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Malheureux ballon !

 

« L’accusation de l’objet,  de l’âne de La Fontaine au malheureux ballon »

 

    L’obsédante  conjuration  du  mal  fondateur.

 

 

 

Des jeux très anciens ….

 

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… Aux conjurations du mal mondialisées :

 

 

Symboliques du mauvais objet

 

 

et moins il y a de pères, plus il y a de foot-ball ! 

 

 

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Préambule et précisions : La question du père chez les anciens égyptiens ne s’est posée comme la nôtre que relativement tardivement (vers 2.400 avant J.C.) avec la légende d’Osiris à Abydos)

Il en résulte justement que beaucoup de choses ne sont pas superposables et en particulier on aurait du mal à y retrouver les concepts freudiens de l’Œdipe.

Le texte introductif ici s’inscrit en contre-point stylistique.

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Essai d’interprétation psychanalytique des jeux de foot ball

 

Outre le décryptage sociologique, il est tentant de poursuivre l'étude des rôles en amorçant une interprétation psychanalytique, suivant ainsi la voie tracée par Freud (1856-1939) dans Totem et tabou (1912) à la suite des travaux de Robertson Smith (1846-1894)  (La religion des Sémites (1889) Charles Darwin (1809-1882) et quelques autres.

 

On pourra me reprocher de ne projeter ici que ma propre spéculation, ce que j'admets qu'elle est,  mais on ne pourra pas me reprocher du moins d'y défendre le faible, ou plus exactement de faire reparaître la victime.

D'où viennent tous les mots familiers qui dans nos langues y désignent le fou ? L'étymologie est ici en français d’un certain secours. Le fou[1], * (anciennement le fol)  vient du latin follem = le ballon.

En espagnol, loco serait d'origine inconnue, mais je penche pour le latin lucus = le bois sacré, en raison du sens et de la fonction qui lui est attribuée (mot de la famille de lux, la lumière, mais qui a donné aussi Lucifer, démon né du feu) Beaucoup de toponymes « Le Luc » en France proviennent de « lucus »

En italien, c'est matto, en anglais crazy = en pièces (de craze)

 

 

Que représentent alors ces mots variés que le dictionnaire ne sait comment expliquer en s'interrogeant sur ce qu'ils représentent comme objet en soi ?

Ne faudrait-il pas alors peut-être se demander ce qu’ils ont en commun, et si ce n’est pas ce qu'ils représentent en soi, ne serait-ce pas au contraire ce qu'ils représentent pour le peuple ?

 

Et n’est-ce pas à l’évidence dans un ballon plein d’air - la chose la plus insignifiante qui soit - que l'on ait cru trouver là comme un signifié vide, des plus anodins et alors le plus propre à représenter le signifiant de tous les accords ?

En somme, un signifié du nœud olympique, qui représente pour la foule, le drapeau unificateur et sans nom de la masse.

Mais un tel assemblage est-il possible ?

On connaît bien la fonction unificatrice de la désignation du mal, du meurtre du mal, et c’est bien aussi la fonction du bouc-émissaire que d’être sacrifié.

Mais précisément l'objet de cette fonction unificatrice doit porter un nom, transmis à ce que l’unifiant unifie, c’est à dire aux sacrifiants.

Et le repérage est bien en effet la fonction première du nom.

 

(La langue française est tellement pleine de ces « homophonies de conjonctions sémantiques », occasionneuses de fautes d'orthographes ou de quiproquos oraux, qu’il en devient même difficile de les éviter; mais parfois elles sont opportunes : c'est le cas de « père-repère-repaire ») 

 

(Exemple : Le bouc -émissaire est explicité typiquement dans la scène du sacrifice d’Abraham

Fin Page 1d’un bélier, en place de son fils Isaac, le bélier étant l’animal totem de Thèbes, représentant le dieu Amon des anciens Egyptiens, lui-même, comme le taureau Apis à Memphis, un dieu père masculin - Il se pourrait que de là vienne le mot « Amen »)

 

Une curieuse conjonction de sens et de mots pourrait, par les ressources de la langue française et parmi elles, l'évolution des mots par un rapprochement des symboles, rassembler tous ces sens (le bois, le ballon, le sacré, etc.) dans le célèbre Puy du Fou (dont le nom vient certainement de Podium =  la Colline et probablement de fagus ou fagi, un ou des hêtre(s) possiblement en un lieu boisé déjà sanctuarisé et ainsi de longue date promu à devenir le lieu de mémoire qu'il est aujourd’hui devenu, grâce à Philippe de Villiers.

 

Ainsi le fol ne serait pas le ballon parce qu’il est plein d'air, comme le serait le crâne vide d'un fol, mais parce qu'on s'en amuse, qu'on se le renvoie, avec les mains et avec les pieds.

 

On peut d’ailleurs continuer à faire des rapprochements auxquels s’adonnent volontiers les langues populaires : En latin classique, la tête se dit « caput, capitis » d’où « cap, capitale, capitaine, etc. » Mais « témoin » se dit « testis », d’où les mots « tête » et « testicule » avec le diminutif –culus) et en bas latin « testis » (masculin)  a donné « testa » (mot féminin) dans le sens de « la tête qui peut témoigner » (ce qui explique pourquoi on dit « une tête » mais « un témoin »

Enfin « testa » a signifié « la cruche » Et une cruche peut être pleine d’eau ou pleine d’air (pleine ou vide)

Ce mot « testis/testa » d’un sémantisme riche, à l’occasion comique, et devenu si important, peut aussi être mis en relation avec « follis, le ballon ».

 

Et « Tant va la cruche à l’eau qu’à la fin elle se casse ! » Mais attendons un peu.

 

 

Du ballon et du jeu :

 

Comment du ballon a-t-on fait un jeu ?

La question implique pratiquement : « Pourquoi  et quand a-t-on fabriqué le premier ballon ? »

Ce ne fut certainement ni un animal ni même l’homme du Paléolithique qui en ont fabriqué le premier : On ne joue pas avec un ballon en pierre !

Et fabriquer un ballon plein d’air relève déjà d’un savoir-faire très élaboré.

Si la forme est plus ou moins naturelle[2] , l’objet, lui, ne l’est pas.

 

Symbolisation.

De plus : il est une « invite » à « l’autre » : On ne fabrique pas un ballon pour jouer tout seul. Le ballon fait d’emblée partie d’une triade : L’un + l’autre (ou les autres) + le ballon.

Non seulement il est un « trait d’union » mais le jeu lui impose d’appartenir à une double triade boroméenne - dont seule la première est généralement aperçue.

(de la nature à la culture - clic et  mignon mais c’est faux )

 

Le christianisme, à la suite du pharaonisme est la mise en forme symbolique  d’une physique du monde.

Il y a deux triades familiales dans le christianisme :

La première sous la forme de [ Saint esprit (manifesté par sa parole) , mère et enfant ] (au sens de in-fans = qui ne parle pas) ; et la seconde : [ Père, fils et Saint esprit ] (fils au sens de « filiation certifée »)  clic.)

Le passage d’un monde à l’autre conserve l’identité du Saint esprit et consacre le passage de l’état d'enfant à son état de fils.

 

Fin Page 2

Il est difficile, dans l’enjeu de toute structuration objectale sur ce modèle (topologique – et  mathématique du chiffre 3)  si profond (atavique) de ne pas faire un rapprochement avec la structuration objectale animale, connue et commune, qui ,dans des circonstances précises (en partie reçues génétiquement et en partie apprises) transforme un objet en proie (orale) chez les animaux prédateurs, que leurs petits apprennent en mimant l'attaque en jouant (et, de même, l’ébauche de jeu du chat avec la souris

Et ce jeu fondamental est aussi celui de l’apprentissage qui est chez le bébé celui de la symbolisation de la présence/absence qu’il apprend par le mouvement (décrit par Freud dans le « fort-da » du jeu avec la bobine de fil qu’il fait disparaître et reparaître Wikipedia)

(« Vous ne me verrez plus,  puis vous me reverrez »)

et enfin la réapparition du « danger maîtrisé » sous la forme des dangereux animaux devenus de gentils protecteurs totémisés,

et ainsi de suite jusqu’à l’animal d'appartement inoffensif choyé,

idéal repère vivant et même quelquefois réellement protecteur, etc.

 Il est notable que ces sortes de totem sont  toutefois sensibles à la symbolisation (tel l’avertissement par des aboiements, etc.)

 

 

1) 

Le remarquable ici est toujours la nécessité d’un agent de la symbolisation (un parent ou un autre) et l’apparition du jeu avec la bobine de fil est contemporaine de l'apparition de l'apprentissage du langage parlé – (référence à l'Autre s'il en est) -  et il y a aussi d’autres formes de langage qui ont la même fonction.

Les jeux de ballon se jouent à trois, non pas trois 1,2,3,  mais 1 contre 1 plus un tiers (même si le jeu est celui d’un soi-même contre soi-même)  Il n’y a pas d’existentiel sans ce 3 ème.

 

Il y a plusieurs niveaux de complexité :

 

Des jeux de balle du premier stade de complexité

1) des jeux d’adresse plus pure, dans lesquels la balle doit simplement passer dans un filet ou un défilé (volley, bowling)

 

Le perdant, est celui qui ne peut retenir le ballon chose.dans la forme la plus simple des  jeux de ballon entre les uns et les autres : le jeu de paume ou le tennis tendaient à « se renvoyer la balle » pour ne pas l'avoir, à la différence

 

 (avant le second stade de complexification)

, comme

Mais le foot-ball, jeu plus récent que les jeux de ballon antiques, et la plus violente de ses variantes, a évolué jusqu’à une étape symbolique supplémentaire, puisqu’il consiste à imposer la présence du ballon au camp de l'adversaire comme s’il s’agissait d’une dépouille.

 

Cette notopn de dépuoille (vide ou non) ajoute à la trinité existentielle la dimension d’un  4 eme agent (ce pourra être un père)

 

2) 

 

 

L'internationalisation actuelle et insistante de ce jeu (dans le même sens mais à une échelle bien plus grande que les jeux olympiques inter-cités de Grecs) qui est devenu un rite, et la violence plus ou moins contenue qui l'entoure valent bien qu'on s'en préoccupe un peu.

 

L'étrange phénomène (apparaît comme un signe)  a et aura aussi des conséquences au moins économiques considérables.

Et le phénomène, qui tient une place souvent petite, voire rituelle, dans les préoccupations individuelles, a pris au contraire une importance considérable dans des pans entiers de la gestion des populations.

Pourquoi tant d’échos ?

 

C’est que  le ballon pourrait bien avoir une fonction sociale importante, de repérage, ou d’équilibration, évolutive au gré des victoires.

Alors quelle valeurs portent elle ?

 

Le  but au foot-ball est d’imposer la présence du ballon au camp de l’autre

Alors que représente cet objet si léger ?

Ce ne peut pas être un objet de valeur vénale

 

Ma suggestion est que ce pourrait etre au contraire  une accusation mais de quoi ?

D’une forfaiture mais laquelle ?

La plus grave , celle du meurtre du père primitif.

en tant que représentation de la dépouille du père primitif  dans le camp de l'adversaire le plus faible, afin d’apporter ainsi – dans le fantasme - la preuve de la culpabiluté dans le  meurtre du père primitif pour se débarrasser de sa propre culpabilité.

 

Ma suggestion d'interprétation est peut être erronée, mais elle est un essai d'explication, et il y en a peut-être d’autres, mais personne n’en livre – alors que  l’ampleur croissante du phénomène portant le mériterait.

 

Fin page 3

J’ai, dans mon blog, analysé le mythe d’Adam et Eve de la Genèse dans la Torah, en remettant dieu à la place du père, Adam à la place du fils et Eve à la place de la mère, et aperçu la mort d’Adam qui en résulte, comme conforme à une sorte de surdétermination, de fusion, entre

D’une part la punition du meurtre et de l’inceste

Et d’autre part l’accès à son tour à la fonction paternelle, soit dans le rôle symbolique du père mort.

Si mon interprétation est juste, on comprendrait alors

 

Il serait normal aussi que mon interprétation soit d'autant plus difficile à adopter que l’on en partagerait soi-même le même refoulement.

Certains sont avides du spectacle et l’imposent littéralement à d’autres qui en éprouvent de l’aversion.

A cela se joint une violence dans l’imposition si insistante du  spectacle à ceux qui  en ont  développé une profonde aversion, de même qu’on ne saurait imposer à un autre une nourriture qu’il s'est interdite en quelque intime humilité qui mérite le respect.

 

 

3) 

 

 

 

Mais mon sujet ici reste bien celui de la dénonciation des victimes expiatoires comme telles,

malédiction du fou, et sa fétichisation, - réification et adoration  d’un voile masquant un manque et

c'est sur cela que j’ai voulu ouvrir la note.

 

.

 

J’aurais certainement présenté un texte psychologiquement beaucoup plus acceptable s’il avait rendu compte d’une bataille classique entre deux camps, deux chefs, deux mises à mort possibles, etc.

mais précisément ce n’est pas le cas, car il n’y a qu’un seul ballon pour deux camps,

et c’est ce qui en signe la représentation d’un chef, chef de horde originellement unique.

Ceci est la définition du père primitif, eut-il été seulement fantasmé et mythique.

 

 

Ainsi le bouc émissaire ne serait autre que l’ombre d’un père primitif, expulsé, moribond, mais encore sacré par la nécessité de sa présence en tant que repère unificateur pour ceux chez qui la culpabilité a fait suite à la crainte.

 

Dans ce culte religieux, le ballon représente le sacrifié, mais tous les éléments habituels sont présents, mythologie, rites, dogmes, etc.

Le temple est le terrain de foot, les prêtres sont les joueurs, le public est le public, etc.

On connaît à peu près le « credo » qui est la foi en un idéal  qui tient de l’universalisme et de la parité (de par, paris = semblable) qu’on confond toujours bien à tort avec des égalités qui n'ont rien à voir)

Mais la religion n’a pas encore de « nom » :

Ce qui est refoulé est évidemment le père (= pater, patris en latin)

Il reste à énoncer le passage de l’ancien au moderne et le passage du père au pair, qui sont bien proches (alors, la parité, une affaire d'hommes? Quel sens donner au mot homme ?)

On (quel sens, qui est on ?) pourrait être piégé par quelques redondances auxquelles et je ne me risque pas maintenant ici.

 

4) 

 

Du jeu contemporain mondialisé sortiraient alors à la fois

-          des fantasmes de désignation de coupables (devenant boucs émissaires)

-          et les prophéties désirées de bien des renversements de dominations réelles ou elles aussi fantasmées -  dont les velléités ne sont d'ailleurs pas difficile à apercevoir.

 

5) 

 

Les comportements de certains animaux domestiques, du chat qui dépose la souris qu’il a prise sur une marche de l’escalier peut-être en déférence à la responsabilité du maître, ou du chien qui rapporte au chasseur la proie que l’un ou l’autre a tuée, emploient le même type de langage montrant l’allégeance ou la soumission.

Mais les règles et « les buts » du jeu sus-dit sont bien plus compliqués que les comportements animaux.

 

 

Aucune justice ni rationalité ne sont présentes dans le fantasme inconscient du meurtre du père, qui traduirait un comportement instinctuel (héritage  animal)

 

Mais son inscription dans l’inconscient humain consisterait dans l’inscrption de l'enchaînement

 <  la perte de l’ amour du père  par sa disparition, donc perte de sa protection, apparition des regrets, puis des remords, puis la pénitence et une conscience de culpabilité >

(que seule la force du destin impose « comme nécessité (Anankè) d’une tâche imposée par l’Eros » ajoute Freud), en fin de Totem et Tabou (1912)

 

La catharsis aristotélicienne (sérénité retrouvée grâce à la purification par l’expulsion du mal) n’a rien à voir avec une interprétation psychanalytique, et elle ne recherche ni n’atteint ni n’élimine une cause..

 

Une interprétation psychanalytique de la tragédie du destin du ballon ressemblerait à l'affirmation que l‘on voit surgir un tigre là où n’est qu’une victime sacrificielle martyrisée.

 

On ne peut s'empêcher de penser quand les victimes sont humaines –  est-ce  un autre sujet ? – aux bouc-émissarisations  par les nazis

Mais parmi Les fables de La Fontaine, toutes remarquables, celle des « Animaux malades de la peste » s'applique ici parfaitement ici.

 

(Le sacrifice de l'âne totémisé serait fondateur non pas de « l’ânimisme » mais de « l’asinisme » des animaux ! Hé !)

 

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Alors que je terminai cette nouvelle note de bas de page, je lis dans le Figaro du web daté du 6 mai 2023 - 10:09 h  l’actualité que voici :

 

Un taureau fonce sur les joueurs en plein échauffement d'un match de rugby à XIII  (clic)

 

Le figaro note : L'animal a échappé à la vigilance de son propriétaire avant de semer la pagaille sur le terrain dans le camp des Dragons Catalans.

 

Mais peut-être qu’il veut participer !

De cela résulterait une notion de dangerosité toute différente ...  ! Cela vaut la peine de s’y attarder.

Il est bien possible qu'il ait voulu jouer au foot ball sans bien en connaître les règles ni les problèmes que posait son « identification comme taureau civilisé »

Pauvre taureau, qui veut peut-être prouver bravement sa domestication en jouant au ballon, mais qui sera peut-être tué et mangé (à regrets) - s’il n’est pas reconnu comme le dieu Apis des anciens Egyptiens !

 

 

Puis Figaro (dans la foulée!) : Rugby à 7 : Un renard s'invite sur le terrain... pendant un match des Bleus :

Les animaux  sentent bien qu’ils sont concernés par ce jeu !

Ca me fait penser à Pyrrhus (un très brave chien–loup) qui essayait toujours affectueusement de me crever un pneu avant, avec ses crocs, pour m’empêcher de quitter l’hôpital de Bourges et me prenait en chasse jusqu'à son épuisement (en ignorant les feux rouges : sa supériorité sauvage si l’on peut dire) Et il lui arrivait ensuite de mettre plusieurs jours à récupérer.

 

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en attente (pb de bugs)

EN CONCLUSION DE CETTE NOTE :

 

1. Nature et culture : On a pris l'habitude depuis quelques siècles d'apposer une dite nature (pp. futur de nascor = naitre)  à une dite culture (de colere = se mouvoir ou ici habiter => culte, cultiver, colonie, couture, coutume; culture) Certains même les opposent.

 

Tous ces mots en « -ur » (fut-ur) et « -ure » de sens plus ou moins intentionnel ou instrumental, mais aussi passé chargé d'affects (blessure, flétrissure) sont des anciens participes futurs latins en « -urus, -ura, -urum » substantivés, qui conservent souvent une certaine valeur psychique et/ou de non réalisé.

Fut-ur est le pp. futur du verbe être fabriqué sur un radical du passé (fut-) Les temporalités se mêlent alors allègrement.

La langue française regorge de mots en « -ur » et en « -ment(al) »

Tout cela peut laisser songeur.

 

Mais plus que de savoir si le psychique est ou non non matérialisé, il importerait d’abord de se pencher sur les traits caractéristiques que nous retenons pour définir l’opposition entre matière et psychisme ; car sinon le point de départ étant incertain, l'arrivée l'est tout autant et il en serait de même si l’on se demandait si la matière n’est pas psychisée.

Il est intéressant de citer ici le message récurrent du physicien philosophe et enseignant Etienne Klein qui repousse la traditionnelle spéculation sur la matière et le vide : « Le vide qui n’est pas vide »

On tourne en rond.

De ce point de vue, pour avancer, il pourrait être fertile de reprendre des études cliniques du XIX siècles aujourd’hui délaissées, mais sans que n'en fusse donné d’explication intime des commandes mécaniques. On se contente de mystère dans les transmissions psychiques.(intra-individuelles) Cf. Jan Goldstein : « Consoler et classifier »)

L’hystérie par exemple est caractérisée par des invalidités physiques mimant des syndromes connus résultant de lésions précises connues, mais sans qu'aucune lésion ne soit retrouvée.( Il est regrettable d’avoir délaissé les desseins de Freud de découvrir des voies psychiques. Ses schémas neurologiques sont inconséquents : Il a ignoré le neurone, mis en évidence par les colorations de Golgi et Cajal qui reçurent de ce fait le prix Nobel de médecine en 1906. Les travaux récents considèrent aujourd’hui les neurones surtout comme des voies de transmission, les traitements et élaborations d’informations et d'influx étant plutôt le fait des cellules astrocytaires in situ dans la névroglie (en nombre cinq fois plus important que celui des neurones chez l’homme)

 

Dès lors qu’on entre dans un système de langage, qu'il soit verbal ou non, Il semblerait alors impossible d’échapper à l'appréhension spatio-temporelle qu’évoquent ces deux registres (dont Blaise Pascal (1623-1662) avait songé à inverser la causalité logique de l’apparition des éléments clic )

 

2. L’individu  et le groupe : En ce monde, on reconnaît à l’’homme d’avoir deux visages, celui d'une espèce animale appartenant à un ensemble universel, et celui d’être un être particulier défini comme individu.

La psychanalyse freudienne distingue dans la formation de l’instance psychique de l’individu plusieurs stades (oral, anal, génital) structurés dans une relation d’objet, objet séparé de soi à incorporer ou à rejeter. Tous ces stades sont susceptibles chez l’individu de se structurer sous forme d’une névrose (autistique, schizophrénique, obsessionnelle, paranoïaque) Il en est de même au niveau collectif de l’espèce humaine (subsumée en français dans le mot Homme) et il en résulte la même possibilité de névroses structurées de façon collective. C’est ainsi que Freud analyse la religion comme une névrose obsessionnelle collective (stade anal) centrée autour de la culpabilité résultant du meurtre du père et caractérisée par les répétitions extensives de remords et vaines purifications.

Le point commun essentiel que partagent la vie du névrosé et le psychisme infantile est l’absence de distinction entre les pensées de la vie psychique individuelle (dont les fantasmes conscients et inconscients) et les actes. Je préconise au lecteur le choix d’un accès direct aux textes freudiens (téléchargeables en pdf)

 

Selon les mêmes repères, l’ampleur envahissante et les violences des jeux de ballon (mais aussi de passages à l’acte sous forme de faits dits divers, et en effet divers bien que de semblable violence) peuvent apparaître (tout comme la religion) comme une fixation ou une régression collective au stade anal, caractérisée par la répétition rituelle obsessionnelle, ici autour de l'objet expulsable, stade antérieur à la génitalité oedipienne, qui permettrait au contraire de structurer et faire progresser une collectivité humaine par la sublimation (Freud parle des « progrès de l’esprit ») , toutes étapes dont il a tracé le cheminement, à partir de la réalité ou du fantasme de la horde primitive, commettant le meurtre du père puis pratiquant la religion totémique, et organisant dès lors les première structures familiales. (interdiction du meurtre et exogamie ; ou plus largement réglementations du meurtre et de l'accouplement)

Et c’est par le mécanisme de la sublimation que pourrait naître ce qu’on appelle fièrement la civilisation.

De nombreux autres signes tendraient aussi à montrer que l'on assiste actuellement dans nos régions à une sorte de « sortie de stade » (au propre du jeu et au figuré de l’évolution psychique) provoquant une submersion propre à engloutir les progrès de ce qui était notre objet de fierté.

Les rites obsédants d’une religion imposée, même universelle et même archaïque n’ont rien d’une laïcité publique.

Il pourrait alors être précautionneux de remédier aux causes des engrenages de cette régression délétère.

 

Théoriquement, on peut réfuter les interprétations de Freud, mais on est bien obligé de constater les constations.

Freud (1856-1939) s’est appuyé dans « Totem et Tabou » (1912) sur les observations du naturaliste Charles Darwin (1809-1882), puis  s’est tourné vers l’avenir en écrivant « L'avenir d'une illusion » (1927) et « Malaise dans la civilisation »  (1929)  Enfin il opéra un dernier retour de 4000 ans l'amenant à publier, réfugié à Londres en 1939 « Moise et le monotheisme »

 

3. Recherches : Enfin, il reste à mentionner certains travaux de « recherches fondamentales » qui pourraient être menés visant à approfondir plusieurs points esquissés dans ce paragraphe en sociologie du vivant et en remontant les temps, dans plusieurs directions comprenant ce qu’on appelle biologique, palpable : La sociologie n’est la philosophie.

 

1)         Celle de la sociabilité individuelle, et je pense à un sujet très précis, anatomique, concernant quasiment tous les animaux qui présentent une symétrie horizontale, mystérieux, très peu exploré et qui reste incompris : Pour situer le thème, c’est celui dont le  croisement en X appelé « chiasma optique » - enseigné à l’école - des voies optiques, n’est qu’un cas particulier. Les voient optiques d’ailleurs, chez l’homme du moins, ne sont pas croisées en totalité (1 million de fibres) Ces voies vont des rétines aux aires occipitales du cerveau.

De même, toutes les voies neurologiques périphériques (celles de la vie de relation) sont croisées, comme le savait déjà Hippocrate.

Pourquoi sont-elles croisées ? A mon avis le croisement est à considérer au même titre que l’image spéculaire chez l’homme (clic) ; Ce sujet délaissé reste à approfondir.

 

2)         Celle de la sociabilité en groupe (chez les premiers animaux au moins) en recherchant les premières structures annonciatrices des structures familiales.

 

3)         Celle de l 'agressivité humaine, bien reconnue depuis l’Antiquité et bien plus extrême que celle de tout autre animal – notamment que les animaux qui sont « restés sauvages - non domestiqués  » à la condition que chacun reste dans son rôle, car la nature n’aime pas les excentriques.

Notre appellation de sauvage est donc ici paradoxale si on en oublie l’origine qui signifie seulement du bois, du bosquet de la forêt. Le mot sauvage apris bien à tort un sens péjoratif qu'il ne mérite pas.     

L’agressivité humaine devenue bien peu compatible avec nos promiscuités de plus en plus densifiées.

Cette agressivité résulterait de deux niveaux :

o          La possibilité de transmission d’une mémoire historique et fantasmatique violente  telle qu’évoquée plus haut, à un point que n'ont pas les autres animaux.

o          La construction d’un moi méta-psychologique qui résulte alors d’une lutte d’un soi-même contre soi-même, combat d’un conscient soucieux de dominer son inconscient, tout en, étant presque désarmé contre lui puisque qu’il l’ignore.

 

Par chance peut-être, la labilité de notre psychisme, plus grande que celle de n’importe quel autre organe physiologique, fait qu’il est aussi le plus perfectible.

___________

 

Au delà de la psychiatrie et de la psychanalyse :

 

Tout est lié en ce monde, et a fortiori entre des domaines artificiellement délimités, mais tous susceptibles de nous concerner tous de façon plus ou moins pressante, comme ce fut le cas de la médecine et de la justice à toutes les époques de l'humanité, dès sa  préhistoire.

Ces sujets sont affines avec l'apparition de l'homme et de la civilisation, autant qu'en continuité avec l’histoire  du monde.

 

Or il est remarquable que depuis les premières décennies du XX eme siècle le monde occidental s’estime lui-même en crise, et c'est un mot qui revient avec une particulière fréquence depuis les années 1970, début d’une explosion sans précédent des démographies des régions du monde restées jusque là les plus stables –  sources de profits pour les uns et d’exclusions pour les lanceurs d'alerte (A. Peyrefitte : « Le mal français » (1976) et « Quand la Chine s’éveillera…» (1991) ; B. Lugan : « l’Afrique, l’histoire à l’endroit » (1989) , etc.)

 

Le grand et subtil érudit de la métaphysique et des civilisations qu’est le père A. J. Festugière (1898-1982) a publié en 1977 un livre intitulé « La vie spirituelle en Grèce à l’époque hellénistique » dans lequel il dégage de cette époque des bouleversements civilisationnels dont l'intensité sembla à ses contemporains d'alors aussi importante que pour nous ceux de la notre, durant une période de 300 ans qui va des conquêtes d’Alexandre le Grand à l’invasion de l’Egypte par Rome pour en voir surgir le christianisme et désormais la datation officielle du premier jour de notre calendrier grégorien.

Je ne sais si le « courant woke » a songé à en relativiser la date.

 

Nature, culture et deux sexes

Mais je voudrais attirer l’attention sur un autre point qui, lui, plonge jusque parmi les plus anciennes de mes réflexions de physique et de biologie, et les rattachent à une dualité fondamentale que l’on a toujours lu dans les représentations de la culture en regard de la nature : Et ces représentations me semblent également liées à l'image parentale composée de deux sexes.

Or ces images parentale et sexuée ne sont pas venues de toute éternité :

Non seulement l’image ne s’applique qu’au monde que nous disons vivant, animal et végétal, mais elle ne s’est sexualisée avec l’asymétrie que nous connaissons que très progressivement :

Les bactéries n'ont pas de sexualité. Elles se reproduisent par scissiparité (en se scindant en 2 portions)

Puis, apparues beaucoup plus tard,  les cellules à noyaux et à chromosomes se sont reproduites sexuellement mais avec cette appellation amusante en français qui nous fait parler de cellules mères et de cellules filles. Et il est vrai que la fonction paternelle y est encore inexistante.

Pourtant parmi ces cellules appelées mères, la moitié sont « chromosomiquement » des pères et de même parmi ces cellules filles, la moitié sont des garçons.

C’est une pure question de langage.

C’est le point de départ de la réflexion à laquelle j’invite le lecteur à méditer :

Comment un père est-il apparu ?

Comment l'apparition d'un père -t-elle finalement abouti à produire une culture dégagée d’une nature – à moins que ce ne soit l’inverse, comme il en va si souvent des formations psychiques ; ou du domaine de l’indécidable …

Le mot est désormais par construction dans un rapport d’antinomie avec le mot mère (qui vient de ma-ter (=> matière) qui est d'abord le bois vivant, la souche qui donne des rejetons)

Et maintenant, depuis 1875 environ, on le stigmatise comme porteur du chromosome sexuel Y -  reconnu bien après d’ailleurs le repérage déjà constaté d’une lignée biologique masculine qui n’a pas de pendant correspondant en lignée féminine, porteur de phallus, etc.

Quelle est la nature de notre démarche de reconnaissance ?

On peut se souvenir enfin que bien plus fondamentalement que celle de la mère, l’attribution de la fonction de père a très souvent été étrangère à la réalité biologique, mais pourtant s‘en est généralement de plus en plus rapprochée – la conjonction de la fonction avec la biologie étant calquée sur celle de la mère -  au fur et à mesure que la famille semblait administrativement se rétrécir, au point de considérer le père presque comme une sorte de « doublon » de la mère - n’était-ce pourtant l’importance encore décisive reconnue de sa fonction sur le développement psychique de l'enfant.

 

De là à dire que « l’histoire est fantasmes que nous inventâmes … »  A tort ou à raison certains franchiront le pas, celui d’une altérité, certainement cependant plus radicalement condamnée aujourd’hui que dans l’Antiquité - comme en raison inverse des progrès de nos surveillances.

Les longs divertissements des contes d’antan ne sont plus. Tandis que l’on ne dénombre plus les nuits, s’est tue Shéhérazade.

 

Au total et finalement, si l'affaire du sexe est une affaire contingente, voire éphémère dans l'histoire naturelle, il nous faut au moins retenir, dans celle de la matière, une segmentation originelle que l’on retrouve dans toutes les cosmogonies (= « engendrement du cosmos » c'est à dire de « l'ordre, opposé au chaos, le désordre ») dont l’application du principe permettrait à son tour et sans fin de nouveau arrangements, et avec eux, la naissance de la vie.

C’est la vision des Atomistes abdéritains (Démocrite Héraclite et Leucippe) Mais ils vont beaucoup plus loin puisqu’ils comparent les atomes aux lettres de l’alphabet du langage, énoncent leurs attributs (il y en a toujours trois), etc. sorte d’un « peu de réalité » de la matière pressentie et de précession du signifiant. Aristote reprendra à sa façon ces propos.

On pourrait alors parler d’un principe de division suivi d’un principe de diversion ou de diversité, fidèle tant à la constatation darwinienne du principe de l’évolution en général, qu'à celui des instincts de l'Eros et du Thanatos, développés par Freud, mais déjà énoncés par Empédocle, et peut-être bien avant,

Le principe de la vie échapperait ainsi à celui de l'entropie de Clausius (dégradation, homogénéisation et chaleur) comme si le naturel ou plutôt « ce qu'on en dit » s’échappait de lui-même à lui-même.

 

Pourquoi enfin, le père Festugière dans le livre cité ne cite-t-il pas le père parmi les être aimés – peut-être à son insu - alors qu’il en parle sans cesse? On trouve pourtant de vives émotions de tendresse manifestées envers le père, dès Homère dans l’antiquité grecque :

Voir la photocopie d'une page du dit livre du père Festugière dans laquelle il énonce les arguments en faveur de l’idée pré-chrétienne de l’immortalité de l’âme : La vie spirituelle en Grèce à l'époque hellénistique : clic  - image que je ne place pas ici en raison de l'instabilité logicielle de mes images en note de bas de page.

 

 



[1] NOTE : * Il y a trois mots « fou » en français qui n'ont rien à voir entre eux :

1)      Le mot fou de follis ,

2)      Le mot fou qui vient de fagus et signifie le hêtre ;

3)      Le mot fou du jeu d’échecs qui nous est arrivé par l’Espagne qui le reçut en langue arabe « elfil » qui signifie « l’éléphant », conservé en espagnol avec article, soit « el elfil ». Le mot était en grec « elephas, -antos », peut-être à rapprocher du latin « ebur » (l’ivoire), peut-être venu par l’égyptien. L’origine reste obscure.

On a conservé du mot follis en français le diminutif follicule qui signifie petite boule. Quant au mot ballon, il a une origine italienne récente, de palla, suivi de l’augmentatif one, sans intérêt particulier ici. Auparavant était « boule », bulla en latin .

Le sobriquet Triboulet (clic) pourrait bien signifier triple fou : « Triboulet fut un fol, de la teste écorné…»

 

 

[2] NOTE : La forme du ballon :

La forme traditionnelle du ballon est une boule.

Assez étrangement, on a donné au ballon de rugby une forme allongée.

De toutes façons, c’est le « but » recherché que ces formes soie très fortement imprégnées d'imaginaire et d'irréel. Le but lui-même l’est dans tous  les sens, ce qui est compris dans sa fonction de jeu.

En réalité, la géométrie euclidienne n’existe pas dans la nature : Il n'y a ni carré ni rond parfait dans la nature et le point n’a aucune existence –pas plus que le « rond point »

Plus encore, le volume à trois dimensions est une représentation mentale qui n’est pas immédiate.

La sphère a longtemps été imaginée comme un objet parfait témoignant directement de la création divine (Képler)

Mais la sphère est un volume à trois dimensions incalculable exactement à partir d’une mesure, si tant est qu’une mesure puisse être exacte.

Même en géométrie euclidienne – qui n’est devenue qu’une branche de la topologie – si l’on sait mesurer une distance entre 2 points (une mode effroyable est devenue de donner les distances routinières en minutes…) on ne sait pas pour autant calculer la périphérie d’un cercle , ni la surface d’un disque, ni le volume d’une boule :

Si l’objet est parfait, ce serait justement parce qu’il n’est pas calculable.

Cependant la roue est probablement la plus productive des inventions de l’homme.

Pourtant , en réalité, le mouvement circulaire existe dans la nature, comme le montre notre physiologie, les prédispositions anatomiques, les formes globulaires des cellules et folliculaires des amas.

En somme cette forme si naturelle qu’elle serait première et archaïque, témoigne partout de son existence impossible.

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