Jean Marie de Person (seconde guerre mondiale, Oflag 2 D, NKVD, Katyn, Camberley, 2eme DB)

 

 

 

Jean Marie de PERSON 

 

 ( Orléans 1905 – Royan 1945 )

 

Chef d’escadrons, combattant des Forces Françaises Libres

.

PLAN DE LA PAGE :

 Préambule : clic

 

1.      Naissance et Famille : clic

 

2.      Scolarité :  clic

 

3.      Guerre : clic

 

4.      Prisonnier : clic

 

5.      Évasion : clic

 

6.      URSS : Katyn : clic

 

7.      Empress of Canada : clic

 

8.      Camp de Camberley : clic

 

9.      Afrique : clic

 

10.   Mariage : clic

 

 

11.  Libération de Paris : clic 

 

12.  Loches : clic

 

13.  Famille retrouvée :clic

 

14.  Poche de Royan : clic 

 

15.  Décès : clic

 

16.  Presse : clic

 

17.  Documents : clic

 

18.  Bibliographie : clic

 

19.  Marie-Jeanne : clic

 

20.  Epilogue : clic

 

Plaque commémorative posée au Pouyaud -17600

inaugurée en présence d'Yves Guéna en 1994

 

 

 

Fin de page : clic

Fin des notes : clic

 

 

 

Quatre pages de mémoire familiale dans ce site. Les photos sont soumises à droits d’auteur. Contact clic.

 

 Pierre Louis de Person (1769-1839)  (1769-1839) ; Vital Marie Jacques de Person (1884-1946) ; Jean Marie de Person (1906-1945) ; Jean Marie Casal (1905-1977

 

 

Préambule    retour haut de page : clic

 

Le 17 juillet 1940, Léonce Vieljeux, maire de La Rochelle, propose à la délibération du Conseil municipal le texte suivant qui sera adopté :

 

"Ce n'est, mes chers collègues, ni le lieu ni l'heure d'épiloguer sur la tragédie qui se déroule d'autant que nous ne sommes libres ni de nos paroles ni de nos actes.
Qu'il me soit permis, cependant, de dire ici qu'un homme comme un peuple ne saurait être moralement grand ni matériellement fort s'il a comme objectif l'exercice de ses droits au lieu de l'accomplissement de ses devoirs.
Or on n'a, depuis trop longtemps, parlé aux Français que des droits de l'homme sans leurs apprendre les multiples devoirs du citoyen... Il faut que les générations qui nous suivent aient un sens plus moral et plus viril de la vie si elles veulent contribuer au relèvement de la Nation.
Laissez-moi aussi rappeler, en ce jour, la devise d'espérance figurant dans les armes de la ville de La Rochelle qui est valable pour tous les croyants français, quelles que soient les confessions ou conceptions spiritualistes dont ils se réclament : « Servabor Rectore Deo »


Destitué de ses fonctions, Léonce Vieljeux sera plus tard arrêté avec onze de ses compagnons du réseau « Alliance ». Ils seront exécutés au camp de Struthof (Bas-Rhin) le 1er septembre 1944. (Cf. détails[1])

 

 

* Remerciements :

Soient remerciés pour leur aide précieuse à la constitution de ce dossier :

Le Service Historique des Armées, Le BAVCC, La Fondation FL, L’Amicale du 12ème Cuirassiers, L’Association des Anciens Combattants de la 2éme DB, La Société d’Entraide des Membres de la Légion d’Honneur, Les Compagnons de l’Ordre de la Libération, La Mairie de Loches, La Mairie de Médis, anciens combattants, famille et amis.

 

*  Les encadrés teintés en rose sont les document des Archives du Service des Armées :

 

 

 

 

 

 

*  Alexis de Tocqueville (1805 – 1859)  écrivait dans les années 1850 qu’il s’estimait très bien placé pour écrire sur la Révolution de 1789. Plus tôt, l’histoire était trop déchirante et trop passionnelle. Plus tard, elle serait oubliée : De fait, son livre « L’Ancien Régime et la Révolution »  est un chef d’œuvre d’explications. Malheureusement sa mort l’empêcha de publier le second volume prévu :

A l’orée du XXI ème siècle, nous sommes, par rapport à la guerre 1939 – 1945, à peu près dans la même situation que lui par rapport à la décennie 1789 – 1799.

Nos aides matérielles sont devenues considérables et beaucoup de censures fléchissent, alors qu’il subsiste encore des émotions et des motivations.

Certains accès sont facilités, et d’autres, au contraire, reculent : Ainsi, par exemples les témoins directs, qui ont pu réfléchir aux actions passées, disparaissent, avec le temps.

Mais le pire serait sûrement l’absence et/ou le désintérêt de recherches, enfouis sous un vain recouvrement de comblement.

    Toute chose a des conséquences immédiates et d’autres lointaines : C’est une connaissance exacte des réalités passées qui permettra d’infléchir au plus favorablement notre destin.

 

 

 

 

 

1.          Naissance et Famille    (retour haut de page : clic)

 

 

Commandant de Person

Voir le TABLEAU 7 ( clic ) du tableau généalogique familial : Famille   de la 1ère de ces 4 pages.

 

Jean Marie de Person, né le 6 juillet 1905 à Orléans, est le fils de Pierre Marie Charles de Person, militaire de carrière, alors lieutenant au 131 ème régiment d’Infanterie.

Pierre enseignera à l’École de Guerre à Paris.

Pierre de Person était un frère aîné de Vital Marie Jacques de Person avec lequel il n’a cessé de rester proche. Pierre meurt en 1939. L’épouse de Pierre, est fille colonel de gendarmerie.

 

Le 21 mai 1913, son oncle Vital Marie Jacques, frère de Pierre de Person écrit de Ghardaïa :

 

« . ... Je pars donc demain soir, ne passant que deux jours et demi, temps minimum pour reposer un peu bêtes et gens, et ne pas avoir l'air de boycotter des camarades fort agréables. Je compte faire la route jusqu'à Touggourt en 6 ou 7 jours et y être donc le 28 ou le 29. ...

J'ai eu ici plusieurs lettres de vous et des marseillais [Pierre réside à Marseille], même une de Jean et tout cela m'a fait le plaisir que vous pensez... »

 

Jean a alors un peu moins de 8 ans !

En 1919, Pierre de Person réside en Pologne, faisant partie de la mission française Weygand chargée de « ressusciter » la Pologne après la guerre, laquelle aurait pu jouer un rôle majeur d’alliée de la France, durant l’entre deux guerres, dans une double intervention « préventive » administrative et/ou militaire, par l’Est et par l’Ouest, contre le régime hitlérien dès 1933.

La seconde guerre mondiale eut même pu prendre un visage absolument différent, sinon être évitée.

 

 

 

 

 

 

En 1920, le général Weygand est nommé en Pologne conseiller de Józef Piłsudski. Il y commande un groupe d'officiers français, sous l'appellation de « Mission militaire française », pour venir en aide aux Polonais en déroute face aux forces russes.

En effet, les Polonais, après s'être engagés en 1918 dans la guerre contre la Russie bolchevique, étaient sur le point d’être battus par les forces soviétiques de Toukhatchevski.

L’intervention française aida les Polonais à gagner la bataille de Varsovie, après laquelle ils annexèrent des territoires ukrainiens et biélorusses.

L'importance exacte de la Mission militaire française est discutée. Certains officiers polonais affirmèrent que la bataille de Varsovie avait été remportée par eux seuls, avant que la mission française n'ait pu rédiger et envoyer son rapport, point de vue partagé par exemple par l'historien Norman Davies.

Néanmoins, les historiens français soulignent  que de nombreux officiers français de sa « mission », rompus au combat, encadrèrent et instruisirent une grande part de l'armée polonaise et contribuèrent à sa réorganisation, sans parler de l’aviation polonaise, dont nombre de pilotes étaient français ou américains

 

.En réalité les premières alliances « germano-bolchévique » prévoyant le  « dépeçage total de la Pologne » datent même d’accords secrets de 1919-1920.

 Mais les bolchéviques qui avaient prématurément annoncé avec fracas la prise de Varsovie, avec la bénédiction festive du régime allemand, ont  échoués, et furent  repoussés – avec notre aide - au delà du Niémen !

Plus tard, la politique française de Gamelin sera au contraire de surseoir à toute aide à la Pologne afin de ne pas mettre la France en danger de guerre ... !

En Pologne, Pierre de Person  y connaît Gaston Billotte [2]qui deviendra général d’armée, et le capitaine de Gaulle..

Leurs enfants respectifs, Jean de Person et Pierre Billotte se connaissent ainsi dès cette époque, puis se connaîtront à Saint Cyr.

Ils se retrouveront plus tard prisonniers ensemble à l’Oflag II D et s’évaderont ensemble.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

2.          Scolarité  :   (retour haut de page : clic)

 

Etudes à Grenoble et Paris.

 

De 1925 à 1927  Elève officier à Saint Cyr.  Promotion : Maroc et Syrie.

Devise de saint Cyr : « Ils s’instruisent pour vaincre »

1/10/1925

De 1927 à 1928  Sous-lieutenant à l’école de cavalerie de Saumur

1/10/1927 S/lieutenant

De 1928 à 1929  Agffecté au 30 ème Dragons à Metz

1/10/1929 lieutenant

1930 Suit les  cours de motorisation au 5ème régiment de Dragons portés à Lyon.

 

1932, 1er juillet, 9 ème Dragons Portés à Epernay Titulaire du brevet d’observateur aérien.

 

De 1934 à 1937  Spahis marocains. Affecté au 3ème ASM à Meknès. Prend le commandement du 4ème escadron

1/9/1934

 

Affecté au   1er régiment de dragons portés. Prend le commandement du 8 éme Escadron de Fusiliers Portés à Pontoise.

1/4/1937

Admissible à l’Ecole de Guerre.

 

1938.

Prend le commandement du 3 éme bataillon de Dragons portés

25/3/1939 Capitaine

 

 

 


3.          Guerre  :   (retour haut de page : clic)

 

Détaché du 1er régiment de dragons portés au Groupe de Reconnaissance 1-36 en qualité d’observateur en avion.

3/9/1939 => Mars 1940

Suit les cours de l’E.M. de Compiègne.

Avril-Mai 1940

Aux armées avec l’Etat Major du 3ème division cuirassée au 3ème bureau en Argonne et en Champagne.

1940,  20 Mai

Fait prisonnier à Vaneau le Châtel, entre Chalons sur Marne et Saint Dizier.

Le 1940 13 Juin,

 

 

 

 

 

 

4.          Prisonnier  :   (retour haut de page : clic)    

 

Sera prisonnier successivement en Allemagne puis en URSS :

 

Il passera 7 mois en Prusse orientale (Poméranie) dans « l’oflaf » DII  (« Oflag » est composé de « of. » pour « Offizier », « officier », et  « lag. » pour « lager », « camp ».

Il y aura aussi les « stalag » etc.)

 

Archives allemandes 

 

DE PERSON Jean , Né le 6/2/05

Capitaine

1er Régiment Dragons

Domicile : Colonel B.

Evadé le 3/2/41 de l’Oflag II D

Oflag II D liste …

 

NB : Comme espéré par les évadés, leur évasion n’est signalée qu’au troisième jour…  

 

Retenu à l’Oflag II D en Allemagne, il y rencontre à nouveau son ami Pierre Billotte.

Ils décident de s’évader ensemble vers la Russie, en espérant y retrouver la liberté.

Plusieurs raisons ont guidé ce choix : La Pologne ayant été partagée entre l’Allemagne et la Russie, la zone soviétique en est rendue relativement proche ; Une évasion vers l’ouest ou le sud serait infiniment plus risquée en cas de recherches et en raison de la surveillance. Une évasion vers la Russie ne serait probablement même pas imaginée par les allemands quand l’évasion sera signalée, en raison de la dureté des intempéries et de la direction opposée à la destination finale.

Chaque fois, le choix des décisions les plus improbables réussira aux évadés.

Pierre Billotte  et Jean de Person décident donc de tenter une évasion à trois, avec Jean Richemont qui parle l’allemand, au contraire des deux premiers !

L’évasion réussira pleinement jusqu’en URSS.

Ils furent les trois premiers évadés de l’Oflag II D.

 

 

De gauche à droite : Au premier Jean de Person, Pierre Billotte et Jean Richemont.

Au second plan : Jacques Branet, Alain de Boissieu et Aloyse Klein,  évadés du même « Oflag » de Poméranie deux mois plus tard : Ils partageront le même sort en URSS.

Photo prise à bord du navire «  Empress of Canada »,  « Impératrice du Canada », en  Septembre 1941

 

 

 

5.          Evasion  :   (retour haut de page : clic)

 

 « Le 3 février 1941 évadé d’Allemagne à destination de la Russie »

 

Tous trois s’évadent donc le 31 Janvier 1941, et partent en train vers l’URSS. Ils passent la frontière lituanienne à Eydtkau de nuit, à pied, dans la neige, par un froid de –30°.

La préparation de l’évasion du camp avait duré plusieurs mois afin de réunir – difficilement – papiers d’identité, cartes géographiques, monnaie etc. et de préparer la mise au point du stratagème d’évasion.

Celui-ci consista à quitter discrètement la file des prisonniers durant une promenade à l’extérieur du camp, sans être vu par les escortes de gardiens, à changer promptement de vêtements et à remonter la file en saluant à la façon hitlérienne.

La falsification du comptage lors de l’appel avait été préparée par des répétitions en secret : Au départ six prisonniers complices devaient être comptés comme trois. Pour cela, trois grands et trois petits s’accouplaient par deux, en associant chaque fois un grand et un petit sous une seule cape, et chacun des deux debout à cloche pied sur le pied extérieur. Au retour les six devaient être comptés intégralement pour compenser l’absence des trois évadés.

Il avait été espéré que l’évasion ne serait pas découverte avant trois jours pour donner le temps aux évadés de disparaître.

Le stratagème fonctionna bien, mais le trajet n’en resta pas moins périlleux et difficile : contrôles, pas d’embarcation à Königsberg, frontière surveillée et défendue par un mur de « barbelés » enfoui sous 5 mètres de neige, éveil des chiens, tir de fusées éclairantes, poursuites …

Tout cela est raconté dans le livre de Pierre Billotte « Le temps des armes » (Plon 1972).

 

Peu après eux, trois autres postulants à l’évasion, Alain de Boissieu, Aloyse Klein (parlant l’allemand) et Jacques Branet tentèrent de s’enfuir en creusant un tunnel à l’aide d’une cuillère à soupe. Mais le tunnel menaça de s’effondrer en son milieu, ils durent renoncer et recourir au même stratagème, non  découvert par les allemands, qui réussit à nouveau deux mois plus tard..

 

 

Cf. Billotte « LE TEMPS DES ARMES » :

« [page 80] Après 2 journées d’évasion sans sommeil, et avoir parcouru 500 km en plusieurs trains ; après avoir enfin échappé à leurs poursuivants équipés de chiens policiers, les 3 évadés passent la frontière de nuit, en rampant dans la neige, près d’Eydtkau :

... Chaque mètre parcouru nous donnait plus d'espoir.

Nous eûmes bientôt le sentiment que nous allions réussir. Le dernier obstacle serait sans doute le réseau de fils de fer barbelés et la rivière signalée sur notre carte. Quelles seront la hauteur et la largeur du premier? Quelle sera la profondeur de la seconde? Nous sentions à l'avance sur notre peau le piquant des ronces et le froid de l'eau courante. Mais nous avions hâte de les aborder, car nous avions perdu plus de temps que prévu et il ne s'agissait pas d'opérer au grand jour! Je réfléchissais de mon mieux à la meilleure manière de vaincre cette dernière difficulté; réflexion qui n'était pas facilitée par notre allure serpentine, toute contraire à l'attitude classique du penseur.

C'est alors que je butai littéralement du nez dans le réseau de fils de fer barbelés! On nous avait dit qu'il aurait au moins six mètres de haut, il avait moins d'un mètre, car il était enfoui dans près de cinq mètres de neige; et comme il était en médiocre état, il était facile de le traverser en cinq ou six enjambées bien choisies. Quant à la rivière qui se trouvait de l'autre côté, elle était gelée et recouverte de neige; on la devinait à peine. Pour le candidat à la liberté, l'hiver glacé peut être parfois une bénédiction. Cinq minutes à peine plus tard, nous étions effectivement des évadés.

« Eh bien, nous voici passés définitivement dans la catégorie des mecs. » Et tout fier d'avoir usé d'une formule aussi osée pour le fils du président du Comité des Forges au langage étonnamment châtié, Jean Richemont s'assit tout tranquillement dans la neige. Il venait de constater avec douleur qu'il avait laissé son fond de pantalon sur le réseau de fils de fer barbelés. Oubliant cet incident vestimentaire et pour fêter ce [page 81] passage de frontière insolite pour un homme plus habitué aux wagons-lits ou aux pullmans et aux passeports bien en règle, il sortit avec précaution de son riicksack une précieuse bouteille de la gnole de la mère Kracksman, notre très cupide cantinière de l'Oflag II D. Il retira également quelques biscuits vitaminés qu'il avait reçus de Suisse la veille de notre départ.

Et sans faire plus attention aux gardes-frontière allemands qui n'étaient pourtant pas loin et à qui nous venions d'échapper de justesse, nous dégustâmes le souper fin le plus joyeux qu'aucun octambule ait jamais connu dans la plus gaie des boîtes de nuit.

Par moins trente degrés de froid, vers 3 heures du matin, une bise glacée soufflait cruellement dans le no man's land désolé qui s'étendait entre Eydtkau et Virbalis et nous en étions à notre troisième nuit de veille.

Pourtant nous ne sentions plus la fatigue; nos muscles étaient souples comme aux meilleures périodes d'entraînement sportif, nos réflexes étaient prompts, nos esprits nous semblaient d'une parfaite lucidité, nous nous sentions bien dans notre peau.

D'ailleurs les fusées éclairantes, que continuaient à lancer consciencieusement nos poursuivants, donnaient maintenant au paysage un certain air de fête. Comme si, pour célébrer notre réussite, les nazis, soudain devenus fous, tiraient un feu d'artifice.

Mais que de chance il nous avait fallu pour mener à bien notre partie de campagne. Ce n'est que huit mois plus tard que, selon Armand Lanoux, nos camarades de l'Oflag II D apprirent notre réussite par une phrase sibylline d'une lettre : « Le zoo de Londres vient de s'enrichir de trois animaux : un lion, un léopard et un tatou. »

 

Mais les mouvements de troupe observés au long du voyage avaient permis aux évadés de soupçonner que l’Allemagne s’apprêtait à envahir l’URSS. Refaits prisonniers, en URSS cette fois, les évadés ne seront pas crus.

 

 

 

 

6.          URSS - Katyn :   (retour haut de page : clic)

 

L’accueil, en Lituanie occupée par les soviétiques, fut loin d’être l’accueil espéré :

Ils ne furent pas laissés libres, et leur récit ne fut pas cru. Ils furent  soupçonnés d’espionnage, traités et interrogés comme des espions, avec brutalité et retenus prisonniers en URSS durant 6 mois.

Traités durement et interrogés par le NKVD (ancêtre du KGB), tantôt isolés, tantôt mêlés à toutes sortes de détenus, couchés à même le sol, ils seront retenus dans des pavillons face à la grande bâtisse du monastère de « la Laure de la Trinité Saint Serge «, fondé au XIVe siècle par Saint Serge de Radonège, saint patron de la Russie[3], dans la zone de rééducation de « Katyn »*.

 

 

Puis du 3 février 1941 au 30 Août 1941, durant 6 mois, prisonnier de L’URSS : De Eydtkau, via Kaunas, Vilna, Minsk, Smolensk, Kozielsk, jusqu’à Katyn (Mitchourine).

 

Cf. Billotte « LE TEMPS DES ARMES » :

« [Page 122]  A nouveau faits prisonniers, mais cette fois des russes, ils sont poussés dans un panier à salade à Kaunas  :

... Person et Richemont ont beau témoigner que je suis leur codétenu, le policier non seulement se refuse à les croire, mais les fait enfourner dans un panier à salade au milieu d'autres prisonniers pressés comme des sardines, tandis qu'il cherche à m'éloigner en riant.

... On nous enferme. Après un court trajet je me retrouve dans la prison de Minsk avec satisfaction.

Person et Richemont, qui figuraient parmi les sardines écrasées des étages inférieurs, n'avaient pu me voir me hisser au-dessus de leurs têtes. Leur surprise, lorsqu'ils s'aperçurent que j'étais là, faisait plaisir à voir. Nous étions redevenus les plus joyeux prisonniers du monde.

Nous repartîmes zaftra pour Moscou, en wagon de voyageurs cette fois, en compagnie de deux gardiens. Nous en conclûmes que tout allait bien. En Russie Blanche, la vue d'un prisonnier n'a jamais effrayé ni rebuté personne. Tous les voyageurs du train, chacun à son tour, venaient nous dire bonjour, nous apporter du thé ou nous proposer de jouer aux échecs.  [Page 123] ... La plupart des femmes étaient volumineuses. « Question de nourriture » trancha Person.

Le train filait gaiement à son habitude ses quarante kilomètres à l'heure; nous ne doutions pas qu'il ne s'arrêterait qu'à Moscou. : On nous débarqua à Smolensk.

Qu'à cela ne tienne. N'étions-nous pas sur la route Napoléon?  L'Empereur l'avait parcourue de victoire en victoire; nous progressions de prison en prison; c'était moins glorieux certes, mais peut-être plus sûr.

Notre humeur était de rose. Nous ne cessions de chanter à tue-tête. Nos gardiennes, car nous avions le privilège d'être gardés cette fois par des femmes, dont l'une au moins, était belle, en étaient sidérées.

Nous leur expliquâmes de notre mieux que nous étions des hommes libres en partance pour Moscou. Elles auraient volontiers émis quelques doutes quant à nos affirmations, mais, bonnes filles, jugèrent convenable de ne pas nous décourager.

Zaftra, nouveau départ de notre joyeux trio. Après une heure de route, Person toujours lui, avec son instinct d'officier orienteur de détachement de découverte de cavalerie, nous annonce gravement que notre train n'a pas pris la direction de Moscou.

Nous l'envoyons poliment se rhabiller. Il insiste. Nous portons un jugement sévère sur ses capacités intellectuelles. Il s'obstine. Il a raison. : Sans le savoir évidemment nous étions en route pour Katyn*.

Le record du monde de la duplicité était battu. [Page 124] Nous débarquons dans une petite gare perdue du nom de Cozielsk et par une route couverte de neige et de glace et soigneusement défoncée, nous gagnons en autobus notre nouvelle résidence. Avant de l'atteindre nous traversons un premier camp peuplé d'officiers polonais et atteignons enfin un autre camp beaucoup plus petit que le précédent et séparé du premier par un grand bois.

 

Nous descendons et nous nous trouvons face à une grande bâtisse du début du siècle, de style typiquement russe. Elle est entourée au plus près de fils de fer barbelés. Très proches mais en dehors de l'enceinte, s'essaiment des pavillons assez nombreux.

Nous sommes à Mitchourine, dans la zone de rééducation de Katyn; autrement dit dans une zone d'internement qui était réservée avant la guerre aux mauvais communistes, qui avaient besoin de se recycler, mais qui étaient jugés toutefois récupérables pour le régime.

Nous y sommes accueillis à notre stupéfaction par une cinquantaine de Français, d'Anglais et de Belges évadés des Stalag et des commandos de prisonniers de l'Allemagne de l'Est.

Richemont Bilotte et de Person

 

La plupart nous font un accueil enthousiaste, dont nous comprendrons très vite la raison. On nous a réservé gentiment une petite chambre garnie de trois lits qui nous paraissent somptueux. Nous nous y abattons et décidons avant tout autre chose de récupérer. Nous réfléchirons plus tard à notre nouvelle situation « d'hommes libres ou presque »!  Nous dormons longuement. ...

Le natchalnik [Commandant soviétique du camp] sans penser à mal, n'a pas eu [Page 125] l’idée de confier le commandement des internés au prisonnier le plus élevé en grade, mais au prisonnier qui lui paraissait le plus sûr politiquement : En l'espèce un garçon nommé Daniel, ex-combattant des brigades internationales en Espagne. Il s'agissait sans aucun doute d'un militant communiste fervent; il n'avait pas été mieux traité en prison que ceux qui n'appartenaient pas au Parti; mais il lui en fallait bien d'autres pour perdre sa foi en l'Eglise de Moscou.... »

 

 

 

 

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       NOTES SUR LE MASSACRE DE KATYN :

 

*         *Katyn : Billotte note :  « le camp où furent découverts en 1942 les corps de plusieurs milliers d’officiers polonais »

(Billotte « Le temps des armes », pages 123–124, Plon 1972). Billotte indique l’année 1942. Il ne nomme pas l’agresseur.

En 1946, au « procès de Nuremberg », les soviétiques, victorieux, accusèrent l’Allemagne. Mais le crime ne figura pas dans les condamnations :

*         In « Le procès de Nuremberg » présenté par Bernard Michal ; avec Éric de Goutel, Francis Mercury, Pierre Nouaille, Lucien Vieville ; Édité pour « les Amis de l’histoire » par François Beauval ; Paris ; Imprimé le 10 Mai 1969 sur les presses d’Offset-Aubin Poitiers. :

Tome II page 266 :

« ... Le 30 septembre[1945], avec la quatre cent quatrième audience, commence la lecture du jugement, vaste document de quelque cinquante mille mots...

Le jugement, après une courte référence aux traités violés par les nazis, dresse la liste des crimes retenus à charge.

La majorité du tribunal s'était prononcée pour en éliminer le massacre de Katyn, bourg proche de Smolensk où, dans une forêt, avait été découvert un cimetière contenant les corps de dix mille officiers polonais assassinés.

Les Allemands avaient accusé les Soviétiques de ce crime, organisant même des visites à la nécropole de journalistes de la presse collaboratrice des pays occupés.

Les Russes prétendaient au contraire - et le procureur général Rudenko l'avait encore affirmé dans son réquisitoire - que les malheureux avaient été exécutés par les Allemands.

Un silence pudique a couvert depuis lors cette tuerie, qui avait privé de la plupart de ses cadres militaires un pays attaqué à la fois par les deux pays se rejetant mutuellement la responsabilité du crime... »

.En dépit de soupçons étayés, la vérité tenta d’être déniée durant plus d’un demi-siècle. Grâce aux déclarations de Mikhaïl Gorbatchev (clic) en 1990, suivies de la communication d’archives, grâce aux travaux des historiens, et aux livres (Cf. bibliographie), cette période est maintenant accessible avec beaucoup de détails : On sait que plusieurs milliers d’officiers polonais furent assassinés par les soviétiques de Staline.

*         La tragédie de la forêt de Katyn : Archives INA : - 02min20s  clic

*         Cf. Alexandra Viatteau : « Katyn La vérité sur un crime de guerre », Édition :André Versaille : 15-05-2009 - ISBN 978-2-87495-052-0 - 224 pages.

*         Katyn,  d’Andrzej Wajda (film sorti en France en Avril 2009 et disponible en DVD en 2010)

*         Jean Louis Crémieux-Brilhac « Prisonniers de la liberté, l’odyssée des 218 évadés par l’URSS » (Gallimard 2003)[4]

 

 

       SUR LA GUERRE ENTRE LES REGIMES NAZI ET SSOVIETIQUES :         

 

            La présence des films d’archives et de reconstitution a étonnement explosé ces dernières années sur le web :

           

            Proche du présent sujet (qui n’y est pas traité – et en fait, ne l’est jamais) on pourra remarquer :

             « LA BATAILLE DE MOSCOU » Archives INA sur Youtube :  clic  documentaire qui couvre un itinéraire qui va du début de « l’opération Barbarossa » à la fin du siège de Moscou.

            Film de tonalité presque onirique, tant les faits, pourtant bien réels, sont difficilement concevables.

                       

            Par ailleurs, «  LA BATAILLE DE KOURSK » (autre archive INA) fut peut-être l’un des plus grands engagements militaires de tous les temps.

            N’oublions pas que, comme il n’y eut pas d’armistice, entre les Allemands et les Soviétiques, comme ce fut le cas en France, les combats – qui furent d’une violence inouïe – durèrent 4 ans sur le sol soviétique.

            Quant aux prisonniers allemands qui eurent la chance de revoir un jour leur patrie, ce ne fut généralement pas avant 1955.

           

            Comment dans ces conditions peut-on oser appeler « génération de 68 »,  tous ceux, partout dans le monde, dont la prime enfance fut contemporaine de ces faits et de leurs environnements ?

            Or, dans le monde entier, ce sont les mêmes enfants dont les pères se sont battus durant toute la seconde guerre mondiale – guerre dont les séquelles directes durèrent bien au-delà de 1945 - qui sont nés dans cet environnement de tragédies et qui ont ensuite connu 20 ans plus tard un « mois de mai 1968 » qui n’a guère de valeur que de « signe », au regard de ces « faits » et des traumatismes qu’ils engendrèrent durablement.

            Une telle confusion des valeurs, des repères, du vocabulaire et des faits de l’histoire a quelque chose de monstrueux.

 

 

 

 

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Appréciations retrouvées dans les archives soviétiques :

 

 

Appréciation retrouvée dans les archives soviétiques (livre de Crémieux)

 

Ils ne seront libérés que lorsque l’Allemagne nazie envahit l’URSS, lors de l’opération « Barbarossa » en juin 1941.

L’invasion allemande, en faisant le malheur des russes, leur apportera – indirectement – crédit et salut, du fait que français et soviétiques partageaient désormais un ennemi commun.

Cf. Billotte « LE TEMPS DES ARMES »  :

« [page130] Après de durs interrogatoires, au bout de plusieurs mois passés dans les baraquements en bois de Mitchourine, la vie s’est organisée selon une certaine hiérarchie : Billotte est le « starchy » (chef) et de Person son adjoint.

Mais on apprend que, rompant le « pacte d’alliance germano-soviétique », les allemands ont envahi l’URSS par surprise à l’aube : C’est « l’opération Barbarossa »[5].

Billotte raconte :

...  les deux interprètes ont les larmes aux yeux. Ils me mettent au courant et me prient de réunir notre communauté.

Un quart d'heure plus tard, tout le monde se presse dans notre salle de réunion : « Votre starchi a une importante communication à vous faire », dit le vieil interprète dont la voix s'étrangle.

Je commence devant un auditoire tendu à l'extrême. « Comme vos officiers vous l'ont laissé prévoir, les nazis ont attaqué l'Union soviétique, ce matin à l'aube. »

Je suis interrompu alors par Person, qui, dans son émotion, lance : « Oh! Bravo ! Nous sommes bien contents :  Nous voici alliés, monsieur l'interprète. »

L'intervention de Person, qui échappait aux règles habituelles de la diplomatie, fut sans doute peu goûtée des trois Russes ; elle n'en exprimait pas moins très exactement notre pensée profonde.

L'U.R.S.S. dans la guerre, ce serait bientôt le monde entier en guerre, les Etats-Unis avec nous, et ce serait la victoire et la fin du nazisme et du fascisme!

J'enchaîne dans ce sens. Les trois Russes en sont tout réconfortés. Je les accompagne et prie l'officier soviétique de faire hâter notre libération.

Celui-ci me prend à part avec Eugénie et me dit « Notre état- major aimerait savoir si vous accepteriez de prendre un important commandement de chars dans l'Armée Rouge ?

 - « Avec l'autorisation de de Gaulle, sans aucun doute. Mais peut-être de Gaulle me jugera-t-il plus utile à la France Libre ? ».

Je n'en reviens pas de cette proposition formulée dès le premier jour de guerre.

Quelques jours après, l'avance allemande se fait foudroyante : L'Armée Rouge s'est laissé surprendre malgré les avertissements anglais et j'oserai dire les miens, que j'avais renouvelés en vain de Mitchourine sous forme d'une carte et d'un tableau de préparatifs allemands dressés avec la collaboration de tous les évadés.

Plus grave, il s'agit d'une armée équipée pour l'offensive; elle n'a dressé aucun obstacle valable sur les routes de l'envahisseur; elle ne dispose pas en nombre suffisant d'armes défensives ; elle n'a pas de stratégie de défense depuis que Staline a refusé les plans de Toukhatchevski, le jeune et brillant maréchal, ami de de Gaulle, et qu'il l'a fait passer par les armes. C'est la débandade; Staline, à la surprise générale, ne dit mot. ...

[page131] Nous sommes évacués par un train de marchandises, alors que la Wehrmacht approche.

Pour gagner la gare de Cozieclsk qui desservait les camps de Katyn, nous passons par celui des Polonais.

Nous n'en voyons aucun. J'éprouve, en le constatant, un étrange sentiment. Par des inscriptions en langue française sur les poteaux de basket et de volley-ball, installés à ma demande dans notre camp et prélevés sur le leur, ils nous avaient prévenus depuis la mi-mai de leurs mortelles inquiétudes concernant le sort qui leur était réservé et nous avaient invités à prier pour eux!

Or, depuis, malgré mes démarches, je devais en perdre définitivement la trace.

Nous entamons un long voyage vers l'est et puis après avoir traversé Moscou, vers le nord-est. Sans hésiter, nous avons brisé les volets de bois qui bouchent nos lucarnes, et au passage dans la capitale nous avons pu en admirer l'architecture, les innombrables clochers orthodoxes, la silhouette sombre du Kremlin à partir du pont sur la Moskowa. Nous avons été très réconfortés par la vue des trains militaires que nous croisions.

De magnifiques wagons plats de soixante tonnes portent de beaux chars, de belles pièces d'artillerie et leurs servants nous apparaissent jeunes, athlétiques, entraînés et étonnamment disciplinés.[6]

Nul doute qu'avec de tels moyens, les Soviets ne soient en mesure de dresser un barrage efficace, dès que la Wehrmacht sera suffisamment éloignée de ses bases.

Après être passés à Jaroslav sur la Volga, nous atteignons enfin Vologda notre nouvelle villégiature. Un réseau de barbelés nous sépare d'un autre grand camp polonais. ... »

 

 

 

 

 

 

7.          « Empress of Canada » :  (retour haut de page : clic)

 

« Le 30 Août 1941 Parti de la Russie »

            Beaucoup de prisonniers des russes choisiront de rester en URSS, mais 186 d’entre eux, ayant entendu parler de l’appel de de Gaulle à poursuivre les combats choisirent de le rejoindre à Londres.

Ces derniers embarquent donc le 30 Août 1941 à Arkhangelsk ( sur la mer Baltique) à bord de « l’Empress of Canada », (« L’Impératrice du Canada » – NB : bateau est féminin en anglais, remarque intéressante au vu de ce que la langue anglaise est peu pourvue en distinction des genres), navire qui est venu spécialement récupérer ces 186 prisonniers de l’URSS.

    Ils gagnent Glasgow, via le Spitzberg afin d’éviter la marine allemande, et aussi de remplir une mission consistant à faire sauter des postes d’installations radio ennemies au Spitzberg. Opération qui réussira aisément.

 

 

 

 Puis de Glasgow  ils gagnent Londres et rejoignent les F.F.L ( Forces Françaises Libres) et le général de Gaulle.

 

Dortoir à bord du navire « Empress of Canada ».

 

A bord de « l’Empress of Canada ».

Au premier plan, de G à D, de Person, Billotte et Richemont.

 

 

 

Évasion du Stalag II D  + Trajet à bord du navire « Empress of Canada » + Projection au Caire, puis jonction et combats avec la colonne Leclerc + Retour en Angleterre + Enfin débarquement en Normandie et libération du territoire avec la 2 ème DB. (livre de Crémieux).

Mais jean de Person ne sera pas de la dernière opération, de Royan à Berchtesgaden.

 

 

A Archangelsk, une embarcation légère conduit les 186 « libérés » jusqu’à « l’Empress of canada » venue les recueillir au large :

 

« FIN DU VOYAGE : A ceux de la Force III :

Quelque part sur la mer Blanche, un cargo russe vogue dans.1e brouillard, deux dragueurs de mines assurent le chenal devant lui. Le bateau emporte vers leurs destinées sa cargaison d'évadés.

L’eau est étonnamment calme, par instant, à travers la brume épaisse, transparaît la. silhouette d'un navire de guerre, puis elle s'évanouit. Les dernières avancées le la côte russe se sont depuis longtemps effacées.

Les 186 sont sur le pont, les yeux tournés vers l'avant. Et soudain, là où nul n'attendait rien, comme si un aimant nous avait mystérieusement guidés vers elle,  une forme gigantesque surgit à cinquante mètres à tribord.

On s'interroge de tous côtés: « Quel est son pavilIlon ? Qui voit son pavillon? »

Le capitaine de Person, grand seigneur, promet une bouteille de champagne à qui verra le premier « l'Union Jack. »

- « Le drapeau anglais! » ripostent des voix fusant de partout. Oui, c'est bien « l'Union Jack » : « ce bateau nous attend! »

Lentement, nous nous approchons de lui. D'abord, l'émotion nous tient muets : elle est donc arrivée, cette minute tant espérée? Peut-on s'en persuader? Nous n'osons pas y croire et l'énormité du navire nous assomme.

Nous nous regardons sans parvenir à comprendre que pour nous, pour nous seuls, ce paquebot - car c'en .est un - soit venu jeter l'ancre au fond de la « mer Blanche ». Puis la joie balaie tout : une grande, clameur monte de 186 poitrines, à laquelle répondent les exc1amations folles de centaines d'officiers et de soldats anglais et canadiens qui; penchés sur toutes les rambardes, du premier au quatrième pont, saluent notre arrivée.

C'est un délire où nul ne se connaît plus et où les cris de joie s'entremêlent aux trépignements.

Certains dansent la sarabande, certains s'embrassent, certains pleurent : de tels bonheurs ne peuvent se dire.

Alors s'élève, grave comme elle ne le fut jamais, insolite au milieu de cette mer perdue aux confins du monde des vivants et pourtant nécessaire, La Marseillaise :

Comme elles résonnent étrangement les paroles anciennes et que leur sens est neuf : - « Allons enfants de la Patrie... »

Oui, nous voici prêts à répondre aux appels de la France mutilée.

- « Le jour de gloire est arrivé... »

Nous nous soucions bien de la gloire! Mais, jour de lumière!  Jour de gloire!  Et l'aube de la libération resplendit devant nous.

- « L'étendard sanglant est levé... »

Cet étendard là, nous l'avons vu flotter sur nos villes, sur nos maisons, sur les camps où deux millions. des nôtres sont réduits à l’esclavage. Tandis que nous chantons, les deux colonels .russes présents sont figés au garde-à-vous : Tout le bateau anglais reprend en chœur  le refrain :

-.« Aux armes, citoyens, formez vos bataillons ... »

 

 

 

Après une dizaine de jours passés en mer depuis Archangelsk, et une escale au Spitzberg, « L’Empress of Canada » arrive dans les eaux britanniques à Glasgow :

 

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8.          A Londres : Le Camp de Camberley  :    (retour haut de page : clic)

 

« Le 9 septembre 1941 arrivé en Angleterre »

 

Engagé volontaire aux FFL le 10 septembre 1941

A Londres, Jean de Person a la responsabilité du camp de Camberley, près de Londres,  camp d’entraînement des Forces Françaises Libres.

Il refuse de porter la Légion d’Honneur parce qu’elle lui avait été décernée par le gouvernement de Vichy alors qu’il était en captivité.

 

ACTE D’ENGAGEMENT

 Pris en solde pour compter du 22/6/41

 

Forces Françaises Libres :

Bleu envoyé à l’intéressé par la liaison le 9/10/41

Nom d’emprunt BRUYERES Bertrand.

« Par devant nous, L’intendant militaire, a comparu De PERSON Jean …

A déclaré … S’engager pour la durée de la guerre en cours ».

A Camberley le 12 Septembre 1941, Lu et approuvé, signé.

+ 2 Témoins avec signatures

 

      

 

Les Forces Françaises Libres (F.F.L.) à Londres :

 

A dater du 10/9/41 Chef d’escadron T.T. Dépôt Central (Camp d’Old Dean pour ordre)

Prend le commandement du camp et C.I. à compter du 11/10/41

S.G. à compter du 21/10/41

Autorisé à servir sous son véritable nom (abandonne le pseudonyme de Bruyères Bertrand)

Compagnie S.G.

Promu « chef d’escadron T D » à compter de 10/9/41

 

 

 

Fiche

Grade : commandant

Situation :active, cavalerie

Armée métropolitaine

De PERSON Jean a servi jusqu’au 19/12/41 sous le nom de Bruyères Bertrand.

Centre de mobilisation et de recrutement : GRENOBLE

Pris en solde pour compter du 22/6/41

Enregistrement définitif du 10 Sept 1941.

Aptitude physique : SA Apte T.O.E.

Pièces d’identités produites : « selon déclarations de l’intéressé ».

Empreintes digitales

Profession civile : officier de carrière.

Degré d’instruction et diplômes universitaires : Baccalauréat

Permis : tous véhicules

Langues vivantes : Anglais Italien (moyen)

Célibataire

Adresse : Colonel B. …

Volontaire pour les TOE

Religion

Signalement : …

 

Billote dirige l’état major du général de Gaulle et

Jean commande le camp de Camberley 

 

 

 

Au camp de Camberley

 

Dassonville, Billotte, de Person, Richemont

 

 

Jean de Person avec le général charles de Gaulle

 

 

 

 

Alain de Boissieu

 

 

A gauche colonel Renouard

A droite de Person

 

Voir archives INA : Jean de Person au camp de Camberley en 1942 : clic

 

 

 

 

 

 

 

9.          Afrique -  2 ème Division Blindée :    (retour haut de page : clic)

 

Choisissant de rejoindre les unités combattantes, il rejoint Le Caire, puis la Tunisie, puis le Maroc

 

1943, Février 

Muté F.T.G.B. Instance départ Force « L » (par mer et avion) à compter du 5/2/43

1943, 13 Mars 

Quitte l’Angleterre, dirigé sur Le Caire, mis à la disposition du général commandant les F.F.L. au Moyen Orient.

1943, 4 Mai

Affecté à l’Etat Major de la 1ère D.F.L. (chef de la 1ère section) Participe aux opérations de Tunisie.

1943, 27 Mai

Affecté à la 2ème D.F.L des FFL

1943, 26 Juin 

Affecté au 1er RMSM Officier de liaison (E.M. des troupes du Maroc).

1944, 30 Mai 

Muté à l’E.M. de la 2ème DB. (désigné pour organiser « l’Air-Support ») par A.M.  du général commandant la 2ème DB. Suit une formation à Alger.

[L’air-support est système de liaison radio destiné à synchroniser les opérations entre l’armée de terre et l’aviation américaine].

 

Notes sur la 1ère DFL : clic

Le 15 Mai 1943 à Sabratha en Lybie la 2 éme DFL est transformée en 2e Division Française Libre

Par la fusion des troupes venant du Sud avec celles venant de l’Est, unissant ainsi des forces venant de l’armée d’Afrique à des forces provenant des F.F.L.

Le 24 Août 1943 à Tamara près de Rabat au Maroc, elle devient la 2eme DB.

Elle y reçoit un abondant matériel américain.

 

Notes sur Branet : clic

Affecté comme commandant de l'Escadron mixte du camp d'Old Dean le 1er décembre 1941, il constitue à Camberley la 3e Compagnie de chars de combat des FFL (3e CCC). Il est promu capitaine en mars 1942.

Il débarque à Suez à la tête de son unité début mai 1943 pour être affecté à la Force L du général Leclerc. Au Caire, la compagnie Branet retrouve par la 2e CCC en provenance du Tchad. Les deux compagnies se rassemblent alors à Sabratha en Tripolitaine où la 1ère CCC les rejoint pour former, au sein de la 2e Division blindée, le 501e Régiment de Chars de Combat (501e RCC). Jacques Branet en commande le 3e escadron

Le 501e RCC s’organise suivant le modèle américain et s’entraîne au Maroc. Avec la Division, Jacques Branet embarque à Oran à destination de l’Angleterre en mai 1944. Débarqué en France le 2 août 1944, il mène brillamment son escadron lors de la campagne de Normandie, notamment aux combats de la Forêt d’Ecouves. Sur la route d’Ecouché, il immobilise avec sa colonne de chars une colonne de la 115e Panzer et fait 300 prisonniers.

Leurs intinéraires se sont-ils rencontrés ?

 

Notes sur les DFL FL et DB :. clic

De Gaulle charge Larminat, adjoint de Catroux, de mettre sur pied deux nouvelles unités («divisions légères» ou «brigades») : l'une destinée à maintenir l'ordre au Levant, l'autre à participer à l'effort de guerre en Libye - l'ensemble de ces unités étant baptisée «Force L» (comme Larminat). Le 21 octobre1942, de Gaulle a nommé le général de Larminat commandant supérieur des FFL en AEF et au Cameroun et décidé la formation d'une «Brigade française d'Orient» (BFO), sous les ordres du colonel Magrin Vernerey (Monclar). Toutes les forces disponibles seront employées en Erythrée (province nord-est de l'Ethiopie sous domination italienne). Le gros de la BFO s'embarque à Douala (Cameroun) pour le Soudan, où elle retrouvera au début de février le BM 3, venu directement du Tchad. À la mi-janvier, de Gaulle envoie le général Paul Legentilhomme, ex-commandant des troupes françaises de Djibouti, à Khartoum pour prendre le commandement de l'ensemble des FFL en Afrique orientale : elles se composent alors de la 13e demi-brigade de Légion, du BIM, de l'escadron Jourdier, du BM2 et du BM3.

Le 22 février, le BM3 du commandant Pierre Garbay s'empare du fort italien de Kub-Kub. Dans les premiers jours de mars, la BFO est rassemblée au camp de Chelamet. Le 27 mars, après les combats de l'Engiahat, la BFO entre à Keren ; le 30 mars, de Gaulle la passe en revue à Chelamet. Les 7 et 8 avril, les troupes de Monclar prennent successivement Montecullo, Fort-Umberto et surtout Massaouah, capitale et principale base éthiopienne sur l'océan Indien ; l'amiral italien est obligé de se rendre au chef de la BFO. «Au total, de détachement français avait fait, au combat, plus de 4000 prisonniers et reçu, à Massaoua, la reddition de 10.000 autres.» (Mémoires de guerre)

 

La 1re DLFL et la campagne de Syrie (mai-août 1941) :

 Dès le 11 avril, de Gaulle annonce à Legentilhomme qu'il a décidé de créer une «division française libre» avec toutes les unités présentes au Moyen-Orient, chargée de combattre en Cyrénaïque aux côtés des troupes britanniques. Il est également préoccupé par la situation au Levant (Syrie et Liban), où les Allemands, qui viennent de prendre Athènes, se préparent à prendre pied, avec la complicité des autorités françaises fidèles à Vichy (général Dentz, haut commissaire ; général de Verdilhac, commandant les troupes du Levant). À la fin d'avril, il prépare avec le général Catroux, haut commissaire de la France Libre au Moyen-Orient, l'opération Georges, destinée à rallier les deux territoires et à convaincre l'armée du Levant (35.000 hommes) de rallier la France Libre.

Le 17 mai, les troupes FFL se rassemblent au camp de Qastina (Palestine) ; de Gaulle les passe en revue le 26 et ordonne la mise sur pied de la 1re «division légère française libre» (1re DLFL). L'intervention franco-anglaise au Levant est déclenchée le 8 juin, quelques jours après la signature des «protocoles de Paris», par lesquels l'amiral Darlan, alors chef du gouvernement de Vichy, concède aux Allemands l'utilisation des bases navales et aériennes françaises du Levant. La 1re DLFL entre à Damas le 21 juin. Les affrontements franco-français sont durs et meurtriers ; leur bilan est mitigé. Certes les deux territoires échappent à Vichy, mais 6.000 hommes seulement rejoignent les FFL ; en outre, le caractère fratricide de la campagne laissera des traces. 

La 1re BFL dans le désert libyen

 

 La 1re DLFL est dissoute le 20 août. De Gaulle charge Larminat, adjoint de Catroux, de mettre sur pied deux nouvelles unités («divisions légères» ou «brigades») : l'une destinée à maintenir l'ordre au Levant, l'autre à participer à l'effort de guerre en Libye - l'ensemble de ces unités étant baptisée «Force L» (comme Larminat).

 La 1re brigade française libre (1re BFL), commandée par Larminat, avec Kœnig comme adjoint, fait mouvement vers l'Egypte à la fin décembre 1941 ; le 17 janvier, elle obtient la reddition de la garnison allemande d'Halfaya (frontière égypto-libyenne). Un mois plus tard, elle prend position à Bir Hakeim, à 80 km au sud de Tobrouk. Durant un peu plus de trois mois, elle va mener contre les forces ennemies une guerre de course dans le désert libyen, faite de missions de reconnaissance, de patrouilles et de coups de main, qui va lui permettre de s'aguerrir. Au début d'avril, Kœnig en devient officiellement le chef - Larminat étant nommé commandant en chef des Forces françaises dans le Western Desert. Du 27 mai au 11 juin 1942, les hommes de la 1re BFL vont tenir tête victorieusement à l'Afrikakorps de Rommel.

 

 Les deux BFL en réserve d'armée Du 23 octobre au 4 novembre, les deux BFL participent activement à la bataille d'El Alamein, qui permet aux troupes britanniques de remporter une victoire complète sur l'Afrikakorps de Rommel. Quelques jours plus tard, après le débarquement anglo-américain au Maroc et en Algérie (8 novembre 1942), les Allemands débarquent des forces en Tunisie, vers laquelle Rommel va commencer de faire retraite (il y arrivera à la fin janvier 1943). Les deux BFL sont retirées du front et placées en réserve d'armée au camp de Gambut, près de Tobrouk (30 novembre). À la fin décembre, alors que les troupes allemandes échouent à chasser les troupes alliées du Sud tunisien, de Gaulle décide que la Force L doit devenir, dès que possible, "une belle et forte division". Le 17 janvier 1943, de Gaulle décide que les FFL qui prendront part à la campagne de Tunisie seront placées sous le commandement de Larminat et organisées en deux grandes unités :
- une division d'infanterie à trois brigades, confiée à Kœnig

 une division légère mécanique, confiée à Leclerc.

Cette décision est à l'origine des deux divisions emblématiques de la France Libre : la 1re DFL et la 2e DB.

La campagne de Tunisie (février-mai 1943). La DFL devient DMI (septembre 1943)

La 1re DFL est officiellement créée à Gambut le 1er février 1943, sous les ordres de Larminat ; elle comprend deux brigades : la 1re (général Kœnig) et la 2e (général Brosset). Le BIMP (bataillon d'infanterie de marine + bataillon du Pacifique, qui ont fusionné après Bir Hakeim) est le seule unité de la 1re DFL à opérer en Tunisie aux côtés de la 8e armée britannique (février-mars). La DFL - commandée par Kœnig - ne quitte Gambut que le 18 avril ; elle prendra part à la fin de la campagne de Tunisie, notamment aux combats de Djebel Garci et Takrouna (prise par la brigade Brosset). Malgré un coût humain élevé, cette campagne amène aux FFL de nombreux éléments de l'armée d'Afrique * (dont le 7e régiment de chasseurs d'Afrique et le 4e régiment de spahis). De Gaulle encourage Larminat et Leclerc, chef de la 2e DFL (future 2e DB) à accepter dans leurs rangs tous ceux qui veulent se rallier aux FFL

Le 13 mai, jour de la capitulation des troupes germano-italiennes de Tunisie, la 1re DFL fait sa jonction avec les unités de l'armée d'Afrique engagées en Tunisie (dont le groupement blindé de la division d'Oran, commandé par le colonel Le Coulteux de Caumont, qui s'était battu contre les FFL en Syrie). De Gaulle confie à Larminat le commandement du groupe de divisions françaises libres ; très hostile à Giraud, Larminat refuse que les FFL et l'armée d'Afrique participent ensemble au défilé de la victoire à Tunis, le 20 mai

Bien que de Gaulle soit désormais installé à Alger (30 mai 1943), Giraud ordonne aux FFL de regagner la Tripolitaine : cette décision exaspère l'antagonisme entre les FFL (50.000 hommes) et l'armée d'Afrique (300.000 hommes) ; la DFL rejoint le camp de Zouara, à une centaine de km de Tripoli. Le 31 juillet, il est mis fin aux engagements dans les FFL proprement dites, mais de Gaulle précise à Giraud : "Dans l'organisation militaire française désormais reconstituée, elles conserveront leur figure et leur caractère en même temps que leur ardeur". Brosset succède à Kœnig à la tête de la 1re DFL, qui est regroupée et réorganisée à Nabeul (Tunisie) et qui prend officiellement le nom de "1re division motorisée d'infanterie" (1re DMI), mais, jusqu'à la fin de la guerre, on continuera de l'appeler : "1re DFL" (20 septembre 1943).
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* L'armée d'Afrique du Nord n'avait pas pris part à la campagne de France de mai-juin 1940. Successivement commandée par les généraux Weygand et Juin, réarmée par les Etats-Unis, elle se trouvait alors sous les ordres directs du général Giraud commandant en chef civil et militaire à Alger depuis décembre 1942 et rival de De Gaulle - avec lequel il présidera le Comité français de libération nationale à partir du 3 juin 1943

 

 

 

<=   Formation de la 2 ème D.B. à Temara

 

Ambiance à Temara (Maroc, à 6 km au Sud de Rabat) à la 2e D.B :  :

In. « Journal de guerre 1939-1944 » Christian Girard, aide de camp du général Leclerc. p.124.

Ed. L’Harmattan. Paris, 2002 :

 

« 25 janvier 1944 - Temara

« Le lieutenant Bonnafous, du 12e Cuirassiers, se présente il y a quelques jours chez Person et lui demande une photographie du général Giraud. Eton­nement du commandant de Person. et des officiers de son bureau.

Bonnafous expli­que qu'au mess de son régiment, il a placé une photographie du Général de Gaulle sur la cheminée qui a été construite sous la tente du mess.

Le comman­dant N ... a qualifié son geste d'inadmissible idolâtrie et l'a prié d'enlever la pho­tographie.

Quelques officiers ont fait remarquer que tout le monde avait été obligé pendant trois ans de fourrer partout des portraits du maréchal Pétain et qu'il n'y avait pas de raison de ne pas mettre aujourd'hui la photographie du Général de Gaulle à sa place.

N ... a fini par céder à condition que celle de Gi­raud lui fasse pendant.

Aujourd'hui de Lattre vient nous inspecter.

En entrant dans la popote du 12e Cuirassiers, il voit les deux photos dont le Général lui a raconté l'histoire dans la voiture ... Il s'approche de la cheminée. Silence - puis il se retourne en souriant : « Très bien ... l'union sacrée. » 

 

 

 

Accompagnant  l’embarquement de la 2eme DB en Avril Mai 1944, il regagne l’Angleterre.

 

 

10.   Mariage :  (retour haut de page : clic)

 

A Londres Jean se marie en Juillet 1944.

 

Mariage :

AUTORISATION de MARIAGE

COMMANDEMENT SUPERIEUR DES FORCES FRANÇAISES EN GRANDE BRETAGNE,

Le Chef d’escadron Jean Marie de PERSON

Est autorisé à contracter mariage avec :

Madame veuve B. Assistante Sociale aux FAFGB

Signé : à Londres le 19 Juillet 1944

Le général de corps d’armée KOENIG Commandant Supérieur des Forces Françaises en Grande Bretagne, Délégation Militaire pour le Front Nord,

P.A. Le capitaine de Frégate, Chef d’Etat Major Particulier Militaire.

 

 

Photos : gracieuseté de François Thierry-Mieg

 

Comme témoin de mariage, Jean de Person porta son choix sur le général Koenig (ci-dessus)

Son épouse est Marguerite Yvonne Suzanne Henriette GUARY, veuve Barrington -  nom de son premier époux, pilote de la RAF, mort au combat - mère d’une enfant, Suzanne, que Jean adoptera.

Documents sur le site : Les Français Libres, de juin 1940 à juillet 1943

 

           

Lorsque Jean sera tué à Médis 9 mois plus tard, son épouse deviendra alors pour une deuxième fois veuve de guerre. Il semble qu’elle était enceinte de lui et que les prénoms de l’enfant étaient choisis.

En Angleterre, Jean forme alors une équipe qu’il apprête à fonctionner grâce au système allié de « l’Air-support ». 

               

 

11.  Libération de la métropole :    (retour haut de page : clic)

 

            Itinéraire de la 2èmè DB, commandée par le Général Leclerc  (lequel disparaîtra, après la guerre, en 1947, de façon restée inexpliquée, dans un accident d’avion au dessus du Sahara. Cf. infra)

 

La deuxième division arrive en Angleterre au début de Mai 1944.

Elle se prépare en vue du prochain débarquement au camp de « Fimber » à 100 km des cotes.

 

            Enfin, le dimanche 30 juillet une immense armada peut enfin s’éloigner du port de « Southompton » en direction de la France qu’elle atteint le 1er Août  1944. Les navires transportant chars, canons portés, pièces et engins anti‑chars, motocyclettes, jeeps, troupes.

            Des navires et des avions de protection l’accompagne. Elle jette l’ancre devant la plage de « Saint Martin de Varreville », appelée aussi encore aujourd’hui «  Utah Beach ».

.

 

En vue de la Normandie

 

Le général Georges S. Patton, commandant la 5ème armée, vint y recevoir le général Leclerc.

La division française fut associée à la 5e division blindée américaine et à la 79e division d'infanterie états-unienne formant ainsi le 15e corps d'armée commandé par le Général Haislip,  dépendant de la IIIe armée du général Georges S. Patton engagée dans l’opération « Cobra ».

 

 

 

La Haye du Puits

 

La 2éme DB se regroupe à « La Haye du Puits », voit le feu à « Granville », emprunte le goulot « d’Avranches » : et se dirige vers « Château Gontier » et « Le Mans ».

 

 

Combats de Jean de Person dans « l’air support » de la « 2ème D.B ».

1. Campagne de Normandie 

§         Combats du Mans à Alençon, puis Montmeré, avec le G.T.L. (10 Août–14 Août 1944)

§         Combats d’Argentan, Ecouché, P.C. avant. (14 - 18 Août)

§         combats d’Exmes et Chambois avec le G.T.L (19-20 Aout).

2. Bataille de Paris 

§         Affaires de Limours, Arpajon, Montlery-Longjumeaux, La Croix de Berry (23-24 Août)

§         Entrée dans Paris : 25 Août.

§         Opérations de dégagement de Paris (Saint Denis) avec le G.T.L. (27-30 Août).

3. Campagne des Vosges

§         Combats de Contrexeville, Vittel, Dompaire avec le G.T.L.(11-13 Septembre 1944)

§         Affaires à l’Est de Dompaire (15-19 Septembre)

§         Opérations de Dompaire à la foret de Mondon avec le G.T.D. (19 Sept-12 Oct.)

§         Opérations de Baccarat (31 Oct – 3 Nov.) avec le P.C. avant.

4. Campagne d’Alsace 

§         Opérattions de Baccarat à Strasbourg, par le col de Dabo (19 Nov-23 Nov) avec le P.C. avant.

§         Entrée à Strasbourg (28 Nov- Décembre 1944) avec le P.C. avant.

 

 

NB : Composition de la 2ème DB : GT = Groupement tactique :

 

L’itinéraire des Jean de Person est surligné

 

Ø      Composition du GTD (Colonel DIO) ; Sous-groupement de Lieutenant-colonel ROUVILLOIS (secteur Grenelle, Bourgogne,Chambre des Députés) ; Sous-groupement du Colonel NOIRET (Avenue de la Bourdonnais)

Ø      Composition du GTV (Colonel BILLOTTE) ; Sous-groupement du Commandant PUTZ (secteur du Sénat) ; Sous-groupement du Colonel WARABIOT (détachements BRICARD, BRANET, SAMARCELLI. Attaque de l’hôtel Meurice )

Ø      Composition du GTL (Colonel LANGLADE) ; Sous-groupement du Commandant MASSU et Sous-groupement du Lieutenant-colonel MINJONNET. Pour les deux groupements, de la Porte de Saint-

 

Source : www.fondationmarechaldelattre.fr;

Maison des Associations du 7ème : 4, rue Amélie, 75007 PARIS, 01 53 59 44 90. 

 

 

 

 

Puis Le Mans => Alençon => Écouché =>Argentan => Chambois => Chartres => Paris

 

 

D’Alençon à Argentan : Combats d’Ecouché

 

 

 

 

« Poche de Falaise » :  Exmes et Combois

 

Ensuite commence la marche sur « Paris » où l’équipement des chars sera parachevé .

 

Après Paris, chaque groupement tactique sera muni d’un système de liaison « air sol » :

 

Note [7]

 

 

       Libération de Paris :

 

NB : Composition de la 2ème DB : GT = Groupement tactique :

 

L’itinéraire des Jean de Person est surligné

 

Ø      Composition du GTD (Colonel DIO) ; Sous-groupement de Lieutenant-colonel ROUVILLOIS (secteur Grenelle, Bourgogne,Chambre des Députés) ; Sous-groupement du Colonel NOIRET (Avenue de la Bourdonnais)

Ø      Composition du GTV (Colonel BILLOTTE) ; Sous-groupement du Commandant PUTZ (secteur du Sénat) ; Sous-groupement du Colonel WARABIOT (détachements BRICARD, BRANET, SAMARCELLI. Attaque de l’hôtel Meurice )

Ø      Composition du GTL (Colonel LANGLADE) ; Sous-groupement du Commandant MASSU et Sous-groupement du Lieutenant-colonel MINJONNET. Pour les deux groupements, de la Porte de Saint-

 

Source : www.fondationmarechaldelattre.fr;

Maison des Associations du 7ème , 4, rue Amélie, 75007 PARIS, 01 53 59 44 90. 

 

 

 

 

o       La mise à  disposition de documents (films et photos) progresse à grande vitesse sur internet , par exemple sur « Youtube », la libération de la Normandie et de Paris :

 

 

 

A part le général Leclerc, bien reconnaissable, il serait bien intéressant de pouvoir identifier tous les personnages !

 

o       In « Youtube » : Le très beau « chant des partisans » qui deviendra symbole de la résistance, écrit en Mai 1943 par Joseph Kessel et Maurice Druon , mis en mélodie par Anna Marly : Clic.

 

           

 

 

_____________

 

 

L’organisation de « l ‘Air Support » mettant en relation jeeps, camions et chars avec l’aviation américaine sera décisive le  13 Septembre 1944  dans la victoire de la bataille de « Dompaire », où les durs combats opposèrent durant 2 jours la 112e Panzerbrigade allemande à la 2e DB, dans sa marche vers Strasbourg, très inférieure en nombre.

La synchronisation des attaques terrestres avec les attaques aériennes américaines aura été déterminante pour la libération de Dompaire et de Ville-sur-Illon. :

Les informations sur l bataille de Dompaire , qui fut l’une des plus belles victoires de la 2 ème DB sont nombreuses sur internet.

 

Dompaire

 

       Dompaire - Victoires en Alsace :

           

            Jean de Person reprend  à nouveau un poste de commandement de troupe.

Le 24 décembre 1944, il est nommé au 12 ème Régiment de cuirassiers.

Devise du 12ème cuirassiers : « Pericula ludus » :

 

 


 

 

Strasbourg

 

 

12.             Intermède à Loches :   (retour haut de page : clic)

 

En mars 1945 après de durs combats en Alsace, les forces de la 2éme DB ont besoin de repos.

Leclerc et la 2ème DB s’installent à Châteauroux.

Jean s’installe avec le 12ème cuir dans des baraquements en bois à Loches .

 

Baraquements de la place de Verdun. Au premier plan les chars du 12ème régiment de cuirassiers de la 2ème D.B. 1er escadron,  le 4 Mars 1945.

Jean de Person devant la Jeep « Brest »

 

La 2ème D.B. à Loches en Mars 1945

 

 

Jean put alors faire de fréquents voyages à Blois, pour y rencontrer sa famille qu’il n’avait pas revue depuis 1940.

Il retrouvait sa tante, son oncle et tous ses cousins. Il racontait son évasion, ses combats, son mariage à Londres, etc.

Il rencontra sa nouvelle « petite belle-sœur » qu’il n’avait pu connaître et dont le propre frère, également officier de cavalerie, était toujours retenu prisonnier en « Oflag » depuis 5 ans.

 

 

 

13.   Retrouvailles après 5 ans de séparation :    retour haut de page : clic

 

 

 

 

1940 Chapelle de La Garoupe :

Sans avoir été tués ni faits prisonniers Paul et Pierre sont démobilisés en uniforme  ; Mais Jean  est à ce moment prisonnier en Poméranie.

 

1945 : Après 5 ans de séparations, la famille se retrouve à Blois.

Jean vient en visites avec sa Jeep et son chauffeur. Il revoit son oncle et sa tante à La Butte.

De la famille - qui s’est beaucoup agrandie - iI manque encore Denis que Jean n’a encore jamais vu parce que Denis est toujours prisonnier en Allemagne dans de très dures conditions – il a souffert de dures sanctions pour avoir fait 4 tentatives d’évasion qui ont toutes échouées. 

Mais sa correspondance écrite transmet des nouvelles et il annonce qu’il sera bientôt libéré.

Le printemps est radieux et la victoire des alliés est imminente.

Jean a gagné un beau palmarès.

De Londres, il avait glissé dans une lettre à la famille : «… entre-temps je me sui marié… »

Son épouse est une jeune Française veuve d’un officier de la R.A.F. qui a une petite fille.

Son épouse est enceinte : Il est père.

Il a hâte de connaître Denis, le frère de « sa petite belle sœur »

Quand Jean apprend que de Gaulle envoie la D.B. pour libérer Royan, il a la même réaction que Leclerc : Cette mission est un scandale ! Elle est extrêmement dangereuse, coûtera cher en hommes des deux côtés et est totalement inutile !

Il a le pressentiment qu’il n’en reviendra pas.

Geneviève lui donne un brin de muguet pour lui porter bonheur.

Il lui répond « Cela ne changera rien ! »

 

Blois, mars ou avril 1945

Pierre de Person, Geneviève, Jean-Marie et Nelly

Jean avec Paul

 

Mars ou  avril 1945, à La Butte :

Paul , Jean, Jean, Suzanne

A La Butte :

Jean sous le cèdre

 

 

 

Paul a fait la guerre comme médecin dans un « Groupe de Reconnaissance » qui a été décimé

Paul devant le cèdre à La Butte ; On aperçoit la limousine de son père

Pierre et Nelly  1945

Antoinette, Pierre, Geneviève et Paul  1940

Nelly à La Butte  1945

 

 

 

14.             Libération de la Poche de Royan  :    (retour haut de page : clic)

           

            On a beaucoup écrit sur l’inutilité stratégique de la réduction militaire des poches de l’Atlantique à la fin de la guerre.

            Véritables enclos à l’agonie, elles ne pouvaient que tomber d’elles-mêmes au moment de la victoire que tout le monde savait proche.

Si les souffrances des français « enclos » étaient réelles, les souffrances résultant de nouveaux combats ne pouvaient qu’être pires.

On y voit généralement soit une opération politique nationale, soit une opération de prestige international[8].

En Avril 1945, malgré les protestations de Leclerc, la 2eme DB est désignée pour libérer la poche de Royan.

Dès lors, Jean, qui, dès Mars 1945, avait renoué ses relations familiales, en particulier en passant d’interminables heures avec mon père, son cousin germain, livra son pressentiment qu’il n’en reviendrait pas - malgré le brin de muguet que ma mère lui offrit à son départ, en guise de « porte bonheur ».

Ce fut l’opération « Vénérable »

La première opération, nommée « Indépendance » prévue pour le 25 décembre 1944 avait été reportée en raison de l’offensive allemande dans les Ardennes.

 

Claude Guillaumin écrit dans étude, « Les poches de l’Atlantique », In : « Les grandes énigmes de la Libération » présentées par Bernard Michal, Tome 3, pages 89 à 164 . (Editions de Crémille, Genève 1969) :

 

[pages134-136]

« La drôle de guerre reprend, les semaines passent .. et pour les Allemands la certitude que désormais la guerre est bien perdue - la contre-attaque von Rundstedt et la contre-offensive sur l'Alsace ont été repoussées. Le rouleau compresseur allié s'est remis en marche.

Beaucoup de responsables de l'armée allemande pensent qu'il serait temps de négocier avec les Occidentaux et de provoquer un renverse­ment des alliances contre les Russes, mais Hitler entre dans des crises de fureur épouvantables dès qu'il entend parler de défaite, et encore plus de paix.

Tandis qu'il aligne des divisions de plus en plus fantômes sur la carte des opérations, le Führer suit avec impatience la préparation des armes secrètes qui, après les V 1 et les V 2, doivent obliger les Alliés à demander grâce! Dans ce plan insensé, les bases de l'Atlantique jouent leur rôle.

Hitler pense qu'elles pourront servir, d'une part, à la Kriegsmarine pour relancer « la bataille sur l'Atlantique », d'autre part que de là partiront les contre-attaques sur les arrières ennemis!

D'où les ordres répétés expédiés par avion de tenir jusqu'au bout et de préparer la revanche.

Des hommes comme Schirlitz ou Michahelles qui, eux, savent exactement quelle est la situation et sont de véritables hommes de guerre, ne peuvent que hausser les épaules en lisant les instructions du « caporal autrichien », mais ce sont aussi des hommes de parole: les ordres sont les ordres.

Les victoires successives remportées par les Alliés sur le front principal permettent de ressortir les plans d'attaque contre les « poches », dans la mesure où il n'y a plus d'inconvénient à détacher une ou deux unités pour renforcer l'armée du général de Lar­minat.

C'est ainsi que, fin février, le général Eisen­hower autorise que soit retirée du Rhin la célèbre 2 ème D.B. du général Leclerc.

Celle-ci vient d'être ramenée au repos en Lorraine, après s'être une fois de plus couverte de gloire dans la réduction du saillant de Colmar.

Quelques jours plus tard, les hommes de Leclerc apprennent que le « patron» est nommé au comman­dement d'un corps d'armée, ce qui les réjouit, et qu'ils sont envoyés au repos ... à Châteauroux, ce qui provoque de leur part une sainte fureur.

Eux qui rêvent depuis quatre ans d'entrer en Allemagne les armes à la main, les voilà condamnés à regarder de loin les autres le faire.

La rage au cœur, inutiles, ils apprennent que les Américains et les Anglais s'emparent de Brême, de Hanovre, de Francfort, que la 1ère armée vient d'entrer à Karlsruhe et marche sur le Neckar.

C'est alors que la vérité se fait jour : ils sont chargés d'aider de leurs chars et de leurs canons le général de Larminat à réduire les « poches » de l'Atlantique ... C'est la poire pour la soif.

En apprenant cette mission, le général Leclerc pique une de ses colères les plus mémorables.

Il se précipite à Paris, plaide la cause de ses hommes auprès du général de Gaulle :

 « Obliger une division qui a libéré Paris et Strasbourg à terminer piteusement la guerre dans les parcs à huîtres de Marennes, c'est impensable, c'est une punition. N'importe quelle unité peut faire l'affaire, mais pas la 2 ème D.B. Cette expédition est un défi au bon sens, une humiliation pour ses hommes, une coûteuse inutilité, un châtiment. Quelle faute la division a-t-elle commise pour être ainsi traitée? »

Raison, logique, sentiments, le général Leclerc tente tout.

Rien n'y fait. De Gaulle maintient sa décision.

Leclerc revient à Châteauroux, désespéré mais nullement résigné.

Il repart aussitôt pour l'Allemagne, afin d'essayer de convaincre le général Devers qu'il a besoin de la 2e D.B.

Le commandant américain ne demanderait pas mieux, mais ce n'est plus seulement une affaire militaire, c'est devenu une affaire politique, une question de prestige.

Le général Leclerc n'a plus qu'une seule solution : ruser.

Il confie au colonel de Langlade une partie seulement de la division, le 12e chasseurs d'Afrique, la 1/13e du génie et les transmissions, avec mission de se mettre à la disposition du général de Larminat, mais sans accepter de lui un commandement, et avec ordre de garder chaque jour le contact avec son « vrai chef ».

 « Je me refuse absolument, dit Leclerc à Langlade, à jouer aucun rôle dans cette mascarade ! »

Inutile de dire que, dans ces conditions, les rapports entre le colonel de Langlade et le général de Larminat manquent pour le moins de chaleur.

Le commandant des forces de l'Atlantique n'ignore évidemment rien des réticences de Leclerc, mais il a besoin de la 2 ème D.B., même incomplète.

Pendant la bataille de Royan, le général Leclerc ne cessera de parcourir le front, au point de risquer plusieurs fois sa vie, pour galvaniser ses hommes, mais il n'aura avec Larminat que des contacts épistolaires.

Impassible, Larminat recevra les lettres et, négligemment, les déposera en souriant dans un tiroir de son bureau ... sans les lire!

Et dans ses Mémoires, il s'abstiendra de tout commentaire sur le rôle joué par les éléments de la 2 ème D.B. dans « sa » victoire. » …

 

Comme on s’y attendait, les combats ont été rudes et très meurtriers.

L’armée française manquait de cadres, et la formation des hommes, souvent très jeunes, qu’il fallait entraîner, était souvent insuffisante.

 

 

D’après Dominique Lormier : « Les poches de l’Atlantique »

 

Film de l'INA actualité 1945 (libération de la poche de Royan)

 

Film INA : Déclaration du général de Larminat

 

Le Napalm était découvert depuis peu et aurait été utilisé pour la première fois (avec maladresses d’ailleurs) dans les bombardements de l’opération « Vénérable » le Samedi 14 Avril 1945. (Sinon lors du bombardement de Hambourg en juillet - Août 1943 : discussion =>:  clic )

 

            L’attaque de Médis : In « MEDIS SOUS LA BOTTE »

[ page 37]

            «  .. Le 13 Avril, des obus incendiaires et fumigènes sont lancés par les Allemands dans le bout de la vigne, les futaies et le verger, et je crains que la maison ne soit visée pour m'obliger à, partir.

            Dans la matinée du même jour, une nouvelle me comble d'espérance; je reçois, du Capitaine VÉJRON, l'or­dre de faire passer les guides du réseau de renseigne­ments à Saujon, pour qu'ils puissent prendre rang dans les unités qui doivent attaquer et pour guider let; troupes.

            Dans la journée, se déclenche un bombardement massif qui ébranle toute la maison et qui a comme objectifs les diverses positions allemandes.

 

            Dans la nuit du 13 an 14 Avril, les diverses troupes prennent position.

            Le Général de Larminat, commandant le détachement d'armée de l'Atlantique, avait donné à [ page 38] la division « Gironde », sous les ordres du Général D’Anselme, comme objectif la prise de la poche de Royan. Cette division comprenait :

            Un groupement Nord sous les ordres du Colonel Grangier, qui avait comme axe d'attaque, sur la Commune, la route nationale de Saujon à Royan et, com­me objectif, Médis bourg, Belmont et Royan. Elle se composait : du 4e Régiment de Zouaves; du 4e Bataillon de Tirailleurs Nord-Africains; du 1er Bataillon du 50° R.I.; du 2e Bataillon du 131 e R.I.; des chars de la 2' D.B., montés par le 12e Cuirassier, détachés de la Di­vision LECLERC; de 75 du 20° RA. ; de deux groupes de 105 de la 2e D.B. ; d'une Compagnie du génie et de deux groupes de 90 du Régiment de canonniers marins;

            Un groupement Sud aux ordres du Général Adeline, qui avait, comme axe de combat, Musson sur la Commune, puis Saint-Georges-de-Didonne et la pointe de Vallières.

Le Lientenant-coloneI Frugier commandait le 107" R.I. à deux bataillons, un Bataillon du 150° R.I, des chars montés par le 13° Dragons,  trois groupes de 75, deux sections du 92° Bataillon de génie, qui attaqueront sur l'axe Meschers-Suzac, avec un sous groupement sous les ordres du Lieutenant-Colonel Faulconnier, comman­dant le Bataillon de Bigorre, le Bataillon Foch, trois groupes de 75, un groupe de 105 et une compagnie de génie qui attaquera. sur l'axe des Brandes, Saint-Geor­ges-de-Didonne et pointe de VaJlières.

            Le groupement Sud possède en outre un Escadron de chars moyens du 12" Chasseurs d'Afrique, une demi­ Compagnie du génie, un groupe de bombes-fusées, un Bataillon du 131" RI., deux Escadrons de chars mo­yens de la 2e D.B., un Régiment de Spahis Marocains et un groupe de 155 court.

La limite, entre les deux groupes, est délimitée par Toussaugé, les Brandes et la Triloterie.

            La division Gironde dispose en plus de réserves et d'une artillerie composée de trois groupes de 155 court, [ page 39] deux groupes de 90, une batterie de 155 long du Régi­ment de canonniers marins, une batterie de 220 court et la 13° brigade d'artillerie américaine:

Sur la commune, l'ordre de bataille étant dans la nuit du 13 au 14 Avril, le 1er Bataillon du 50° R.I. à Vertin pour se diriger sur Brie, les Zouaves à Chail­lonnais et à la lisière des bois Gauthiers. L'autre partie des troupes abordera, dans la mati­née, Musson et Toussaugé, ayant pris ses positions au delà de Semussac et du chateau de Didonne.

 

            L'attaque est déclenchée le 14 Avril, à six heures qua­rante-cinq du matin, après une préparation d'artillerie qui, pendant quinze minutes, me fait me souvenir des bombardements massifs de Verdun.

Des milliers d'avions sillonnent le ciel par vagues, et augmentent encore le vacarme par le lancement de leurs bombes.

            A sept heures et demie du matin, les blindés entrent à Médis par la route nationale; les Zouaves sont au Pourteau et aux Elies. .Je suis emmené avec GERVREAU au P.C. du Colonel GRANGIER, situé à Chaillonnais, dans la maison DE FERRIÈRE .

            Je me fais reconnaître et je suis immédiatement questionné par le colonel sur les points de résistance, notamment an Pouyau.

            Des journalistes américains. qui suivent les opérations, me questionnent à leur tour sur l'existence à Médis pendant l'occupation et m'annoncent la mort du Président ROOSEVELT.

            A onze heures, je rentre aux Elies. Ils sont occupés par l'Etat-Major du Colonel ROUVILLOIS, qui commande les tanks qui poursuivent leurs opérations du côté de La Rigaudière, des Bonshommes et de Tournepiche.

            Peu avant midi, des avions américains laissent tom­ber des bombes sur les Elies : L’étable de GERVREAU est incendiée, ainsi que l'aile gauche des Elies.

            Grâce à la présence des Troupes, les toitures et parquets sont coupés et l'incendie est vite éteint.

Le 3° Bataillon de Zouaves progresse assez rapide­ment et occupe Médis à neuf heures trente, après une [ page 40] vive résistance.

A dix heures quarante-cinq le Pouyau et Puyraveau sont occupés et le 1er Bataillon du 50° R.I. sous le commandement du chef de Bataillon PLASSARD, arrive encercler Brie, et le village est occupé à douze heures trente, laissant quinze tués sur le terrain.

            A 11 heures, c'est Musson qui est délivré par le groupe de Bigorre et les Brandes à onze heures trente.

            Le groupe de chars Soma entre à onze heures trente à Tonssaugé.

            Les objectifs de la première journée sont atteints, libérant la presque totalité de la commune, qui aura à déplorer la mort d'un enfant à l'Anglade et les blessu­res faites par grenade à Paulette CHAFFAUD à l'attaque du Pouyau.

 

            Le 15 Avril, arrive aux Elies, le Général Leclerc et c'est l'attaque du réduit proprement dit de Royan qui commence.

            Des milliers d'avions déversent des tonnes d'explo­sifs sur les blockhaus de Belmont et les réduits enne­mis, et c'est à treize heures trente que cette seconde atta­que est déclenchée, avec une préparation d'artillerie intense.

            Les zouaves progressent de Médis par bonds et abor­dent les champs de mines à travers lesquels ils passent, conduits par Neveu et Bétizeau, deux guides de la Ré­sistance de la Commune.

            A quinze heures, le 4° Zouave pénètre à l'intérieur de l'ouvrage de Belmont et, après une heure de durs combats dans les casemates, l'ouvrage est complètement conquis.

            Les chars du 12° Cuirassier (Division LECLERC) se précipitent sur la route de Royan; ils atteignent la ville avant la nuit.

            Au Nord, le détachement du Colonel ROUVILLOIS, avec ses chars, occupe Maine-Arnaud après avoir tra­versé les parties minées de la, commune, du côté de la Tournepiche, guidés par le résistant BOYER.

            Pendant ce temps à treize heures trente, les B.M. 2 [ page 41] et B.M. 5 prennent les ouvrages de Boube et du Peu, qui sont conquis à quatorze heures.

            La Commune voit enfin son territoire délivré, et le 16, l'attaque va se continuer dans la direction de Saint­ Sulpice, de Jaffe et de la presqu'île d'Arvert.

 

            Les 17, 18 et 19 Avril, des Médisais commencent  à rentrer et, le 20 Avril, le Commissaire de la République et le Sous-Préfet viennent aux Elies après avoir visité la Commune.

            Je demande que Médis soit déclarée sinistrée, …

 

            Le 8 Mai, c'est la cessation des hostilités …

 

            Le 24 Septembre … Mais le travail le plus urgent n'est pas dans la paperasse, il faut organiser maintenant les premiers secours aux habitants rentrants et soulager le plus possible les détresses … »

           

 

Ci-dessus le « Sherman Fez ». Le Sherman M4 est fabriqué à partir de 1941. Les FFL en sont équipées. Monté par un équipage de 5 hommes, il peut rouler à 40 km/h, avec une autonomie de 250 km. Doté d’un canon de 75 mm (une centaine de tirs), il pèse 30 tonnes en charge.


 

Le 15 Avril 1945, Jean de Person arrive de Paris, où il était convié à faire une conférence qu’il a ajournée afin de prendre part aux opérations de terrain.

Il arrive au Pouyaud[9], commune située à 2 km au Nord Ouest de Médis, entre Saujon et Royan.

Debout, aux côtés du général Leclerc, il s’installe sur une élévation, à la lisière du dégagement de terrain qui lui permet de suivre l’avancée des combats sous la protection du feu de trois chars, dont les « sherman » « Fez » et « Meknès ». L’adversaire est à environ 1300 mètres devant.

Mais le canon du « Fez » s’enraye. Le char cesse le tir et recule de 50 mètres pour dégager le canon. Il s’installe à coté de l’Etat Major. Il réussit à faire tomber l’obus dans la tourelle. Mais sa protection aura cessé ainsi instant.

L‘artillerie adverse, qui avait sans doute repéré la  poussière dégagée par l’arrivée des jeeps, riposte et tue le commandant de Person, le lieutenant Fraysse et le zouave Ripoll, les deux derniers du 4ème zouaves. Leclerc est indemne.

D’autres ne sont que blessés : Jacques Herry est évacué, blessé à la tête.


 

 

Une victoire difficile sur fond de tragédie amère.

 

            Journal de marche et opérations du 12 ème cuirassiers :

 

[ page 225]

14 Avril 1945

Nuit calme. Le matin, attaque d'aviation de grand style, des vagues de centaines de bombardiers déversent des tonnes de bombes sur Royan et la presqu'île d'Arvert. La

mission du détachement d'attaque est la suivante:

1 ° attaque des avants-postes

2° rupture de la ligne principale de résistance

3° exploitation et capture de Royan.

À 6H40, les 3° et 4° Escadrons sont engagés.

- Le 3° Escadron occupe Les Bonshommes, Les Rehesmes, Moquesouris, Kerneuil, poursuit la progression, occupe Pouyaud et pousse jusqu'à Puyraveau.

- Le 4° Escadron se bat pour Médis.

A 12H30, Brie est pris par le Peloton De BRIEY (3° Esc.).

- Le 3° Escadron bivouaque au Sud-Ouest de Les Bonshommes, les fantassins l'ont relevé et occupent le terrain.

-         Le P.C. du Colonel s'installe pour la nuit, dans les champs, aux environs de Brie.

15 Avril 1945

Jusqu'à midi, intense bombardement aérien.

Le sous-groupement en 1er échelon (2° Escadron de chars, 1 peloton de TD, Artillerie, Infanterie et Génie) se déploie dans la plaine au Nord de Pousseau.

Une bataille s'engage sans qu'une décision soit obtenue.

Le P.C. du Colonel a été successivement aux Élies où il a manqué flamber: un avion ayant, par méprise, laissé tomber sur nous des bombes incendiaires, puis à La Renaudière.

[page 226]

La Commandant De PERSON est tué; le Lieutenant LENOIR est blessé à l' observatoire de La Renaudière. Le Général LECLERC, qui était présent, et le Colonel ROUVILLOIS sont indemnes.

Le 3° Escadron est appelé à la rescousse, las TD ayant épuisé leurs munitions.

Il est 17H00. Les zouaves restant cloués au sol, malgré les efforts du Capitaine BIZOT pour les entraîner à l'assaut.

Des chars du 3° Escadron sautent sur des mines.

Bilan : - 1 char détruit (« ARGENTON »),

30 fantassins hors de combat, 

200 prisonniers capturés

À 20H19, le Sous-Lieutenant De BRIEY reçoit l'ordre de prendre Maine-Arnaud et de s'installer en défensive face au Sud.

Durant tout l'après-midi, les chars 105 de l’Escadron d'État-Major ont fait merveille sur les blockhaus allemands. …

[page 230]

19 Avril 1945

Obsèques solennelles du Commandant de PERSON, en présence de sa femme venue d'Angleterre, en l'Abbaye de St-André de Sablonceaux.

20 Avril 1945

À Burie, dans l' église, absoute en mémoire du Commandant de PERSON. Grand concours d'autorités civiles et militaires.

 

            Journal «  Caravane » :

 

            [HT 0]

 

Pertes de la 2ème DB pendant la Bataille de ROYAN

Unités

Tués

Blessés

12° RCA

S° lieutenant BOUDOUX D’HAUTEFEUILLE

Maréchal des Logis LIZE

Chasseur TRAVAUX

Chef d’Escadron GRIBIUS

Adjudant LAROUSSE

Maréchal des Logis GUILLOT

Maréchal des Logis SPILLAERT

Brigadier chef DUPRE

Chasseurs de MIASMOND et MORAX

Chasseur ROBIN

12° Cuir

Chef d’Escadrons de PERSON

S° lieutenant MATHIEU

Maréchal des Logis chef DAVID

Cuirassier MALHERBE

Cuirassier BOUKHORS

Cuirassier DAHMANE

Capitaine LENOIR

Capitaine BOZZO

S° lieutenant MERCIER

Adjudant GAILLOT

Maréchal des Logis GAGNEUX

Brigadier PONS

Cuir. X chauffeur du commandant de Person

3° RAC

 

SUSSFELD, CAILLOU, OVENZAR ,  AUDEBERT, SAUTEL, FANTIN, CHERGUE, BOUINE, JUIF

40° RANA

 

Sergent pilote Benoit de NYVENHEIM

Observateur Lieutenant GONDCHAUX

Canonnier BAUVE

60° RADB

Lieutenant COURCELLES

SYLVESTRE, POTIN, SEBAN

22° FTA

Brigadier STEINMETZ

 

13° Génie

Sapeur BOUCAMUS

Sapeur DEVAILLY

Sapeur MICHEL

Sapeur MAZET

Sapeur CHEVALLIER Paul

Lieutenant  LEGRAND

S° lieutenant BLAISE

Sapeurs BUTTINGER et LEDOUX

Sapeurs de BUISSON et GRISON

Sapeur FONTAINE

Sergent chef CHOPLIN

Sergent PRODHON

Caporal SOUBAIGNE

Sapeurs ACKERMANN et DESCHAMPS

Sapeurs LESTRAIVENNE et TODESCHINI

Sapeur TISSANDIER

Sapeur CHEVALLIER RAYMOND

RBFM

Second Maître CALVEZ

Quartier Maître SOLEILLAN

Matelot GRENIER

Matelot MOELO

Second Maître VEZ

Quartier Maître DUFOUR

Quartier Maître LIGNON

Matelot BLANCHE

 

Etat Major

 

Lieutenant HERRY (501° RCC)

PEREZ Emile

QG/97

 

Adjudant DURAND

Soldat PEREZ

CM 97/84

Sergent de DALMAS

 

           

[HT 3]

1945 …

Le 15 Avril, ROYAN,

Au petit jour. notre dispositif s’est déployé dans la région des Brandes. au delà d' un terrain d'aviation, en direction de Royan. Vers 08H00, un sourd bourdonnement vient du ciel: par vagues de cent, sous un soleil éblouissant, mille «  forteresses volantes » américaines nous survolent et déversent sur la ville des tonnes de bombes, achevant de la réduire en poussière [le 5 janvier 1945, par suite d’une magistrale erreur d’un général américain, Royan avait été rasée aux quatre cinquièmes par 800 tonnes de bombes]

Fort heureusement, les habitants sont partis, mais, dommage ! ... les allemands aussi!

Ils sont camouflés dans le grand parc de la Triloterie et ne recevront pas une seule bombe !

Ces avions intempestifs et inutiles ont négligé également la ceinture fortifiée qui défend Royan vers l'Est, devant laquelle nous sommes.

Les avions ont disparu. Nous franchissons une crête et nous nous trouvons face à l'ouvrage de Belmont. Plusieurs blockhaus apparaissent, intacts et fortement armés: ils le prouvent immédiatement. L' ensemble est protégé par cinq champs de mines. barrière infranchissable sous le feu.

C' est sur Belmont que le 4ème escadron déclenche une attaque particulière. entièrement statique.

J'ai numéroté les cinq casemates. Comme au champ de tir, dans la tourelle du VERDUN IV. je prends mon micro: « Objectif: casemate N°1 .. Hausse: 1000 mètres ...  Feu ! »

Dix-sept obus s'abattent sur la casemate ... Crespin synchronise: au même moment. sa batterie tire sur la même cible.

Une étouffante poussière s'élève vers le ciel; un bruit infernal torture les occupants.

A la quatrième salve, nous voyons apparaître un chiffon blanc au-dessus d' un fusil. En peu de temps. cinq toiles blanches concrétisent la reddition. Aussitôt, nos sapeurs dégagent avec précaution un chenal dans les champs de mines.

Ripostant à nos feux de salve sur Belmont, l' artillerie ennemie, camouflée dans des blockhaus, tire du front de mer sur nos emplacements.

Bien protégés par nos blindages, ces tirs nous laissent indifférents.

Mais, sur notre droite, dans ce décor de champ de manœuvre, vient s'insérer un véhicule insolite: un « command-car » non blindé. parfaitement vulnérable.

Quelques silhouettes en descendent et se campent sur la crête, scrutant l' horizon de leurs jumelles.

Un képi se détache sur l’horizon ... c' est le Général!

Brusquement, des fumées caractéristiques des explosions, entourent le véhicule : ils ont été repérés.

Leclerc reste debout.

A ses côtés, la haute taille du commandant de Person se détache, bien droite sur la crête.

Un obus éclate à leurs pieds.

Le général, impassible, ne bouge pas d' un pouce[10]; son compagnon s'écroule, mortellement frappé d'un éclat au cœur.

C'était notre 13ème convive au repas de Ligueil. Voilà ce qu' il avait écrit, en Janvier, sur le livre d'or de l'escadron:

[HT 4]

« Au plaisir .. de cette magnifique popote, ... mon danger,

d'un évadé à un évadé, le 22 Janvier 1945 » 

[devise du 12° cuirassiers : « pericula ludus », « au danger … mon plaisir »]

Nos sapeurs ont bien travaillé : Devant nous, un étroit chemin délimité par des cordeaux rouges aboutit vers les fortins.

Le char BERRY-AU-BAC, l’adjudant Job en tourelle, le lieutenant Bozzo, mon adjoint, sur le toit, prend la tête et parcourt avec précaution une cinquantaine de mètres; les autres chars suivent au plus près.

Une bruyante détonation nous fait sursauter. BERRY, soulevé violemment par la détonation, retombe inerte; Bozzo fait une voltige à la verticale, s'écroule lourdement sur le char et prend un coup terrible dans la colonne vertébrale : Une mine a été oubliée ...

Tous les chars sont bloqués dans l’étroit chenal; il faut en ouvrir un autre.

Ricci s’y emploie rapidement. En quelques instants la voie est libre : les chars se ruent vers la ville. Les fantassins rassemblent les allemands sortis de leurs casemates complètement abrutis.

Plus de mines ! Bigre !... Il arrive avec ma jeep …

Enfin! on va pouvoir rouler !

Vite, nous rattrapons les chars ... Là, spectacle incroyable : devant la gare ... de l'eau partout !

GORILLON I noie son moteur; je poursuis à pied, dans l'eau jusqu'aux cuisses.

Les chars escaladent des montagnes de démolitions; les maisons sont dans les rues.

Je passe avec précaution devant un pan de mur resté debout, par miracle, sur lequel je lis le mot « POSTE ». Cent mètres plus loin, c'est la mer.

La plage est hérissée de pieux métalliques orientés vers le large.

Ironie du sort ... nous arrivons de l'autre côté.

Les américains ont fait du beau travail : La ville est entièrement détruite !

Dans cet enfer abandonné par les habitants, nous n'avons pas trouvé un seul allemand !

Colonel (cr) Ernest GAUDET - 1990

capitaine commandant le 4°/12 Cuirassiers

1943 - 1945

           

            La Poche de Royan. Chemins de la Mémoire

Photos des combats  Archives ecpad

 

 

 

 

 

15.             Décès  :    (retour haut de page : clic)

           

Tué à l’ennemi le 15/4/45 à Pouyau ( Charente Maritime) à 16 heures.

Ministère de la Guerre :Jean de PERSON résidait avant son décès : …

Prévenir son frère :  de PERSON …

Madame veuve de PERSON …

 

            Un office religieux, suivi d’un hommage militaire, serra rendu en l’abbaye Saint André de Sablonceaux.

            Inhumé à Sablonceaux le 18 Avril 1945,  le corps sera plus tard transporté à Grenoble et son nom sera inscrit sur le monument aux morts de cette ville.

 

 

ACTE DE DECES :

Du 17 Avril 1945, à BURIE

Etablit le décès le 15 Avril à 16 heures à POUYAU (17)

Mort pour la France

Fils de …

Marié à Mme Veuve B. domiciliée …

« N’ayant pas pu nous transporter auprès de la personne décédée, la réalité du décès nous est attestée parles deux témoins soussignés » :

« Fernand C . agé de 29 ans, MdL Chef au 12éme régiment de  Cuirassiers

Richard M. agé de 24 ans ;, Maréchal des logis au 12éme régiment de  Cuirassiers »

« Dressé par nous,

Charles M. Lieutenant au 12éme régiment de  Cuirassiers ».

Tué par éclats d’obus à POUYAU, commune de Médis (Charente Maritime)

Inhumé au cimetière de Saint André

 

Ainsi son épouse aura été deux fois veuve  de guerre en quelques années.

Sa fille, devenue ma cousine, avait 4 ans.

Plus sur son épouse : Décédée le 15 juillet 1948 ; « Une française libre parmi 52630 » clic

 

 

 

 

 

 

 

 

 

18 Avril 1945, obsèques du commandant de Person : Le cortège a quitté la petite école de Saint André de Sablonceaux  transformée en chapelle ardente. Il emprunte le chemin qui conduit à l’abbaye de Sablonceaux. En tête du cortège, de gauche à droite : commandant Thomas, capitaine Gaudet, commandant Noël, capitaine de Tarragon.

En haut : le cortège s’engage sous le vieux porche d’entrée de l’abbaye de Sablonceaux dont on aperçoit le clocher. Le corps est porté par un véhicule du 12ème cuirassiers. Les hommes de la garde d’honneur tiennent chacun une carabine U.S., canon pointé vers le sol.

En bas : dans le cimetière proche de l’abbaye, le cercueil recouvert de glycines et de lilas va être déposé provisoirement dans le caveau de la famille de Fernande Bouyer, institutrice de l’époque. L’aumônier militaire, l’abbé de Launay, assisté de l’abbé Giraudon est entouré des enfants de chœur de Sablonceaux.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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16.        Presse, Pages de Commémoration  :    (retour haut de page : clic)

 

du journal « Caravane » N°19 du 25 Avril 1945 retrace le parcours de Jean de Person de 1940 à 1945 :

 

 


« le chef d'escadrons de Person »

 

Le soleil du 15 avril devant Royan, où la Division reprend des opérations, nous a emmenés bien loin des combats de l'hiver. A 15 heures, après un bombardement aérien qui a duré toute la matinée, le colonel Rouvillois qui commande deux de ses propres ­escadrons et deux bataillons d'Infanterie aborde la ceinture de mines méticuleusement posées depuis huit mois qui couvre la position défensive du réduit. Lé débouché est difficile. Le colonel Rouvillois rejoint son fantassin.

De Person s'est dégagé de Paris ou il devait faire une conférence, pour avoir sa part de l'opération.  Il est arrivé le matin même.  Adjoint au colonel Rouvillois, il reste à la dernière lisière, à proximité des ­radios qui sont installés aux quelques maisons de Pouyaud, à 2 kilomètres au N·-O. de Médis. De là, , quelques à quelques centaines de mètres, il scrute anxieusement le combat. C'est là qu'il est tombé, sous une rafale d'artillerie, dans le grand soleil de cette après-midi.

*

Cavalier de tradition et de vocation, de Person, était entré à Saint-Cyr en 1925. La débâcle de 1940, le trouve dans un Etat-Major, avec lequel il est fait ­prisonnier. Il passera sept mois dans un Oflag de Prusse Orientale, dans le groupe de ceux qui vou­laient à tout prix redonner un sens à cette vie de troupeau derrière les barbelés, garder un idéal bien à eux, maintenir leur forme intellectuelle et physique, préparer leur évasion.

            Le 1er février 1941, un manteau de neige couvrait la Prusse Orientale : l'Allemand qui estimait impossible une évasion au cœur de cet hiver du Nord relâchait sa vigilance.

Après avoir patiemment réuni quelques effets à allure civile et quelques vivres de Person, avec Billotte et Boissieu*, les endossait un matin, les recouvrait de sa longue capote, et prenait bonne place dans la file qui avait. droit hebdomadairement à quelques instants de marche dans un étroit sentier de neige. Un soldat allemand ouvrait cette marche, un autre la fermait; la file, monotone, serpentait entre les deux.

Un coude du sentier lés masquant au deuxième (quant au dos au premier, il ne montrait aucun signe de vouloir se retourner), nos trois camarades jettent d'un coup d'épaule leurs capotes que des camarades prévenus attrapent et cachent sous les leurs, coiffent comme pour une transformation de cirque une casquette, et font demi-tour sur place. Ils se rangent respectueusement dans la neige pour laisser à passer la file et la dernière sentinelle que, en bons paysans allemands, ils saluent de, l'obligatoire « Heil !… ».

 

Ils marcheront encore deux jours et deux nuits dans la neige. Puis ils se raseront, ,toujours dans la neige (les évadés se font toujours repérer à leur barbe).

Après quoi ils circuleront plus librement. prendront le chemin de fer, visiteront Kœnigsberg. A la frontière russe, le passage est à .nouveau difficile. Ils arrivent' à se faire' reconnaître, et rentrent, de leur plein gré celte fois, en prison. Nouveau séjour long et dur, plus dur certes que l'Oflag, dont ils ne sortiront qu'après l'entrée en guerre de la Russie. Ils sont alors amenés à Moscou, puis, embarqués pour Londres, où le bateau ramène des hommes physiquement â bout, mais dont un éclat de triomphe anime le regard.       '

En Angleterre; de Person prend le commandement du camp de Camberley, où se sont formés tant de  jeunes Français répartis dans toutes nos unités. Son insistance à rejoindre une unité combattante l'amène en 1943 aux spahis à Sabratha. Quand la Division se forme au Maroc, il est détaché auprès de1’Etat-Major de Rabat : tous nous avons à un moment ou à 1 autre eu recours à lui, et, tous, nous nous rappelons les inépuisables réserves de patience et de souriante camaraderie qu'il a mises à notre service.

            En avril 1944, il est désigné pour organiser à la Division l'Air-Support, puis suit un cours à Alger, cours interrompu par l'embarquement. Le séjour en Angleterre, il l'emploie à mettre sur pied cette équipe partie de rien, à trouver et à faire accepter une méthode, à multiplier les liaisons avec les aviateurs américains. Son effort se poursuit pendant. la campagne de France : aux jeeps et aux camions radios il fait adjoindre les chars radios; il a maintenant un team dans chaque groupement tactique. Il s'acharne à vaincre les difficultés de montage, les difficultés mécaniques : désigné pour être équipé au passage à Paris, le char qui fit Dompaire avait rejoint l'avant- veille !

Malgré les quelques grands succès obtenus par l'Air~Support (entrecoupés d'attentes, de mises au point, et de longs scrutages du ciel), de Person gardait la nostalgie de la troupe. Sa joie était grande en Alsace, en janvier, à rejoindre le 12" Cuir.  dont iI commandait un sous-groupement lors des opérations de l'Ill. Il entendait ne plus manquer une opération, reprendre comme combattant effectif la part la plus large possible de la bataille.

*

Le Général était, lui aussi, venu regarder, le 15 avril, la tournure que prenait le combat. De Person a été tué à ses côtés. Après avoir salué sur place sa dépouille, i1 retournait le lendemain soir, à la mairie du petit village de ... , lui remettre la Légion d'honneur. De Person, en effet, à qui ses services et sa campagne de 1939-40 avaient valu cette distinction ne la portait pas parce qu'elle avait été signifiée à sa famille, et pendant sa captivité, par un décret de Vichy.

Au nom du général de Gaulle, devant un. peloton du 12ème Cuir., dans une petite salle encombrée de paysans français et de paysannes qui ne pouvaient retenir leurs pleurs, le général Leclerc épingla la croix sur sa poitrine, et donna à ce vieux compagnon, à ce grand ami, la dernière accolade.   

R. P. »

 


*NB de Person s’est évadé avec Billotte et Richemond. Un autre groupe de trois, Alain de Boissieu,  Branet et Klein s’est évadé de la même façon le mois suivant.

Extrait de « Caravane » N°19 le 25 Avril 1945 

 

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            Action d’éclat ; Citations ; Décorations  :

 

ü      Citation à l’ordre de l’armée JOFF décembre 1941 :

« Fait prisonnier pendant la campagne de France, s’est évadé d’un camp de prisonniers en Allemagne, et a réussi à traverser la frontière russe. Après un internement en Russie, a rejoint les forces françaises libres, et a repris les armes en vue de la libération de la patrie ».

 

ü      A l’ordre du régiment 2 ème Dragons porté le 22 Août 1942

« Officier plein d’allant, volontaire pour toutes les missions, s’est particulièrement distingué au cours des combats du 10 et 12 Juin 1940, en assurant les liaisons dans des circonstances difficiles avec intelligence et courage ».

 

ü      A l’ordres de le 2 ème D.B. Le 1er Novembre 1944

« Chef d’Escadron chargé de l’Air-Support en liaison avec les spécialités américaines. N ‘a cessé de s’employer avec une ardeur et une foi inébranlables pour obtenir une coopération efficace entre l’Air Support et les unités engagées. A vu couronner sa volonté et ses efforts les 13 et 14 Septembre autour de Dompaire, de Damas et de Ville sur Illon, où la remarquable liaison terre-avion a permis de remporter une éclatante victoire sur les forces blindées ennemies qui laissèrent 65 chars détruits sur le terrain »

 

ü      A l’Ordre de l’Armée 2ème D.B 12 ème cuirassiers à titre posthume

 « Commandant de sous-groupement tactique blindé hors de pair, galvanisant ses cadres et ses hommes par son audace réfléchie, par son sens du terrain et de la manœuvre. Le 15 Avril, au cours de l’attaque de Royan, a été grièvement blessé alors que, sous un feu violent, il s’était porté à un observatoire avancé pour coordonner les efforts des éléments d’assaut ».

 

ü      Croix de guerre avec palme (La présente promotion entraîne le droit au port de la )

 

ü      Médaille des évadés avec citation à l’ordre de l’armée, entraînant le droit au port de la Croix de Guerre (décret du 25/2/46 J.O. du 26/3/46 page 1253 G.)

 

ü      Chevalier de la Légion d’Honneur (par arrêté du 21 Février 1944, pris sur le rapport de guerre, en qualité de « capitaine de cavalerie »)

 

ü      Officier de la légion d’honneur à titre posthume (décret du 13 Novembre 1945 – J.O. du 4/12/45 page G 1003 ….. 27026,  pris sur le rapport du Ministre de la Défense, en qualité de « cuirassiers »))

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<= Le lieu dit « Le Pouyaud » est au Nord Ouest de Médis.

La flèche indique le haut de la « rue du commandant de Person » , là où elle débouche sur les champs agricoles.

La maison sur laquelle est posée la stèle est la dernière de cette rue avant les champs, du coté Nord-Est de cette rue.

 

 

 

 

Plaques posées en 1994, presque 50 ans après les faits, au lieu-dit « Le Pouyaud » à « Médis » (17600), près de « Royan » en « Charente-Maritime ».

(apposées en présence de Yves Guena, président national des Forces aériennes françaises libres et député-maire de Périgueux ainsi que du fils du Maréchal Leclerc).

 

 

 

 

Obsèques du commandant de Person

 

Le comandant Jean Marie de Person est né le 6 juillet 1905.

Officier en second du 12ème Cuirassiers, c’est-à-dire adjoint du colonel Rouvillois, il arrive de Paris le 15 avril au matin alors que l’attaque de Royan est déclenchée depuis le jour précédent.

 

L’après-midi, désirant assister à l’attaque de l’infanterie et des chars dans le secteur de Médis, il se rend sur une éminence boisée, proche du hameau de Pouyaud et d’où l’on domine la vaste plaine qui s’étend vers Pousseau et Royan.

La concentration de divers éléments du 4ème Zouaves, du 12ème Cuirassiers, ainsi que d’une partie de l’état-major de la 2ème D.B. provoque vers 14 heures le déclenchement d’un violent tir d’artillerie allemande.

Le commandant de Person est tué sur le coup par un éclat d’obus.

Le lieutenant Fraysse et le zouave Ripoll font également partie des victimes.

Le capitaine Lenoir qui se trouvait aux côtés du commandant de Person est, quant à lui, seulement blessé à un bras.

En souvenir de ces trois victimes, une plaque commémorative a été apposée le 16 avril 1994 sur le mur du bâtiment du Pouyaud le plus proche du lieu tragique.

De même, la rue qui y conduit porte dorénavant le nom du commandant de Person.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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17.        Documents  :    (retour haut de page : clic)

12 ème cuirassiers.

ü      Journal de marche de la 2ème DB.

 

            Il est notable que, à part quelques livres fondamentaux, qui sont des témoignages, ou qui traitent de sujets précis concernant la seconde guerre mondiale, et surtout d’assez nombreux films, tantôt apologétiques, parfois comiques pour conjurer le sort, il y eut dans le sens véritablement commémoratif, au contraire, un long silence, nécessaire et volontaire, afin de permettre l’apaisement des déchirements, très nombreux et très douloureux, dans la période dite de « l’après guerre ».

Longtemps, la seconde guerre mondiale n’a pas figuré dans les programmes scolaires.

De toutes façons, l’immensité de la tragédie fut telle, et tant de morts emportèrent avec eux tant de souffrances et de secrets dans l’oubli, qu’il serait vain de vouloir en épuiser le sujet.

Puisse seulement chacun porter sa part de témoignage.

 

 

            Chronologies :

 

Ci-dessus: Passage de la Loire à Blois par la Wermacht le 21 Juin 1940 :

Le « Régiment « Hamelm » I/74 de la 19 ème division d’infanterie » n’était pas motorisé. L’ordre de marche reste saisissant, après plusieurs centaines de kilomètres à pied depuis la Rhénanie du Nord. Les éclaireurs n’ont que des vélos. Personne ne porte le casque. (clic) :

Cliché pris du Sud vers le Nord

 

Ci-dessus : Rue Denis Papin à Blois et pont sur la Loire en 1940 :

Cliché pris du Nord  vers le Sud

 

L’armée allemande, poursuivant son inexorable marche en direction du Sud, traverse la Loire à Blois par l’unique pont d’alors en cette ville [11].

Le pont partiellement détruit par un bombardement quelques jours plus tôt, le sera à nouveau une seconde fois par l’aviation alliée en 1944.

 

Le pont Gabriel sera bombardé en 1940 par les Allemands et en 1944 par les alliés (voir archives de Blois)

 

 

 

Le pont restera en bois longtemps après la guerre

 

Et la reconstruction du centre ville se poursuivra bien après les années 50.

 

Rappel des faits au moment de l'armistice de juin 1940 :  

 

16 juin 1940 : le « caudillo Franco » écrit à Hitler pour lui proposer l’entrée en guerre de l’Espagne aux côtés de l’Allemagne, en échange de l’acquisition du protectorat français sur le Maroc et du département oranais. L’armée allemande aurait alors pu gagner très facilement l’Afrique du Nord, en traversant l’Espagne, et peut-être en prenant Gibraltar, verrouillant alors le passage de l’Atlantique à la Méditerranée. L’Espagne entretenait à l’époque 200.000 soldats dans le Rif marocain. Le prix réclamé par Franco aurait-il pu être accepté par Hitler ?

Il est peu douteux doute que Pétain ait eu connaissance de cette lettre.

Durant la journée du 16 également, le projet « d'union franco-britannique »[12] fut proposé par de Gaulle, mais rejeté en soirée par le gouvernement Pétain et/car :

Dans la soirée du 16 au 17, Paul Reynaud est remplacé par Pétain au gouvernement, et de Gaulle n’est pas repris dans le nouveau gouvernement.

Au matin du 17 juin, de Gaulle gagne Londres en avion : Il est accueilli favorablement par Churchill dans l’après-midi.

17 juin 1940 : Appel radiophonique du Maréchal Pétain à cesser les combats.

18 juin 1940 : Appel radiophonique depuis Londres à la BBC du Général de Gaulle, à les poursuivre.

21 Juin au soir, texte de l’armistice proposé par Hitler.

22 Juin 1940 : signature de l’armistice.  Plus tard, les généraux allemands Rommel et Gudérian considéreront que la signature de l’armistice fut la plus grande erreur militaire d’Hitler. En 1943, Churchill avouera que sans l’armistice l’Angleterre aurait bien pu perdre la guerre.

3 juillet 1940 : Destruction de la flotte française par la flotte britannique à Mers el Kebir, en baie d’Oran, (après des propositions anglaises vives de prises de décisions variées mais rapides, restées sans réponses).

4 Juillet 1940 : de Gaulle, à la radio, approuve le bombardement britannique. La scission est consommée.[13]

 

Après la guerre, les maisons resteront longtemps effondrées, et le pont  sur la Loire restera longtemps « provisoire » et couvert de planches en bois.

Grâce aux nouvelles formes de diffusions d’archives, on peut avoir accès, pour la première fois aisément, à la réalité d’images qui peuplèrent en cauchemars les représentations de bien des enfants.

Quel sens, alors, donner à l’expression « génération de l’après guerre », pour désigner, dans le monde, une « génération traumatisée par des guerres qu’elle n’avait pas livrées », sans que la page ne puisse en être véritablement tournée, tant les blessures y demeurèrent longtemps vives ?

On voulut oublier, mais on oublia plutôt trop[14] ce qu’il fallait  expliquer.

 

 

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         Filmographie :

Les travaux, imaginant souvent des arrangements à partir de faits authentiques, témoignent, parfois excellemment, d’une « ambiance », tels « La grande évasion » (1963), avec Steeve Mac Queen, ou « La ligne de démarcation » (1966) de Claude Chabrol, avec Maurice Ronet et Daniel Gélin..

Les productions ne sont pas terminées.

D’autres films, « Le pont de la rivière Kwai », « Le jour le plus long », etc  - la liste est très longue - sont toujours restés très populaires, le sujet étant propre à s’adresser directement à la sensibilité.

Mais on touche peut-être à une réflexion encore plus profonde avec le film « La grande illusion » qui remonte à 1937, tant il est vrai que les deux guerres de 1914-1918 et 1939-1945 sont comme une seule guerre de 30 ans ou même plus, ayant commencée bien plus tôt.

D’autre films, comiques, restent de grands succès,  tels « La grande Vadrouille »,  ou « L’as des as » interprété superbement par J.P. Belmondo, et riche en clins d’œil, en particulier à « La grande Illusion ».

Mais la douleur n’est pas tout. Il reste aussi :

o       L’étude minutieuses des causes :

F.G. Dreyfus : « 1919 – 1939  L’engrenage », Éditions de Fallois, Paris, 2002 ;

Alexandra Viatteau : « Pologne entre l’ Est et l’Ouest », Éditions Hora decima, Paris 2009 ;  etc. ,

o       La nécessité des préventions :

o       institutionnelles (O.N.U.),

o       psychologiques surtout,

o       Et des reconstructions de toutes sortes.

Aujourd’hui, après un longue période, sinon de silence, du moins de « sourdine », les travaux semblent reprendre en profondeur, y compris sur la résistance allemande, comme en témoignent les films récents :

ü      « Walkyrie », [ Bande annonce] qui retrace le parcours militaire de l’officier allemand Claus von Stauffenberg et le complot qu’il organisa –sous ce nom de code - contre Hitler, le 20 juillet 1944.

Certes, l’histoire n’en a jamais été ignorée, mais, pendant longtemps, sa diffusion ne pouvait que raviver les divisions en Allemagne, aussi meurtrie que la France, et la résistance allemande, à de nombreux points de vue très proche de la résistance française, au sein de l’armée et de la cavalerie par exemple, n’a pratiquement pas vu de travaux publiés.

Et il y eut aussi en Allemagne une résistance politique, une résistance communiste, une résistance religieuse …

ü       « Katyn »  d’Andrzej Wajda : [ Bande annonce ] Katyn est le nom du lieu en URSS où furent massacrés par les soviétiques 6000 ( ?) officiers polonais après le partage de la Pologne.

ü      La série télévisée : « La seconde guerre mondiale en couleurs », etc.

 

N’oublions pas que tout le XIX ème siècle traîne « La Question d’Orient », qui a même débordé le siècle des deux côtés, et que le projet de ligne de chemin de fer « Berlin-Byzance-Bagdad », « la B.B.B. », qui devait mettre Mossoul à portée de Berlin date de la fin du XIX ème siècle.

Il était apparu insupportable à la France et à l’Angleterre.

Et les premiers obus de la première guerre mondiale, tirés par l’Allemagne, s’abattirent, le 3 Août 1914,  sur Bône (‘Annaba) et Philippeville (Skikda) en terre d’Algérie.

 

Cf. Géopolitique du pétrole et du gaz - Résultats Google Recherche de Livres

          de André Giraud, Xavier Boy de La Tour - 1987 - Business & Economics - 418 pages ...  d'une liaison par rail « Berlin-Byzance- Bagdad ».

          La Deutsche Bank, qui contrôle la compagnie des chemins de fer d'Anatolie financerait les travaux. ... books.google.fr/books?isbn=2710805197...

 

Quant à  « la partie » du pétrole, elle n’est pas encore terminée !

De considérables enjeux, humains, stratégiques et pétroliers, prolongent la « question d’Orient », et la définition de l’Europe reste difficile.

Quant aux hommes, ont-ils changé ?

Ces questions restent donc de grande actualité.

Si les études reprennent maintenant, facilités considérablement par la numérisation de l’audiovisuel et les moyens informatiques, en contrepartie, les témoignages directs, avec le temps, se raréfient, alors que beaucoup d’écritures, inutilement, se répètent.

 

 

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18.   Bibliographies et Sujets Divers  :    (retour haut de page : clic)

 

 

            POUR L’ÉVASION D’ALLEMAGNE VERS L’URSS:

 

*         Jacques Branet  « L’escadron »  (Flammarion1968),

*         Pierre Billotte « Le temps des armes » (Plon 1972).,

*         Alain de Boissieu « Pour combattre avec de Gaulle » (Plon 1981)

*         Jean Louis Crémieux-Brilhac « Prisonniers de la liberté, l’odyssée des 218 évadés par l’URSS » (Gallimard 2003), qui profite de l’éclairage nouveau apporté par  l’ouverture des archives soviétiques

*         internet : => http://oflags.fr => Une évasion vers la Russie par Nicolas de Garder « … Selon mes souvenirs, seuls deux groupes d’Officiers s’étaient évadés de Gross-born vers les pays de l’Est, celui du Général Billotte avec de Person et Richemont du Block II en février 1941 et celui du Général de Boissieu, avec Branet et Klein du Block III, le 27 Mars 1941 … ».

 

          SUR KATYN :  

 

*         Alexandra Viatteau : « Katyn La vérité sur un crime de guerre », Édition :André Versaille  (15-05-2009) - ISBN 978-2-87495-052-0 - 224 pages.

*         Katyn,  d’Andrzej Wajda (film sorti en France en Avril 2009 et disponible en DVD en 2010)

*          La tragédie de la forêt de Katyn : Archives INA : - 02min20s  clic

 

 

    SUR « LES » RÉSISTANCES ALLEMANDES EN ALLEMAGNE ; POLITIQUES, RELIGIEUSES, LES TENTATIVES D’ATTENTATS, ETC :

 

*         Allen W. Dulles (chef du service secret américain à Berne de 1942 à 1944) : « Germany’s underground ».

Livre imprimé en Français à Genève le 30 septembre 1947, sous le titre « L’Allemagne souterraine ».

Notons que A.W. Dulles qualifie l’auteur du livre suivant, Otto Scorzeny, qui était son « ennemi », « d’un des bourreaux SS les plus cruels ». A l’encontre de ce qu’écrira Scorzeny, il cite aussi un certain nombre de conjurés disposés à donner leur vie pour exterminer Hitler. Mais ils ne le firent pas.

Mais, il existe aussi dans les deux livres, des données convergentes.

 

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               OPÉRATION BARBAROSSA (INVASION DE L’URSS par L’ALLEMAGNE) ET SECONDE GUERRE MONDIALE  :

 

*         Livre de mémoires d’un combattant de l’armée allemande (autrichien viennois) le Waffen SS Otto Skorzeny : « La guerre inconnue », Albin Michel, 1975.

 

Ce livre traite de toute la guerre, et même de « l’avant guerre », à partir de l’apparition du « parti national-socialiste en Autriche », avant « l’Anschlusss », et avant l’assassinat du chancelier Dolfuss, auquel d’ailleurs seul Mussolini réagit en Europe.

 

Ce livre n’est certainement pas une synthèse, car soumis au contraire à toute la subjectivité de l’auteur. C’est en cela qu’il est le rafraîchissant rappel de points de vue exceptionnellement exprimés en France.

Il est « européaniste » de la première heure – d’avant guerre -  à sa façon : « l’Europe est comme un arc en ciel dont il faut respecter chacune des couleurs ». ».

Ce livre est un hommage aux combattants et jusqu’à un appel au code de l’honneur et au devoir.

Ses inquiétudes sont d’autant plus singulières qu’elles furent écrites aux temps de ce qu’il est « convenu » d‘appeler nos « 30 glorieuses » - expression fallacieuse, sinon dans le très court instant d’une « vision tubulaire ».

Il témoigne du singulier courage de nombre de combattants, et, à l’inverse d’un profond mépris pour certains acteurs considérés comme traîtres, tels « Canaris » surnommé « la méduse », etc.  quelle qu’en soit la nationalité :

 

         Pp 92-93 : : « .... Quels étaient les buts de tous ces hommes? [comploteurs contre le nazisme]

Ils prétendaient n'en avoir qu'un : empêcher, puis arrêter la guerre et, par là, sauver leur pays. Ils ne voyaient qu'un seul moyen d'y parvenir se débarrasser de Hitler. Il est remarquable qu'on ne trouve nulle part, ni dans les documents saisis chez les conjurés, ni dans les ouvrages où ils ont, après la guerre, entrepris d'expliquer et de glorifier leurs actes, la moindre trace d'une doctrine cohérente, d'un programme politique intéressant l'avenir de l'Allemagne et de l'Europe, ni même une vision réaliste de la situation telle qu'elle se présentait en 1938, 1939 ou 1944.

Leurs actes ne cessent de contredire leurs paroles. Ils se présentent comme des patriotes désespérés de voir leurs pays esclave du national- socialisme et d'un abominable tyran. Mais en ce cas, deux solutions s'offrent à eux.

La première est la simplicité même et il suffit d'un seul homme pour la réaliser, à n'importe quel moment entre 1933 et 1945 assassiner Hitler.

La seconde solution consiste à chercher comment remplacer Hitler et le national-socialisme par quelque chose de meilleur. C'est une oeuvre exigeant un vrai chef, armé d'une doctrine sociale, politique et économique supérieure. De tout cela, on ne voit pas l'ombre chez nos conspirateurs.

Aucun d'eux n'eut le courage et l'abnégation de sacrifier sa vie pour abattre le » tyran».

Pas même Stauffenberg. II déposa et amorça la bombe, puis s'en fut. ...

Quant à l'avenir de l'Allemagne, pas un seul des conjurés ne semble y avoir sérieusement songé. Ils raisonnent comme si la mort du Führer devait, à elle seule, résoudre tous les problèmes et mettre fin à toutes les difficultés. Ils ne comprennent pas que l'assassinat d'Adolf Hitler ne donnerait la paix à l'Allemagne qu'après une capitulation sans conditions, et que ce meurtre plongerait le pays dans la plus épouvantable des guerres civiles. ...

 

[En réalité, Stauffenberg avait plusieurs fois tenté, puis reporté, de poser la bombe, et même proposé à ses proches de rester lui-même auprès de l’explosion, mais ceux-ci avaient jugé sa survie nécessaire à la réussite de la prise du pouvoir].

 

Il est clair aujourd'hui que Churchill ne faisait la guerre ni à Hitler ni à ses « Huns », ni au national-socialisme, bien qu'il prétendît le contraire. Il a lui-même écrit depuis, dans ses Mémoires, que « la politique anglaise est fonction de la nation qui domine en Europe. ».

Cette nation doit être anéantie. « Peu importe, précise Churchill, qu'il s'agisse de l'Espagne, de la monarchie ou de l'empire français, de l'empire ou du Reich allemand. » Il s'agit, dit-il, « du pays le plus puissant, ou qui commence à le devenir ». Simplement, on peut dire aujourd'hui que Churchill s'est trompé, en tant qu'Anglais, en s'alliant avec Staline. Ce qu'il devait reconnaître encore après la guerre en disant : « Nous avons tué le mauvais cochon. » Formule que tout Anglais pouvait comprendre.

De même Roosevelt en avait assez de la concurrence industrielle et commerciale de l'Allemagne. C'est pourquoi, à Casablanca, en 1943, il décida que serait imposée à l'Allemagne une capitulation sans conditions, décision à laquelle se rallièrent Churchill et Staline, et qui fut très rigoureusement appliquée. ...

On a soutenu que 48 789 269 Allemands avaient plébiscité Hitler et son parti en 1938, soit parce qu'ils. avaient été frappés de folie collective, soit parce qu'ils avaient voté « contraints et forcés par la Gestapo ». ...

 

    ÉPILOGUE : Pp 416 - 419

« L'Allemagne nationale-socialiste est née à Versailles le 28 juin 1919.

Quel monstre est né à Nuremberg le 30 septembre 1946?[15]

Nul ne le sait encore. Au cours du plus grand et du plus étrange procès de l'Histoire, les vainqueurs se sont érigés en juges suprêmes pour châtier les vaincus. ...

.Dans la plupart des cas, les hostilités ont continué, malgré les recommandations de l'O.N.U.

Jamais aucun fauteur de guerre n'a été jugé selon la Charte de Nuremberg, ni pour crime contre la paix, ni pour crime de guerre, ni pour génocide. Seuls quelques officiers de l'armée U.S., accusés d'avoir ordonné des massacres au Vietnam, ont été jugés par les tribunaux militaires réguliers, et non selon la Charte. ...

De tous les crimes commis durant la Seconde Guerre mondiale, seuls ceux dont sont accusés les vaincus sont déclarés imprescriptibles, trente ans après. Et les autres? Et ceux qui furent commis depuis 1945,  ceux qui sont perpétrés de nos jours? Il nous semble revivre les sinistres années de 1918 - 1925. ...

En Pologne, en Allemagne, en Hongrie, en Tchécoslovaquie, en Yougoslavie, dans les pays baltes, la rébellion des peuples contre le joug communiste a été écrasée dans le sang. Quelle a été la réaction des puissances occidentales? Elle a été nulle. Les vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale ont commis la même erreur qu'à Versailles en 1919, avec cette différence qu'ils ont multiplié dans le monde entier les causes de conflits qui peuvent tous dégénérer en guerre mondiale....

Une fois encore, la culture et la civilisation d'Occident sont menacées de mort ».

 

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            PROCÈS de NUREMBERG :

             parmi tant d’autres livres :

            *          « Le procès de Nuremberg » présenté par Bernard Michal ; avec Éric de Goutel, Francis Mercury, Pierre Nouaille, Lucien Vieville ;

            Édité pour « les Amis de l’histoire » par François Beauval ; Paris ; Imprimé le 10 Mai 1969 sur les presses d’Offset-Aubin Poitiers

 

 

            AU CAMP DE CAMBERLEY :

            *         Les Archives de l’INA présente un film de quelques minutes sur lequel on voit apparaître Jean de Person :      

                        Video - Les FFL au camp de Camberley en 1942

Images de Camberley, principale base des Forces Françaises Libres en Angleterre où, depuis 1941, des volontaires français venus de partout étaient ...
www.ina.fr/archivespourtous/index.php?vue=notice&from=fulltext&full=chasseur+alpin&num...6...9 - 49k - En cache - Pages similaires

 

 

            AFRIQUE DU NORD - 2ÈME DB – LECLERC :

*         Christian Girard : « Journal de guerre 1939-1945 - Témoignage de l'aide de camp du général Leclerc de Hauteclocque »,  (Edition L’Harmattan Paris 2002).

 

*          SUJETS VOISINS : Souvenirs de Pierre Debray, combattant de la 2ème D.B, colonel de cavalerie, commandeur de la Légion d'Honneur : http://2db.free.fr/images/debray/temoin_debray.doc

                

 

LIBÉRATION DU TERRITOIRE NATIONAL, 2 émé DB :

o  Général Paul de Langlade :   « En suivant Leclerc d’Alger à Berchtesgaden ». Robert Laffont : Au fil d’Ariane, 22 rue des Canettes, Paris 6 ème, 1964.  NB : coquilles page 396 : « Il y eut ce jour là [15 Avril 1945] plusieurs Officiers de son entourage [général Leclerc] mis hors de combat autour de lui. Le Chef d’Escadron[s] de P[i]erson eut l’honneur d’être tué à ses cotés ».

 

 

LIBÉRATION DE  LA POCHE DE ROYAN :

 

         (Vente au Musée de Royan, Route de Marennes, 17600 Le Gua  (Tél. 05 46 22 89 90) ou chez les auteurs, le premier au Bouscat  33110, le second à Pessac 33600.

         La brochure, de 44 pages, est riche en plans, cartes et photos.)

 

         Imprimerie du sud Ouest, Saintes, Août 1949.

 

o       Général Edgard de Larminat : « Chroniques irrévérencieuses », Plon, éditeur, 8 rue Garancière, Paris 6ème. Il commandait les forces de l ‘Atlantique en 1945. Le 1er juillet 1962, il se donna la mort afin de ne pas devoir faire condamner à mort les membres de l'O.A.S. par le « tribunal militaire » qu’il avait été chargé de présider.

 

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19.             Dans la Résistance : Marie-Jeanne     (retour haut de page : clic)

 
 :

« Marie Jeanne » : Le Maquis De Chambarran

 

 

Ce maquis agissait sur les zones arrières du Vercors, faisait des coups de mains pour désorganiser l'armée allemande dans la vallée. Ces destructions régulières sur les voies ferrées Lyon- Grenoble et Grenoble -Valence compliquèrent sérieusement l'approvisionnement des troupe d'occupation.

 

o       In : Forum sur le « Maquis de Chambaran » clic

 « ... Paulette Jacquier[originaire de La Frette], deviendra « Marie-Jeanne » dans la Résistance…

Dès 1941, après plusieurs tentatives pour rejoindre Londres, va prendre contact avec des grands chefs de la Résistance à Clermont-Ferrand, Lyon, Grenoble ...

Le 12 juillet 1944 ... Marie-Jeanne, en tentant de rejoindre ses camarades est capturée et emmenée à Bourgoin où elle est interrogée, puis enfermée pour la nuit au 2è étage d'où elle réussit à sortir en sautant par la fenêtre et rejoint le Maquis des Chambarrands  ...

Le lendemain, notre village et la « Montagne de St Hilaire » vont connaître la fureur de l'ennemi, des miliciens et de la gestapo. Ils pendent Lucien Ballay à l'arbre qui se trouve dans sa cour, ils fusillent un juif réfugié à la Montagne

... ils fusillent Lucien Jacquier, père de Marie-Jeanne devant sa ferme en flammes ... »

 

o       Témoignage de Robert Gallois,  in : les activités de résistante de « Marie-Jeanne », « Témoignages sur l’histoire frettoise entre 1939 et 1945 » http://www.lafrette.fr/histoire.htm ::

 

 

<= Libération de Grenoble (« Les Allobroges » du 23 août 1944)

 

 

 

Le chef d’escadrons Huet - « Hervieux » - assurera le commandement du Vercors dans la phase finale de l’existence du Maquis.

 

 

« Place des Terreaux » à Lyon, 14 septembre1944

 

Le général de Gaulle décorant « le bataillon de Chambarand », de la Croix de Guerre avec palmes  clic  =>

 

<=   Le général de Gaulle remet la « Légion d’honneur avec citation à l'ordre de l'Armée » à « la jeune combattante Marie-Jeanne »  clic :

 

 « Nature d'élite, d'une modestie rare, d'une énergie indomptable et d'un courage exceptionnel a été, par son rayonnement et son exemple, un des flambeaux de la Résistance du Dauphiné. Émule de Jeanne Hachette, est digne que son nom reste dans les mémoires comme celui d'une des plus pures et des plus vaillantes filles de France… » 

 

 

« Marie Jeanne » devint ma tante en épousant mon oncle et parrain Denis Séguret, officier ayant passé 5 ans de captivité dans « l’Oflag VI A » et ayant  tenté 4 évasions qui ont toutes échoué.

Les échanges épistolaires avec sa famille sont restés néanmoins nombreux.

Mais, n’ayant été libéré d’Allemagne que quatre jours (le 19 Avril 1945) après le décès de Jean à Royan (15 Avril 1945) la rencontre familiale attendue n’aura jamais lieu.

Sitôt libéré, il se rend à Blois.

 

 

Denis Séguret

 

 

Télégramme envoyé de La Vayssière  : « Denis prisonnier »

 

Arrivé à la villa La Jumelle à La Garoupe le 12 août 1940

La situation était  confuse en France en 1940 :

Denis a été fait prisonnier le 22 juin 1940…  sur ordre de ses supérieurs de se livrer.

Quand il en a reçu l’ordre, il n’avait aucun Allemand en vue et a du attendre 2 jours que ceux-ci viennent le chercher.

Ce télégramme est arrivé le 12 août 1940 à Geneviève à La Garoupe (Alpes Maritimes) où, étant fiancée à Paul, elle était partie avec ses futurs beaux-parents.

L’information que Denis était prisonnier a d’abord été communiquée à son domicile à La Vayssière (Aveyron) mais à quel date le télégramme arrivé seulement le 12 août 1940 à Antibes est-il parti de l’Aveyron ?

Paul, lui, sera démobilisé le 27 juillet 1940 à Vars (Hautes Alpes).

Pierre les rejoindra après sa démobilisation le 3 août 1940 à Réquista (Aveyron).

Puis Paul et Geneviève s’épouseront civilement à Antibes et religieusement à La Garoupe.

 

 

Le mariage de « Marie Jeanne », à La Frette, en 1948, avec le capitaine Denis Séguret (à sa droite sur la photo).

 

Félicitations du colonel Huet (à gauche).

 
 

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               COMME UN FAIT DIVERS :
 

La maison de mes grands parents fut investie durant toute l’occupation par 7 militaires allemands.

Au début, la vaisselle étant par trop négligée, mon grand père s’en est allé, arborant ses médailles militaires, s’en plaindre à la « kommandantur », où il fut dignement salué et entendu.

Cependant que, courageusement, ma grand’mère ne cachait pas où allaient ses sentiments, en entretenant ostensiblement une petite figurine alsacienne.

Lors de leur départ, les allemands lui accréditèrent : « Si tous les français avaient été aussi patriotes que vous, vous n’auriez pas perdu la guerre ».

 

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20.          Epilogue  :    (retour haut de page : clic)

 

    Dominique Venner, en 1995, publie un livre de près de 400 pages, « Histoire critique de la Résistance » Pygmalion Éditeur, France – fourni en références historiques, et dense aussi par la profondeur de ses réflexions d’une acuité peut-être grandissante[17] – tant il est vrai que certaines causes peuvent projeter fort loin leurs effets : Au cours d’une conclusion de huit pages, il écrit :

 

    « L'image forte qui restera

 

La légende épique de la Résistance, telle qu'elle s'imposa plus ou moins à l'époque de la Libération, se révéla pourtant un atout majeur dans le jeu difficile du général de Gaulle face aux puissances étrangères. S'appuyant sur cette image sublimée par son verbe, et sur la contribution des armées françaises au combat des Alliés à partir de novembre 1942, il sut, par un retournement presque magique, donner au monde l'illusion que la France était réellement pour quelque chose dans la victoire alliée de 1945.

Pour la santé morale des Français, il n'est pas certain que cette illusion ait été heureuse.

Un peuple ne gagne jamais à s'abuser sur sa vitalité et sur les causes d'un déclin dont la défaite de 1940 avait été l'aveu[18]. En revanche, il n'est pas douteux qu'à l'extérieur elle permit à la France de reprendre une position éminente que sa puissance réelle justifiait peu. A terme, ce coup de bluff politique eut des effets heureux pour l'Europe. Revenu au pouvoir en 1958 après une longue « traversée du désert », mais avec un prestige international renforcé, le général de Gaulle put réaliser une véritable réconciliation franco-allemande, socle d’une politique européenne d’indépendance face aux grands blocs qui se partageaient alors le monde.

Avec le temps, le détail des luttes entre factions françaises, gaullistes, communistes, pétainistes, giraudistes, paraîtra aussi obscur qui l’est pour nous la querelle des guelfes et des gibelins.

Ce qui subsistera de la Résistance, c'est son image, son mythe au sens sorélien d’idée-force. Celle du salut national par la rébellion, la justification de la révolte de la minorité quand le destin national est en jeu...... »

 

    Dominique Venner, « Histoire critique de la Résistance » 1995

 

 

 

Fin de page




 

(retour haut de page : clic)

 

Notes de bas de page :



[1] NOTE : Léonce Vieiljeu :  Texte de délibération proposé par Léonce Vieljeux et adopté le 17 juillet 1940 par le Conseil municipal de La Rochelle .

 

"Ce n'est, mes chers collègues, ni le lieu ni l'heure d'épiloguer sur la tragédie qui se déroule d'autant que nous ne sommes libres ni de nos paroles ni de nos actes.

Qu'il me soit permis, cependant, de dire ici qu'un homme comme un peuple ne saurait être moralement grand ni matériellement fort s'il a comme objectif l'exercice de ses droits au lieu de l'accomplissement de ses devoirs.

Or on n'a, depuis trop longtemps, parlé aux Français que des droits de l'homme sans leurs apprendre les multiples devoirs du citoyen... Il faut que les générations qui nous suivent aient un sens plus moral et plus viril de la vie si elles veulent contribuer au relèvement de la Nation.

Laissez-moi aussi rappeler, en ce jour, la devise d'espérance figurant dans les armes de la ville de La Rochelle qui est valable pour tous les croyants français, quelles que soient les confessions ou conceptions spiritualistes dont ils se réclament : « Servabor Rectore Deo

 

».

 

 

« SERVABOR, RECTORE DEO »

 

 

 

Le colonel Léonce Vieljeux, maire de la Rochelle.

Le 23 juin 1940, la 44e division allemande pénètre en Charente-Maritime par la route de Niort. Deux détachements précurseurs se dirigent: l'un sur La Rochelle, l'autre sur Royan, montrant ainsi l'importance que les envahisseurs attachent à ces deux points stratégiques sur la côte atlantique qu'ils tiendront à conserver jusqu'à la reddition finale.

Dès le premier jour, le maire de La Rochelle, le colonel Vieljeux, refuse d'obéir à l'officier allemand qui lui intimait l'ordre d'amener le drapeau français flottant sur l'Hôtel de Ville. Par la suite, il s'opposera à l'apposition, par les Allemands, d'affiches anti-anglaises, parce que non conformes aux conventions d'armistice.

Destitué de ses fonctions, il sera plus tard arrêté avec onze de ses compagnons du réseau « Alliance » ; détenus à Schirmeck, ils seront exécutés au camp de Struthof  (Bas-Rhin) le 1er septembre 1944.

 

Reddition :

 

Pourparlers de reddition de la poche de la Rochelle au château de La Jarne

le 6 Mai 1945 :

 

Pour lesquels tant de gens sont morts dans des reprises de combats stratégiquement inutiles.

 

Quelques années plus tard, à Royan :

 

« Panem et circenses » …toujours insuffisants pour dissiper les mélancolies.

Loisirs et oisiveté cohabitent avec de dérisoires  « exploits » en « camping-car » de plus en plus monstrueux.

Fascinations pour les parc d’attraction multiples, à visées purement commerciales.

Résignations, culture du chômage, vaines rivalités de toutes sortes, s’installent alors que nos infrastructures vitales sont de plus en plus négligées … et que sobriété, courage et solidarité seraient plus nécessaires que jamais.

 

Hommages soient rendus à tous les morts en ces lieux pour ce qu’on leur doit.

 

 

[2] NOTE :  Pierre Billotte  :  Pierre Billotte est le fils du général d’armée Gaston Billotte, tué accidentellement en mai 1940.

Au gré des affectations de son père, il effectue plusieurs séjours, en Pologne et en Syrie.

En mars 1940,  sur sa demande, est affecté  à l’École des chars de Versailles puis en Bataillon de chars.

Il se distingue particulièrement le 16 mai 1940 en détruisant au canon plusieurs engins ennemis et en mettant les autres en fuite.

Le 12 juin, à Mourmelon, il lutte jusqu’au dernier char placé sous son commandement mais il est blessé à la tête et à la main et fait prisonnier. En 5 jours, il fait trois tentatives d’évasion, en vain. Après plusieurs séjours à l’hôpital, il est interné à « l’Oflag II D » en Poméranie.

 
 

[3] NOTE : « La Laure de la Trinité Saint Serge » : 

Le monastère est considéré comme le cœur de l'orthodoxie russe, car il a été fondé au XIVe siècle par Saint Serge de Radonège, saint patron de la Russie.

Au XVe siècle, l'endroit acquiert véritablement son statut de laure, puis au XVIe siècle Ivan le Terrible le dote d'un ensemble grandiose de bâtiments et d'églises.

Ici on peut voir le clocher (1740-1770) oeuvre des architectes Ivan Mitchourine et Dimitri Oukhtomski et au premier plan la rotonde abritant la source sacrée. »

Cf. Photo du monastère.

 

 

[4] NOTE : Dans  « Prisonniers de la liberté » :

J.L. Crémieux écrit pp. 116 – 118 :

« [Le monastère] fut fondé à la fin du XIVe et au début du XVe siècle près de Kozielsk, localité que le pouvoir soviétique avait rebaptisée en 1932 Mitchourinsk et qui a retrouvé son nom originel depuis la déstalinisation » 

 

il ajoute en Notes : « Le nom traditionnel de Kozielsk restait si familier en Russie que les rapports du N.K.V.D. et du commissariat du peuple à l'Intérieur traitent indifféremment du « camp de Mitchourinsk » et du « camp de Kozielsk .

Le monastère avait eu un grand rayonnement au XIXe siècle, depuis qu'avait été édifié, à quelques centaines de mètres de distance, «l'ermitage Saint- Jean-Baptiste », le bâtiment qui nous était affecté. … Notre « ermitage» avait été un haut lieu de la spiritualité et de la littérature russes. …  Le starets le plus célèbre avait été Amvrosi, … canonisé en 1988.

Dostoïevski … en avait fait le modèle du starets Zosime ….

Ce bois aux fûts immenses qui s'étendait jusqu'au monastère, Dostoïevski l'avait traversé et ses pins magnifiques l'avaient empli d'admiration. Avant lui, Gogol avait séjourné à Optina Poustyn. Tolstoï y avait fait cinq retraites, et c'est dans ses murs qu'il avait écrit sa nouvelle Le Père Serge. …  Dans les années 1930, l'ensemble était devenu un  … un des principaux camps du Guépéou, puis du N.K.V.D. en Russie d'Europe »

 

Note : Le monastère a été rendu au culte en 1988.

Tout ce que savaient nos camarades, c'est que les détenus du monastère étaient des officiers polonais, mais ils n'avaient jamais eu de contact avec eux, pas plus que nous n'en aurions.

C'est seulement à Londres, en 1944, qu'un membre de la Commission d'enquête sur les disparitions d'officiers polonais m'apprit qu'une partie des militaires assassinés et ensevelis dans les bois de Katyn venaient du camp d'internement de Kozielsk

 

Note : Tous les premiers occupants polonais du monastère de Kozielsk avaient été exterminés; on a appris depuis peu que ceux dont les corps n'ont pas été retrouvés à Katyn avaient été exécutés à Kalinine et à Kharkov, plus de 2 000 sur un total de 6 400.

Les derniers d'entre eux étaient partis pour la mort un mois avant l'évasion de Fauvelle, à peine plus de huit mois avant mon arrivée au camp. Les officiers polonais qui occupaient maintenant le monastère étaient des miraculés: en septembre 1939, après avoir été submergés par la Wehrmacht, ils avaient eu la chance de se réfugier en Lituanie ou en Lettonie encore indépendantes, et non de refluer avec leurs troupes en Pologne orientale aussitôt annexée par l'U.R.S.S. Ils avaient ainsi échappé au massacre d'une fraction éminente de l'élite militaire et sociale polonaise. La tuerie était consommée quand les Soviétiques occupèrent la Lituanie en juin 1940. On s'était contenté d'arrêter les officiers polonais qu'on y trouva et de les interner dans ce camp de la Russie profonde.

Quant au massacre, c'est tout récemment, on le sait, qu'en ont été dévoilées la genèse et l'étendue. Il n'eut pas lieu seulement dans la forêt de Katyn. Décidé par Staline, approuvé à l'unanimité le 5 mars 1940 par le Bureau politique du parti communiste de l'U.R.S.S., il entraîna la mise à mort de 15 131 généraux, officiers, sous-officiers et policiers polonais emprisonnés dans les camps de Kozielsk, Starobielsk et Ostachkov

 

Note : Non compris les sous-officiers et policiers polonais détenus dans les prisons de Biélorussie et d'Ukraine et exécutés en application de la même décision du 5 avril 1940, ce qui porta le total des victimes à 21 857, tandis que leurs familles étaient déportées en Sibérie, au Turkestan ou dans le Grand Nord. Cf. N. S. Lebedeva, «The Deportation of the Polish Population to die USSR, 1939-1941 » Art. cité.

C'était bien pire que ce que nous avaient raconté nos camarades à Boutyrki. II a mieux valu pour notre tranquillité d'esprit que nous l'ignorions. »

 

 

[5] NOTE : Opération Barbarossa :

Comme « l’histoire » n’a jamais qu’un seul visage, il nous semble particulièrement intéressant pour alimenter les analyses sur notre XX ème siècle de citer – à partir des mêmes données confirmées que celle aperçues par Billotte lors de son voyage à Moscou (qualité et nombre de l’armement soviétique et violences de Staline jamais démenties -  une vaste vision mondiale de l’opération Barbarossa,  livrée à peu près à la même époque (1975)  par le viennois Otto Skorzeny. : La guerre inconnue] [page 78-79 ::

« Les ordres de Hitler d’abord créent la surprise :

« Soldats du front de l'Est !

J'ai dû, pendant des mois, garder le silence. Le moment est enfin venu où je peux vous parler à cœur ouvert.

Environ 160 divisions soviétiques sont massées à notre frontière, et voici des semaines que cette frontière est continuellement violée, non seulement chez nous, mais aussi dans l'extrême Nord et en Roumanie... Le moment est arrivé, soldats, où nous nous lançons dans une entreprise qui, par son extension territoriale et les forces qu'elle anime, est la plus grande que le monde ait jamais connue. Au nord, sur les bords de l'océan Arctique, nos camarades, commandés par le vainqueur de Narvik, agissent en liaison avec les divisions finnoises. Vous constituez le front de l'Est. Enfin, en Roumanie, sur les rives du Prouth, du Danube aux rivages de la mer Noire, soldats allemands et roumains sont réunis sous le commandement du maréchal Antonesco. Si cet ensemble d'armées, le plus grand de l'histoire du monde, passe maintenant à l'attaque, ce n'est pas seulement pour en terminer définitivement avec cette grande guerre, ni pour protéger les pays momentanément menacés : c'est pour sauver toute la culture et toute la civilisation européennes.

Soldats allemands! Vous allez affronter une bataille très dure et vos responsabilités sont lourdes. N'oubliez pas que le sort de l'Europe, l'avenir du Reich allemand, l'existence de notre peuple, sont désormais entre vos mains. Que Dieu nous assiste tous dans ce grand combat. »

 

Otto Skorzeny poursuit : « Je ne ferai qu'un seul commentaire à cette proclamation, qui préludait à l'opération Barbarossa ;

Ma conviction profonde est que, si le Führer ne nous avait pas donné l'ordre d'attaquer à ce moment-là, les États européens et la plupart des sociétés humaines seraient à présent bolchevisés.

Certes, cette guerre fut épouvantable. L'immense Russie a terriblement souffert, et nos soldats se sont héroïquement battus. Mais, dans cette lutte gigantesque, c'est finalement la terre, le peuple, l'armée d'Allemagne qui ont été sacrifiés. Les combattants européens qui ne tombèrent pas au champ d'honneur furent, dans la plupart des cas, cruellement punis. Pourtant, s'il existe encore une Europe et un Occident, c'est à ces combattants qu'on le doit. Sans eux, actuellement, il n'y aurait pas plus de liberté en Allemagne de l'Ouest et en France qu'en Pologne; l'autonomie politique de la Grande-Bretagne serait à peu près celle de la Finlande. Il est probable que le bloc communiste comprendrait toute l'Europe, de Brest à Vladivostok; l'Afrique, d'Alger au Cap; la Chine, le Japon, l'Australie. Staline n'aurait fait de cadeaux à personne. Pour sauvegarder leur indépendance, les États-Unis auraient dû sans doute employer la bombe atomique, et qui peut dire dans quel état serait le monde, à présent?

Hitler se trompait et il était trompé. L'ensemble d'armées qu'il lançait à l'est de l'Europe n'était pas  le plus grand de l'histoire du monde.

Les armées soviétiques , plus nombreuses, disposaient d’un  armement parfois supérieur au nôtre. Nous mettions en ligne 3 millions d’hommes, 3850 chars et un peu plus de 1800 avions.

En face, nous trouvâmes immédiatement, tantôt échelonnés en profondeur, tantôt sur des positions de départ nettement offensives, comme dans le Sud, 4.700.000 combattants, environ 15 000 chars  et, en Russie Blanche seulement, 6 000 avions, dont 1500 de type récent.

 

Récapitulons ces forces en présence en Juin 1941, selon  Skorzeny,:

 

combattants

chars

Avions

Armée allemande

3 millions

3 850

1 800

Armée soviétique

4,7 millions

15 000

6 000 (1500 récents)

 

Parmi les chars soviétiques, les T. 34, apparus à Ielnya dès la fin juillet 1941, étaient excellents.

En 1942 et 1943, nous vîmes surgir d'autres Monstres, inconnus de nos spécialistes les Klim-Vorochilov de 43 et 2 tonnes; en 1944 le Staline de 63 tonnes.

Nous eûmes dès le début d'autres surprises comme les fameuses  « orgues de Staline » et l'équipement du bataillon de génie des divisions blindées ennemies, qui comportait des éléments pour la construction d'un pont de 6o mètres de long, sur lequel pouvaient passer des engins de 6o tonnes.

A l'aube du dimanche 22 juin 1941, nous nous élançâmes à l'est, comme la Grande Armée de Napoléon s'était élancée le 22 juin 1812 contre le même ennemi.

Le plan Barbarossa (que Staline, nous l'allons voir, avait sous les yeux) s'articulait comme suit :

·        Le groupe d'armées Nord, commandé par le maréchal chevalier von Leeb, comprenait deux armées et un groupe blindé; son objectif était, à travers les pays baltes, Léningrad.

·        Le groupe d'armées Sud, commandé par le maréchal von Rundstedt, avec ses trois armées, ses deux armées roumaines que commandait Antonesco, et son groupe blindé, devait foncer au sud des marais du Pripet, traverser l'Ukraine occidentale et prendre Kiev.

·        Le groupe d'armées Centre, commandé par le maréchal von Bock, était  le plus puissant. Il devait opérer entre les marais du Pripet et la poche de Souvalki, en direction de Smolensk. Il comprenait deux armées et disposait de deux groupes blindés, le 1er commandé par le général Hoth, le 2 ème par le général Heinz Guderian. La division SS Das Reich marchait avec le 2e Panzergruppe de celui que nous appelions déjà Heinz le Rapide.

La veille, avant 13 heures, tous les états-majors du nouveau front attendaient l'un de ces deux mots d'ordre : Altona ou Dortmund. Le premier signifiait que Barbarossa était remis. Ce fut Dortmund.

Le franchissement du Boug et les combats pour la prise de Brest-Litovsk présentent trois particularités :

A l'aube, j'étais à mon poste avec l'artillerie légère de mon nouveau bataillon, le 2e, qui, à 3 h 15, ouvrit le feu puis se rapprocha de la rivière et continua à tirer. A 5 heures du matin, du haut d'un chêne, j'observais les effets du tir et fus d'accord avec nos artilleurs d'observation qui, ayant franchi la profonde rivière en canots pneumatiques, revenaient rendre compte : nous tirions dans le vide.

Les Russes avaient reculé au-delà de la portée de notre artillerie et s'étaient camouflés dans les marécages et les bois d'où il fallut les déloger ... »

 

On en rapprochera les prophéties de Goering et de Rosenberg au Procès de Nuremberg en 1946 : [in : Les Grands procès : Le Procès de Nuremberg ;  pages 288-289] :

« ...  Et ainsi, le 22 juin, les armées nazies étaient lancées à l'attaque de la puissance à laquelle, si récemment encore, Hitler avait juré son amitié, et l'Allemagne s'engageait dans ce dernier acte d'agression qui, après un long et dur combat, se termina par l'écroulement même de l'Allemagne. »

Après ces mots de M. Alderman, l'audience est suspendue pour le déjeuner.

Durant cette suspension, le capitaine Gilbert se rend au réfectoire où les prisonniers sont réunis pour prendre leur repas, afin de connaître leurs réactions, à l'issue de ce rappel de l'agression contre la Russie. Voici les commentaires de collaborateurs de Hitler :

Rosenberg : « Attendez! Dans vingt ans, il vous faudra faire la même chose. Vous ne pourrez pas éluder ces problèmes. »

Goering : « Naturellement, nous voulions démolir le colosse russe. Maintenant, c'est à vous de le faire. Vous aurez les Russes sur les bras un de ces jours, et cela m'amusera de voir comment vous vous en tirerez.

Peu m'importe, d'ailleurs, d'assister à ça du ciel ou de l'autre endroit, l'endroit le plus intéressant. » Et le Feldmarschall de rire de bon cœur...

Fritzsche : «J'ai toujours dit que notre part de responsabilité dans la guerre contre les puissances de l'Ouest était de 50 %, car une grande responsabilité incombait au traité de Versailles. Mais notre culpabilité dans la guerre contre l'Est était de 100 %. Celle-ci était téméraire et inutile... »

 

 

[6] NOTE : Interview de la BBC. :

Peu après son arrivée à Londres, le commandant Billotte est interviewé par la BBC :

«  En Russie, le temps se passa à faire du sport et à apprendre l'anglais, car nous étions tous décidés à rejoindre les Forces Françaises Libres. Soudain les Allemands attaquèrent les Russes. On nous envoya vers l'arrière. Cela fut très intéressant, parce que je pus voir de mes yeux la concentration de l'armée russe. Je fus très impressionné pur la qualité du matériel. Le matériel roulant est meilleur qu’en Allemagne, ou qu'en France. Sur les trains, des tanks très nombreux, tout neufs, des canons anti-tanks du dernier modèle. Les troupes elles-mêmes étaient merveilleusement équipées, merveilleusement armées. Les avions étaient du dernier modèle, Et par dessus tout, une discipline de fer. Comme officier d'état-major, je pouvais apprécier.

Avez-vous, été à Moscou?

Oui, pour négocier notre départ avec l'aide de l'ambassade d'Angleterre. Ce qui m’intéressa le plus à Moscou. ce furent les raids allemands. Ce fut lamentable. La D.C.A. russe est très forte, a des munitions sans compter, et les chasseurs de nuit sont très bons.

Ce n'est pas ce que dit, « Radio-Paris ».

Oui, mais moi j'étais à Moscou et je sais ce que je dis. L'aviation allemande ne surclasse pas l'aviation russe. Les avions russes sont plus modernes que les avions allemands abattus autour de Moscou. Pensez que les Russes ont des tanks armés d'un canon de 150. Ça ne s'est jamais vu. Et les réserves en hommes sont inépuisables. Le moral est formidable. Les Russes ne capituleront jamais. Dans un pays aussi vaste, les reculs se signifient rien. Les Allemands ne les battront pas. Ils s’épuiseront. Alors nous les battrons à l'ouest.

Maintenant, nous voici en Angleterre, Nous allons pouvoir continuer la lutte! Nous y pensions sans cesse dans les camps. Tous nos camarades y pensent. Ah, ils ne sont par collaborateurs, eux. Ils n'espèrent qu’en la victoire de l'Angleterre. Ils souffrent, ils résistent, ils tiennent le coup ! Ce s'est pas parmi les prisonniers qu’il y a des Laval ou des Brinon. »

 

 

[7] NOTE : Livres sortis après la guerre :

Il est très étonnant de constater que la plupart des livres sortis juste après la guerre (de même que les émissions de télévision d’aujourd’hui) passent presque toujours sous silence ces expéditions de libération des « poches de l’Atlantique » dont il faut rajouter les tracés (Il n’y a pas eu que la libération de Royan) :

 

 

 

[8] NOTE :  Poches de l’Atlantique :

On passe généralement presque sous silence - et c'est regrettable - ces opérations militaires imposées par le général de Gaulle, lequel sacrifia délibérément ceux-là mêmes qui l'avaient rejoint et suivi.

Car autant l'utilité militaire de ces opérations était dérisoire, autant les décisions en sacrifices humains considérables - dans les deux camps - au nom de ce que le général de Gaulle croyait être opportun pour la France, sinon plus simplement pour lui - et bien possiblement à tort - sont riches d'enseignement sur la psychologie de cet homme illustre :

En ce sens elles sont une répétition de l'attitude qui sera à nouveau la sienne entre 1958 et 1962 eu égard à la question de l'Algérie, cette fois :

C'est bien le même homme qui prit ces lourdes décisions en 1944-1945 et qui rejettera en 1959 ceux-là mêmes qui l'avaient porté au pouvoir et suivi un an plus tôt.

Mais dans le cas de l'Algérie, les sacrifices consentis furent plus lourds encore, et les conséquences de tout ce qui s'y joua à la hâte, de façon personnelle, et sans véritable succès, n'ont cessé de rester dramatiques - dans les camps de toutes les tendances - un demi-siècle plus tard.

Tout autre serait la question de sa responsabilité : Pouvait-il, devait-il agir autrement ?

A l’heure où l’on commémore le décès du général de Gaulle, occasion de reconstituer le long le destin de l’Algérie, pourquoi les médias ne mentionnent-ils jamais l’oeuvre d’hommes comme Louis Massignon (1883-1962), par exemple, fort apprécié dans le monde musulman dans les décennies 1940 et 1950 ?

S’il avait été écouté et suivi, les destins de la France, de l’Algérie et du Moyen Orient – voisins naturels, tout autant que l’est pour nous l’Allemagne -  eussent probablement étés autres.

Or, de même que les connaissances du général de Gaulle – pourtant homme de culture - sont restées souvent médiocres quant au « monde arabe », les français perçoivent encore trop souvent ses réalités avec une passion digne de celle qui bouleversa Istanbul à la fin du XIX ème siècle, lors de la querelle sur le port du « tarbouche » ou du « turban ».

Saura-t-on surtout un jour regarder le véritable contenu des conduites humaines autrement qu’à travers les classifications éphémères d’un cristallin qui ne saurait être que « lévogyre » ou « dextrogyre » ? Ce manichéisme politique n’exclut  pas d’ailleurs les retournements, comme ce fut le cas aussi bien au sujet de la « colonisation » que de  la « Résistance ».

Ces sujets restant d’actualités, signalons qu’une partie des travaux de Massignon vient d’être publiée en 2 tomes sous le titre « d’écrits mémorables » :

« … J'entends une sommation de justice surhumaine, qui monte, des croyants musulmans désavantagés, colonisés, méprisés, elle a réveillé en moi, depuis 40 ans, le chrétien.

Cette clameur, je l'ai écrit, l'an dernier, en fondant le « Comité chrétien d'entente France-Islam »(cf. Témoignage chrétien, 27-6-47), retentit pour nos colonialistes déchristianisés comme l'appel à la guerre sainte de fanatiques ignorants et périmés (tout en leur faisant peur).

Mais elle ne s'adresse pas à eux, elle s'adresse à Dieu, au-dessus d'eux, de leurs banques et de leurs techniques, c'est l'appel de la foi qui est la racine de la justification (si elle n'est pas suffisante pour le salut), qui anime dans les quartiers pauvres, dans les villages écartés, dans des oasis perdues, des âmes que la technique idolâtrique des Européens consterne, mais n'a encore ni perverties, ni fait désespérer du Dieu d'Abraham… »

Louis Massignon : in : «Le signe marial», paru dans Rythmes du monde, n° 3 (1948-1949), p. 716.

 

 

[9] NOTE :  « Le  Pouyaud » :

Le toponyme vient probablement du latin « podium » qui signifie « lieu élevé » comme c’est le cas ici.

On retrouve ce mot très souvent en France, sous des orthographes et des  prononciations variées, tendant dans le Sud plutôt vers Pech Peuch Puech Pey Poey Puch, en Corse vers Poggio, et, plus au Nord, vers Puy ou Le Puy. Le mot a donné aussi des patronymes, très nombreux et variés : Puaud, etc.

« Podium » est un emprunt au grec « podion » qui signifie aussi « balcon » etc.

L’ensemble appartient à la branche méridionale de la racine indo européenne qui signifie « pied » (« padalam »).

 

 

[10] NOTE :  Mort du général Leclerc :

Après avoir échappé à cet obus passé à 50 cm de lui, au cours d’une campagne dont il avait plaidé l’inutilité, le général Leclerc trouvera la mort le 28 novembre 1947, âgé  de 45 ans, alors qu'il effectuait une visite d'inspection au Sahara, dans un accident davion, pour beaucoup suspect à plusieurs titres :

·        Mort du général Leclerc: le mystère du treizième corps .

·        figure mythique de la France Libre.

·        Suicide du général de Larminat :

Signalons aussi ici, parmi les faits rarement rappelés, en complément de notre note supra concernant les attitudes du général de Gaulle, que le général de Larminat, a préféré se donner la mort  le 1er juillet 1962, plutôt que de devoir faire condamner à mort les membres de l'O.A.S. par le « tribunal militaire » qu’il avait été chargé de présider.

·        Très peu de temps avant son suicide, le général de Larminat confie à Plon, éditeur, 8 rue Garancière, Paris 6°, la publication de ses « Chroniques irrévérencieuses », dans lesquelles il raconte ses 2 rencontres avec Leclerc, d’abord en Afrique puis sur le front de l’Atlantique:

Au Nord du Tchad (massif du Tibesti) :

« … C'est l'époque (1943) que je proposai cette irrévérencieuse définition de Leclerc : « C'est le gaillard qui vient vous regarder sous le nez d'un air méchant, vous écrase le pied en vous bousculant et vous chipe votre mouchoir. Au moment où vous allez vous rebiffer, vous vous apercevez qu'avec ce mouchoir, il a fait un service de table complet. Alors, vous ne dites rien et donnez votre chemise. »

Quelques semaines plus tard, la rencontre Leclerc-Giraud, vers Sfax, fut savoureuse. Giraud arrivait plein de condescendance et du sens de sa supériorité, car il avait eu Leclerc, jeune capitaine, sous ses ordres au Maroc. Dès lors, il estimait qu'il ne pouvait y avoir de question. Il n'y en eut pas, en effet :

Leclerc prit, d'entrée de jeu, l'offensive : «  Alors, mon général, je pense que vous allez vous rallier au général de Gaulle. Vous n'avez rien d'autre à faire, et tout de suite ». L'entretien n'alla pas plus avant sur ce point. »

Au moment de la libération de Royan : 

« Mon dernier contact de service avec Leclerc eut lieu en avril 1945. J'attaquais Royan et recevais en renfort la 2e D.B., indispensable pour affronter les bétons de la position. Leclerc avait été enchanté de la chose, car il était un peu en l'air, se refusant énergiquement et définitivement, comme moi, à servir sous de Lattre et préférant travailler avec moi que dans un ensemble américain.

 Mais, sur ces entrefaites, sa division massée devant Royan, étaient intervenus le passage du Rhin et l'invasion de l'Allemagne.

Leclerc avait voulu se dégager; impossible, les ordres de de Gaulle étaient formels et le général Devers, commandant le 6e groupe d'armées, ne voulait plus admettre aucune incartade de Leclerc, qui l'avait déjà mis à rude épreuve.

Leclerc était dans un état violent et nous eûmes des scènes sanglantes. C'était le cheval de sang attaché de court, qui tire au renard, piaffe, tape dans les bat-flancs, est inabordable.

Il fallut tout de même bien que le plan se réalise. Sa division se battit comme à son habitude, et il en prit sa bonne part au plus près des lignes où fut tué, à ses côtés, son aide de camp, le commandant de Person.

Puis, comme je l'avais promis, je libérai ses unités qui cavalcadèrent à toute allure et réussirent ce record : parties de Royan le 17 avril [1945], de prendre Berchtesgaden le 5 mai [1945].

 En partant, Leclerc me laissait une lettre d'imprécations violentes sinon, injurieuses, dont je m'accommodai avec philosophie, le connaissant.

Trois ou quatre semaines après, je reçus une lettre de lui, que je n'ai pas gardée - un gentleman ne garde pas les lettres - qui me disait, en propres termes : «  N'en parlons plus; je considère que vous êtes la meilleure tête pour réorganiser l'armée française, alors je ne veux pas me brouiller avec vous ».

N'est-ce pas délicieux? A quoi je répondis : « Bien sûr, pas de question... »  Et nous restâmes les meilleurs amis du  monde pour le peu de jours, hélas, que nous eûmes à vivre ensemble. »

 

 

[11] NOTE : Les « Cadets de Saumur » :

Malgré l’appel du Maréchal Pétain à cesser les combats le 17 Juin 1940, la traversée de la Loire sera retardée héroïquement du 17 au 20 Juin par les « Cadets de Saumur » :

Le colonel Michon obtint de conserver les cadres et élèves de l’école pour mettre le secteur imparti en défense.

Tous sont volontaires pour poursuivre la résistance armée, malgré des moyens très faibles, et faire ainsi honneur, dans un esprit de sacrifice, à l’armée française.

C’est le premier acte de résistance armée sur le territoire national.

Ceux-ci bloqueront pendant plus de deux jours plus de deux divisions allemandes (dont la 1re division de cavalerie), soit environ 40 000 hommes, équipés de 150 blindés et 300 pièces d’artillerie, sans oublier l’appui de la Luftwaffe.

Les combats héroïques menés par cette poignée de soldats contre des forces très supérieures tant en hommes qu’en armements furent reconnus par leurs vainqueurs : c’est le général Feldt commandant la 1re division de cavalerie qui leur donnera le nom de « Cadets » et qui leur permettra de repartir libres vers la ligne de démarcation, aux ordres de leurs officiers, sans escorte allemande, une section de la Wehrmacht leur rendant les honneurs militaires au passage du pont à Beaulieu-lès-Loches.

 

 

[12] NOTE :  Chronologie du 16 au 18 juin 1940 :

Le matin du 16 juin 1940, de Gaulle arriva à Londres et fut mis au courant par Jean Monnet et l'ambassadeur de France du projet « d'union franco-britannique » qu'ils avaient préparé avec le « Foreign Office », estimant  que seul un coup de théâtre de dernier moment comme l'offre d'une telle « union » par le gouvernement britannique au gouvernement français, empêcherait la victoire des « défaitistes » dans le Conseil à Bordeaux.

Favorable au projet (peut-être l’une de ces opportunités - surtout projetée dans l'avenir lointain du monde - comme l'histoire n’en présente qu'exceptionnellement) de Gaulle en téléphona le texte à Reynaud à Bordeaux, mais le soir du 16, Reynaud avait démissionné, le Président Lebrun avait invité Pétain à remplacer de Gaulle et le Conseil avait rejeté « l'union ».

Sans dévoiler que cette fois-ci de Gaulle reviendrait en Angleterre comme réfugié et non plus comme ministre Spears téléphona à Churchill qui donna son approbation au retour de de Gaulle en Angleterre.

Cf – et également à propos de la flotte française -  : Clic

 

 

[13] NOTE :  Projet de « Protocole de paix » du 16 au 31 décembre 1943 :

Épilogue parmi les faits qui auraient pu avoir un développement qu’ils n’ont pas connus – sinon beaucoup plus tard : De même que la seconde guerre mondiale aurait du être évitée par la prévention - « Si vis pacem, para bellum » - de même le « débarquement allié en France » aurait pu ou du être évité :

Dès la fin de 1943, les États Unis et l’URSS devenaient déjà les superpuissances du prochain « après guerre ». Il était même prévisible qu’une hostilité ouverte éclaterait tôt ou tard entre elles.

Dans ces conditions, beaucoup - tant français qu’allemands - pensaient qu’aucun d’entre eux n’avait intérêt à prolonger la guerre :

Il serait difficile, tant pour la France que pour l’Allemagne, si elles demeuraient hostiles l’une à l’autre, d’éviter de devenir vassales de l’une ou l’autre des 2 superpuissances. Le seul moyen de l’éviter, et de sauvegarder une « entité européenne », résidait alors dans une « alliance franco-allemande » encore possible.

De Gaulle formulera d’ailleurs la nécessité de cette alliance avant même la fin de la guerre.

Pour ces raisons, les 16,17 et 18 décembre 1943, fut rédigé à Nice, un long « projet de protocole de paix », approuvé par le maréchal Pétain, remis au capitaine de vaisseau de la Kriegsmarine G. le 31 décembre 1943 (Référence en fin de cette Note) .

Il prévoyait l’évacuation progressive et sans combats par l’armée allemande de notre territoire national : Le matériel de l’armée allemande devrait équiper l’armée française reconstituée, etc.

Si le projet de protocole avait abouti, le débarquement allié en France – dont le principal bénéficiaire ne pouvait être que Staline - devenait inutile, évitable et n’aurait pas eu lieu.

Le débarquement eut pourtant lieu et fut dévastateur.

Dans le livre « Germany’s underground », paru en Français le 30 septembre 1947 à Genève, Allen W Dulles, chef du service secret américain à Berne de 1942 à 1944 témoigne page 216 :

 « Le général SS Karl Wolff, qui s'entretint avec Hitler peu de jours avant la débâcle finale, me rapporta les paroles du Führer : « Il faut que nous tenions encore deux mois ! Les Anglo-Américains se battront avec les Russes et nous nous joindrons alors à l'un ou à l'autre des belligérants. Peu m'importe lequel ! »

Hitler n'eut pas ses deux mois; ceci se passait dix jours seulement avant la rencontre des forces anglo-saxonnes et russes au cœur même de l'Allemagne; le conflit qu'il avait souhaité n'eut pas lieu. »

Très tôt après la guerre, Churchill – faisant allusion à Hitler et à Staline - s’exclama : « We killed the wrong pig !» - « Nous avons tué le mauvais cochon !».

Référence : J. R. Tournoux : Documents : « Les tentatives de paix de compromis à l’Ouest ; Projet de protocole sur la paix de compromis approuvé par le maréchal Pétain » et « lettre de M. Allen Dulles à l’auteur  du 3 Août 1961 » (traduction)  in « L’Histoire Secrète » ; Editeur : Plon 8 rue Garancière Paris 1962.

 

EXTRAIT :  Page 315 : LES TENTATIVES DE PAIX DE COMPROMIS A L'OUEST :

 

« PROJET DE PROTOCOLE SUR LA PAIX DE COMPROMIS »   APPROUVÉ PAR LE MARÉCHAL PÉTAIN

Document rédigé à la suite des entretiens de Nice des 16, 17, 28 décembre 1943. Remis à Nice au capitaine de vaisseau de la Kriegsmarine G... le 31 décembre 1943.

La politique de collaboration franco-allemande n'a pas porté de fruits. Elle n'a été payante ni pour l'une ni pour l'autre des parties.

L'Allemagne n'a plus la puissance nécessaire pour s'assurer militairement l'hégémonie européenne.

Par la force des choses l'Allemagne est devenue le champion de l'Europe dans sa lutte contre la Russie.

Par voie de conséquence la France a tout à redouter d'un effondrement de l'Allemagne.

L'Amérique menace aussi l'Europe par l'emprise économique qu'elle projette d'exercer sur elle et dont deux manifestations caractéristiques sont déjà I'A.M.G.O.T, et l'U.N.R.A.A.

Là encore les intérêts français et allemands sont identiques.

La guerre se prolongeant, l'insistance de Staline auprès de Roosevelt et Churchill se faisant plus pressante, un débarquement anglo-américain, dit de « Libération », paraît inévitable.

p.316

Les conséquences d'un tel débarquement sont catastrophiques pour la France et très graves pour l'Allemagne.

a) Pour la France :

1.      1. Provocation à l'intérieur du pays de soulèvements des formations de résistance et de combat sans autre effet sérieux que de provoquer de la part des troupes d'occupation des répressions sanglantes et sans pitié.

2.      Transformation de notre pays en territoire de guerre  défendu pied à pied par les Allemands avec les destructions que comporte la tactique de la « terre brûlée ».

b) Pour l'Allemagne :

Création d'un vaste « second front » à l’Ouest nécessitant l'emploi de très nombreuses divisions. Consommation de matériel accrue dans des proportions importantes alors que la production s’avère déjà insuffisante. D'où affaiblissement, qui peut être décisif de la défense allemande à l'Est.

Il y a donc pour la France et pour l'Allemagne un intérêt vital à ce que le débarquement anglo-américain sur les côtes françaises n'ait pas lieu.

Ce débarquement, s’il est tenté avec tous les moyens dont disposent les Alliés, surtout s'il est tenté en Méditerranée, réussira. Il ne peut être empêché par la seule force armée.

Peut-être peut-il être évité par d'autres méthodes.

Les forces militaires britanniques, ni les forces armées françaises de l'Afrique du Nord ne peuvent tenter un débarquement sans l'assistance militaire des Américains. Or, la justification d'une intervention militaire américaine en France est la « libération du territoire contrôlé et occupé par les Allemands.

Si cette libération  du territoire était réalisée dès maintenant par suite d'accords directs entre les gouvernements français ci allemand, le débarquement perdrait sa raison d'être essentielle

p.317

les Alliés étant tenus de respecter la neutralité territoriale d'un  pays libre mais en condition d'armistice.

Diverses considérations incitent à penser que le gouvernement des États-Unis est peu désireux de transporter la guerre en France et qu'il accueillerait volontiers les raisons valab1es  que l'on pourrait lui donner de différer un débarquement sur nos côtes ou même de rejeter définitivement pareille éventualité.

Quelles pourraient être, dans le cadre de l'armistice, les nouvelles bases d'une entente franco-allemande ayant pour effet la libération réelle du territoire français et la restauration des libertés nationales, te] fut l'objet des entretiens de Nice.

Les conditions auxquelles chaque partie devrait souscrire pour réaliser pareille entente seraient :

a) De la part de l'Allemagne vis-à-vis de la France :

1 - Garantie d'intégrité territoriale.

2 - Reconstitution de l'Armée française.

3 - Libération réelle et progressive du territoire.

4 - Retour rapide et régulier des prisonniers de guerre.

5 - Suppression du contrôle économique et du droit de réquisition.

6 - Suppression de tout versement, en espèces ou en nature, au titre d'indemnité de guerre.

b) De la part de la France :

I - Formation d'un gouvernement d'unité française, librement composé niais basé sur les principes de révolution nationale énoncés par le chef de l'État et constituant sa doctrine.

2 - Ralliement de la dissidence intérieure.

8 - Répression efficace du terrorisme et du communisme.

4 - Défense de notre neutralité.

5 - Politique économique de coopération européenne.

6- Possibilité de reprise des relations diplomatiques avec les États-Unis notamment et de médiation future dans le sens des intérêts européens.

7 - Politique active de libération totale de notre Empire de l'emprise militaire et économique ang1o-américaine.

p. 318

Nous étudions par ailleurs en détail chacun de ces points, mais on peut dès maintenant discerner qu'il est un certain nombre d'éléments qui conditionnent pour la France l'exécution d'un tel programme.

1.      Pour réaliser le choc psychologique susceptible d'en tramer un revirement de l'opinion publique en France, il faut que les pourparlers avec le gouvernement allemand restent secrets et que ce soit le chef de l'État français qui apporte à la nation la révélation des nouveaux accords.

2.      La communication des nouveaux accords à la nation doit être accompagnée de celle du renvoi du gouvernement en exercice quel qu'il soit.

3.      Le chef de l'État pourrait ne former immédiatement qu'un Comité exécutif de quelques membres (cinq ou six) chargé lui-même de proposer à bref délai à l'assentiment du chef de l'État une formation ministérielle complète.

Il serait opportun que, sur la demande du maréchal Pétain, l'autorité allemande rende au plus tôt sa liberté au général Weygand qui pourrait ainsi être amené à présider 1e Comité exécutif.

Nous étudions dans une autre note la composition d'un tel Comité dans lequel, devraient figurer un ou deux représentants des forces de résistance intérieure dont le ralliement se ferait d'autant plus facilement qu’elles n'auraient plus de raison d'être et qu'elles seraient représentées au gouvernement légal.

 

GARANTIES DONNÉES PAR L'ALLEMAGNE

1.      Intégrité territoriale.

Ø      Retour immédiat de l'Alsace-Lorraine sous l'Administration française et déclaration de renonciation à toute mainmise ultérieure.

Ø      Idem pour les départements du Nord.

Ø       Rectification de frontière à notre avantage au Luxembourg.

p. 319

Ø      Possibilités d'extension territoriale en Belgique suivant le sort réservé 'à ce pays au traité de paix.

Ø      Conservation intégrale de notre Empire. Étude pour l'Afrique, à l'exclusion de l'Algérie, d'un plan de mise en valeur et d'exploitation économique en commun sous le contrôle de la seule Administration française.

II. — Reconstitution de l'armée.

Ø      Reconstitution progressive et libre de l'armée avec des états-majors généraux désignés par le gouvernement français mais proposés à l'accord du gouvernement allemand.

Ø      Les usines d’armement en France travailleront à l'armement et à l'équipement de cette armée. Ce matériel sera standardisé sur celui de l'armée allemande.

Ø      Le premier armement et l'armement lourd seront fournis par le gouvernement allemand. Il s'agira, en général, non pas du matériel dernier modèle destiné à la campagne 1943-1944, mais du matériel disponible type 1940-I941 et 1942.

Ø      Le montant des indemnités de guerre versées par la France à l’Allemagne sera comptabilisé et constituera une créance de la France sur l'Allemagne. La fourniture par l'Allemagne de matériel de guerre à la nouvelle armée française sera faite à titre de compensation et ne pourra en aucun cas constituer de nouvelles créances.

 

III. - Libération du territoire.

Cette libération ne pourra se faire qu'à partir de l'instant où, grâce à ces nouveaux accords, le gouvernement aura su rallier l'essentiel de la dissidence et aura repris dans son ensemble le contrôle du pays.

Cette libération sera progressive et se fera région par région selon un plan déterminé à l'avance. L'absence d'incidents graves dans une région déjà libérée ou en voie de libération

étant la condition de la libération de la région suivante.

 Cette libération consistera essentiellement dans le retrait :

Ø      Des services administratifs allemands.

Ø      Des formations politiques allemandes (S.S.).

p.320

Ø      Des formations de police (Gestapo).

Ø      Du contrôle économique et du. droit de réquisition.

Des formation de l'armée allemande seront seuls à subsister sur le territoire français tant que l'armée française en voie de reconstitution ne sera pas à même d’assurer par elle-même la sécurité du territoire et la défense des frontières terrestres et des côtes contre toute agression d'où qu'elle vienne.

L'armée allemande devra se borner à jouer eu France un rôle strictement défensif et de sécurité; elle ne pourra utiliser le territoire français comme base de départ contre ses adversaires.

Au fur et à mesure de la reconstitution de l’armée française se fera, région par région, la relève des formations allemandes. Cette relève ne s'effectuera que dans la mesure où il n'y aura pas d'incidents graves provoqués par l'attitude de la population française à l’égard de l'armée allemande de sécurité.

L'armée française .sera progressivement amenée à occuper à la place des formations allemandes les éléments militarisés de défense de la côte ou de l'intérieur réalisés par les soins de l'organisation Todt.

Si la libération du territoire par les éléments civils allemands peut être assez rapide, il semble que la relève totale des formations militaires de sécurité, pour une armée française entraînée et disciplinée peut demander de dix-huit mois à deux ans.

 

IV. - Retour des prisonniers.

Les modalités du retour rapide et total des prisonniers sont à étudier dans le détail. Elles ne dépendent pas que de la bonne volonté allemande, mais aussi des possibilités de transport par voie ferrée et de la nécessité pour l'armée allemande de remplacer lu main d’œuvre des prisonniers français par une main d'œuvre italienne notamment.

Il faudrait pouvoir tabler sur le retour de 100 000 prisonniers par mois. Ces retours étant conditionnés par le respect par la France de l'ensemble de ses engagements à l'égard de l'Àllemagne.

p.321

La Croix-Rouge Internationale pourrait matériellement coopérer au rapatriement de ces prisonniers notamment par l'organisation de trains spéciaux constitués avec du matériel prêté par des pays neutres.

 

V Contrôle économique et réquisitions.

Suppression du contrôle économique et du droit de réquisition.

Reconstitution de nos industries nationales mises en sommeil ou transportées en Allemagne.

Organisation d'un système d'échange entre l'économie allemande et l'économie française analogue à ceux qui se sont constitués entre l'Allemagne et l'Espagne, la Suède, la Suisse ou la Turquie.

 

VI - Indemnités de guerre.

  Suppression do tout versement en espèces ou en nature au titre d'indemnité de guerre.

  Le montant des sommes versées par la France à l'Allemagne depuis l'armistice au titre d'indemnité de guerre sera comptabilisé et constituera une créance de la France sur l'Allemagne.

  L'armement et l’équipement destinés à la nouvelle armée française, fournis par l’Allemagne, le seront au titre de cette créance ainsi que le matériel nécessité par la remise en route d'usines et d'entreprises mises en sommeil ou transportées en territoire allemand par les autorités d'occupation.

  Nous rappelons que ces garanties essentielles sont les suivantes :

1 - Formation d'un gouvernement d'unité française, librement composé mais basé  sur les principes de révolution nationale énoncés par le  chef de l'État et constituant sa doctrine.

2 - Ralliement de la dissidence intérieure.

3 - Répression efficace du terrorisme et du communisme.

4 - Défense armée de notre neutralité.

5 - Politique économique de coopération européenne.

6 - Possibilité de reprise des relations diplomatiques avec les Etats-Unis notamment et de médiation future dans le sens des intérêts européens.

p. 322

7 Politique active de libération de notre Empire de l’emprise militaire et économique anglo-américaine.

Chacun de ces points nécessite une étude de détail et l'exposé de considérations qui sortent du cadre de ces note rapides.

Ils ont déjà été de notre part l'objet d'études et d'enquêtes qui demanderaient à être poursuivies en liaison avec les collaborateurs directs et les conseillers du chef de l’Etat si le sérieux des pourparlers engagés se confirme au cours de nos prochains entretiens.

 

LETTRE DE M. ALLEN DULLES A L'AUTEUR

(Traduction)

Central Intelligence Agency

Washington  25. D.C.

Office of the Director

 

3 août 1961.

« Cher monsieur,

Je voue remercie de votre lettre du 23 juin dans laquelle vous me demandiez de résumer certains de mes souvenirs des événements qui ont eu lieu à l'époque de la deuxième guerre mondiale.

tJe regrette que mes occupations pressantes en ces temps de troubles mondiaux ne me permettent pas de répondre complètement à votre demande. Cependant, presque tous mes souvenirs sur les points que voue soulevez sont réunis dans mon livre intitulé Germany's Underground, qui a été publié eu 1947. Ce livre a également été publie par les Édltions des Trois Collines de Genève et de Paris, dans une édition en langue française intitulée « l'Allemagne souterraine », traduite de l'anglais par Hélène Breuleux. J'ai essayé de trouver un exemplaire de l'édition française que je me serais fais un plaisir de  vous envoyer, mais en vain. Peut-être vous sera-t-il possible de trouver un exemplaire en France, bien que cette édition soit épuisée. L'édition en langue anlaise est également épuisée, mais je vous envoie un second tirage, en espérant qu'il vous sera de quelque utilité.

Je regrette qu'il me soit impossible actuellement de faire davantntage.

Bien cordialement.

« Allen W. DULLES. » 

Director.

 

 

[14] NOTE :  « Les 30 glorieuses »

Et de ce point de vue, ce qu’on a appelé assez fallacieusement les « 30 glorieuses » (les années 1945-1975), mériterait plutôt le non « d’années d’oubli » -  sans « gloire », dont les conséquences n’ont pas vraiment été merveilleuses. Car il faut bien aujourd’hui se remémorer les guerres.

Et, durant toute cette période, « le monde » non seulement n’a cessé d’être en guerre(s), mais aussi « d’oublier » de plus en plus l’Europe, à notre détriment.

D’une certaine façon « nous voulions oublier et avons été oubliés » par les nouveaux grands acteurs du XXI ème siècle.

Pourquoi et comment ? Il reste long à écrire, et, plus utilement,  à réfléchir au sujet.

Car, pire qu’un simple oubli, beaucoup de gens, encore incapables de voir – et de changer -  prennent pour acquise en leur nom une gloire qui n’a  en réalité jamais existé ni été méritée,  hormis par quelques figures héroïques,  accélérant ainsi notre déclin commun par un orgueil égoïste, niais et malsain.

Contentons-nous ici de dire que beaucoup reste  à reconstruire dans les esprits.

Le début du fameux « relachement des mœurs » - ou « libération » - c’est selon -  dont un vain peuple attribue symboliquement la date au mois de « Mai 1968 », remonte en réalité au moins aux toutes premières rencontres avec l’occupation américaine : L’occupation ne se fit pas sans contre-parties.

Les exemples que « l’art de vivre » des occupants  - ou plus encore des rêveries qu’il suscita - devinrent modèle, sont multiples : Comment eut-il pu en être autrement ?

Plus qu’en 1917, le libérateur arriva auréolé de gloire.

Mais ce qui en fut importé n’a pas été seulement le meilleur de la nation américaine.

Il y eut aussi de ces comportements  d’occupants – plus ou moins mal contrôlés par les rondes de la « Military Police », aux initiales « M.P. » peintes en blanc sur les casques.

Cigarettes douteuses, Coca cola, whisky, jambes allongées sur les tables et repos de guerriers aux mœurs légères : Un soldat qui fume sans en demander permission : quoi d’étonnant à cela ? Il est vainqueur et, au prix de sa vie, nous a sauvés !

Pourtant, il ne s’agissait ni de subir ni de rejeter ceux que, moins de 2 siècles plus tôt, nous avions rendus libres, mais de seulement faire comprendre – comme en famille – que quelque mise au point s’imposait.

Au long de la guerre et jusqu’en 1969, le général de Gaulle aura pratiquement été le seul à en assumer – comme il le put - la nécessaire fonction.

Les communistes fanatisés écrivaient de nuit sur nos murs « U.S go home ! ».

En réalité, la France, « mondialisée avant la lettre » - sinon à nouveau, mais autrement, envahie – prise en tenaille entre deux blocs – avant qu’il n’en fut d’autres - dont l’affrontement débuta même avant la fin de la guerre, n’avait, jusqu’à sa géniale acquisition de la dissuasion nucléaire, d’autre choix que de choisir parmi eux : Ainsi, au prix d’inévitables adversités, nos amis protecteurs, les troupes américaines, circulèrent à grand bruit, de base en base, durant encore une bonne vingtaine d’années.

Ils avaient été « nos enfants » : Ils nous montraient maintenant le chemin.

Les anglais aussi, latinisés d’abord, avaient ensuite hérité de la France : en témoigne la latinité de leur langue. Mais le monde est changeant.

Finalement, le référendum d’avril 1969 a peut-être stigmatisé la France d’une date beaucoup plus importante – quoique moins spectaculaire – que le mois de « Mai 1968 ».

Il pourrait s’en dégager de multiples commentaires sur nos institutions, en commençant par cette remarque :  Un plébiscite ou un suffrage universel peuvent-ils être réputés « directs » dès lors qu’ils sont « médiatisés » ?

__________

 

 

[15] NOTE :  Le tribunal de Nuremberg :

 

CONDAMNATIONS DU TRIBUNAL DE NUREMBERG : (La Guerre Inconnue page 396)

Zone

britannique

américaine

française

soviétique

Enquêtes

plus de 700 000 allemands.

Rapport Telford Taylor :

plusieurs milliers de personnes

 

« Jugements »

937 suspects

570 militaires (177 comparurent)

 

 

Condamnations à mort 

:230 

24 

104  (62 exécutées)

les exécutions sommaires dépassèrent 185 000.

détention perpétuelle

24 

perpétuelle ou à temps 118 

44

 

détention à temps

423 

1475

 

Acquittements

.260.

35

.404

 

 

677 avaient donc fait une guerre jugée incorrecte par les vainqueurs, soit moins d'un sur mille.

 Soit un total de 2 442 condamnés, sur plus de10 millions de mobilisés, soit : 0,024 %

Sur 4 millions de prisonniers allemands en U.R.S.S., à peine 30%  revinrent à partir de 1945.

 

 

[16] NOTE :  « Marie Jeanne » - Paulette Jaquier :

 

« Dès 1940, Paulette Jacquier, jeune femme idéaliste, mystique et poète n'a qu'une idée en tête, résister. En 1941, à Grenoble, elle rencontre "Jean-Marie" et se met à son service. Les actions de propagande ou de liaisons se succèdent.

En 1942, elle crée une sixaine à La Frette, trouve des armes et commence aussitôt à multiplier les coups de mains contre l'occupant et ses collaborateurs, tout en transmettant à Londres les mouvements des troupes ennemies comme l'inventaire de leurs installation Sa bravoure commence à être légendaire, tout comme son nom de couverture "Marie-Jeanne" en probable "hommage" à son premier contact dans cette vie aventureuse.

Très vite, elle devient une cible prioritaire de l'ennemi. La milice réussit à l'identifier, la dénonce aux allemands et en mai 1944, la Gestapo cerne la ferme de son père.

Par sécurité, elle est hébergée chez une voisine et arrive à s'échapper.

Ce "jeu du chat et de la souris" va encore durer presque deux mois quand, à la mi-juillet 44, venant en aide à un groupe de résistants, elle est cernée et arrêtée par un groupe de P.P.F.

Ce dernier la remet à la Feld Gendarmerie de Bourgoin. Malgré un interrogatoire "musclé", ses tortionnaires nazis et français ne sont pas sûrs d'avoir mis la main sur "la" Marie-Jeanne. Craignant de ne pouvoir se taire plus longtemps, elle décide de s'évader et en, pleine nuit, à l'aide d'une corde improvisée, elle se laisse glisser de la fenêtre de la pièce dans laquelle on l'a enfermée.

La réception au sol se passe mal et c'est avec une cheville blessée qu'elle parvient à rejoindre une maison amie avant d'être prise en charge par la filière d'Yvonne Gatel qui la rapatrie au Chambaran. En représailles, les allemands, furieux, incendient quatre fermes de la Frette et fusillent deux otages dont son père, ancien de 14/18.
Marie-Jeanne va rester avec le maquis des chambaran jusqu'à la fin de la guerre.

La région des “Chambaran” est une appellation large qui correspond en fait au massif de faible altitude
S’y trouve implanté pour les exercices de tir aux canons et aux armes automatiques mitrailleuses et fusils mitrailleurs. Ce camp existait déjà lors de la Guerre de 1914.

En 1939 ce camp fut transformé en camp d’internement : Longtemps ignoré du grand public, le délicat sujet des camps d'internement sous administration française durant la Seconde Guerre Mondiale apparaît au grand jour depuis quelques années : Après l'avènement d'Adolf HITLER au pouvoir, des milliers d'Allemands et d'Autrichiens hostiles au nazisme - dont deux tiers de Juifs - se réfugièrent en France.

Cette population fut soumise "à une surveillance spéciale permanente dans l'intérêt de l'ordre ou de la sécurité publics" comme l'écrivit "LE MATIN" le 23 février 1939.
Le camp fut fermé en 1940

… C’est dans ces bourgs de la vallée de l’Isère que naît la Résistance.

C’est un parfait exemple des réseaux de sociabilité autour des fortes personnalités que sont notamment les médecins de la région :élus locaux, radicaux-socialistes, francs-maçons, les docteurs et étudiants en médecine ,Valois, Cazeneuve , Mariotte , Dupré à Vinay, Carrier à Saint-Marcellin entraînent dans la dissidence les milieux sportifs du rugby ou de la boxe, et recrutent, informent grâce à la liberté de déplacement que permet leur métier. La figure de Gaston Valois émerge très tôt : en contact avec Londres, il est membre du réseau Carte-Frager, devient chef départemental des Mouvements unis de Résistance. »

 

rassemblement avant de monter sur le plateau

« Un dernier rassemblement dans une clairiére et de nouvelles consignes pour le séjour sur le plateau. Voilà l’hiver et les actions vont être ralenties,l’ennui risque de gagner alors il faudra être fort.

Dans le Vercors Nord, même au niveau modeste des 1000m, l’hiver rameute en cortège les brouillards givrants, les « bises » ou les « burles » qui font « cirer » c’est-à-dire souffler la neige en tempêtes quasi canadiennes par des températures que nous avons vu descendre à –30° »

 

 

[17] NOTE : Les travaux de Dominique Venner :

Et, en ce sens, ce livre nous semble bien dans la lignée de travaux fondamentaux comme ceux d’Alain Peyrefitte dans « Le mal français » paru en 1976 (Plon), parce qu’à travers leurs analyses précises de l’histoire, ils font un travail profond de recherches de causes, prélude à toute compréhension des remèdes.

Mais ces travaux semblent rester lettre morte.

Comme si personne ne voulait comprendre.

Les ambitions fondées sur une économie « de loisirs et de tourisme », ne remplaceront pas la construction d’infrastructures modernes nécessaires à un pays qui en éprouve de plus en plus les carences.

Bien plus, la candidature de la France - pourtant toute tournée vers « les jeux, les loisirs et le tourisme» - beaucoup trop – n’a pas été retenue, il y a quelques années, pour les « Jeux Olympiques.

Ce désaveux mondial – avant de préjuger des véritables causes, quelles qu’elles soient – aurait mérité une exacte analyse, que l’on attend encore.

Pour ce qu’il est de l’usage trop souvent scandaleusement exclusivement « rentier » que nous faisons de nos mers, ne faisant ainsi que profiter tant d’un don du ciel, que de ce qu’il faut aussi appeler « le labeur de nos anciens » - voir ce que Tabarly écrivait en 1997 , un an avant sa mort.

« Guerre de sept ans », « naissance des USA »,  « guerres mondiales » … pour le sort de la France et celui du monde, ce qui s’est joué sur les mers a souvent été déterminant.

Les mers garderont probablement encore longtemps toute leur importance.

Il est même bien possible que, tant sur le plan commercial – dont le déclin se fait déjà trop sentir - que peut-être un jour sur la plan militaire, le danger pour notre patrie puisse venir de la mer (la moitié de nos frontières sont maritimes).

Sans oublier –tout récemment - les plus de 50 morts que fit le 1er Mars 2010 sur le littoral vendéen une forte marée haute conjuguée à une tempête, dont la survenue était parfaitement prévisible un jour, car n’ayant rien d’exceptionnel, et récurrente depuis le début du dernier millénaire écoulé. Mais on avait voulu l’oublier (que « d’amnésies » opportunistes !) et il faut recourir au livre du docteur Kemmerer datant de 1885 pour retrouver une des rares études sérieuses qui fut faite de ces vimaires en ces lieux.

Le tout nous semble grandement imputable à une sorte de « nouveau système culturel français » dans lequel chacun est soumis à une tutelle puissante, aliénante et inappropriée (Cf. à nouveau Alain Peyrefitte).

Beaucoup de malheureux ne sont guère responsables d’un malheur « non-annoncé »,  puisqu’on ne leur avait rien enseigné de la mer.

 

 

[18] NOTE :  « La guerre inconnue » - 1975 - Otto Skorzeny :

 

La seconde guerre mondiale ne fut pas comme la première :

 

Dans un livre de mémoires : « La guerre inconnue », Albin Michel, 1975,  Otto Skorzeny,  qui a été surnommé dans l’après guerre « l’homme le plus dangereux d’Europe », publie, page 42, l’enquête suivante :

 

 

 « En 1957, la section historique de l'état-major de l'Armée israélienne envoya un questionnaire à plus d'un millier de chefs ou d'experts militaires du monde entier, d'historiens et de correspondants de guerre. Il s'agissait de répondre aux questions suivantes :

                Durant les deux guerres mondiales, quelles armées considérez-vous comme les meilleures? Quels soldats étaient les plus braves? Le mieux entraînés? Les plus habiles? Les plus disciplinés? Ceux qui firent preuve de plus d'initiative? etc.

Parmi ceux qui répondirent à ce questionnaire figuraient les généraux Marshall (U.S.A.), Heusinger (N.A.T.O.), G. F. Fuller (Grande-Bretagne), Koenig (France), le fameux critique militaire Sir Basil Liddell Hart, les écrivains Léon Uns et Hermann Wouk, etc. Le classement des armées ayant participé fut le suivant :

 

Première Guerre mondiale

En ce qui concerne la seconde guerre mondiale :

1.      Armée allemande

2.      Armée française

3.      Armée anglaise

4.      .Armée turque

5.      Armée américaine

6.      Armée russe

7.      Armée austro-hongroise

8.      Armée italienne

1.      Wehrmacht  93 points

2.      Armée japonaise  86 points

3.      Armée soviétique  83 points

4.      Armée finlandaise  79 points

5.      Armée polonaise 71 points

6.      Armée britannique 62 points

7.      Armée américaine 55 -points

8.      Armée française 39 –points

9     Armée italienne 24 points

 

En ce qui concerne les forces aériennes,  la Luftwaffe est suivie de la R.A.F. et de l'U.S. Air Force, du Japon et des forces aériennes de l'U.R.S.S.

La marine britannique précède, dans l'ordre, les marines japonaise et américaine.

Enfin, parmi les unités d'élite, viennent en tête les Waffen SS, suivies des Marines (U.S.A.), des commandos britanniques et de la Légion étrangère française.

Tout classement de ce genre peut être discuté. La cinquième place de l'armée polonaise fut diversement commentée. Il me semble que le combattant italien de la Seconde Guerre mondiale, souvent mal armé, très mal ravitaillé, commandé par des chefs qui n'étaient pas toujours à la hauteur, ne fut pas sans mérite en Afrique du Nord. Les divisions de Chemises noires furent bonnes. Des sous-mariniers et des aviateurs italiens réalisèrent de véritables prouesses individuelles. Des unités italiennes combattirent fort bien sur le front de l'Est et le régiment de cavalerie Savoia eut, en novembre 1942, un comportement héroïque à Stalingrad. De même, les torpilles humaines de la X MAS .Flotilla du prince Borghese et de Teseo Tesei se signalèrent par des exploits sensationnels en Méditerranée. Sans doute eût-il fallu en tenir compte. »

__________________

 

 

 

Fin des notes de bas de page

 

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