platon, il a écrit « El medinat el fadila », « la cité idéale », ouvrage de qualité.

Il a traduit le « zoon logotikon » d’Aristote par « hayawan nâtiqy » ou « mantiqy ». « hayawan » est la façon normale de traduire « animal », mais « nataqa » signifie « bien articuler en parlant ».

De là pourrait dériver une conception des exposés « rationnels ».

Le « Logos » grec, « l’élocution » a une multitude de traductions possibles suivant le contexte.

Dans l’Évangile de Saint Jean, c’est le mot « Kalam » qui est retenu pour traduire « logos » : « Fi l bidaya kana l Kalam ».

 

[22] Médecine pour « individu » et idéologie pour la « masse » :

C’est le moment de souligner la différence entre une « pratique » « médicale duelle » et une « idéologie » susceptible d’utiliser à ses propres fins la manipulation d’une « médecine de masse » :

 Cf. : in : Préface de Benoît Massin, au livre de Paul Weindiling, « L’Hygiène de la race », Editions de la découverte, Paris 1998. (1989 pour l’édition anglaise, Cambridge). [ traitant des années 1860 à 1945 - mais aussi de racines plus lointaines encore, puisque y sont relevés racisme et xénophobie chez Voltaire etc.]

Ce livre annoncé en 2 tomes (2 ème tome jamais paru) traite non seulement du nazisme, mais plus largement de ce qui peut être appelé « médico-cratie », incluant donc autorisations - voire impositions - concernant jusqu’à la vie et la mort, décrétées par l’administration et/ou la légalisation.

En ce sens, le thème est plus radical que celui de la seule « peine de mort » décrétée par une décision de justice, en principe aboutissement d’un débat contradictoire :

« La tentation de Faust.

  il faut être conscient que le contexte de la recherche médicale n'est pas du tout le même que celui de la médecine praticienne. Le médecin praticien cherche à soigner, du mieux qu'il le peut le patient qui se trouve en face de lui.

Le médecin chercheur, au contraire, est plus scientifique que soignant.

Il ne se focalise pas sur la guérison de tel patient particulier mais sur le résultat global de la recherche.

Pour user d'un langage kantien, le médecin chercheur tend donc à voir les patients davantage comme des moyens, des « matériaux» expérimentaux, pour sa recherche que comme une fin, un être humain unique.

Seule l'éthique (ou la loi) l'empêche de pousser plus loin certaines expériences qui accéléreraient les résultats, feraient avancer la science, lui apporteraient gloire, pouvoir institutionnel et crédits de recherche supplémentaires. A la limite, l'éthique (ou la loi) constitue donc un obstacle dans la logique de la recherche scientifique.

Au procès des médecins de Nuremberg, le docteur Ivy, l'expert américain, justifiait les expériences sur les condamnés à mort et estimait que certains points du serment d'Hippocrate «concernent le médecin thérapeute et non le médecin expérimentateur » etc. … »

On comprendra très vite comment la psychiatrie se trouve de facto toujours au cœur des sujets abordés.

 

[23] « Entre les atomes, le vide ! » soit : « le vide entre les indivi(s)-[dus] »

Qu’a réellement dit Démocrite, lui dont nous n'avons aucun écrit : Personne n'en sait rien!

Mais le mot « a-tomos » reste intéressant pour sa signification « d’indivis » qui lui confère immédiatement de nombreux statuts : Il renvoie immédiatement à une situation d’extériorité, d’espace et de temps etc.

Le vide serait le produit de ce qui unirait la négation a » en grec et "in" en latin) au mot divisé (« tomos" en grec) en créant au moins deux exemplaires de cette entité. Rien d’autre! (« mi-den")

La « physique » est bien mystérieuse (Est-ce ce qui pousse ou ce qui est tiré ?)

S’il y avait réellement du vide entre les choses, ces choses ne communiquerait jamais puisque ce vide ne pourrait ni être enclos ni avoir de limites. L’adage «  la nature a horreur du vide"est à la fois vrai et faux.

On voit mal comment l’inter-disciplinarité en sciences pourrait ne pas ressembler aux commentaires d'une assemblée de « spécialistes » dont chacun a fait les frais de l’écoute assortie parfois d’une taxe audio-visuelle (« double peine! ») La pluri-disciplinarité en est la figure inverse !

Il existe bien une entropie du savoir et de la civilisation, et elle est répond au même principe que toute entropie en physique, de même qu'il n'y a d’autre nature du langage que physique.

La diversité, qui est consubstantielle de la vie, relève d’un déterminisme inverse, d’explication méconnue - on invoque toujours le hasard - bien qu’on l'ait quelquefois associé au concept thermodynamique de l'enthalpie.

 

[24] Hippocrate (médecin) n’est pas Aristote (métaphysicien et théoricien … de tout - particulièrement mauvais en physique) :

J’invite le lecteur qui ne serait pas familiarisé avec la lecture des auteurs de l’Antiquité grecque à s’assurer de quelques jalons dans l’histoire de la physique et de la médecine :

·         Les Abdéritains (de la ville d’Abdère) ont été des adeptes de l’atomisme (Héraclite , Démocrite) Ils sont parfois considérés comme « matérialistes » (Démocrite, Epicure, Lucrèce), (thèse de Karl Marx sur Epicure) ce qui n’a de sens qu’en fonction de ce que l’on entend par le mot matérialisme.

Ils sont considérés comme pré-socratiques, ce qui ne corresponds pas aux dates, mais à la nouveauté introduite pas Socrate, la maïeutique (= l’art d’accoucher) qui consistait à faire accoucher l’esprit de ce qu’il voulait dire : Les psychanalystes ont recueilli une part de son héritage. On rappelle que Sô = santé et que sa mère était sage-femme.

·         Platon est un idéaliste (âme) (a étudié en Egypte) utopique (ce qui est utopique peut aussi voir le jour) précurseur de tous les socialismes : Dans sa cité (La Politéia) il imagine une vie en commun de tous les citoyens : repas pris en commun, femmes partagées, enfants allaités quelques mois qui ne doivent pas ensuite connaître leurs parents.

·         Hippocrate (de Cos) a été un immense médecin (organiciste) qui a reconnu les principales fonctions fondamentales du cerveau. Ses travaux sont cependant entachés par la place qu’il donne aux « théories de 4 éléments » et des correspondances qu’il y trouve (les correspondances existent aussi avec les saisons, les âges de la vie, et autres) : La santé est pour lui un équilibre entre les couples oppositionnels des productions des fonctions, théorie qui a prévalu jusque chez les médecins dont se moque Molière (saignée en cas de fièvre… pour cause de chaud !)

 

La théorie des quatre éléments a guidé la médecine d’Hippocrate au XIX éme siècle : La santé venait d’un équilibre entre « les contraire"

Si ces qualité ont toujours une signification en physique, en revanche le tableau de la classification périodique (<Mendéléief 1869) des élément a mis fin à l’ancienne classification.

 

ORGANE

SECRETION

QUALITE

ELEMENT

 

 

Encéphale

Lymphe

Froid et humide

Eau

 

Cœur

Sang

Chaud et humide

Air

 

Foie

Bile jaune

Chaud et sec

Feu

 

Rate

Bile noire :Mélan cholè

_-> Mélancolie

Froid et sec

Terre

La rate n’a jamais rien secrété et la mélancolie est passée en psychiatrie (Spleen car Σπλην = rate)

 

[25] Spatialisation du dialogue :

On pourra même préciser ici que cette question de la « décussation », en tant que liée chez l’homme à la question « grégarité / individualité » interfère mathématiquement avec la position physique des deux protagonistes, « analyste » et « analysant", dans la mise en scène d’un  protocole obligé.

Il bannit désormais généralement tant le « vis à vis » que le « côte à côte ».

Chacun des deux protocoles peut faire l’objet de remarques particulières.

Freud a écrit qu’il demandait à ses patients de s’allonger afin que son regard à lui ne soit pas dérangé « par la vue des boutons du gilet » de son patient.

En réalité, on peut y ajouter aussi que la même chose est vraie quand on se place du côté du patient.

En définitive la position allongée est encore ce qu’on a trouvé de mieux pour pallier aux dérangements parasites des 4 occurrences qui découleraient des 2 couples : « analyste / analysant » et « vis à vis / côte à côte », afin de permettre à la relation de se cristalliser autour des énoncés.

Il reste encore naturellement bien d’autres obstacles, mais qui semblent actuellement incontournables comme la voix, etc. dont il faut tâcher de tirer le meilleur parti, la psychanalyse n’étant une science ni parfaite ni abstraite.

 

[26] Cf. André Pichot : « La société pure de Darwin à Hitler », Champ essais, imprimé en France, dépôt légal ; novembre 2009. On comprend à la lecture directe des ouvrages de Darwin combien ce qu’il exprime a été déformé.

 

[27] Trois « sens » pour chaque mot :

Etre d’un côté de la langue n’exclut pas et même impose ici, d’être de 2, ou même de 3 côtés : Chaque son ou signe (signifiant même en bribes) y recevra la plénitude signifiée qu’y mettra le patient, celle qu’y met l’analyste lui-même (pour s’en défier), et celle d’un corpus partagé (provisoirement ici) afin de permettre dès l’abord les échanges minimaux.

Autrement dit, comme le dit si bien Lacan, le principal obstacle de l’analyse est l’analyste.

Certes, en ses préjugés, mais il y a aussi l’aménagement de la mise en scène, dans lequel intervient, en nos temps, l’argent, (« seul symbole asymbolique », concluait sibyllinement un professeur de psychiatrie dont je préfère ne pas citer le nom pour cette acrobatie démissionnaire inacceptable)

Il est curieux qu’une certaine tradition ait rapporté depuis longtemps la sentence, prémonitoire ici : « Le silence est d’or, la parole est d’argent ! ».

Mais toute valeur est contextuelle.