Grèce :
Astyanax dans les bras d’Andromaque s’effraie à la vue du casque d’Hector [1] |
La Conversion religieuse de la Grèce Hellénistique « Íησ-ους » « Ζεύς-υιος» « Dieu-fils » |
Egypte : Anubis embaume le défunt [2] |
Il (son âme) pourra
alors rejoindre les « champs
Elysées » |
|
En grec ancien,
prononcer : « Zdeus » (¨=
« Lumière » en langues
indo-européennes ; cf. « Mazda » en persan et « Deus » en latin) Que le lecteur non-héllénisant
note bien que la finale en –us du mot Zeus (génitif Dios) n’a rien à
voir avec le –us qui apparaît
dans la finale du mot composé Jés-us en tant que suffixe (prononcé ous en grec classique et en latin) suffixe qui est en grec classique la
forme abrégée commune de uios et signifie
fils Le –us de Horus n’a rien à
voir non plus [3] |
|
|
||
|
|
|||
|
|
|||
Dans ce site : |
Dans
cette page : 1. Rencontres
et évolution ▬ 2. Filiation
des symboles ▬ 3. Étymologie du mot
« Jésus » 4. Etymologie de 'Aissa (dans
le Coran عيِسَى représentation du fils de Mariam (non
fils de Dieu) (Au contraire, le mot copte transcrit le grec : يَسُوع (Ièsou’) 5. Dons
et mérites ▬ 6.
Conclusions générales ▬ |
Cette page fait partie d’un ensemble de recherches que j’ai
entreprises dans la fin des années 1990,
afin de tenter de saisir à quoi pouvaient renvoyer, dans notre culture les mots et les choses que l’on conçoit
actuellement autour de l’appellation
de psychique. Je recherchais des compléments à certaines questions culturelles et
religieuses évoquées dans la page de ce site « Entre Justice divine et
médecine d’Etat : l’invention de la psychiatrie: clic »,
pour la partie qui précède l’apparition du christianisme Ma recherche impliquait : du vocabulaire, des données
historiques, de l’archéologie, etc. aussi difficiles à réunir que les
infrastructures matérielles et les soutiens humains nécessaires à mon
travail. Ce texte a été
construit directement sur le web, en fonction de mes disponibilités et de
l’avancée de mon travail, et c’est la raison pour laquelle il comporte des
répétitions, mais ces répétitions correspondent généralement aux faits les
plus saisissants, et il me semble prématuré de lui donner une forme
définitive. Il est à peine besoin de dire que cette page a été difficilement
commencée, en guise de carnet de notes, à une époque où je maîtrisais encore
moins qu’aujourd’hui, un ordinateur, un logiciel Word (dont au bout de 20 ans
je suis loin d’avoir fait tout le tour même si les contraintes commerciales
voudraient m’imposer un inutile remplacement), les innombrables bugs, etc. Cependant, l’écriture – tant que l'on peut en conserver un substrat -
reste la meilleure façon de poursuivre ce type de progression. . NB : Comme
l’écrit Th. Obenga (Bibiligraphie en bas de page) on aura intérêt à
avoir une connaissance simultanée du grec, de l’arabe et de l’Hébreux,
ce qui était banal au Moyen Age mais ne l’est malheureusement plus
aujourd’hui. Cependant, c’est
le déchiffrage des hiéroglyphes qui a le plus apporté au sujet ici
abordé, et ceux-ci sont restés muets durant tout le Moyen Age, fait
lui-même dont l'étude mériterait une compréhension attentive. |
« Les graphiques des naissances me
paraissent plus sûrement annonciateurs que les tendances réunies du
« Dow Jones », du « Nikkeï » et du « Cac
40 » ; et les réflexions et représentations sur
« l'au-delà de la mort », plus opérationnelles que « la lutte
dite des classes » et « le cours du Brent » à Rotterdam. » Pierre Chaunu (né à
Belleville (Meuse) en 1923 – décédé à Caen en 2009) Professeur d'histoire
moderne à la Sorbonne.
|
||
|
||
« Pauvres et riches, sages et fols, Prêtres et laiz [laïcs], nobles et chiches Petits et grands et beaux et laids |
Quiconque
meurt, meurt à douleur Et meure Pâris
ou meure Hélène Mort saisit sans exception. » |
|
FRANÇOIS VILLON (né
à Paris en 1431 – disparu en 1463) |
ENVOI :
Oui, mais la religion, elle, n’est plus la même, et elle en a même vu
beaucoup passer !
___________
INTRODUCTION
Le concept géographique de « Grèce »
est à entendre ici d’abord au sens de « Monde Hellénistique »
tel qu’il existait lors de la naissance du christianisme :
C’est à dire tout l’ensemble du monde
égéen et sa périphérie - principalement vers l’Est, l’Ouest, et le
Sud, jusqu’à - bien sûr - la plus grande ville du monde d’alors,
c’est-à-dire « Alexandrie d’Égypte ».
Disons d’emblée que, pour la Grèce
qui avait déjà connu de formidables métamorphoses lors de ses premières
rencontres avec l’Égypte, aux IX, VIII, VII, VI, et V émes
siècles, jusqu’à l’apparition de la philosophie, du théâtre, et de la
démocratie (Cf. sur ce sujet sur ce même site : « Entre justice divine et
médecine d’Etat …: clic » et « La responsabilité au V ème
siècle athénien:clic»).
Il s’agira, avec l’apparition du
christianisme, d’une nouvelle et formidable « explosion mentale »
- même si elle fut de lente germination - mais non sans continuité avec les
domaines sus-énoncés, et ce qu’ils ont à voir avec « le chiffre
« 3 »[4].
Elle marquera profondément les millénaires
suivants, sous la forme de nouvelles religions – par pans, ou par entiers.
Et il n’est pas jusqu’aux velléités profanes
des dites « déclarations des droits de l’homme »
« - de cet « Homme » si difficile à définir – peut-être
de plus en plus – qui ne lui en doivent une forte part [5]
…
Ce fil conducteur pourra servir d’éclairage
à tout le texte qui suit.
Les dieux de la Grèce, les héros mythiques,
étaient déjà subsumés pour les grecs en une divinité suprême et unique –
répondant au nom de « Zeus-Dios ».
Avec le christianisme, il deviendra :
« Un, triple et d’une seule nature (« homo-ousios »).
La grande originalité de cette nouvelle
conjugaison - qui emprunte son essentiel aux formulations égyptiennes – « Rè-Atoum-Amon,
Isis, Osiris et Horus, Seth et Nephtys, Anubis, Maât », etc., comme on
l’a vu dans le premier des 2 articles ci-dessus référencés, est de ne pas
reconnaître - comme on pourrait l’attendre, et comme toute la
tendresse égyptienne y était parvenue - « la symbolique divine du
chiffre « 3 » sous la forme « du père, de la mère et de
l’enfant », mais sous la forme « du Père, du Fils et du Saint
Esprit [6].
Des réflexions multiples nous viennent
immédiatement à l’esprit :
Ø
D ‘abord
un rapprochement avec les croyances que l’on retrouvait encore il y a peu, chez
les peuples touaregs (de même « génétique » que les égyptiens du
« Delta » et les peuples dits « imazighen »
ou « berbères ») que toute fertilisation d’une femme est
l’œuvre d’un « Esprit » - car pour faire apparaître la vie,
l’acte sexuel n’y suffit pas[7].
Ø
Ensuite
que la « magicienne Isis » est devenue « madone »
et même « Maria».
Ø
Ensuite
– contrairement à ce que l’on aurait pu attendre – et ceux qui s’y trompent
sont encore légions – que la féminité a disparu de la trinité
divine ; ce qui ne présume en rien d’une consécration ou prévalence
quelconque qu’y aurait pu recevoir une dite masculinité : La
question y est pas du tout d’opposer l’homme à la femme, sinon d’interroger le
sujet et sa conception en soi.
Ø La mère n’est nullement l’égale, ni le
symétrique du père.
Les
langues indo-européennes n’avaient d’ailleurs pas adopté les ressemblances
phonétiques et orthographiques apparues avec les langues romanes dans les mots
« père » et « mère »[8].
Ø
Enfin, qu’il
pourrait bien ne s ‘agir – là encore – que d’une étape, dans la longue
histoire de nos humaines représentations – diverses et incessamment
renouvelées : N’en verrait-on comme signe, que les efforts de
constructions plus récentes, freudiennes puis lacaniennes – Lacan
théorisant : « le Réel , le Symbolique, et l’Imaginaire [9] »,
puis le « nœud borroméen » – en s’inspirant lui-même de
sciences, topologies et mathématiques qui lui étaient antérieures – toutes ces
formalisations ouvrant aujourd’hui sur tant de travaux, et des plus récents,
sur les « théorisations des nœuds », et sur un ensemble de
découvertes sur les structures de la matière, allant des molécules d’ADN aux
espaces inter ou intra galactiques, articulant inlassablement nos repérages
avec un « au-delà inconnu », « au-delà »
de cette « demi-perception », limitée au mieux au « de
quoi » de cet « au-delà ».
__________
1 Rencontres et
évolution de la pensée grecque du point de vue du couple « ici-bas/au
delà ».
Toute recherche spécialisée,
afin de ne s’appuyer que sur des données sûres, est contrainte de faire les
frais d’une vision limitée.
Une vision « globale », est peut-être
toujours impossible, si tant est que ce mot ait véritablement un sens.
On sait d’ailleurs que le
mot « univers » lui-même, fort modestement, ne signifie pas
« unifié » mais seulement « tourné vers le un ».
(« uni-versus »)
Pour cette raison, la
recherche sur la Grèce antique adopte souvent un point de vue :
Ø soit géographiquement
fermé, dans lequel on décrit en un lieu déterminé, de la Crète, ou du
Péloponnèse, etc., l’évolution d’un matériau précis de l’artisanat ou d’une
pensée particulière au cours d’un ou plusieurs millénaires,
Ø soit statique dans le
temps et l’espace, dans laquelle on s’attarde à décrire l’état achevé d’un art
ou d’une pensée.
Ø Soit d’échanges entre des
populations ou des continents précis, sur un sujet ponctuel, les chiffres, la
poésie, etc..
Notre propos ici est de
montrer les grandes lignes d’une vision tout aussi particulière, qui se dégage
à partir du rassemblement de données acquises sûres, au prix d’être, elle-même
aussi partielle, limitée et artificielle, mais que nous choisissons au travers
un prisme intellectuel qu’il aurait été difficile de reconstruire avant les
découvertes du XXème siècle: C’est le point de vue de l’observation du couple
binaire « ici-bas/au delà », à ne pas confondre avec le
couple « matérialisme/spiritualisme », qu’il subsumera
avec le temps, mais qu’il n’est pas au départ.
Cette aperçu est limité ici
Ø Dans le temps : de
–3000 Av. J.C à l’ère chrétienne, mais on pourrait aisément le prolonger
jusqu’à aujourd’hui
Ø Dans l’espace : Dans
une Grèce, occidentale, mais replacée au sein des grands « courants-monde »
de la pensée.
De ce point de vue là, la
métamorphose de la Grèce au cours de cette période a été totale, comme chacun
sait. Cela a été rendu possible du fait que la Grèce n’a jamais été isolée du
reste du monde,
Les
courants de la formation de la pensée occidentale aux temps historiques :
(Fait essentiel : nous omettons ici les pensées, plus fermées aux
occidentaux, de l’Extrême Orient et de l’Amérique précolombienne,
bien que les échanges soient avérés.):
Ø
Du
IIIème millénaire au début du Ier, s’opposent presque point
par point une civilisation asiatique plus ou moins héritière de Sumer
(Mésopotamie) et celle des Pharaons (Égypte), avec son héritage africain.
Ø
Durant
toute l’Antiquité, et jusqu’à il y a peu, l’histoire de toute cette
région qui va de l’Égypte jusqu’à l’extrémité orientale du « Croissant
Fertile » a été dominé par ce dipôle d’attraction ou de concurrence,
aussi bien en politique que sur le plan culturel. Il faudrait aussi
montrer :
o En quoi les mots ,
comme ceux que nous « traduisons » par « dieux » changent
ou ne changent pas, totalement ou non, de sens selon les lieux et les temps.
o En quoi les lignes de force
des pensées de ces civilisations ont évolué, soit progressivement, soit par
ruptures, dans le temps.
1.En
Mésopotamie,
on écrit en cunéiformes, qui donneront naissance à l’alphabet phénicien, puis à
celui du grec et du latin, puis aux alphabets européens qui sont donc
asiatiques. On compte avec
le système hexadécimal, d’où nos heures de 60 minutes et nos 360 degrés[10].
L’homme prie son Dieu ou ses dieux de lui procurer son bien et ses biens dans
le monde d’ici-bas. La mort représente l’horreur suprême[11]
après laquelle il n’y a rien, ou rien de bon, ni aucune justice. C’est pourquoi
les héros recherchent l’élixir de la jeunesse éternelle. On y décrit les souvenirs
du déluge : La Bible reprendra ces vieux textes, mais deviendra
« monothéiste », voire « au-delà du monothéisme », puisque
le Dieu, abstrait, est imprononçable. De cette pensée asiatique, la Grèce de
l’Iliade est héritière et redevable.
2. En
Egypte,
on écrit avec des hiéroglyphes. On compte avec le système décimal.
L’homme prie son Dieu ou
ses dieux, mais surtout accorde son comportement sur terre en vue de son futur
jugement dans l’au-delà, lequel jugement décidera de l’envoi du défunt dans un
autre monde, très réel, structuré avec un Enfer et un Paradis pour l’éternité.
La vie après la mort est « la vraie vie ». Pour cela le corps doit
rester intact. C’est pour cela qu’on le momifie et que l’on place les momies
dans des sarcophages. Avec le temps, les dieux se regroupent, et la conception
de la « chose divine » devient la triade pré-chrétienne Isis - Osiris
- Horus.
Les grands courants de la
pensée grecque :
La Grèce archaïque est asiatique,
ou, si l’on veut, indo-européenne. Les influences mésopotamiennes sont
prépondérantes. Mais à partir du VIème-Vème siècle l’influence égyptienne, non
sans engendrer des conflits culturels, devient déterminante, et responsable du
dit « miracle grec » des milésiens, dans tous les domaines de
la pensée. Déjà les cosmogonies d’Hésiode, « le prophète grec »,
sont très proches des cosmogonies égyptiennes. Ce phénomène s’accentuera encore
après les conquêtes d’Alexandre le Grand et le développement d’Alexandrie.
Trois cents ans plus tard, ce milieu hellénistique recevra le message du
Christianisme, synthèse multiple dont l’essentiel est structuré dans le
prolongement de la pensée égyptienne, en opposition radicale avec la culture
biblique de l’Ancien Testament. Au VIème siècle avant Jésus Christ, Xénophane
de Colophon, « païen sceptique », dénonce dans la représentation des
dieux une représentation mentale « projective » : Ainsi
dira-t-il, par exemple, que « si les taureaux avaient un dieu, celui-ci
aurait une apparence de taureau », etc. Au milieu de cette période de métamorphose, Au VIème siècle, un
voyageur grec en Egypte, Hérodote, note sa surprise de sa découverte que les
égyptiens font tout à l’envers des grecs.
Puis, dés le Veme siècle,
l’immortalité de l’âme est déjà proclamée par Platon qui a été
« étudiant » en Egypte, et sa morale pré-chrétienne s’oppose
radicalement à celle des matérialistes, Démocrite, et, plus tard, Epicure.
A partir de ce moment là, chez les
philosophes grecs, puis dans Rome qui en héritera, on percevra toujours et
clairement deux courants qui s’opposent et se radicalisent jusqu’à l’avènement
du christianisme: Le courant spiritualiste platonicien, et le courant
matérialiste atomistique, avec Démocrite, Epicure, Lucrèce.
On ne peut donc pas, comme le font un peu
trop rapidement certains penseurs du Moyen Age (chrétiens ou musulmans) opposer
« la religion » à « la philosophie », car si la religion,
chrétienne ou musulmane, est une, « la philosophie », elle, comprend
au moins deux parts inconciliables, dont l’une a fait le lit du christianisme[12].
Quant aux questions qui sont de l’ordre des « révélations », la
philosophie de l’antiquité n’a jamais eu l’occasion de les aborder pour des
raisons chronologiques.
Au VII ème siècle de notre ère, le monde
arabe, pour lequel le mot « grec » au sens moderne est devenu
synonyme de « chrétien », reçoit par son messager Mohammed la
révélation d’une nouvelle religion qui deviendra l’Islam. Le Coran reconnaît la
Torah, les Evangiles et Jésus[13].
Comme le christianisme, il affirme l’existence d’un dieu unique, mais sans
trinité, du jugement dernier, de l’enfer et du paradis, et respecte de nombreux
héritages orientaux antérieurs. Le croyant est ainsi « ‘abd Allah »
(également le « prénom » du père du messager Mohammed)[14].
Egypte |
Sciences scientifiques et philosophie |
+ |
Religion (Osirienne) |
||||||||||||||||||
|
|||||||||||||||||||||
Grèce 1 |
Grèce de culture et religions indo-européennes |
||||||||||||||||||||
|
Europe ß et Asie ß |
|
|||||||||||||||||||
Grèce 2 |
Ecole milésienne : Thalès, sciences scientifiques,
philosophes présocratiques, etc. Puis philosophes « matérialistes » ß et « spiritualistes »
ß (Platon) |
Religions européennes et orientales |
Culte d’Isis ß |
||||||||||||||||||
Grèce 3 |
Alexandrie[15] |
Alexandrie |
|
Cultes orientaux et européens + religion révélée (Christianisme) |
|||||||||||||||||
|
|||||||||||||||||||||
Moyen Age occidental 1 |
Byzance Textes
de l’Antiquité conservés ß |
ß |
Byzance |
« Les sciences » sont des sciences
religieuses |
= |
Christianisme |
ß |
ß |
|||||||||||||
Grèce |
Islam |
||||||||||||||||||||
Moyen Age occidental 2 |
Apparition des sciences au sens moderne ß |
<= |
|
Bagdad[16]: |
|||||||||||||||||
|
|||||||||||||||||||||
Renaissance |
Ý Regards
vers l’Antiquité pré-chrétienne et travaux propres. ß « Humanisme » en
philosophie . |
|
|
|
|||||||||||||||||
|
|||||||||||||||||||||
Epoque moderne |
Sciences scientifiques (« Savants ») |
≠ |
Sciences religieuses |
|
|||||||||||||||||
|
|
||||||||||||||||||||
Légende: |
En rouge ce qui est « scientifique » |
en bleu ce qui est « religieux ». Byzance |
|
||||||||||||||||||
Note : en suite de ce tableau[17] |
|
||||||||||||||||||||
Souvent, les apparences changent
peu, alors que déjà le fond n’est plus le même, et que se profilent à l’horizon
de nouvelles conséquences: L’évangélisation de la Gaule s’est gardée
d’abolir les rites gaulois, mais elle en a changé le sens.
En réalité, une quantité gigantesque
de recherches restent à faire sur la Grèce. Lorsqu’au temps de la
« Renaissance européenne » nos regards se sont tournés vers l’Antiquité,
dans le contexte géopolitique d’une Méditerranée divisée, la très
fragile Europe cherchait à consolider son identité.
C’est avec raison qu’elle cultiva
ses racines gréco-latines, mais, hormis l’évocation d’une « Terre
Sainte » créatrice aux constructions souvent légendaires, le souvenir
des épopées franques, de la reprise puis de la nouvelle perte de Jérusalem
à nouveau entre les mains de Mahométans mal connus (Cf. « Otia
Machomete »), à part les travaux de quelques précurseurs, comme Athanasius
Kircher (1601-1680) peu nombreux ou peu reconnus, elle se prit à délaisser
pratiquement jusqu’au XIX ème siècle une part considérable de son
héritage ou de ce qui la liait encore, au-delà des frontières d’une Europe
de plus en plus étroites, à l’Asie et à l’Afrique, ou, dans le
temps, d’explorer ce qui était antérieur à Homère.
Bien plus, elle fit mine d’ignorer
que Solon, Thalès, Pythagore, Platon, tenaient leur savoir de l’Egypte,
alors que les grecs eux-mêmes n’avaient cessé de le proclamer. Il est probable
que le mot « sophia » de la « philosophie » soit
d’origine pharaonique. Il est certain que ce n’est pas un mot grec (Cf. Chanteraine :
« dictionnaire étymologique de la langue grecque). C’est alors que
le concept de « miracle grec » a été inventé pour expliquer
l’apparition soudaine du savoir et des institutions. Pourtant, l’Egypte
n’a de cessé d’être présente dans les légendes grecques, dans celle d’Œdipe
en particulier, et Antigone semble bien incarner l’expression vive d’un
« choc culturel ».
Dans le livre « Black
Ahena », Martin Bernal va jusqu’à affirmer que le roi « Minos »
de Crête était africain et que le nom du port de « Salamine »
vient du sémitique : Certes, en arabe: « Salam = paix »
et « mina = port », (mais il devrait y avoir 2 « m »
et, en arabe, on dirait plutôt « mina es salam ») et est bien
difficile d’avoir des certitudes si ponctuelles sans document authentique. Les
certitudes, par contre, se jugent à l’aulne de nos vastes héritages de l’Asie
et de l’Afrique dans tous les domaines. Il n’y aurait, aujourd’hui,
aucune raison de se priver de les explorer.
2. Hypothèses sur
la filiation : croix d’Agadez => croix « ankh => croix des chrétiens
1° Ce qui est possible :
|
La constellation de « la Croix du
Sud », est à peu près équivalente dans l’hémisphère Sud de « l’étoile
polaire » pour l’hémisphère Nord : L’ensemble des deux matérialise à peu près
l’axe Nord-Sud autour duquel tourne la terre ( ou le soleil, et tout
le ciel constellé, si l’on considère que la terre est fixe )[18].
Le système aurait pu alors être investi
d’une forte charge symbolique. (Cf. aussi Note 16 sur la « Divine
comédie ») Il y a des milliers d’années, la croix
d’Agadez, dans la zone qui va du Nil au Niger, verdoyante jusqu’à il y a
environ 7000 ans, aurait pu représenter le ciel quand on le regarde en
direction du sud, c’est-à-dire la « constellation de la Croix du Sud »,
quatre étoiles qui tournent autour d’une étoile centrale, à peu près centrée
sur le « Pôle Sud Céleste », appelée « Alpha
Crux ». L’homonymie de notre désignation
(« croix ») coïncide-t-elle ici avec une relation d’origine ? Il est vrai que l’aspect des
constellations du ciel n’était pas exactement le même qu’aujourd’hui, mais la
« mise en place » théorique des éléments restait possible de la
même façon. Contrairement à la périphérie du ciel qui
parcourt un long chemin dans sa rotation, la « Croix du Sud » est à
peu près au centre du ciel et parcourt très peu de chemin dans sa rotation.
Les étoiles centrales, visibles toute l’année, étaient appelées « les infatigables »
chez les Égyptiens pharaoniques. « Alpha
Crux » est au centre de la croix. Les 4 autres étoiles de la
constellation forment les branches de la croix.[19]
Quoiqu’il en
soit, la structuration de l’espace selon les quatre points cardinaux a depuis
longtemps occupé dans cette partie de l’Afrique une place essentielle, non
seulement vitale pour l’orientation des caravanes, mais aussi pour la mise en
place des concepts relatifs « à la vie et à la mort ». Dans l’Égypte ancienne, le « pays
des morts » était entièrement conçu « à l’ouest du Nil »n
du c^té du soleil couchant. Il y a encore quelques décennies, il était
courant, en Égypte, pour désigner un défunt de dire de lui qu’il était
maintenant parti « de l’autre côté du Nil »[20]. Cf. aussi sur la continuité culturelle « Nil-Niger »
in : le journal « le Monde du 3 Avril 2010» : La langue africaine des pharaons noirs :
« Un siècle après le décryptage de leur écriture, on sait désormais
que l'idiome parlé par les bâtisseurs du "pays de Koush", dans
l'actuel Soudan, était purement africain ». Cf.
aussi le numéro « hors
série N° 18, de Mars 2010 » des « Dossiers
d’Archéologie » consacré à l’exposition du Louvre « Méroé
.un empire sur le Nil ». S’il existe un lien de parenté entre la
croix d’Agadez et la croix ankh, serait-il de fratrie ? ou de
filiation ? et alors, dans quel sens ? |
|
|
Carte d'une portion de la sphère céleste représentant la Croix du Sud. (Wikipedia) |
|
|
|
|
|
(source : http://www.agadez-niger.com/photo-80.html) |
|
|
|
|
|
Les dossiers de l'Archéologie : Hors
série N° 16, Mars 2009 |
2° Ce qui est sûr :
La croix « ankh » des Egyptiens : Elle est
représentée en abondance sur tous les hiéroglyphes qui ont un rapport avec un
défunt, le jugement d’Osiris ou l’au-delà.
C’est « la
clé du paradis ». Tout ici est
maintenant très connu.
Cf.: les travaux
de Christiane Desroches Noblecourt : livre cité en bibliographie (Cf.
Christiane Desroches Noblecourt : « Le fabuleux héritage de l'Egypte »).
Cf. in la revue : « religions et
histoire », éditions Faton, Dijon, numéro 11, novembre décembre
2006, « L’évangile de Judas » page 25 : le bas du papyrus
est estampillé par une « croix ankh ».
(image source : http://membres.lycos.fr/macri/Images/Re2.jpg
) Horus tient dans sa main la « croix
ankh ». Coiffé d’une auréole de soleil,
n’évoque-t-il pas la figure d’un saint tenant en sa main la clé du
paradis ? En rapprochant la religion chrétienne de
la religion égyptienne, on peut d’ailleurs trouver une infinité d’autres
ressemblances, sources ou similitudes, dans les
instruments de culte, les vêtements, les représentations, etc. |
(image source : http://www.africamaat.com/IMG/jpg/Ankh.jpg) Le « protecteur de vie »,
« l’œuf de la résurrection », a la forme exacte de la « croix
ankh » |
En français c'est
le grec "sarco-phagos" qui a donné => cercueil.
Nous ne faisons donc pas ici la distinction des « égyptologues »
appelant « sarcophage » ce qui est en pierre, et « cercueil »
ce qui est en bois, puisque mot et fonction sont en réalité les mêmes.
Le mot a été inventé par les grecs (= « mange chair »)
pour désigner cette caisse de protection du défunt, que les prêtres égyptiens
au contraire mettaient toute leur application à lui éviter de dépérir. C’est
d’ailleurs cette science très complexe de la momification, avec éviscérations,
onctions, etc. qui fit des égyptiens les meilleurs des médecins (comme c’est
déjà signalé dans l’Odyssée). Quelquefois, le sarcophage était dressé pour
maintenir le défunt debout, et des trous étaient ménagés devant ses yeux pour
qu’il puisse assister aux évènements du monde.
Mais en espagnol
"El ataud" (= cercueil) viendrait de l'arabe "et-tâbôut"
, mot à rapprocher du copte
« thèbi » qui proviendrait alors sans doute de l’hébreu têbâ(t) =
« boîte » (Cf. infra) :
COPTE Extrait du « Dictionnaire étymologique de
la langue copte » par Werner Vycichl , Edition Peeters, Bondgenotenlaan 153 , B – 3000, LEUVEN,
1983 : |
EGYPTIEN
Soit remercié aussi le forum : « forum@thotweb.com » pour les informations
suivantes : nb anx
(prononcer "neb ankh") signifie littéralement, le
posseseur de vie, ou le maître de vie. Il
existe d’autres mots en moyen égyptien désignant l’objet de la
protection : DbA.t (prononcer "djébat") qrsw (prononcer "kérésou") , mot parfois déterminé par une branche de bois, signifiant peut-être que l'on vise ici spécifiquement les cercueils en bois. Drw.t
(prononcer "djérout") swH.t (prononcer
"soukhet"), également déterminé par une branche de
bois. De la même racine que l’œuf.
|
|||
On
a longtemps cherché l’étymologie du mot grec « theos » qui
est d’ailleurs passé en français sans changement. L’origine de
beaucoup de mots grecs n’est pas européenne et dans ce cas elle est souvent
égyptienne ou sémitique. C’est
possiblement le cas du mot grec « théos », qui pourrait
provenir du mot ci-dessus : « twt » désignant
la momie dressée. Le mot serait
aussi dans le nom du pharaon « Tou(t)Ankh Amon » , mais
aussi le dieu Thot, dont le nom est présent dans celui du pharaon Thout-mosis,
(le dieu Thot + [mosé = naissance =aussi Moïse]) , mais
pour Thot, on dessine le bec de l’ibis, etc. C’est donc
complexe et difficile : Bref,
« on sait d’abord qu’on ne sait pas », puis on suppose !
Les sens
anciens de « theos » correspondent parfaitement à sa
conception en égyptien :
L’analyse
sémiotique pourrait donc y voir la forme d’emprunt « Tw(t)os »
ou parfois « Ti(t)os » avec disparition du
« t »intervocalique et adjonction du formalisme grec en
« –os » déclinable. L’emploi de
la lettre théta est fréquent dans ces cas __________ Quant au mot
algonquin « Totem », le sens est parfois proche mais
le pays est loin et le m est rédhibitoire. |
GREC « dictionnaire étymologique de
grec de Pierre Chantraine » |
Ce mot « et-tâbôut »
ne provient d’aucune racine arabe et n’a pas une forme arabe, ni naturellement
n’a aucune utilisation musulmane, puisque, à part quelques exceptions, les
musulmans sont en principe enterrés en pleine terre :[21]
Les musulmans
portent le défunt à bout de bras sur la « janiza », et le
déposent, entouré d’un linceul - dont on dit quelquefois que c’est la fonction
du « turban » de le représenter - en pleine terre, dans le
tombeau (= « qabr »), lequel est en général dans un cimetière
(« ma-qbar »).
Il y aurait donc eu
plusieurs assimilations, ou une grande confusion de la part des musulmans d’Al
Andalus – aussi grande que celle des grecs employant le mot « mange-chair »
pour désigner « l’œuf de la résurrection dans l’autre monde » des
égyptiens[22] :
Les musulmans d’Al-Andalus
semblent avoir utilisé, pour désigner le cercueil chrétien, un mot hébreux
signifiant « boite », mot hébreux n’ayant rien à voir avec le
cercueil, puisque les hébreux n’ont jamais utilisé de cercueil.
Le mot « Tâbôut »
(التابوت)
figure cependant dans le Coran (Sourate طَهَ (Ta-ha),
pour désigner le coffret dans lequel fut placé Moïse lorsqu’il fut
abandonné sur le Nil.
Par contre, pour le
« bateau de Noé », le Coran emploie le mot « foulk »
(الفُلْك).
Le français, lui,
utilise le mot « arche » (qui vient du latin « arca »
(= boîte) pour désigner « l’Arche de Noé » aussi bien
que « l’Arche d’Alliance », mais non pour désigner le « cercueil »
(<= du grec « sarx-phage »).
Mais on parierait
que nombre de francophones voient dans ces usages du mot « arche »
une « sacralité » qui n’a rien à voir avec celle de la « Torah »
hébraïque, du fait de « rapprochements phonétiques » propre au
français et d’où l’on peut facilement inférer de « fausses étymologies »
:
o
d’une part
avec le mot latin « arcus » ( = « arc ») à
traduire en français tantôt par « arche », comme dans « les
arches d’un pont », tantôt par « arc », comme dans
les « arcs de triomphe » (dont les romains étaient si
friands), voire comme dans « arc-en-ciel ». D’ailleurs, du
fait d’assonances sans doute, comme « l’arc-en-ciel » apparaît
par temps de pluie, en sont nées des légendes autour du ciel et de Noé.
o d’autre part par sa ressemblance avec le mot
grec « archè » (qui est plutôt en général utilisé en français
dans le préfixe « archéo - »), et qui signifie en grec :
« principe, origine, commencement et même parfois
paternité »
C’est tout le
problème des « vulgates » et autres
« traductions », qui, en changeant les vocabulaires, suppriment
des idées, en introduisent d’autres, et finalement changent toute la perception
d’un texte :
On est, ici, avec
ce sujet des dits trois « monothéismes » - qui n'invoquent
justement pas la même déification - en plein dans cette problématique.
Ils partagent, du
fait d’emprunts et filiations partielles, certaines parts de leurs « langues,
paroles, écrits, concepts », sous des vocabulaires différents, mais
diffèrent en d’autres points importants pour des raisons ontologiques.
Et l’on n’en
finierait pas de les recenser[23].
3° Les éléments de certitude qui permettent une
reconstruction :
Les arguments en
faveur d’éléments d’origine égyptienne dans le christianisme sont donc
nombreux, mais l’élaboration d’un syncrétisme pluri-culturel est assez probable[24].
Le christianisme
n’a guère retenu du vocabulaire égyptien, mais surtout du vocabulaire grec, le
grec étant non seulement devenu la langue administrative de l’Égypte, mais
aussi devenu langue largement partagée, sous sa forme nommée « Koïnè »,
dans toutes les régions hellénisées du bassin méditerranéen oriental.
Ce sont surtout les
conceptions qui furent déterminantes – outre de possibles options
politiques que nous n’envisagerons nullement ici :
Ø
La virginité
de Maria ( = « aimée » en égyptien pharaonique ) qui
représenterait Isis. le mot « Maria »
est un mot en « égyptien pharaonique », connu, qui signifie « aimée »
(Racine « mer » = « aimer »)[25].
« Maria »
est apellée « Marîam », (مَرْيَم) dans le Coran, ce qui présente une certaine
curiosité : L’histoire de « Mariam » dans le Coran
« correspond »
à celle de la mère de Jésus ( appelé « ‘Aissa bnou
Mariam» : « عيِسَى
آبْنُ مَرْيَم » voir
longue note infra
) mais les mots arabes n’ont pas
exactement les mêmes radicaux que ceux employés par les chrétiens. Dans le
Coran, « عيِسَى » (« cissa »)
« correspond » à « Jésus », mais n’est
pas « fils de Dieu »
car « Dieu n’a pas engendré et n’a pas été engendré » (Sourate 112).
Mais, pour un chrétien, Dieu ne fait que
s’engendrer lui-même, ce qui n’a que de lointains rapports avec un engendrement
« profane », et telle est la
signification de la « « Trinité » divine.
Ø Les Arabes chrétiens,
parlent de « Jésus « écrit « يَسُوع » (« Iasouc »), ce qui est donc
différent du mot arabe des musulmans (« عيِسَى » (« cissa ») voir
note 22 pour ce mot) , chez lesquels, enfin, « Joseph époux de Marie » n’est jamais
mentionné.
Cf. le forum :
http://forums.cef.fr/forum/read.php?f=5&i=22770&t=22770
Ø Dans le Coran, Mariam reste vierge et
est fertilisée par « une parole de lui [de Dieu] » (« bi
kalimatin min hou ») (Coran, Sourate III : « la famille
d’’Imran » verset 45)[26]
En
grec « Maria » est un mot d’origine égyptienne, prénom courant
en Egypte (= « Aimée », participe passif féminin du
verbe « aimer », racine MR), devenu un prénom, fait important,
devenu grammaticalement déclinable en grec.
Il
y en a d’ailleurs de nombreux autres exemples, concernant les mots égyptiens
adoptés par la langue grecque, au fil des ans : c’est par exemple le cas du mot
« sophia » (= « la sagesse »), devenue substantif,
prénom, partie du mot composé « philo-sophia », etc.
(NB : peut-être aussi à l’origine du mot arabe « soufi » :
origine discutée)
Mais
les mots grecs transcrivant l’hébreux ou l’araméen sont restés
indéclinables, comme « Abraam », « amèn », Dauid »,
« rabbi », « Iakôb », « Israèl »,
« Iôsèf ».
Or
indiscutablement, on rencontre dans les textes grecs que nous possédons des Evangiles,
des cas où « Mariam » apparaît comme prénom, avec le même sens
que « Maria », (cas peut-être moins nombreux que « Maria »,
mais ici ce n’est pas le nombre qui importe), mais alors « Mariam »
reste grammaticalement indéclinable, alors que l’emploi de « Maria »
est déclinable.
On
ajoutera que « Mariam » n’a strictement aucune signification
en hébreux, (ni en arabe), ce qui est contraire aux habitudes hébraïques (et
arabes) : Exemple : « Iakôb = Il vient après » (prénom
en général donné du fait de l’ordre des naissances) etc.
Ceci
incite à supposer des aller-retours ou des croisements phonologiques et/ou
orthographiques, voire peut-être sémantiques, concernant la représentation
d’une figure féminine certes emplie de mystères.
N’oublions
pas d’ailleurs, fait essentiel, que la première écriture des Evangiles
est très tardive par rapport à la vie de Jésus.
En
conclusion, il reste que, « la judaïté » ayant toujours été,
jusqu’à aujourd’hui, un caractère « identitaire »
exclusivement transmis par la mère (les rares conversions n’ayant de caractère
que religieux, et non pas « identitaire »), indépendamment de
toute autre considération associée ou non, la judaïté d’un « Jésus fils
de Maria » paraît dans ces conditions difficilement imaginable, et
d’ailleurs jamais revendiqué par les judaïsant.
Chez
les chrétiens arabophones, c’est le mot « Maria » - conservé en Egypte par le fait des coptes - qui a été conservé comme prénom chrétien,
jusqu’à aujourd’hui, et jamais « Mariam » :
Ainsi
l’une des épouses du prophète Mohammed, chrétienne, est toujours restée nommée
« Maria la copte ». Elle fut d’ailleurs la
mère du seul fils que n’ait jamais eu le prophète, et qu’il prénomma : « Ibrahim »,
indiquant sans doute, par ce choix, son désir de conjonction des trois
religions appelées, dans le Coran », « Religions du
Livre », le désir du prophète ayant toujours été, en définitive, un
retour vers ce qu’il estimait être la pureté de la religion d’ « Abraham »
lequel est, dans le Coran, qualifié de « hanif, mouslim », que
l’on pourrait traduire par « monothéiste, musulman » [27].
On
n’oubliera pas ici que le mot « musulman » est le participe
passif de la IVème forme de la racine « salama » = « être
en paix » et signifie : « soumis, pacifié, converti ».
Ø « Myriam » est un prénom
rattaché à la même famille linguistique, encore différent de « Maria »
et de « Mariam ».
Les chrétiens sont
appelés en arabe « nasrani », mot qui pourrait bien dériver davantage de « nasser »
= « sauveur » que de
Nazareth.
Comme Jésus,
tous les pharaons étaient réputés avoir eu un « père divin » et
« une mère charnelle »[28] .
Même Alexandre
le grand quand il fut déclaré pharaon fit valoir que son vrai
père n'était pas Philippe de Macédoine mais Dieu.
« Jésus – Horus » représenterait
ainsi le « dernier pharaon »", mais dont le royaume -
perdu sur terre après l'invasion romaine - n’aurait conservé que le domaine
céleste.
Dans ces
conditions, on pourrait aller jusqu’à découvrir dans ce qu’il est coutume
d’appeler « le message » de Jésus, mais qui est plutôt
une « élégie », une interprétation un peu différente de celle
qu’en donne habituellement l’Eglise :
L’originalité que
soulignerait l’irruption de Jésus sur terre, ne tiendrait plus dans
« l’incarnation » d’un « dieu fait homme »,
ou d’une quelconque de ses révélations terrestres, qui en réalité n’aurait rien
apporté d’entièrement nouveau : car de tout cela, beaucoup d’hommes,
chacun avec sa culture - les pharaons en particulier - en ont toujours eu, à
divers degrés, le sentiment, depuis des milliers d ‘années.
Mais au contraire
le message serait celui de la « désincarnation », de la fin
d’une période d’incarnation humaine de la déité, de l’effondrement d’un règne
divin sur terre, au profit d’une remontée céleste – lieu de béatitude - comme
on peut le comprendre d’ailleurs dans maints passage des Evangiles.
Là résiderait aussi
la signification de l’admonestation qui sera rédigée peu après sous le nom
« d’apocalypse » ( « dévoilement »).
On ne saurait dire
qu’une telle interprétation puisse être exclue ; bien au contraire, elle
semble assez bien en accord avec le sentiment d’immédiateté qu’avaient les
premiers chrétiens des évènements attendus auxquels ils se préparaient concrètement.
[Entre le dernier pharaon détrôné par les perses (Cambyse)
et Gamal abd el Nasser, l'Égypte durant environ 2600 ans n'avait
plus jamais été dirigée par un égyptien.
Mais,
même après Alexandre le Grand, les Ptolémées de la dynastie
grecque étaient encore pharaons . La dernière représentante de cette dynastie
fut Cléopâtre VII ]
Dans ces conditions
il serait alors concevable que le christianisme se soit développé
particulièrement à Alexandrie - mais
pas seulement.
Devant la difficulté qu'ont eu
les premiers chrétiens à traduire un statut divin inconnu des grecs,
on ne peut qu’émettre des hypothèses sur l’étymologie
du mot « Jésus » :
Que l’origine d’un mot aussi souvent prononcé, soit si mal connue
peut surprendre :
On étonnera moins lorsque l’on comprendra le poids de nos » pré-supposés »
et « pré-jugés », à la lecture de cette page ci-dessous datant
la « Création du monde » en l’an 4963 Avant
Jésus Christ, enseignée très officiellement en France à la fin du XIX ème
siècle.
Quelques soient nos efforts pour tendre à nous en débarrasser,
l’importance du poids de nos présupposés est-elle vraiment moindre
aujourd’hui ?
La seule « prise de conscience » de ce qu’il en a
été, mériterait en elle-même que l’on connût un peu l’archéologie :
|
|
Rendons tout de même ce qui lui est du à Buffon qui donnait
pour age de la Terre 75000 ans dès 1778 !
|
Etymologie du mot
« Jésus » : le christianisme s’est construit en grec [29].
Précautions
sur les étymologies : Les poids du son et du signe dans le sens inféré d'un
mot.
Il
n’y a rien de plus trompeur en matière d'étymologie que les sons.
C’est
d’ailleurs là un sujet très profond sur « Le son et le sens »
pour lequel je renvoie la lectrice ou le lecteur au petit ouvrage qui a pour
titre « Six leçons sur le son et le sens » du linguiste
russe « Roman Jakobson (1896-1982) »
J’espère
pouvoir développer ce sujet dans un encart : Quelques voies
linguistiques à explorer car c’est un important sujet concernant :
1 Toutes les communications
inter-humaines (orales et sonores – ou écrites (où les quiproquos sont parfois
révélés par des fautes d’orthographes, alors que d’autres fautes – ou les mêmes
- peuvent être sans significations) ;
2 Abondamment toutes les consultations
médicales – dont le public ignore à bon droit le jargon spécialisé et parle
avec ses mots à lui;
3 Et a fortiori une consultation
de psychiatrie – la maladie psychique (et non pas mentale ici)
reposant souvent sur une erreur de compréhension d’un mot entendu.
Finalement , le praticien doit alors connaître trois définitions (trois
sens) de chaque mot utilisé dans l’échange verbal :
1
Celui qui
est utilisé par le locuteur ;
2
Le sien
propre de celui qui l'entend, toujours limité mais qui conditionne sa
réception de ce qu’il entend et ses propres associations;
3
Celui, officiel,
de la langue commune de référence.
A
différents degrés, cette complication intervient dans tous les échanges
verbaux, oraux ou écrits.
Par le son :
Le
rapprochement spontané des sons fait par un auditeur, pour dire l’origine des
mots qu'il entend, est ce qu’on appelle l’étymologie populaire.
Cette
forme de pensée immédiate n’est pas sans intérêt, et dévoile une partie du
contenu psychique de celui qui la forme, etc.
Cependant
elle aboutit à une déduction erronée.
Un exemple typique que chacun comprendra
tout de suite est celui de la vieille expression française « remède
de bonne fame » - qui va peut-être disparaître parce qu’elle
révolte, bien à tort, les féministes ignorants.
Il me semble avoir lu l’explication de
l’origine de l’expression chez Hieronimo Cardano (Jérome Cardan, 1501-1576)
mais peu importe ici.
Le fait est que beaucoup de gens croient que
l’expression s’écrirait « remède de bonne femme » et
qu’elle serait péjorative à la fois
pour la femme et pour le remède. Il n’y a d’ailleurs rien d’objectivement
méprisant dans un tel énoncé, écrit et compris de cette façon, ce qui prouve
une fois de plus combien que le sens de ce que l’on dit est contextuel.
En réalité il n’est pas question de femme
dans cet énoncé : L'expression « bonne fame » vient du latin
« Bona fama » et signifie « bonne rumeur, bomme
réputation » Le sens est donc louangeur.
Le mot « fama » signifie
« rumeur » en latin et vient du verbe latin bien connu « fatuor,
fati » qui signifie « parler » et ce verbe a donné
aussi en français les mots :
- « En-fant » (avec le préfixe « in »
dans le sens d’une négation : Le sens est donc = qui ne parle pas - encore) ;
- « in-fatué » (avec
« in » dans le sens de « à l’intérieur de » :
= gonflé de paroles) ;
- « fameux » (adjectif
laudatif dans le même sens que « bona fama ») etc.
Par le sens et sa graphie :
Dans
le présent contexte de ma page, ici, à l’inverse des étymologies populaires, je
pourrais citer des formes usant de l’étymologie authentique et savante, mais
non perceptible à l’oreille en français , qui dérivent des mots « Zdeus »
en grec (ou « deus » en latin) et à l’origine du mot « dieu »
en français, qui signifie « lumière » dans les langues
indo-européennes.
[
Incidemment, remarquons que si on voulait traduire en langue arabe, par le
sens, le mot « dieu » des langues européennes, il faudrait le
traduire par « En-nour » , mot qui signifie « la
lumière » en arabe et que l’on retrouve d’ailleurs dans de nombreux
prénoms arabes comme nour, anouar ou noura au féminin.
Notons
que les Coptes invoquent le dieu du christianisme sous le nom d’Allah
– lequel mot est bien antérieur à l’islam (cf. infra) et correspond à la
fonction.]
Ainsi :
- « Ju-piter" est composé
de « Zdeus-pater » et signifie « dieu-père »
;
- Le prénom « Denys, ou Denis » vient du nom du dieu grec « Dionysos »
(nom d’un dieu qui a comme équivalent latin le dieu « Bacchus »)
et ce nom du dieu grec « Diôn-ys-os » signifie mot à
mot : « fils des dieux » car « Diôn »
est le génitif pluriel de « Zdeus » + « ys »
est la forme contractée « us » de « uios »
qui signifie « fils » + enfin la désinence finale « os »
est celle de la forme nominale substantivée et déclinable du mot, que j’indique
ici au nominatif ;
- Le mot français « jour »
a suivi dans le temps l’évolution phonétique normale du mot latin « dies »
qui signifie également jour.
Il
faut donc être prudent pour affirmer une étymologie, et tant qu’on ne détient
pas les traces matérielles de toutes les étapes de la transmission d'un mot, on
pourra toujours mettre en doute l’origine d’un mot : La lectrice ou le
lecteur pourront donc se savoir libres de contrôler par eux-mêmes tout ce qui
est énoncé ici – et qui est avanc é ici au titre de proposition.
_____________________
Confrontations : Toutes les hypothèses étymologiques
énoncées ci-dessous pourraient (peut-être !) intéresser des linguistes
amoureux de leur science et - qui sait ? - faire avancer celle-ci dans
des directions inattendues. Mon travail peut être confirmé ou réfuté.
Du fait de mes
carences, je n’étudie ci dessous à peu près que l’évolution du système
syllabique grec et dans celui-ci l'évolution des consonnes, du è, et des
semi-consonnes Yod et Digamma, et le fait que le mot est déclinable.
Il faudrait aussi
étudier la question des interférences locales au moment de l’apparition du mot,
copte, araméen, etc.
Non seulement on
n’en a aucune trace graphique, mais de plus, on n'a aucune chance d'en
retrouver un enregistrement sonore.
Dans la
confrontation de mon hypothèse étymologique purement grecque, avec le partisans
d’une origine hébraïque du mot, ces derniers devraient se pencher sur les
possibilités d’apparition vocaliques strictes et rigoureuses dans le mot.
Or fait important,
le système vocalique (des voyelles) des langues sémitiques repose sur les trois
voyelle « a, i, ou », longues ou brèves, alors que le système
vocalique indo-européen (grec) découle d’un système et de règles d’apparition
totalement différents. Une étude établie par des savants compétents serait donc
requise.
Une autre étude que
je n'aborde pas du tout pourrait concerner des conclusions tirées de papyrus
sur lesquels figure le mot Jésus écrit en copte.
Bibliographie pour
le voyelles de l’indo-européen :
-
Ferdinand
de Saussure : « Mémoire
sur le système primitif des voyelles dans les langues indo-européennes
(1878) »
-
et d'un abord
aisé bien que très riche : Meillet : « introduction
à l’étude comparative des langues indo-européenne » University of
Alabama Press (1964)
[pour les difficultés de traductions ou de
transcriptions, en particulier depuis ou vers les langues non transcriptibles
en alphabet latin, voir la note
Etymologie de 'Aissa ]
Sérendipité : Le présent contenu de ce paragraphe
m’est apparu de façon tout à fait fortuite dans le contexte de ma recherche sur
le psychisme, à moi qui ne suis nullement exigent sur le vocabulaire, du
fait de ma pratique médicale dans laquelle un mot ne désigne jamais avec
une infinie précision la chose dont il s’agit : L’art est compliqué.
Mais ici, le sujet
est tout différent : Il est purement linguistique et les lois de la
linguistiques sont totalement rigoureuses : Il ne s’agit plus du rapport
d’un signifiant au signifié, mais de la masse du signifiant lui-même.
Ce qui manque ici
dans l'histoire (un reportage audio-visuel, la compréhension linguistique
des documents, etc. n’a guère existé avant les XIX et XX èmes siècles.
J’appelle de mes
vœux des confrontations multidisciplinaires sérieuses.
Ce sujet m’est
apparu comme par hasard, par sérendipité (= découverte grâce au
hasard, mais apparue à une personne déjà éveillée au sujet, c'est pourquoi elle
a pu être fertile)
Les étymologies
n’ont pas pour but de changer des croyances pour celui à qui elles sont salutaires.
Mais rien n’empêche
d’affiner ces filiations lexicales, de découvrir avec plus de précisions les
ADN de la sémiotique, les « imala(s) » de la phonétique
orientale, etc.
(On a bien
découvert que le V latin du Vésuve, écrit indifféremment comme un U, se
prononçait W - qui n’existait pas dans l’alphabet – grâce à sa correspondance
écrite en grec Οὐεσούιος)
Tout
particulièrement ici interviennent aussi peut-être : la translittération
des hiéroglyphes, puis de la langue copte, avec l’alphabet grec selon des
correspondances et l’ajout de lettres que je ne connais pas, l’ajout de
translittération de phonèmes égyptiens et orientaux qui n’existaient pas dans
les langues européennes (le phénomène exactement inverse de celui qui a permis
aux grecs et aux latins d’adopter un alphabet phénicien) et mille autres
possibilités de codages puisque c’est en définitive la moitié visible de
la langue (à l’écrit comme à l’oral)
l’autre moitié, inapparente étant son contenu, le message.
Il n’en reste pas
moins que je pense avoir frayé une piste, et m’est apparu en particulier
frappante la différence entre le « iésou’ » copte et le
« ‘aïssa » du Coran apparus à sept siècles de distance –
probablement en raison de la volonté d’apporter une signification différente à
la représentation du nom du fils de Mariam ; mais l’un et l’autre
mots sont écrits aujourd’hui avec l’alphabet arabe, lequel n’avait aucune
présence dans le Delta du Nil à l’époque hellénistique.
En grec,
« jésus » s’est toujours dit « Íησο˜υς » « Ièsoûs »
Le dictionnaire
étymologique du grec, du père N. P. Andrioti, 1990, Thessalonique,
cite le mot « Ièsuitis », = « jésuite »,
construit à partir de « Ièsous », mais ne traite pas du mot
« Ièsous ».[30]
Pourtant, il nous
semble bien possible que le mot « Jés-us » soit un mot grec
forgé et unique, composé à partir de « Zeus–uios [31]»
=> « Iès-oûs » = « Dieu-fils » - mot qui en
concrétise le sens, de la façon la plus simple, au sein d’une
communauté pluri-ethnique hellénisée. L’hypothèse mériterait bien une
recherche, puisque l’origine du mot « Jésus » n’a encore
jamais été indiquée ou prouvée sérieusement :
En grec, les noms
empruntés à l’Hébreux ou à l’araméen sont indéclinables, à
l’inverse des mots grecs courants.
Mais, le cas du mot
« Ièsous » est particulier : Il se décline, mais de
manière plus simplifiée que le grec classique, mais moins que le grec
contemporain, lequel a encore perdu le cas du datif et la marque « n »
de l’accusatif, ne conservant pour ce type de déclinaisons en « - ous »
que le « s » du nominatif comme on le voit sur ce
tableau :
Cas |
|
Grec actuel |
nominatif |
Ièsoûs |
- oûs |
vocatif |
Ièsoû |
- oû |
génitif |
Ièsoû |
- oû |
datif |
Ièsoû |
Cas disparu |
accusatif |
Ièsoûn |
- oû |
[nb : la place
de l’accent d’intensité est ici respectée, mais on ne peut pas avec un clavier
français mettre d’accent grave sur le « u ». De toutes façons,
tous les accents ont aujourd’hui une prononciation équivalente, ayant perdu les
caractéristique tonales qu’ils avaient dans l’antiquité].
Ainsi notre
recherche se poursuit, sans en cacher les difficultés :
La religion
chrétienne diffère incontestablement des religions de l’Égypte ancienne,
mais lui doit beaucoup.
Il est probable
qu’une grande partie du vocabulaire soit passée directement de l’égyptien
ancien au Grec, tout de même que c’est l’alphabet grec qui a été adopté pour
écrire couramment l’égyptien, devenu le « copte » - Le mot Égypte
lui-même est passé directement de l’Egyptien au grec - et de là à
l’hébreux, à l’araméen, au latin et à l’arabe., et non l’inverse
Il ne faut pas
oublier les fonctions inégales des différentes communautés à Alexandrie durant
les 300 ans de l’époque hellénistique :
Le grec a été la
langue administrative durant 300 ans à une époque où les langues des égyptiens
et des hébreux étaient celles de ceux qui avaient un statut de dominés,
quelque en soit leur nombre.
Puis à partir de la
colonisation romaine, le grec lui-même est passé au rang de langue d’une
population de dominés – d’où l’influence nouvelle du latin des nouveaux
conquérants, précisément au moment de l’apparition du christianisme.
Ainsi ce serait le
mot « Christos » (= oint, embaumé) qui aurait engendré
sa traduction sous la forme du mot « Messie » dont la
signification (en hébreux et en arabe) est la même, et non l’inverse.
Les » chrétiens »
sont d’ailleurs littéralement « les partisans de celui qui est
« oint ». Ce parti prendra le non de « christianisme ».
Comme nous allons
le comprendre (infra) le mot « chrétien » pourrait être ainsi
rattaché directement à « l’embaumement du corps du défunt »,
en tant qu « pratique religieuse égyptienne ».
o Même le mot « extrême onction »
lui-même, ultime sacrement précédant de peu la mort, chez les chrétiens,
révèlerait ainsi aussi sa provenance originelle, en tant que « geste
rituel », devenu réduit à une pratique devenue minimale, dont
il ne resterait guère que la fonction du symbole.
o
On aurait sans
doute aussi peu de difficultés à y rattacher « l’onction du Saint
Chrême » (de même étymologie que christos, cf. infra), qui
consacrait en France la fonction royale en la liant symboliquement à Dieu.
Par la voie sacrée du christianisme, le roi de France avait en cela
quelque chose de la fonction de « pharaon » sur terre.
La plupart des mots
du christianisme – même apparus plus tard - n’ont d’ailleurs pas
d’équivalent dans le judaïsme, car ne correspondant pas à
l’esprit du judaïsme si différent : Ainsi en va-t-il du mot « catholicos »
(= universel) etc [32].
Þ Rappelons que « l’universalisme »[33] a toujours été une notion totalement
rejetée par le judaïsme, jusqu’à aujourd’hui, comme auparavant par
toutes les tribus mésopotamiennes : le nom du dieu de la tribu devait être
soigneusement caché à celui qui pouvait devenir un rival potentiel, afin qu’il
ne puisse, en implorant le même dieu, en tirer aide et assistance. Le dieu
suivait les déplacements de la tribu dans un petit nuage bienfaisant. Tous les
bienfaits du dieu sont terrestres.
Þ C’est en faisant passer les tribus arabes
d’une conception tribale, à une conception « universaliste »,
que le messager Mohammed a fait passer les Arabes de la « jahiliyya »
(= ignorance ») à la « hadâra »
(= « civilisation, sédentarisation, urbanisation »). Le
passage des valeurs universelles, particulièrement fondées sur l’idée de
justice, est congruent avec la reconnaissance d’un Dieu unique.
Þ L’islam partage avec le christianisme la croyance en l’unicité
d’un Dieu de justice universelle, situé dans l ‘au-delà, maître
des mondes, décidant du destin des défunts vers l’Enfer ou le
Paradis.
Þ Il partage, avec le judaïsme, la
non-représentation de Dieu (=> d’où l’abondance des calligraphies), et une
inconnue dans les nominations de Dieu, c’est pourquoi il n’y a que 99 noms
divins, le 100 ème restant inaccessible aux hommes.
Þ La représentation figurée du Dieu chrétien
et des personnages (« Saints » particulièrement), a été tantôt
libre, comme dans les représentations des cultes égyptiens, sous forme de
sculptures et/ou d’images (« icônes »), tantôt prohibée, ce
qui engendra d’importants déchirements au sein du christianisme.
Þ On rappellera des questions importantes de
vocabulaire :
________
Quant au mot «Jésus »,
il pourrait bien signifier tout simplement « Dieu-fils » , ce
qui est la fonction de sa représentation. Ce serait alors un mot composé :
En grec, comme en
latin, comme en français, on peut dire :
Ø « Dieu-fils », qui est une
sorte de « partition » d’un Dieu – d’une seule substance (= homo-ousios »)
Ø ou « fils de Dieu », qui
introduit un génitif et même un « engendrement ». Le sens est
donc un peu différent.
C’est sous cette
seconde forme que le concept est le plus souvent exprimé par l’Église
romaine (« Filius Dei ») (« fils de Dieu »),
même si elle introduit une légère différence par rapport à la première forme
qui est celle d’un mot composé qui exprime mieux que le fils est de même
substance que le père, c’est à dire un seul dieu en trois personnes.
D’une certaine
façon, par rapport à cette première étymologie, le Filius Dei est un
contre sens puisqu’il exprime une idée d'engendrement qui n'est pas contenu
dans le mot-composé, , plus plausible étymologiquement, mais moins concret pour
un esprit humain.
C’est peut-être
l’éternelle règle de la prévalence de la « lectio difficilior »,
si chère aux étymologistes, qu’il faudrait appliquer ici.
Sous la forme d’un
engendrement d’ailleurs, celui-ci se déroulerait dans un cadre moins divin que
dans le cas d’Horus, puisque Maria n’a aucun statut de divinité,
contrairement à Isis, et que les « trois substances »
de la divinité unique deviennent dans le christianisme « Le Père, le
fils et le Saint Esprit » au lieu qu’existât en Égypte la triade « Isis
Osiris et Horus », même si le mystère y reste entier dans les deux cas
– d’un enfantement sans rapport sexuel.
Enfin, on ne trouve
aucun mot dans les langues sémitiques ou égyptien pharaoniques qui ressemblent
à jésus, ni par le sens ni par le son.
Pour le sens et le
son, il existe par contre en grec le mot Dionysos (Dion-ys-os) et
il n’est pas impossible que le mot Ies-us lui-même ait existé plus tôt.
Dionysos (qui en français est devenu Denis) signifie
« fils des dieux » et se décompose en :
Ainsi de Dionysos
à Jésus, il y a 2 différence essentielles :
1) Le passage de Diôn, génitif pluriel à
Zdeus, nominatif singulier qui traduit le monothéisme,
2) 2) et le nominatif à la place du génitif qui
supprime l'engendrement.
Même adopté dans
les conciles, on comprend que « l’engendrement » ait pu être
contesté, discuté d’innombrables façons, par plusieurs monothéismes purs, et en
particulier que ce vocabulaire oppose toujours les chrétiens aux musulmans, qui
voient en « ‘Aissa » (correspondant de « Jésus »)
un simple prophète, tout en reconnaissant la virginité de « Mariam »
(correspondante de « Maria ») et « l’intervention
fécondante du Saint Esprit ».
On pourrait même
remarquer que la description coranique implique un « miracle »
dont le champ du déroulement est véritablement entièrement terrestre, là où le « christianisme
premier » concevait encore une représentation divine - et en ce sens
fondamentalement étrangère à toute velléité de tentative d’explication
scientifique du « miracle ».
Pourtant, la forme « Dieu-fils »
nous semble correspondre plus directement à notre étymologie supposée que
l’évolution phonologique de « Dios » - au génitif – qui nous
semblerait moins probable, à la fois pour le sens, et en raison de la
difficulté du passage phonétique de « o » à « η », mais une conclusion définitive nécessiterait de très bien
connaître le parler du lieu et de l’époque ou de trouver des documents
irréfutables.
1° : La première partie du mot serait donc
« Zeus » (au nominatif), (« Dios » au génitif) : c’est en grec homérique, classique, la
divinité solaire du jour et de la lumière.
L’origine en est
« Dyos » - avec un « Yod » - dérivée du
sanscrit.
Le grec ancien
prononçait « ZDEUS – DIOS », ce qui le rapprocherait
semble-t-il du mot « MAZDA », par le son et pour le sens, avec
une même origine lointaine.
Tous ces mots
seraient alors de la même famille que « DIEU et JOUR » en
français, avec toujours le sens de lumière, dont l’adoration n’est pas demeurée
sans conséquences essentielles dans toute notre culture (cf. vitesse
indépassable de la lumière, etc.) même à côté des apports beaucoup plus tardifs
– on pourrait presque dire « récents » - du christianisme.
De plus les
symboles du feu et de la lumière sont bien proches ; et, comme dans le
dans le mazdéisme, la valeur védique sacrée du feu, est encore très prégnante
en Inde.
Cela dit, ce
rapprochement n'est qu'intuition et réflexion, sans document à l'appui.
Mais le « Yod »
a disparu tôt du grec [34], alors qu’il s’est maintenu en latin, et
c’est pourquoi le « Dy » sanscrit ne devient que « D »
ou « Z » en grec classique, alors qu’il conserve le « I
consonne », en latin.
La forme latine
aurait pu soit apparaître dans le grec de la « koinè » sous
domination romaine en l’époque du début du christianisme, soit même déjà
auparavant comme le cas est déjà signalé par ailleurs[35].
Il conviendrait de
passer en revue au moins 4 éventualités de transformations, selon que le mot
d’une part reste archaïsant ou est évolué proche du grec moderne (« Zeus »
=> « Dias »), et d’autre part, figure soit au nominatif,
soit au génitif, toutes transformations généralement phonétiques d’abord, puis,
de là, orthographiques, ce qui nécessite de bonnes connaissances des
transformations et écritures possibles, et d’effectuer des opérations que nous
ne pouvons pas toutes détailler ici.
Nous renvoyons le lecteur
à des ouvrages comme « l’évolution de la langue grecque » de Meillet,
qui consacre un très long chapitre à la « koinè », mais
n’étudie pas notre sujet de « Jésus » précisément. Dans les
quelques lignes qui suivent, nous ne prenons en compte que la forme du
nominatif et abordons le sujet tout autrement, soit en faisant évoluer le grec
ancien, soit en faisant rétrograder le grec contemporain :
A) En partant du grec classique : La « koinè » de
l’époque hellénistique à Alexandrie et en Ionie était beaucoup
plus évoluée qu’a Athènes et en Attique, longtemps plus conservateurs.
Le
« u » se prononçait déjà « i » (d’où
l’existence de notre lettre dénommée « i grec) et le « ei »
ne diphtonguait plus, mais la confusion entre « ε » et « η » était très fréquente, dans les 2 sens. Aujourd’hui, « ei »
et « η »
sont prononcés « i ».
A l’époque
hellénistique, et dans toute la région d’Alexandrie et de Syro-Palestine,
le « η »
prononcé alors encore
« è », aurait bien pu correspondre à une forme intermédiaire
entre le son classique de « ei », diphtongue séparant
clairement, en classique, le « e » et le « i », et le son
« i » d’aujourd’hui.
Notons
d’ailleurs que le son « è » du « η » ancien, correspond assez bien à la « imala »
en arabe (« i-mala » = mot à mot « qui penche vers le
« i »), typique aujourd’hui de l’accent syro-palestinien, qui
fait pencher, comme son nom l’indique, le son « a » vers le
son « i », en le transformant en « é » ou
« è ». (Ainsi, « médina » ( = « la ville »
en arabe) est systématiquement prononcé « médiné » pour
« madina »). Mais, comme souvent, les autochtones n’entendent
pas leur propre accent.
Ainsi la « i-mala »
est régulièrement dénoncée par les enseignants du Coran, pour corriger
la mauvaise prononciation du « a », quand sa prononciation incline
vers le son « i ». On distingue même alors « la grande imala »
qui produit un son « é » à mi-chemin entre la son « a »
et le son « i », et « la petite imala » qui
produit un son « é » à mi-chemin entre le son « a »
et celui de « la grande imala ».
Ainsi
« Zeus » a pu devenir « Zeis » puis « Ieis »,
avec un « e », qui, inclinant vers le son « i »,
aurait pu s’écrire « η », prononcée « è » ou « é ».
La
« Dzeta »(« Z ») initiale donne presque
systématiquement « Y » en latin, noté « I »[36], (en raison de la présence du « Y
comme semi consonne » dans l’étymologie ancienne commune au grec et au
latin), ce qui est attesté par exemple dans « Iu-piter »
(<= « Zeus-pater »), qui donnera régulièrement « J »
en français. Ainsi pourrait s’expliquer chaque lettre de la composition «Iès-oûs »
(= « Dieu-fils »). Dernier détail, si le français avait transcrit
directement le grec «Iès-oûs », on devrait écrire « Jès-ous »
avant un accent grave sur le « e », mais le français
n’existait pas encore, et la lettre « η » n’avait
pas de correspondant en latin. Le « e » latin doit donc, dans
ce cas, en cette position, être prononcé et transcrit avec un accent aigu, et
« Jès- » devient donc « Jés- ».
B) En partant du grec moderne, et en essayant de remonter le temps, avec
une autre transformation, peut-être plus simple, on devrait arriver au même
résultat :
En
grec contemporain, « Zeus » se dit (= « Dias »).
Notons
que la nouvelle vocalisation est assez éloignée du classique, mais que par
contre la nouvelle forme est plus proche du latin, et aussi du français.
En
passant de l’alexandrin au grec moderne, on devrait retrouver comment la forme
« Iès » de la « koinè » aurait pu évoluer
vers « Dias ».
Si
l’on considère toujours la « Zèta » comme équivalente au « Y »
transcrit « I » en latin – la lettre « Delta »
correspondant surtout à une forme plus « attique »,
conservatrice, savante - il ne reste qu’à expliquer le passage du « η »
alexandrin à un « α » grec actuel, sorte de « i-mala »
à l’envers. On n’y verrait aucune impossibilité. C’était le
cas de la prononciation « ionienne » : Ainsi le royaume
de « Mâda » a-t-il donné naissance aux « Mèdes »,
écrit avec « η ».
2° : La seconde partie du mot :
A)
En partant du grec ancien, « υιος » (prononcé « uïos »,
dissyllabique) (= « fils ») a évolué régulièrement vers
=> « - υς »
(« - us ») dans sa forme contractée, forme qui est largement
attestée.
Par
contre, elle est écrite « ους »
en grec dans le mot « Íησ-ους » et prononcée « ous » en latin.
Or,
certes, si on sait qu’à l’âge classique et en Attique, le « υ » était prononcé « ou », on sait aussi, à
l’inverse , que le grec contemporain prononce maintenant « ους » comme le français « us »[37], et le plus probable est que cette
prononciation qui vaut maintenant pour tout le grec existait déjà dans la koïnè
d’Alexandrie, laquelle était sur le plan phonétique « en avance »
sur l’évolution phonétique des autres parties du monde hellénistique.
Dans
ce cas, l’écriture « ους »
aurait transcrit tout simplement le son de ce « - υς », forme contractée de « υιος » que nous invoquons : Il y a
donc eu un « chassé-croisé phonétique » :
En
grec classique comme en latin, « us » se prononçait « ous ».
La conservation d’une forme « - ous » aurait pu aider à
conserver au mot une prononciation classique, en le protégeant du glissement
remarqué dès l’époque chrétienne, comme aujourd’hui, vers le son « is »
Enfin
encore , les deux membres de « Íης + ους » correspondent l'un et l'autre à une forme linguistique très
évoluée mais aussi, proche d'une latinisante (Cf. Iu-piter = Zeus
pater), en concurrence avec un forme quasi-homérique et phonétiquement très
improbable « Zeus-us » ),
C)
En
partant du grec contemporain,
pour dire « fils », « = γιός », prononcer
« ios » en une seule syllabe, l’évolution normale a
assimilé « υιος » et « - υς », (le « υ » se prononçant « i » dès l’époque
alexandrine).
Remonter le temps n’a donc aucun intérêt, puisqu’il s’agirait de
retrouver une forme contractée qui n’existe plus.
Résumé :
1 : Dieu |
Sanscrit :
Dieu |
Grec
attique (époque classique) |
Grec
de la koïnè (époque héllénistique) |
Dyos → |
Zeus - Dios –
Dia → |
Yiès - => Yès - ,
écrit « Íης - » → |
|
|
|||
Latin
classique |
Latin
de l’Eglise |
||
Deus – Dei – Deum ; ou forme
archaïsante : « Iu - » |
Ies
- |
2 : fils |
Sanscrit :
fils |
Grec
archaïque |
Grec
attique (époque classique) |
Grec
de la koïnè (époque héllénistique) |
|
“υιύς” |
« υιος » = « -
υς » (= « fils ») |
Son
« - us » écrit « - ους » , écriture rendue indispensable à
partir du moment où la lettre « υ » prenait le son « ι », pour conserver le son
d’origine[38].
→ |
|
|
||||
|
Latin
classique |
Latin
de l’Eglise |
||
|
Filius
–filii - filium |
Ecriture
« - us » prononcé « - ous », pour trancrire le son
« ous » du grec. |
3 :
Dieu-fils (correspondant
à « Horus » des égyptiens) |
Traduction du concept divin, et non transcription phonétique
du mot. |
Grec
de l’époque héllénistique |
|
Íησ-ους (« Iès-ous ») prononcé « Iès-us » ↓ |
|
||
|
|||
Latin
de l’Eglise |
Français |
||
« Iesus » → |
« Jésus » |
La
« koinè » parlée à Alexandrie était un grec très évolué
par rapport à la langue conservatrice de l’Attique.
L’étude
des voyelles n’est pas aisée mais pourrait aller plus loin encore dans notre
sens : Dans la « koinè », « α » laissait
souvent place à « η »[39], vocalisation
d’ailleurs très proche de « l’limala » actuelle des arabes en
toute cette région, fait que nous avons déjà signalé.
De nouvelles
connaissances dialectales – mais les variantes ont été nombreuses - ou
certaines règles phonologiques assureraient peut-être nos simples suppositions.
Si
on refaisait le mot en grec contemporain, la simple traduction de « Dieu-fils »
donnerait : « Δίας – (γ)ιός »,
« Dias-(g)ios », prononcé
« Yas-yos ».
Mais
le mot n’existe pas puisqu’on a gardé le mot d’il y a 2000 ans, « Íησους », prononcé maintenant « Ysous ».
3° : L’apport du latin
Quelles que soient les suppositions concernant l’existence de Jésus,
virtuelle ou réelle, on s’accorde toujours pour la situer après la bataille d’Actium
(en –30 A.V. J.C.) qui livra à Rome ce qu’on appela désormais l’Orient
(par rapport à l’Italie, bien sûr, les continents asiatique, européen et
africain, n’étant pas encore individualisés comme aujourd’hui).
Pourtant si la victoire politique, militaire et administrative
fut celle de Rome, la victoire culturelle fut celle de la Grèce.
La culture grecque – reçue antérieurement de l’Egypte -
gagna Rome et il y eut de multiples passages d’une langue vers l’autre.
Il est d’ailleurs notable que grecs et romains n’ont jamais eu dans l’Antiquité
le moindre sentiment qu’ils avaient pu partager l’héritage d’une culture
commune, celle que l’on appelle aujourd’hui l’indo-européen.
Il y eut alors beaucoup d’échanges de vocabulaire, et beaucoup
de mots grecs passeront dans le vocabulaire du christianisme - sans
modification ou traduits.
Mais l’Orient continua à parler grec, et l’Occident à parler
latin, et l’on peut dire que ce qu’on appellera beaucoup plus tard « Le
Grand Schisme d’Orient » trouvera ses racines dès cette époque.
Ainsi, en résumé, le nom de « Jésus » aurait pu
subir dès l’origine l’influence du parler latin, dans les deux parties de ce
mot : au niveau du « Ie » et au niveau du « ous »,
puisque les latins prononçaient le « ü » comme « ou ».
La plupart des chercheurs avisés du 20 ème siècle semblent
penser qu’on n’en saura jamais plus sur le parler d’Alexandrie ou de Palestine.
Une
bonne connaissance de cette « koinè » en laquelle, nous
dit-on, furent rédigés les Évangiles, de même qu’une connaissance des
dialectes d’Alexandrie et/ou autres lieux ou groupes, reste donc à ce
jour, dans une grande mesure, une gageure.
Retrouver
des textes témoignant de la construction du mot serait essentiel, mais, à ce
jour, on n’en connaît pas.
Par
contre on a retrouvé – surtout en Égypte - beaucoup « d’Évangiles »
dits « apocryphes », qui ne mentionnent pas le nom de Jésus.
Il est très étonnant que ces considérations semblent ne jamais
avoir été prises en considération par les chercheurs modernes.
Note sur l’arabe et l’hébreux[40]
La question de l’araméen est toute autre. Elle a son importance.
Mais comme nous l’avons signalé, l’araméen était nettement en recul devant le
grec, et non l’inverse.
Les Evangiles ne furent pas écrits en araméen, même si on
peut y rencontrer beaucoup « d’araméismes » grammaticaux.
C’est dans sa version grecque : la Septante., que
même les hébreux d’Alexandrie lisaient la Torah.
4° :
Bibliographie pour cette partie :
ü
Phonétique historique du Mycénien et du grec ancien, Michel
Lejeune, Ed. Klincksieck, 11 rue de Lille, Paris 1972
ü
Morphiologie historique du grec, pierre Chantraine, Ed.
Klincksieck, 11 rue de Lille, Paris 1973, première édition 1945.
ü
L’indo-européen, Jean Baudry PUF collection « que
sais-je » 1979.
ü
Grammaire du grec moderne,
Mirambel, Ed. Maisonneuve et Larose , Paris, 1987.
ü
De nombreux ouvrages sur l’histoire des langues, grecque,
latine, et la civilisation hellénistique.
_______________
Le Mot « Iesouc » des coptes, remplaçant le « s » final par la lettre
gutturale « ‘aïn », lettre qui n’existe pas dans les langues
européennes, reste à notre niveau inexpliqué, mais indique de toute façon que
si le mot avait une origine hébraïque, cette lettre finale devrait exister dans
le mot hébreux primitif proposé, puisque cette lettre existe en hébreux. Mais
il n’y eut jamais, à notre connaissance aucune proposition de telle occurrence.
Notons que le copte
adopta l’alphabet grec en lui ajoutant quelques signes graphiques pour
transcrire des lettres n’existant pas en grec.
On signalera ici une
curiosité dont on suppose qu’elle n’a eu aucune importance dans les
transcriptions sémitiques du nom de « Jésus », mais qui montre
à quel point la graphie est secondaire par rapport au « son » pour un
locuteur au temps de sa locution : les grecs ont utilisé la lettre « H »
phénicienne pour transcrire leur son « è » (η), puisque
l’aspiration initiale avait disparu en grec.
Cette aspiration
est par contre restée plus durablement en latin, si bien que cette lettre
correspond encore aujourd’hui au « H » français.
Beaucoup de savants
s’accordent encore à soutenir que Jésus était juif.
Pourquoi ?
En conséquence de
quoi – disent-ils, il doit être attendu qu’il eût un prénom juif : Mais
lequel et donné par qui ? : En la réponse règne un vide absolu.
Or aucune juive ne
s’est jamais prénommée « Maria ».
Et, qui plus est,
« la judéité » a toujours été transmise exclusivement par la
mère.
« Maria »
était indiscutablement un
prénom égyptien.
Mais – nous dit-on
- les apôtres « pensaient » en araméen », tels Saint Jean,
et que s’il pensait en araméen, dès lors le nom de Jésus ne peut être
que celui d’un prénom juif qui reste pourtant inconnu.
Pourtant quand on
pense dans une langue et écrit dans une autre, c’est le vocabulaire de cette
autre que l’on emploie …
On pourrait gloser
ici et se perdre en conjectures : Les sources sont inexistantes. On
rappellera ici que c’est l’évolution phonétique de la même racine européenne,
qui a donné « Zeus » en grec, et « Dieu » en
français.
Rappelons aussi les
graffitis de poisson, figure emblématique des chrétiens - « Ιχθυς » = « poisson » en grec – mot dont les lettres sont
les initiales de « Ιεσυς Χριστος ο Θεου Υιος Σωτήρ » = « Iesus Christos o
Theou Uios Sauter » =
« Jésus le Oint, Sauveur, Fils de Dieu » :
La locution est tout
à fait corrélative du « dieu solaire Horus », - lui-même
représenté par « pharaon sur terre » - à la fois,
« fils d’Osiris », « sacré », « sauveur » et
destiné à devenir à sa mort « un osiris céleste ». C’est
exactement la symbolique messianique : Jésus serait alors l’ultime
pharaon, d’un royaume devenu dès lors purement céleste.
A défaut de
témoignage direct, l’existence terrestre réelle de Jésus reste elle même
douteuse : Elle pourrait n’être que symbolique.
Ce point, qui
apparaît essentiel à une certaine école d’historiens ne l’est nullement pour
nous qui nous attachons surtout au contenu de la figuration et des fondements
du chistianisme.
____________________________________________________________
Un autre mot, bien
sûr, mérite explication : C’est « Christos » (= « oint »)[41], et qui a donné naissance au mot qui
désigne tous les chrétiens et tout le christianisme.
Quelle est son
origine ? Peu-elle être juive, ou plutôt égyptienne ?
Les Évangiles
en parlent peu, et rarement concrètement : Jean 12 : 1-8.(« oint
par l’Esprit ») ; Luc 7 : 36-50 ; Marc 14 :
3-11 ;
Mathieu - qui est sans doute le plus ancien évangéliste – en :
14 :1-8 a la particularité de rapprocher l’onction de la « mise
au tombeau », et donc de rapprocher l’onction de « l’embaumement
égyptien permettant la conservation du corps et à l’âme du défunt de
rejoindre les « Elysées ».
Le jour de Pâques est le moment de l’apogée symbolique par
excellence, du renouveau : (voir fête de Cham en Nassim en Egypte -
égyptien pharaonique « Chemou »)
La résurrection
aura bien lieu, en effet, triomphante :
« La
Pâque et les Azymes allaient avoir lieu dans deux jours, et les grands
prêtres et les scribes cherchaient comment arrêter Jésus par ruse pour le
tuer. In : Matthieu : 14, 1-8 |
Mais aucune de ces
quelques indications n’indiquent pas à quel moment Jésus fut appelé
« oint », et on voit assez mal comment il eut pu être dénommé
ainsi avant de l’être.
Comme nous venons
de le voir, les graffitis de poissons indiquent clairement que cette
appellation existait pourtant du temps de son vivant, et pas seulement à la
veille de sa mort.
Sur ce point, les
Évangiles manquent de précisions chronologiques et défient souvent le « continuum
temporel », ce qui serait un argument fort en faveur d’une biographie
recomposée « a posteriori » non exempte d’incongruités
temporelles.
_________________________________________________________
Il y a encore
beaucoup d’autres questions liées à cette apparente énigme chronologique à
laquelle il reste difficile d’apporter une réponse matérielle.
Une représentation,
pourtant, que nous avons quotidiennement sous les yeux, devrait pouvoir
apporter un peu de lumière :
Certes, nul ne
saurait dire « quand et comment sont apparus les premiers calvaires et
crucifix ». Peut-être leur représentation n’est-elle pas apparue
en un seul jour !
Mais elle est
désormais à peu près fixée.
L’iconographie populaire représente « Jésus
crucifié » sur une « croix particulière » - qui n’est
pas la croix en « tau » des suppliciés romains, mais dont nous
avons dit qu’elle dériverait probablement de la croix « Ankh »
– entouré de 2 larrons dont l’un est appelé curieusement « Barrabas ».
Parfois, sur le
calvaire, Jésus est entouré de deux « Maria ». (on notera la
constance d’un triptyque).
Cet homme crucifié
est un « christos », un « oint », un « embaumé »
– ici par anticipation, représentative, selon nous, de la « momification »
qui lui ouvrira dès lors les portes de la félicité éternelle.
Bref, c’est déjà un
« chrétien » - le premier – ayant reçu par avance, et par
précaution, le sacrement de « l’extrême onction ».
Au terme de la
scène, la poitrine de Jésus est ensanglantée par la lance d’un soldat romain,
qui doit lui donner le « coup de grâce » mortel ou s’assurer
de sa mort, du moins en cette vie d’ici bas.
Cette iconographie
frappe les esprits. Elle est facile à retenir. Elle est apte à mobiliser
immédiatement une vive empathie : « Un homme doux, dont les
qualités morales sont indéniables, mais se disant être un dieu, meurt en martyr
comme un malfaisant, pour avoir été fidèle à sa parole ».
Longtemps alors
l’histoire ne sera écrite que par les vainqueurs.
Les vaincus auront
recours à une autre méthode, faite d’allusions et de représentations
symboliques fortes.
On pourrait
d’ailleurs dans une grande mesure étendre la forme aux évangiles.
Si cette
iconographie émouvante , « désormais fixée », a de quoi
surprendre, en vérité, nous pourrions, plutôt que de la rejeter, y apercevoir
au contraire, et en en élargissant le champ de la représentation, une sorte de
condensé abouti du drame historique qui s’est joué depuis la conquête de la Grèce
par Rome en -146, de Jérusalem vers –70, et enfin de l’Egypte
par Octave, après sa victoire contre Antoine et Cléopatre à la
bataille navale d’Actium.
Certes, le
christianisme n’est pas une religion pharaonique – et pour cause – mais il en
conserve une essence.
Voici le nouveau
triptyque que nous pourrions apercevoir en ces calvaires :
Ø
La croix de
Jésus serait un substitut de la croix Ankh (croix de vie, clé du
paradis) : Elle symbolise alors – par ses croyances - la terre
d’Egypte.
Ø
Que signifie
« Jés-us » ? : « Dieu-fils ». Il
serait le substitut d’un pharaon martyrisé, exactement comme le fut Osiris.
Ici-bas, son royaume n’est plus. Ce pharaon est aussi bien Cléopâtre :
De même que tout fantasme insiste, l’histoire se répète souvent – sous des
formes quelques fois plus proches qu’il n’y parait. On pourrait même dire que
souvent elle s’annonce, mais on ne le sait pas.
Ø
Le soldat
romain, ce serait Octave, ou son armée victorieuse, parvenus ici-bas à
subjuguer l’Egypte.
Ainsi pourrions-nous
remplacer, dans cet ordre, la représentation insistante de ce triptyque « Croix
- Christ – Soldat romain » par : « Egypte – pharaon –
Octave).
On comprendra mieux
alors le succès durable de cette « mise en scène »
évangélique, qui ne décrit pas un accident de parcours – d’ailleurs sans
vestiges historiques – mais le socle d’un énorme bouleversement.
______________________________________________________________
Note sur
le suicide de l’historien Dominique Venner devant
l’autel de Notre Dame de Paris le 21 Mai 2013. [42]
_________________________________________________
Au reste, une
multitude de rites religieux, conservés jusqu’à nos jours, semblent bien issus
des représentations premières :
Ø
On verrait
dans la mitre des évêques, un « pschent », (coiffe des
pharaons),
Ø
dans l’auréole
des saints, le soleil « Ra », etc.
_____________________________________________________
On terminera en
soulignant l’importance encore aujourd’hui en Égypte de la Fête de « Cham
en Nessim », célébrée le 1er lundi après la Pâque copte,
qui est aussi la fête du printemps et du renouveau, célébrée depuis 5000 ans.
C’est certainement,
encore aujourd’hui, la fête la plus populaire de l’année en Egypte, même
si le sens originel en est quelquefois oublié.
La tradition est de
manger ce jour là des œufs de toutes les couleurs et du poisson salé, deux
symboles passés tous deux dans la tradition chrétienne.
Même si les œufs
sont devenus chez nous en chocolat, le symbole parle de lui-même et reste bien
celui d’une éclosion.
Les valeurs très
particulières accordées au poisson dans la symbolique chrétienne, et que,
jusqu’à aujourd’hui, les égyptiens attachent à certains poissons du Nil, est
développée avec beaucoup de détails dans « Isis et Osiris » de
Plutarque : Le poisson du Nil avait avalé le phallus
d’Osiris dont le corps est supposé avoir été coupé en morceaux par Seth.
Les autres morceaux
ont étés recollés par Isis, laquelle eut ainsi un enfant d'un dieu
céleste mort et sans phallus.
Christiane
Desroches Noblecourt raconte,
dans le livre cité infra, une anecdote survenue au cours de ses travaux à Assouan
(Syène), liée au poisson « bulti » du Nil, instructive à
ce propos,.
Enfin, Il est possible que
la cérémonie du sacre des rois de France par « l’onction du Saint
Chrême » tire de là ses origines, la forme en ayant été transmise par
le christianisme.
____________________________________________________________
1.) La croix des chrétiens associée à
la passion du Christ.
Celle-ci
est un symbole figuré légèrement différent de la croix des condamnés par Rome
qui était une « croix en T ».
Ici, très nombreux sont maintenant les
auteurs qui font dériver la « croix des chrétiens » de la
« croix ankh » (« Ankh » = « Vie »).
|
|
|
Au bas de « l’évangile de
Judas », trouvé en Égypte dans les années 1970, trois croix, dont la
croix Ankh |
|
Cela, fait fondamental, est appuyé par
l’essentiel de la construction qui reste, dans le christianisme, le même que
dans l’Égypte pharaonique :
1. Existence d’un au-delà après la mort 2. lieu d’un jugement des actes terrestre 3. enfin, sanctionnement de ceux-ci : Ø
par une
dévoration ou un enfer Ø
ou un
paradis. |
|
D’où les rites égyptiens de momification des
corps pour leur conservation, conservés dans des « sarcophages »
=> « cercueils ». Les cercueils se retrouveront chez les
chrétiens.
Le sacrement de « l’extrême onction »,
dispensé au mourant juste avant sa mort, tire aussi probablement son origine de
la liturgie pharaonique.
Même l’empereur Théodose le Grand (v.
346 – v. 395), abolissant le paganisme, a
continué à autoriser les momifications.
On aurait vraiment tort de banaliser ces
notions, en s’imaginant que de telles croyances sont universelles[43].
Outre le comportement moral des vivants, les
pratiques mortuaires, exécutées d’ailleurs obligatoirement par des vivants, en
découlent directement :
Les mazdéens privilégiaient le feu. En Inde a été
pratiqué jusqu’à aujourd’hui l’ignition sacrée. Après la mort de leur époux à
la guerre, les jeunes femmes se jetaient rituellement dans les flammes, dans
une cérémonie à laquelle elles se rendaient avec un cortège monté de chevaux et
d’éléphants, accompagnées de danseurs et de musiciens (Ibn Battûta).
Les sémites ont privilégié la mise en pleine terre
du corps du défunt etc.…
Dans une culture, les croyances, c’est à dire les
dogmes, même lorsqu’ils sont en apparence délaissés, mis entre parenthèse,
demeurent comme un cadre.
Mais si le cadre est brisé, la culture s’écroule
tôt ou tard. Des pièces éparses peuvent survivre un temps, plus ou moins
insidieusement, que personne ne peut plus justifier, et qui apparaissent alors
irrationnelles, ou incohérentes[44]…
etc.
2.) Quels qu’aient
étés « les faits réels » aux premiers temps du christianisme, tout montre
combien celui-ci est riche en charges historiques contextuelles et symboliques,
qui ne s’opposent pas aux révélations sacrées, sinon, comme il arrive toujours,
à certaines déformations ultérieures de l’histoire[45].
Après tout, si certaine « histoire » déclarée
« officielle », dans une certaine tradition, limitée à un temps
et une aire culturelle, prétend ne voir dans le christianisme que la continuité
du seul « judaïsme », alors que précisément il annonce une
rupture, et même un renversement en ce qui concerne d’importantes valeurs, en
quoi le christianisme serait-il moins représentatif de la plus noble « déité »,
de se trouver avoir des correspondances particulièrement intimes avec d’autres
représentations, plus anciennes, de haute moralité, tout à fait dignes de
respect et d’admiration ?
Ainsi, dans le christianisme, on trouve
nombre de similitudes avec des éléments qui lui sont antérieurs:
Ø Les thèmes centraux ont pu être recueillis par un
« regroupement à Alexandrie[46] »,
des opprimés des conquêtes de Rome : Grecs (invasion de la
Grèce vers -146) + Juifs (en –64, entrée de Pompée en
Syrie-Palestine) ) + Egyptiens (invasion de l’Egypte par Rome en
–31).
Ces trois peuples étaient très
fortement représentés à Alexandrie, (devenue grecque en –331), devenue
« rivale » de Rome, avant la conquête de –31 par Rome (qui
prend la place des grecs), et certainement capitale culturelle et ville la plus
peuplée de la méditerranée.
Mais il ne faudrait pas croire que la
ville d’Alexandrie fut construite en un jour, ni qu’elle fut - comme on
a souvent tendance à la présenter dans une perspective euro-centrique – fondée
par Alexandre le Grand.
Elle est déjà cité par Homère 5
siècles plus tôt[47].
Les Évangiles font naître Jésus vers le moment de la bataille
d’Actium (–30), au cours de laquelle Octave bat Antoine et
Cléopâtre VII, bientôt suivie de l’invasion de l’Egypte.
Il semblerait que personne ne se soit jamais posé la question de
savoir pourquoi Jésus serait né en un moment choisi, fut-ce celui-ci ou
un autre.
C’est pourtant une question intéressante à considérer, tant sous
un jour historique, que sous un jour liturgique, liturgie dont on sait qu’elle
est particulièrement riche en faits datés, repères et célébrations.
Pourquoi les « Evangiles officiels » situent-ils
l’œuvre de Jésus et de ses disciples en Palestine, région
précisément située entre les deux zones d’influences traditionnelles de l’Egypte
et de la Mésopotamie que nous avons rappelées[48]?
Rappelons que la Palestine était rattachée au royaume des Ptolémée
depuis le partage de la succession de l’empire d’Alexandre :
Cf. Carte géographique et texte in Wikipedia :
… À l’époque classique,
la langue grecque était divisée en de nombreux dialectes souvent constitutifs
de l’identité d’une région (béotien, ionien, arcadien, etc.) mais lors de la
période hellénistique, celle qui s'est imposée de la Méditerranée à l’Indus est
la koinè issue de l’ionien-attique.
Les anciens dialectes
perdurent cependant en Grèce, y compris sur les documents officiels mais
partout ailleurs s'impose la koinè. C’est dans cette langue que sont
rédigées les œuvres des auteurs, d’origine grecque ou non, de la période
hellénistique.
Le grec dit
« classique » est en fait une création de l’époque hellénistique
fondée sur l’héritage athénien de l’époque classique.
Si la langue grecque
s'impose, en est-il de même du mode de vie grec ? Les Grecs n’ont-ils pas
été perméables à certains aspects des cultures souvent multi séculaires des
pays qu'ils gouvernaient ?
Nous avons une réponse
assez précise pour l’Égypte, dont la civilisation est prestigieuse même aux
yeux des Grecs.
D’ailleurs les cultes
égyptiens se répandent autour du bassin méditerranéen lors de cette période.
Le culte d’Isis au Ier siècle
av. J.-C. est attesté en Phénicie, en Asie Mineure, en Grèce, en
Cyrénaïque et en Sicile ainsi qu'à Rome.
En 70 ap. J.-C., il
atteint la Gaule et la Bétique. Cette diffusion de cultes orientaux, du moins
le plus souvent d’adaptations grecques de divinités orientales (Sarapis par
exemple qui est le dieu Oser-Api des Égyptiens), s'effectue par des Grecs
originaires d’Égypte ou des Égyptiens installés autour du bassin méditerranéen.
…
La
fin du monde hellénistique :
La disparition du
royaume Lagides d’Égypte en 30 av. J.-C., avec le suicide de sa dernière
souveraine Cléopâtre, marque l’achèvement de la conquête par Rome du monde
méditerranéen et clôt la période hellénistique.
Les Romains ont
l’habileté de récupérer et d’utiliser à leur profit l’héritage hellénistique.
Ainsi, le modèle de la cité continue son évolution, même si l’indépendance
politique n’est plus possible, tandis que la langue grecque reste la langue
dominante dans la partie orientale de l’Empire et cela jusqu'à l'émergence du
monde musulman et de l'arabe.
La culture grecque
quant à elle imprègne les élites romaines à tel point qu'une culture commune,
issue du monde hellénistique avec des apports romains, s'impose dans l’Empire.
Il n’en est pas de même au-delà des limites orientales de l’Empire romain.
En effet, la conquête
par les Parthes de la Mésopotamie au Ier siècle
av. J.-C., l’effondrement des royaumes grecs de Bactriane mettent fin à la
domination politique, culturelle et économique du monde grec.
La
Palestine était rattachée au royaume des Ptolémée depuis le
partage de la succession de l’empire d’Alexandre [49]
Palestine - refuge, loin des tumultes et des villes en proie aux
conquêtes ? Syncrétismes de plusieurs apports religieux ?.
Mais c’est en Egypte qu’émigreront Joseph et Marie pour fuir
Hérode. On sait aussi que les « Evangiles dits apocryphes »
sont nombreux à provenir d’Egypte (Cf. Evangile de Judas).
On constate ensuite l’installation rapide d’ermites et de
monastères dans les déserts, en particulier d’Egypte.
Dans le christianisme, la fin dernière culmine avec la justice du « le
jugement dernier », dont on ne peut ignorer la parenté avec le
tribunal d’Osiris. (Cf. Christiane Desroches Noblecourt°).
Ø Selon l’hypothèse de
cette construction il n’a peut-être pas été facile de conjoindre la
très riche théogonie égyptienne devenue aussi grecque (Cf. ▬) avec le
dieu unique et abstrait des hébreux (YW) qui avait crée l’univers en six jours,
et dont le terrain d’intervention privilégié a toujours été le monde d’ici-bas.
Sans doute d’innombrables
réductions peuvent-elles ainsi s’expliquer. Il est bien possible encore que le
culte d’Isis ait porté beaucoup ombrage, progressivement et sur une très longue
durée, au couple réputé mauvais de Seth et Nephtys. Mais le jugement dernier
résulte maintenu.
Plus tard, l’apparition de
l’islam fera apparaître une nouvelle réduction dans une théogonie céleste, qui
se rapproche en certains point de celle du christianisme, et en d’autres du YW
des hébreux.
Ø Aujourd’hui la
population égyptienne est divisée en deux parts inégales en nombre.
Tous sont appelés aujourd’hui « misrioun » car l’Egypte est
appelée par le nom arabe « Misr ».
La majorité est de culture arabo-musulmane.
La minorité est « copte ».
C’est le nom ancien des habitants de Ai-kuptos => Egypte, qui
précédaient la conquête musulmane. Les coptes sont de langue issue de
l’égyptien pharaonique et de religion chrétienne
On s’accorde généralement à considérer le christianisme comme un
syncrétisme :
C’est certainement avec raison. N’en voudrait-on pour preuve que
l’introduction du prénom de la personne de « Joseph », à qui
le christianisme accorde un rôle surprenant, mais important, à côté de Maria :
Ce prénom est incontestablement hébreux, et il a même fallu lui inventer une
graphie en langue grecque, au prix de quelques entorses aux règles
grammaticales, (en particulier concernant la finale), pour le transcrire :
« Ιωεφ ».
D’autres exemples de syncrétisme sont nombreux.
Nous avons seulement voulu montrer ici que croyances, langues,
dogmes fondamentaux, accomplissements essentiels et rites accessoires, sont
des éléments distincts et précis, à ne pas mélanger, ne serait-ce que pour
découvrir la fertilité qui résulte de la reconnaissance des différences.
Toutes les origines de tous les thèmes présents dans le
christianisme sont évidemment encore loin d’être connues et leur gloses
épuisées ; ne le seront peut-être jamais, pour plusieurs raisons, mais
tous ne sont pas d’égale importance.
Terminons ce paragraphe en insistant sur l’évolution du statut de
la langue grecque : D’abord langue des vainqueurs sous les Ptolémées,
d’abord celle des maîtres, puis très simplifiée, devenue langue populaire et
commune de populations très mêlées, souvent simples.
Le copte s’est alors écrit en grec, avec quelques modifications.
Ensuite, langue des vaincus par Rome – et c’est alors qu’on situe
la naissance du christianisme - mais restée à la fois langue chargée de sa prestigieuse
culture, et à ce titre généralement bien connue des romains cultivés, mais
aussi « koïnè » commune très populaire en Orient, souvent
incorrecte et malmenée, et, même la seule comprise des esclave orientaux amenés
à Rome…
et à ce titre, un romain aisé pouvait feindre de l’ignorer…
C’est cette « koïnè » qui est devenue le grec
contemporain : les accents de tonalité se sont déplacés ou ont disparus.
Les accents d’intensité, comme partout sont apparus.
Il n’en reste pas moins que ce grec est le même, et même qu’il a
acquis très tôt des richesses expressives exceptionnelles d’une langue très
moderne, que la latin n’a jamais pu acquérir, pour des raisons historiques au
sein des langues indo-européenne, qu’il n’est pas de notre propos d’exposer
ici.
(A l’inverse, la redécouverte du « latin » vers
l’Occident, de « l’indo-iranien », voire de ce que nos
voisins d’outre-Rhin nomment « l’ indo-germanique », vers
l’Orient, par l’archaïsme de ces langues, dont on déduit celui des conceptions
de leurs locuteurs, nous autorisent à l’un de ces rares voyages dans le temps
hors de portée du premier avion supersonique venu.).
3). La passion du Christ présente aussi des analogies avec :
1
-La passion de Socrate, qui choisit la mort en refusant de fuir « au nom de la
Justice », donnant à la Justice une valeur supérieure à celle de sa vie,
sans révolte.
2
-La passion d’Osiris ( => dieu le père), juge suprême de l’au-delà, mis en morceaux par son mauvais
frère Seth. Il fut reconstitué après sa mort, mais sans son phallus, par
sa sœur magicienne Isis ( => Marie), juste l’instant de concevoir,
virginalement, leur enfant Horus (=> Jésus). Cette déclaration de
« virginité », n’était pas rare et tous les pharaons étaient
réputés être de mère charnelle et de père divin. Il faut comprendre que notre
vocabulaire français ici a perdu le sens de ce symbole-là.
3
-Les passions des « opposants » à Rome, condamnés et torturés par
Rome, mais crucifiés sur des « croix « en Tau » (lettre
grecque « T »), et non en « + », comme celle
de Jésus. Ceux-ci ne sont pourtant pas des chrétiens.
Dès le début de son apparition, particulièrement mal connu, on a
l’impression que le christianisme, se présente comme une religion de
non-violents, faisant même parfois penser à Gandhi. Elle le restera toujours,
dans la doctrine. Mais cela n’exclut pas l’éventualité d’actions isolées, comme
plus tard d'actions odieuses et illégitimes.
Cf. : L’incendie de Rome, en l’an + 64 de l’ère chrétienne,
au temps de Néron. L’histoire accuse Néron en invoquant « sa folie »,
mais sans preuve et la vérité n’est pas sûre. Néron, lui, accusait les
chrétiens (Comparer avec les opposants contemporains actuels).
4) Rien ne semble plus étranger à une
interprétation historique, au sens moderne, que le Évangiles. Il est même
étonnant de voir les efforts, le temps et même les polémiques des savants
occupés à chercher, par exemple, quand et comment Jésus aurait marché sur les
eaux du Lac de Tibériade, multiplié les pains, etc.… A l’inverse, il serait
très opportun de faire des recherches littéraires sur ces créations
littéraires.
Il semble qu’il échappe à beaucoup de savants que l’important dans
les Évangiles, et dans le christianisme en général , c’est le message. Ce n’est
pas la lettre.
Ces textes sont d’une grande
beauté pour qui sait les apprécier, et cet aspect est important pour
rassembler. Mais les mécanismes de création du texte sont une autre question.
De nombreuses réponses sont
possibles, mais les recherches sur ce point sont rarissimes. Or plusieurs
procédés ont pu être en œuvre.
1. Dans l’Égypte ancienne, on pourrait dire que quelque
chose comme ce qui est en général pour nous nettement classé soit dans le
registre du « symbole », soit dans celui de ladite « réalité »,
coexiste en permanence, d’une façon même très difficile pour nous à exprimer,:
« L'écriture » ou « la confection du symbole »
devient vite inséparable de « la réalisation de sa signification » L’écrit crée:
Symboles |
Réalisation |
« description de
l’au-delà |
sa réalité » |
« momie |
survie du corps »» |
«clé du paradis |
entrée au paradis » |
« les mots |
leurs effets » |
« écritures |
évènements » etc. |
C’est
pourquoi, si « une déclaration d’écriture » et ce qu’on appelle aujourd’hui
« sa réalisation » sont les aspects d’une même réalité, en ce sens, on
peut dire que « Jésus fut à la fois le dernier pharaon (mais de royaume
seulement céleste), et le premier chrétien ». |
|
|
2.
Dans la Grèce ancienne, puis dans Rome, étaient à l’honneur les procédés
de « mémoire artificielle », sorte de moyens mnémotechniques à
grande échelle : On créait des « topoi » ou « loci », des lieux , des
images, des personnages fictifs, pour leur attribuer et organiser des scènes,
des faits, en mémoriser l’apparition dans un ordre voulu, les qualifier, etc.
et tout cela donnait naissance à des textes littéraires, des scènes entières,
permettant de « retenir » d’autres choses que ce qui était
réellement écrit. Bien sûr pour frapper la mémoire, les choix devaient faire
surgir des images et des textes extra-ordinaires.
3.
Dans la tradition juive, autre chose encore donnait jour à du texte, par
des procédés d’équivalences, par exemple, en remplaçant un mot de telle valeur
numérique par un autre mot de même valeur numérique, etc.… « Ainsi fut
réalisée l’écriture … »
4.
Ajoutons à cela qu’il ne va pas toujours de soi de dégager d’un « corpus »
ce qui peut ou doit être dit – et comment, de décider entre « prosélytisme »
et « hermétisme » voulu
des textes. De tous temps l’expression est restée un art difficile, et
particulièrement du fait de l’oppression, comme ce fut le cas des circonstances
qui accompagnèrent la construction du christianisme.
Dans cette direction-là encore
d’intéressantes recherches pourraient s’orienter.
5.
Quoiqu’il en soit des divers procédés de création possibles, la lecture en est autre
chose.
Or, peut-être par manque de
rigueur méthodologique, on en arrive
o tant, d’un coté, à se
perdre dans les dédales d’une dimension historique dans laquelle
on voudrait forcer les textes lus à rentrer, en raison de « l’a
priori » que ce serait leur place, sans que l’on n’ait d’ailleurs jamais
pu faire coïncider les maigres « substrata » historiques connus avec
aucun des récits sacrés.
o , que, de l’autre, à perdre
totalement de vue la dimension messagère du texte.
Or l’application d’une
méthodologie rigoureuse est ici fondamentale. Par exemple :
o
En
« affirmant », sans preuve, que « Jésus de Nazareth
parlait araméen », et, de là, en supputant au sujet de pérégrinations
de Jésus en Terre Sainte, on reste, en réalité, dans le texte littéraire, qui
peut bien être développé et commenté, mais ce n’est pas un travail d’historien.
o
Car
on ne peut comparer d’un coté les données historiques d’un contexte assuré,
avec de l’autre coté un contenu de textes, sans avoir au préalable cerné
parfaitement ces textes, quant à leur auteur et quant à ce dont ils prétendent
rendre compte : des faits historique, ou de représentations
symboliques ?
o
La
vérité historique contextuelle que l’on connaît déjà, elle, ne repose pas
seulement sur des textes, car, non seulement aucun texte n’est a priori
crédible, mais plus encore tous ne demandent pas à être crus ! A
l’inverse, un texte dit exactement ce qui est écrit, et toute
« interprétation », destinée, par exemple, à en déduire ce qui s’est
passé, relève de l’analyse littéraire et non de l’analyse historique.
o
Il
est essentiel de ne pas mélanger l’analyse littéraire avec l’analyse
historique. Les deux analyses doivent être menées indépendamment.
o
Seuls
les résultats, de l’une et de l’autre, peuvent être rassemblés, non les
méthodes. D’ailleurs ce serait déjà, une attitude idéologique « a
priori » que de croire que l’intention de l’auteur du texte, sauf mention
dument précisée, fut celle d’un apport historique.
o
Peu
importe, au temps de l’analyse littéraire, la qualité du papier. A l’inverse,
dans le travail historique, peu importe le contenu du texte, seul importe son
support, etc.
o
Puis
si le contexte historique est avéré, et que la valeur historique du support des
textes est aussi avérée, on peut alors seulement comparer les contenus. Si les
contenus différent, on devient certain que le texte ne transcrit pas une vérité
historique. On peut alors se demander si c’est par erreur ou à dessein.
o
Dès
lors, beaucoup d’hypothèses deviennent possibles, dont aucune ne deviendra
certitude avant d’en avoir considéré la preuve dans son registre propre.
o
Par
exemple S.A. el Assiouty, se demandant comment se disait « sauveur »
dans la (les) langue (s) du (des) compositeur(s), et faisant remarquer que
« sauveur » se dit « nasser » en arabe, fait
un travail de linguiste au service d’un texte littéraire. Le rassemblement des
données permet alors de formuler l’hypothèse que le mot « nazaréen »
aurait pu désigner d’abord une qualité, rapportée, dans une création
littéraire, à un village existant ou fictif. Cette hypothèse elle-même ne
change rien au « message » du texte ou à l’intention de l’auteur, qui
sont en définitive les causes de son écriture.
6.
En
se gardant d’une acception profane du mot, on pourrait parler ici de « magie
du Verbe » :
« Au commencement était le Verbe……
à tous ceux qui l’ont reçu, il a donné le pouvoir de devenir
enfants de Dieu……
et le verbe s’est fait chair, et il a habité parmi nous… »
Evangile selon Saint Jean
7.
Dans
ces conditions, le mot « miracle » peut désigner non
seulement « l’incompréhensible », l’inaccessible à notre
raison bornée, mais plus généralement ce miracle permanent du divin, que les
textes inspirés des saints apôtres tentent, à leur façon, de nous représenter.
8.
Au
total, on doit distinguer d’une part « l’histoire du christianisme »
faite d’événements humains qui la façonnèrent, et de l’autre, un « autre
monde » en son éternité, en sa divinité, dont on ne saurait parler
sans l’aide de « représentations ». L’esprit de la « science »
est déjà là, mais elle est encore religieuse. A la réunion de ces deux mondes,
la figure de Jésus, issue de la divinité, échappera à l’appréhension
historique : « le verbe devenu chair », ce n’est en rien
« la chair devenue verbe ».
5) Parentés Les religions répondent chacune
à leur façon aux deux tendances opposées que sont « l’évolution »
et le « conservatisme ».
Le « conservatisme »
peut aboutir à la survenue soudaine d’une métamorphose ou d’un rejet pur et
simple.
Par contre, « l’évolution »
régulière, ou par petites transformations peut préserver des ruptures.
Cette évolution peut-être
« autonome » ou « influencée » par un
contexte séculier. Elle peut aussi être influencée par les « autres
religions », et ce dans la « synchronie »
(simultanéité), ou dans la « diachronie » (au fil du temps).
Dans la synchronie, on devine
les influences et les affinités.
Dans la diachronie, on évoque volontiers
les « héritages ». Mais il y a aussi des phénomènes « antérogrades » :
Une religion récente pourra ainsi apporter des changements de conception
importants dans un religion plus ancienne, voire « parentale »,
de même que l’enfant peut, d’une certaine manière, apporter des vues nouvelles
aux parents.
Dans le christianisme certains
exemples témoignent d’évolution lente et d’emprunts, d’autres de synthèse
bouleversante :
De petites transformations nous semblent notables dans les
représentations des conceptions de « l’Enfer » et du « Paradis »,
qui ont varié au cours du temps, ne sont plus les représentations égyptiennes,
et il n’est pas impossible que, parmi d’autres peut-être, certaines
représentations de l’islam, religion pourtant plus récente, ait influencé, au
fil du temps, l’apparition de certaines représentations chrétiennes. Notons
l’importance extrême donnée dans le Coran au « feu de l’Enfer ».
Le feu était déjà apparu très
péjorativement dans le « Deutéronome » de l’Ancien Testament
(« Et ils marcheront à tâtons, comme des aveugles, sur de charbons
ardents »), mais non dans l’ancienne Egypte.
Dans le Coran, « Iblis »
(à rapprocher de « Lucifer » Cf. fait de « lumière »
(solaire) comme Iblis est fait de feu) refuse de se prosterner devant
« Adam » parce que, ayant été créé de « feu »,
il se sent supérieur à « Adam » qui n’a été créé que « d’argile ».
Mais précisément, dans le Coran, le « feu » est volontiers
synonyme « d’Enfer ». Il est possible que le rejet du feu,
pour ceux qui l’ont fustigé, ait renforcé le rejet des religions qui l’ont
adoré. L’image du feu est très présente chez les « mazdéens »,
elle n’y est pas péjorative : ils l’adorent.
Par contre, un bouleversement important, constituant même l’un des
piliers des fondements du christianisme, peut se lire dans le dogme de la
« résurrection des corps »: Il ne vient pas de l’Egypte
ancienne, puisque dans la religion « osirienne » le défunt est
simplement mené dans une autre vie, la « vraie vie ». C’est
pour cette vie que le corps du défunt doit être préservé après la mort, en
étant « momifié », puis mis dans un « sarcophage ».
Les chrétiens ont hérité de ce
sentiment que le corps devait être préservé, et ont conservé l’usage du
sarcophage qui est devenu, en français, le « cercueil ». Mais ce
sentiment est sans doute moins intense, puisque la momification , dans sa
fonction religieuse, a disparu. La fonction du cercueil est peut-être devenue
plus mystérieuse et/ou abstraite.
Par contre une justification
nouvelle est apparue, nécessitant un très grand miracle - dont Jésus incarna le
paradigme - qui dénote un attachement beaucoup plus grand au « monde
terrestre des vivants » : C’est la « résurrection de
corps ».
Cette justification, qui évoque
immédiatement la recherche « mésopotamienne » de l’éternité
dans la vie terrestre, présentée dans « l’Ancien Testament »
dans la description « genèsienne » du « Paradis
terrestre », découle maintenant pour les chrétiens de l’attente de la
« résurrection des corps ».
Mais de quelle nature est-elle
exactement, cette « résurrection des corps » ?
Nécessite-t-elle vraiment
« la conservation intacte » du corps physique après la mort,
puisque l’Église parle de résurrection sous forme de « corps glorieux » ?.
Parler
des « trois monothéisme » est un amalgame parfaitement
superficiel, car, sur terre, l’essentiel n’est pas dans l’appellation mais dans
la morale qui résulte des pratiques et des croyances qui guident les
comportements. Les points communs et divergences sont perceptibles dans le
tableau ci-dessous, indépendamment du poids de la valeur que chacun accorde à
chaque point.
Selon
les critères retenus et l’échelle de l’observation, les divergences et les
similitudes apparaîtront comme des nuances ou des marques irréductibles.
Cependant l’ensemble,
construit sur un substratum « afro-indo-européen » facilement
reconnaissable, en dépit de l’acutisation épisodique de conflits doctrinaux
et/ou identitaires, avec le temps, forgea un assemblage plus ou moins hétérogène,
qui pourrait être considéré comme le creuset d’une culture qui fut dite
proprement « occidentale » (Mais la terre tournant autour d’un
axe Nord – Sud, les notions d’Orient et d’Occident ne
correspondent qu’à une géographie définie à partir d’un méridien choisi
arbitrairement : En Egypte ancienne, était occidental tout ce qui était à « l’Ouest
du Nil » qui se regardait vers le Sud. « Le bel
Occident » - royaume des morts – était à sa droite.
Suivant en cela les analyses de Mohammed Arkoun, nous pourrions
dire que l’islam occupe une place intermédiaire entre le judaïsme
et le christianisme, et cela pour des raisons historiques tenant à la
culture loco-régionale des premiers adeptes, à celle du prophète, à sa « révélation »
sur 10 années, à la fuite à Médine, aux combats et alliances qui s’ensuivirent
etc.
Le christianisme est à rapprocher au plus près des pratiques
pharaoniques, et le judaïsme des pratiques mésopotamiennes.
Cela se
retrouve sur le plan dogmatique, comme sur le plan des pratiques, du
pragmatisme et des visées à l’universalisme.
Tentons
avec un tableau de mettre en parallèle 4 regroupements schématiques, sommaires
et non exhaustifs :
Deux
parenthèses avant le tableau:
1)
Autres
croyances :
Athéisme |
La question religieuse ne l’implique pas |
|
Religions mésopotamiennes |
Tribales : En dépit de structurations
semblables, le Dieu et la religion sont le propre de chaque tribu. |
Surtout pas de prosélytisme : Le nom du
Dieu ne doit pas être communiqué à une autre tribu. |
En Orient |
Les « Mazdéens »
étaient adorateurs du feu ; les indiens (des Indes orientales)
brûlent les corps ; les indiennes se jetaient dans les flammes ; et
il arrive encore que les bonzes s’ignifient en place publique, etc. |
2) On n’oubliera pas ce qu’un tableau
comparatif qualitatif peut comporter en « forçage » pour
juxtaposer en lignes et en colonnes des domaines parfois divers.
Même si c’est l’habitude de mettre en
parallèle lesdits « monothéismes », il est bon de le rappeler.
Le parallèle est artificiel, non pas tant
parce que les mots sont mal traduisibles, que parce que les catégories ne sont
pas le mêmes :
Dans quelle catégorie un français peut-il
bien ranger des notions comme la « oumma musulmanne », qui ne
rentre pas dans un champ religieux comparable à celui de la « chrétienté » ?
Comment situer le « judaïsme »
dans nos catégories, s’il implique « la judaïté », mais
qu’être « juif » n’est corollaire ni de religion, ni d’ethnie,
ni de nationalité ?
Nous cantonnant aux énoncés reconnus, nous
ne répondrons à aucune de ces questions.
L’appellation « monothéisme »
ne signifierait-elle pas, bien loin du fait que le « dieu »
serait unique, et d’autant plus qu’en ce sens il pourrait être le même, tout
simplement au contraire une incompatibilité avec le Dieu des autres,
c’est-à-dire une « exclusivité », comme, par exemple, que l’on
ne saurait témoigner à la fois pour plusieurs de ces trois nommés « monothéismes » ?
A l’inverse, on est accoutumé à déceler,
dans ce que l’on a coutume d’appeler « paganisme », des
pratiques polythéistes, c’est à dire plusieurs allégeances.
C’est ici qu’il faut dénoncer la confusion
trop souvent entretenue entre foi et croyance : En latin, « fides »
est la « parole donnée », et la fidélité n’implique aucune
croyance.
A l’inverse une croyance n’est corrélative
d’aucune fidélité, car une croyance peut être changeante, et/ou, en tous cas,
un croyant peut être fidèle à qui ne la partage pas.
Enfin, dans le domaine scientifique moderne
non religieux, aucune croyance n’est véritablement souhaitable. Le « fait
scientifique » même implique une place pour le doute.
Peut-on considérer dans le même sens une « pluri-nationalité »,
devenue fait banal, qui s’obtiendrait d’autant plus volontiers que lesdites
nationalités impliqueraient moins d’incompatibilités entre elles ?
Dès lors, où situer le véritable
universalisme ? Dans un monothéisme partagé ou dans un polythéisme de
toutes les tolérances ?
Pour nous, toute volonté de compréhension un
peu poussée inciterait à revoir en détail
·
l’émergence
des entités monothéistes,
·
et, aux
temps « des » révolutions (en outre de 1789 à 1799[50]), voire aux temps de leurs préparations ou de
leurs réformations, - des notions comme celles de « peuple », « nation »
et/ou de « laïcité », se souvenant de toutes nos « étapes
cultuelles », du « culte de l’Être suprême », cher à
un Robespierre pour qui la « déchristianisation » était
« contre-révolutionnaire », etc. ...
Les dimensions de toutes ces signifiances
religieuses n’ont peut-être pas encore révélé, jusqu’ici, toutes les mesures de
leur importance.
3) Voici
le Tableau lui-même des dits « Monothéismes » et des « cultes
pharaoniques » :
|
Égypte pharaonique |
Christianisme |
Islam |
Judaïsme |
Ancienneté et fidèles désignés. |
Empire du Nord et du Sud Nombreux millénaires. Années solaires. 3 saisons. |
Universalisme 2010 ans. Années solaires. La semaine commence le lundi |
Universalisme 1431 années lunaires La semaine commence le dimanche (Youm el
had ») |
Hébreux. calendrier luni-solaire La semaine commence le dimanche. 3761 ans (grégorien) et 5770 années
hébraïques. |
Rayonnement |
Selon les périodes Lentes adaptations pour la Grèce (Alexandrie)
Asie mineure, territoires multiples et lointains |
Prosélytisme universel. Religion ouverte à tous, sans aucune
limitation. Indépendance totale de la famille et de la
religion. |
Prosélytisme universel. La religion est ouverte à tous, mais avec l’interdiction
de quitter l’islam. |
Pas de prosélytisme. |
Transmissions : Elles mettent en jeu :
hérédités, conversions, etc.. |
|
Le christianisme n’a rien d’héréditaire. On y entre par le baptême (du grec « baptizein »
= « immerger ») (avec désignation d’un parrain et d’une marraine). Le christianisme comporte 2 grands
types : « catholiques » et « protestants ». La religion des époux est libre. La conversion au christianisme est ouverte
à tous (« catholicos » = « universel » en grec) |
L’islam comporte 2 grands types :
« sunnites » et « chiites ». Le mariage obéit à des règles
strictes : Un musulman peut épouser une musulmane ou une non-musulmane,
mais leurs enfants seront musulmans dans tous les cas. Une musulmane doit épouser un musulman. Un musulman est circoncis en pratique. La conversion vers l’islam est ouverte à
tous : on y entre en prononçant la « chahada » (=
« témoignage » en arabe). Quitter la religion musulmane constitue
une apostasie, canoniquement passible de peine de mort. |
La « judéité » est difficile à
définir puisqu’elle n’est affaire ni de religion (judaïsme), ni de
nationalité (israélienne), ni d’ethnie. La circoncision était régulière en
pratique. La seule règle de transmission de ladite
« judéité » est une transmission de mère en fille. La conversion vers la religion juive,
possible, n’est pas immédiate. |
En réalités, les
« catégories » ne sont pas homogènes : Cet aperçu ne prétend mettre aucun terme aux débats
savants, et n’est destiné qu’à mettre en évidence l’hétérogénéité réelle que
recouvre une confusion fallacieuse
entretenue par le prétendu vocable « trois monothéismes ». Comme d’habitude, tout rapprochement réel, profond et
fertile ne peut que se fonder sur des énonciations claires et précises. |
|
Le christianisme est une religion
universelle, ouverte à quiconque, sur décision individuelle, quelle que soit
l’appartenance de la personne à une nation quelconque. La sortie de la religion est libre. |
L’islam est une religion universelle, ouverte
à tous, mais aussi transmise par héritage paternel et qui privilégie la « communauté »
des croyants (« oumma », de la racine
« oum » = « mère ») par delà les frontières, réunissant ainsi les
populations converties. (Cf. aussi la question importante du
« califat »). |
La « judéité » est un système
qui maintenait à l’origine un groupe fermé. Mais, du fait des mariages exogames, le
maintien de l’homogénéité du groupe est devenu très complexe puisque, alors
qu’en principe un enfant sur deux est un garçon, celui-ci ne transmettrait
pas la judéité. Par ailleurs les conversions religieuses
sont possibles. |
Clergé |
Rôle de Pharaon lui-même, fils de la
divinité et d’une mère charnelle. Clergé. |
Clergé (réduit chez les protestants) Différences importantes entre les
catholiques et les protestants : Reconnaissance du Pape, etc. |
Pas de clergé Quelques différences selon les écoles |
clergé |
Langues et écriture : 1 NB:Langue et écriture
n’ont aucun rapports !Une langue indo-européenne comme l’iranien
(origine : sanscrit) s’écrit avec l’alphabet arabe + 4 lettres. Le turc
langue asiatique a adopté en 1922 l’alphabet latin. 2 Les colonnes de cette ligne
montrent au plus haut point l’hétérogénéité des valeurs privilégiées et
l’abus de regrouper ces religions en
tant que religions du livres. Les différences entre les « sens »
(au sens de fonctions sensibles) auxquels
elles font appels sont certainement au moins aussi importantes que les
appréhensions en terme de « religieux » et/ou de « politique ».
Il est fondamental de le comprendre ; |
La langue des égyptiens est d’origine
discutée : apparentée au « Wolof » pour Cheikh Anta
Diop et Théophile Obenga ;
chamito-sémitique apparentée au berbère et au touaregs pour
d’autres.) L’écriture a évolué des hiéroglyphes au démotique (Cf.
le Copte : Pour la langue : vient de l’Égyptien ancien ;
pour l’écriture : adaptation de l’alphabet grec) . Les « religions pharaoniques »
sont une mise en forme « rationnelle et mathématique » des
mondes et de la création ... sur le modèle familial de l’enfantement (père,
mère et enfants). « Terre/Ciel » ;
« Ici-bas/Au delà » « Enfer/Paradis » ; « Bons fertiles
(Isis Osiris Horus)/Mauvais stériles (Seth et Nephtys) » ; etc.
|
Le christianisme « aurait été prêché
en araméen » par « Jésus »?. Les Évangiles sont tous rédigés en grec,
mais la syntaxe des phrases est fortement sémitisée. (arabe/hébreux). Les langues liturgiques peuvent être le
grec, le latin, toutes les langues vernaculaires et tous les alphabets.
Aucune limitation :Tout peut être traduit. Pour les arabes, les « Roumi »
étaient les « byzantins ».
Aujourd’hui, les arabes diront encore « les grecs »
pour désigner les chrétiens . Le christianisme est une religion « du
Verbe »[51] ;
du verbe en tant qu’il « signifie », qu’il fournit ou véhicule « du
sens ». Le sens de la parabole est ce qui en
justifie la mise en forme. C’est pourquoi les
Évangiles sont traduisibles dans toutes les langues. Ils sont des approches. Ils décrivent mystères,
miracles, paraboles, etc. La liturgie chrétienne « s’accompagne »
de musique. |
La langue arabe vient de l’Akkadien il y a
4000 ans. Elle a peu changé. Des emprunts au latin au grec, au persan,
à l’indien, sont avérés mais rares. En ce qui concerne le Saint Coran, le
sujet des emprunts fait débat.(Cf. « Que sais-je » N°
3406 ; Ali Mérad ; « L’exégèse coranique »)
« Iblis » vient-il de
« diabolos » ? (Cf. note de bas de page). « Chaïtan » vient-il de
« Satan » ? etc . Le prénom « Maria » est
égyptien, mais le Coran appelle « Marie » « Maryam ». Le Coran, « parole divine ».
ne peut être récité qu’en arabe. L’islam est une religion « du
Livre », et même plutôt de sa « lecture » et de sa
« récitation ». Son « sens » est indissolublement
lié au « mot » et au « son » de la
récitation. Il n’y a aucune parabole dans le Coran. Tout est
fait avéré. La liturgie musulmane est elle-même «sa
propre musique ». |
Qui sont les Hébreux ? Quelle était
la langue des premières tribus ? Viennent-ils de Mésopotamie ou
d’Anatolie ? Il y eut plusieurs villes nommées « Ur ». Quelle
langue parlait Moïse ? Était-il égyptien ? Quoiqu’il en soit
l’hébreux d’aujourd’hui utilise un alphabet propre, mais la langue est de la même
famille que l’arabe et le syriaque. « L’Ancien Testament »
est une religion de « l’histoire » et des « Noms »,
des « dénominations premières ». Il est constitué d’un ensemble de livres
extrêmement difficilement réunissables au « Nouveau Testament »
(les Evangiles ») sous une rubique unique apellée : « Bible »
( = Livre en grec). |
Sources des dogmes : |
|
Une date précise et un lieu de naissance
ponctuels du christianisme sont impossibles à établir. Il y a des Évangiles
reconnus et d’autres déclarés apocryphes. Constructions lentes. Conciles (dont le
but est de « concilier »), Bulles pontificales, Logia, etc.. (Différences entre catholiques et
protestants) |
Coran : Il est la parole de Dieu. La
révélation s’étend sur 10 années. Interprétations Hawadith Sunna |
|
Chronologies des naissances de
ces religions (Ne sont pas nées en un seul
jour)° N’empêchant pas, aussi, des
évolutions avec le temps. |
1. La plus ancienne des 4. religion (plusieurs millénaires avant J.C.) |
3. (Naissance de J.C.) Les sources égyptiennes lui confèrent ses
plus profondes conceptions. Le Nouveau Testament est en rupture
déclarée avec les éléments fondamentaux de l’Ancien Testament,
particulièrement en ce qui concerne Au-delà, jugement après la mort, Enfer et
Paradis.. |
4. (VII siècle après J.C.) Proche du christianisme sur les points
essentiels (Au-delà, jugement après la mort, Enfer et Paradis). Mais ne reconnaît pas en Jésus une
substance divine, sinon seulement un prophète. Ne reconnaît pas la « Trinité ». Donc sur de nombreux points proche des
conceptions chrétiennes, mais, sur d’autres, des conceptions judaïques (pas
de « Trinité », etc.). Partage aussi avec le judaïsme la « circoncision »,
« l’interdiction de manger du porc », etc. |
2. Reprise de conceptions mésopotamiennes difficiles à dater.+
Moïse (1 ou 2 millénaire avant JC.) (peut-être issue de la conception
monothéiste « d’Akhenaton ». De plus Moïse – outre qu’il fut
« sauvé des eaux du Nil » selon « l’Ancien Testament »
- était peut-être égyptien. C’est la thèse de Sigmund Freud. |
Explication de l’homme et des
mondes. |
Pas de rupture de nature entre le divin et
le terrestre : Incarnation divine. Premières cosmogonies, (reprises par les
grecs dont Hésiode). Construction d’un système complet
rationnel et cohérent basé sur des couples d’opposition binaires, intégrant
la justice (récompense, punition) , la morale (bien, mal),
le politique (fonction de « pharaon ») et liens de
chacun de ces domaines entre eux et entre les mondes : Pharaon est une
« incarnation divine » de père divin et de mère charnelle. Après leur mort terrestre., les « justifiés »
deviennent des « osiris » », à l’Ouest du Nil.
|
Pas de
rupture de nature entre le divin et le terrestre : Incarnation du Verbe
qui est Dieu. Correspondance
étroite avec le système pharaonique : conservation de l’essence et
simplifications. Osiris =>
Dieu le Père ne quitte
plus le ciel. Isis =>
Marie. Mâat =>
Saint Esprit. Horus =>
Dieu le Fils = Jésus,
incarnation divine, « dernier pharaon ». meurt sur la croix,
puis ressuscite sur la terre même. Justice divine
et au-delà éternel. « L’incarnation » est précisée par Saint Jean : « Au
commencement était le Verbe, et le Verbe était Dieu … et le Verbe s‘est fait
chair…». |
Rupture de nature entre l’homme et
Dieu : Création du monde par la parole de Dieu. Pas d’incarnation. Il y a un au-delà éternel, fait d’un Enfer
de feu : « Gehenne », et d’un Paradis, « Janna »,
fait de jardins peuplé : Les justifiés qui y gouttent éternellement les
plaisirs mérités. |
Rupture de nature entre l’homme et
Dieu : Création du monde par la parole de Dieu. Pas d’incarnation. |
Morale |
Très proches valeurs sociales dans toutes ces
religions, du fait qu’il n’y a pas une infinités de moyens permettant à une
société de se perpétrer dans le long terme. Le propre d’une religion est d’organiser
le groupe, dont la survie l’emporte sur celle de l’individu. –
sachant cependant
que « l’esprit de sacrifice » peut ne pas rester insensible
aux promesses de récompenses dans l’au-delà pour ses actes d’ici bas (Dans le
judaïsme, notion de récompense pour « les justes » apparue
seulement vers le 1er siècle avant JC (Macchabées) mais sans
tribunal d’un « Au-delà » qui n’est pas précisé. –
La question de
l’individualisme se profile derrières ces récompenses qui résultent du
jugement après la mort. –
Il serait faux de
dire que l’islam ne sépare pas le spirituel du
temporel contrairement au christianisme. –
Pour l’un comme
pour l’autre, comme dans la religion pharaonique, la vie éphémère de l’ici
bas doit préparer celle de l’au delà. De la croyance en
l’omniprésence divine résulte l’impossibilité de se cacher. A l’inverse, Epicure
approuve le « Pas vu, pas pris ». |
|||
Célébrations |
collectives |
Collectives Messes Communion de
« l’hostie », etc. |
Collectives Mosquée du vendredi, diverses
occasions. |
Collectives |
Fêtes, Jours saints |
Fêtes. Légende osirienne : Un poisson du Nil
a avalé le phallus d’Osiris, tué par son frère Seth et découpé en
morceaux jetés dans le Nil; Mais Isis réussit à faire revivre son frère
défunt Osiris, et à concevoir virginalement Horus avec lui etc.) 3 saisons dans l’année. Résurrection. La fête des « oeufs de Paques »
remonte à une fête pharaonique, etc. |
Dimanche et fêtes Le vendredi est jour d’abstinence (En
mémoire de la « crucifixion » de Jésus, ressuscité le dimanche) et
de poisson : La symbolique du poisson pourrait être une mémoire de la
légende osirienne (« I-X-TH-U-S » = Poisson en grec =
« Iesus – Christos - o Theou - Uios – Sauter » = « Jésus
Christ Fils du Dieu Sauveur »). Ce qui est évoqué chaque semaine est la
même chose que le renouveau pascal chaque année (Vendredi saint et dimanche
de Paques). |
Rassemblement du Vendredi. Fêtes |
Samedi et fêtes |
Devoirs : Juste un aperçu ici |
|
Foi, Espérance, Charité, Carême
(Quadragesimam diem) = quarante jours et nuits d’abstinences) Etc. |
1.
Shahada (témoignage) 2.
Prières
(5/jour) 3.
Zakat (aumône légale) 4.
Hajj (Pèlerinage) 5.
Ramadan (Jeune diurne de 30 jours) (on ne peut
pas traduire « Ramadan » par « Carème ») |
10 commandements et 12 dogmes définis par
Maimonide. |
Au delà après la mort : |
Éternité : Jugement =>Enfer ou
Paradis |
Éternité : Jugement =>Enfer ou
Paradis |
Éternité : Jugement =>Enfer ou
Paradis |
Inconnu et redouté : Shéol. Idée de récompenses pour les justes
apparue vers le 1er siècle avant J.C. |
Nom de Dieu : A toujours et partout fait l’objet
d’adaptations au fur et à mesure des transmissions culturelles. |
Plusieurs noms et plusieurs
divinité ; variantes locales. Dieu solaire (Ra-Amon-Atoum) ;
Puis schématisation de 4 => 3 :Isis, Osisris et Horus, (sans
Seth ) Autres : Anubis Thot (rites
funéraires) : etc. |
Dieu = « Trinité » =
une seule nature en 3 personnes : Père fils et saint esprit. Le mot « Dieu » vient
étymologiquement de « Zeus » (Comme Ju-piter = Zeus pater). Zeus, Dia –Dies, diem, => « jour »
et « dieu » |
Allah. Mot plus ancien que l’Islam, fabriqué sur
la racine « al, ilah » qui a pour sens « divinité ». Cf : Bab-el ;
Bab-ylon) 99 noms divin = le 100 ème = inconnu.. |
YW Soit Yahvé, mais non prononçable. |
Personnages importants : Il y a « les bons »
et « les mauvais ». |
|
Maria (<= « Isis ») Dieu père (<= « Osiris ») Jésus (<= « Horus ») Les personnages de l’Ancien
Testament : Adam, Ève etc. Anges, Diable : Satan (Lucifer) Démons. Comment et quand le nom de
« Jésus » est-il apparu ? En quelle langue d’origine (
européenne, sémitique ou égyptienne? Aucune source. |
Les personnages de l’Ancien
Testament : Adam Ève, les prophètes, Jésus fils de Maryam
comme prophète, Mohammed, prophète fondateur qui reçut la révélation. Anges (Gabriel-Jibril) etc Diable : Shaïtan (Iblis). Djinns entre hommes et esprits. |
|
Symboles Rites Cadavres des défunts |
Croix « Ankh » Baptême avec une eau purificatrice
symbolique Sacre de Pharaon. Momification puis mise en sarcophages,
d’abord réservé aux pharaons et aux prêtres, puis pour tous |
Croix chrétienne. Baptême symbolique avec « l’eau
bénite » Onctions => Messie = Christ =
oint Mise en « cercueil » (<=
sarco-phagein) pour tous. |
Mise en terre dans un linceul, la tête
orientée. Parfois mausolée. Note apport personnel : qabr = tombe ; maqbar
= cimetière => d’où vient le mot français « macabre ». |
Mise en terre dans un linceul. |
|
<= Ci contre : In : « Le fabuleux
héritage de l’Egypte » (Page 284) de Christianne Desroches
Noblecourt, Conservateur général honoraire, Département des Antiquités
Égyptiennes du musée du Louvre. Paris. Editions SW – Télémaque Paris 2004 |
Au total,
parmi ce qu’on subsume à tort sous l’appellation fallacieuse des « trois
monothéismes » :
1. Les différences
essentielles entre le
« Judaisme » et les deux autres concernent
a.
la vocation
d’universalisme sur terre
b.
et tout ce qui
touche à « l’au-delà ».
2. Les
différences entre le « christianisme » et « l’islam »
sont grandement énoncées dans la « shahada » musulmane
(« témoignage ») qui dit :« j’atteste qu’il n’y a
de Dieu que Dieu et que Mohammed est son prophète ».
a.
Dieu est
appelé « Allah » tant par les chrétiens que par les musulmans.
Le premier membre de la « shahada » est donc vrai tant pour
les chrétiens que pour les musulmans.
b.
Autre chose
est que l’islam rejette la «Sainte trinité » qu’il considère
comme un polythéisme (Cf. Coran). Beaucoup de gens mal instruits – dans les
deux religions - pensent que les trois aspects de Dieu sont : « Dieu
le père, la déesse mère (Marie) et le fils (jésus »), (reprenant en
cela les 3 personnes de « Isis, Osiris et Horus »), mais le
dogme chrétien énonce que la trinité consiste en : « le père,
le fils et le saint esprit ».
c.
Le mot
Mouslim (Salama (être en paix) => sallama (pacifier, soumettre) => islam
(soumission) => muslim (soumis) => musulman. est d’ailleurs
attribuable tant à Abraham qu’aux premiers chrétiens
d.
Mohammed (hamida (louer)=> hammada ( louer
Dieu) => Mohammed (Dieu loué, prénom) => (Mahomet) est pour les musulmans « le dernier
prophète de l’islam », non reconnu par le christianisme, ne serait-ce
que parce que Mohammed naquit 6 siècles après le christianisme. Ainsi
l’appellation de « mahométan » pour désigner les
« musulmans » est elle justifiée et précise, de même que les chrétiens
se nomment chrétiens à partir du mot « christ » qui est Jésus.
On ne peut s’empêcher de rapprocher les fonctions sur terre de Jésus,
envoyé comme incarnation vivante de Dieu, et de Mohamed qui recueillit
directement de l’ange Gabriel la parole de Dieu (= le Coran).
e.
Enfin le Coran
décrit le paradis et l’enfer avec une grande précision, ce que ne
fait pas le christianisme.
f.
Tout cela
concourt à faire que le christianisme n’est pas une religion des livres (Ancien
Testament mal aisément réuni avec les Évangiles reconnus et excluant
les Évangiles dits apocryphes), mais du « verbe qui s’est fait
chair », fait davantage de transmissions que de lois. L’islam
est une religion du « verbe devenu livre », la révélation
orale de l’islam ayant été recueillie dans le Coran, qui tient lieu de lois
écrites(« Charia’ ») (encore que soumises à interprétation) et
qui reprend des données de l’Ancien testament et du christianisme, avec
quelques variantes. Quant aux séparations du spirituel et du temporel, elle
sont dans tous les cas sujettes à beaucoup de difficultés et d’interprétations.
3. Les dons et les mérites dans les cultures
anciennes de l’Occident.
SCHEMA de SYSTEMISATION .
Depuis
la nuit des temps, la mort et la recherche de l’éternité. |
||
|
||
Repérages |
1. Dieu permet et châtie sur terre. |
2. Dieu juge après la mort terrestre. |
|
||
Lieu |
Mésopotamie antique |
Egypte antique |
Vies |
Une vie : La vraie
vie est ici-bas |
Deux vies : la vraie
vie est dans l’Au-delà |
Peuples |
Idée de peuple choisi Pas de prosélytisme. |
Idée de justice Prosélytisme du
christianisme et de l’islam depuis les origines. |
Quête |
Recherche de la vie
éternelle ici bas |
Recherche de la vie
éternelle dans l’au-delà |
Epopées, mythes ou
héros fondateurs |
Super-sage |
Isis et Osiris |
Puissance |
Dieu céleste qui contrôle
la terre et intervient sur terre. |
Dieu céleste qui contrôle
les deux mondes |
Destin selon |
Les choix de Dieu qui
anime et dirige le destin des hommes mécaniquement. |
Mérites personnels des
hommes jugés par l’arbitrage de Dieu. |
Idée de justice |
Election par Dieu. Loi
divine et arbitrage de Dieu. |
Maat. Jugement des
mérites (selon les actions) après la mort par un dieu juste. |
Gagner la clémence divine
par |
Offrandes. Comportement. |
Bon comportement
terrestre. |
Préoccupations terrestres |
Religion des faits, du
concret. Médecine « physique[52] ». Le comportement reçoit
une sanction terrestre. Biens dans le monde d’ici
bas. |
Religion de la morale dans
les actions. Mise en valeur des « intentions » et du
« psychisme » (« psuchè » = « âme »). |
Signification de la
maladie et de la mort |
= Châtiment
implacable.=> Interrogations (Job) |
= Epreuve => Salut
possible |
Noms des systèmes |
Exemples :
Mésopotamie ancienne, Judaïsme ancien, Grèce et occident pré-chrétiens. |
Exemples : Religion
pharaonique, Christianisme premier {puis rapprochements avec 1 : pour la
dialectique de la prédestination ( opposée au libre arbitre)}, Islam premier,
{puis rapprochements avec 1 pour la dialectique des qadarites (opposés
aux jabarites)}. |
Héritages modernes sur
terre 1° Textes 2°Comportements |
Dix commandements de Dieu
=> Déclarations des droits de l’homme = Droit humain. Valeurs morales,
comportements et rites correspondants (Cf. ▬) Fêtes religieuses, etc. |
Textes religieux exégèses
et engendrements correspondants. Valeurs, comportements et
rites correspondants : Fêtes religieuses. Rites mortuaires. |
Conjonctions |
Exemple :
« judéo-chrétiens » : Saint Paul (juif converti) : |
|
Thèmes métaphysiques |
Le « libre
arbitre » n’a aucun sens : Tout est mécaniquement enchaîné. Le droit humain, son
savoir et sa technique pourront-ils contrôler l’univers, sinon le temps et
l’espace ? |
Débats sur les sens et
limites du « libre arbitre » = Liberté de choisir son sort par ses
actions. Guerres de religion. Le droit humain est
soumis au droit divin. |
Sens des fléaux |
La maladie, le malheur
ici-bas sont voulus par Dieu, parfois comme sanctions des mauvais
comportements. |
La maladie et la mort
sont des portes vers une possible béatitude dans un rapprochement auprès de
Dieu. |
Particularités
remarquables |
Importance donnée à la
« mécanique ». |
Importance donnée à
« l’intention ». |
Conclusion : Les droits les lois et la
médecine. |
Le droit humain doit
distribuer le bonheur, en particulier par les biens matériels, en particulier
par la santé, et particulièrement la santé physique. |
Les soins de l’âme sont
plus importants que les soins du corps. Il est difficile de concevoir une
médecine sans médecine psychique. |
Les cultures peuvent influencer
les comportements. c’est une partie de leur
raison d’être !
Selon certains facteurs,
chacun est plus ou moins libre d’intégrer, d’interpréter, de vivre sa ou ses
cultures. C’est même particulièrement une nécessité lorsque plusieurs cultures,
au même lieu et au même moment se contrarient : Le cas n’est pas rare.
C’est quelquefois ce que l’on appelle « choc des civilisations »,
mais, lorsqu’il y a « chocs » sans tolérance, cela relève
plutôt du « choc des barbaries » (expression empruntée à Henry
Laurens).
L’intérêt devient d’autant
plus grand de comprendre et surmonter ce qui, durant des siècles, alimenta les
débats des occidentaux et parfois les déchira, que l’heure est maintenant, pour
nous, celle d’un vécu partageant de nouvelles proximités.
4 Une religion
doit-elle être héréditaire ?
Si le principe religieux n’avait pour
finalité que de seulement « relier » des êtres quelconques
entre eux, la religion n’aurait pas besoin d’être héréditaire.
Mais qui sont ces êtres qu’il
faudrait relier ? Il y a des hommes et il y a leurs enfants ... Les
imaginerait-on les uns et les autres divisés par d’inconciliables
croyances ?
Les
« grecs pré-chrétiens » rendaient culte aux mannes de leurs
ancêtres familiaux.
Les
premiers « hébreux », comme les « tribus arabes
antéislamiques », rendaient un culte tribal : Le dieu était censé
accompagner la tribu nomade. Il en incarnait les valeurs et lui accordait
bienfaits et puissance.
C’est pourquoi les croyants ne faisaient
aucun prosélytisme.
Tandis
que les « égyptiens sédentaires de l’antiquité pharaonique »
rendaient un culte aux dieux de chaque territoire, puis le panthéon s’unifia à
la mesure de l’État.
L’originalité
du « christianisme » fut d’instituer une religion universelle,
officiellement choisie par le catéchumène –mais ce ne fut plus exactement le
cas de la tradition adoptée en cas de baptême précoce – chez des peuples antérieurement accoutumés à
célébrer des « religions sélectives héréditaires, familiales ou
tribales ».
. « L’islam »,
là encore, s’apparente en partie aux traditions mésopotamiennes tribales
antérieures, par le poids de la filiation, et en partie à la tradition
chrétienne, par son aspiration à l’universalisme. Et c’est pourquoi il reste
très ouvert aux conversions. Mais en islam la religion de l’enfant est
automatiquement celle du père, alors que « la judéité » est
transmise exclusivement par la mère.
Au
jour d’aujourd’hui, au vu de ces considérations, dans notre pays, dans lequel
le concept de famille ressemble de plus en plus à un concept de citoyenneté
nationale, peuplé de multiples religions, mais dont on demande –implicitement –
de plus en plus, au nom de la liberté, qu’elles soient, par chacun, librement
choisies, et dans lequel, officiellement, ne sont prônées et défendues que les
valeurs – quasi-religieuses pour nous
- de « la laîcité »,
comment concevoir la transmission (-
familiale ? - ) de chaque
patrimoine original ?
5 Conclusions
générales
1.
Après
beaucoup d’apparitions nouvelles dans le monde, parmi lesquelles le
christianisme, puis l’islam en Egypte, pour des raisons peut-être multiples,
qu’il serait intéressant d’analyser, la pratique des hiéroglyphes a été
oubliée et perdue pendant environ 1500 ans. Sans cette perte qui a duré
jusqu’en 1822, nous aurions mieux connu notre culture, et évité beaucoup de contre-sens
qui ne sont pas encore tous corrigés.
2.
On est
fondé à voir entre les croyances religieuses de l’Egypte ancienne, du
christianisme et de l’islam davantage de similitudes que de contradictions.
3.
Le
« Proche Orient ancien », dans le sens où ce mot recouvrirait une
réalité géographique limitée, n’est en rien « le lieu de naissance de
trois dites « religions
monothéistes » qui se seraient succédées » : Tout au
contraire, la région est plutôt un point de rencontre, et d’échanges casuels,
de conceptions venues d’ailleurs.
4.
Et, si
le rapprochement géographique des aires de déploiement de ces trois religions explique
de nombreux partages, en réalité, les plus importantes
caractéristiques, pour chacune, nous
semblent devoir être recherchées dans les structurations doctrinales de base, lesquelles
impliquent des appréhensions spécifiques de « Dieu »,
des « Ici-bas » et des « Au-delà » , bien davantage que dans une collusion linguistique superficielle.
Un simple approfondissement de ce que
recouvre le vocabulaire en usage lui-même révèle bien des spécificités :
Ainsi, par exemple, avant l’apparition de l’islam, et jusqu’à aujourd’hui, les
chrétiens arabes ont-ils toujours prié leur Dieu sous l’appellation «d’ Allah », mais ce mot
recouvre alors la « Sainte Trinité », que les musulmans, priant leur Dieu sous le
même nom, récusent.
Et ce que recouvre l’ imprononçable mot
« YaWé », désignant le
« Dieu » du judaïsme, est encore fort différent.
Les rapprochements fondés sur les
structurations doctrinales dégageront alors une classification nouvelle,
incluant aussi les anciennes religions égyptiennes, classification bien
différente de celle fondée sur lesdits « trois monothéismes », et
mettront aussi en lumière, au cours des longues évolutions culturelles, des
renversements complets dans les conceptions de populations entières.
5.
La
figure de « Jésus » serait apparue dans une extraordinaire rencontre
de ces deux courants venus l’un de l’Est, l’autre du Sud, que nous avons
schématisés.
Il n’est pas impossible que le mot
« Jésus » lui-même soit une évolution phonétique de mots grecs
comme : « Zeus–uios [53]»
= « Dieu-fils » - au sein d’une communauté pluriethnique entièrement
hellénisée : L’hypothèse mériterait bien une recherche, puisque l’origine
du mot « Jésus » n’a encore jamais été indiquée sérieusement.
On
rappellera ici que c’est l’évolution phonétique de la même racine européenne,
« lumière du jour », qui a donné « Zeus » en grec, et
« Dieu » en français. Et « Zeus-Pater » est devenu
phonétiquement « Ju-piter ».
Et cf. les graffittis du poisson
emblématique des chrétiens - « Ιχθυς » = « poisson » en grec -
initiales de « Ιεσυς Χριστος ο Θεου Υιος Σωτήρ » = « Jésus le Oint,
Sauveur, Fils de Dieu » :
La locution est tout à fait corrélative du
« dieu solaire Horus », - lui-même représenté par « pharaon sur
terre » - à la fois, « fils d’Osiris », « sacré »,
« sauveur » et destiné à devenir à sa mort « un osiris
céleste ». C’est exactement la symbolique messianique : Jésus serait
alors l’ultime pharaon, d’un royaume devenu dès lors purement céleste.
On est très loin ici des héros combattants
des épopées mésopotamiennes.
6.
On
serait tenté de dire, dans un raccourci à nuancer avec toutes les précautions
qui s’imposent dans tout raccourci, que les deux directions mentionnées, de
recherche de l’immortalité terrestre dans un cas, et de l’avenir
dans « l’au-delà » dans l’autre, correspondent à deux
courants de recherche toujours d’actualité, très différents quoique appelés
tous les deux « scientifiques » : Le premier s’épanouit dans la médecine,
et le second dans les sciences religieuses.
Face
à l’ampleur des sujets, nos connaissances restent aussi modestes dans l’un et
l’autre cas.
Des interrogations communes, pourtant,
sous-tendent ces recherches. Et toutes mériteraient le nom de
« science », n’étaient-ce les tendances
des « savoirs » à vouloir s’imposer en « dogme ».
(Hormis toute référence à toute question de « révélation », là semble
être le trait par lequel le langage
différencie d’ordinaire ce qu’il
appelle « science » de ce qu’il appelle « religion »).
Et l’ on sait aussi qu’ il y eut emprunts et
héritages, comme il y eut rejets et ruptures.
Finalement ces recherches aboutissent à des
représentations qui ne sont nullement équivalentes, particulièrement dans
l’appréhension de la dimension temporelle, et, par conséquent, de tout ce qui
s’y joue.
Il serait alors fructueux mais non aisé
de chercher à discerner ce qui est « essence » de ce qui est « artifice », en ce
qui produit tantôt
« affinités » tantôt
« exclusions».
Peut-être pourrait-on expliquer une grande part de ce qui a constitué
« l’originalité européenne »,
avec ses productions tantôt géniales tantôt ambiguës[54],
comme aussi nombre de ses déchirements idéologiques ou religieux, par les rencontres incessantes, depuis des
millénaires, de ces deux courants à la recherche de ces deux finalités - le plus souvent perçues
comme incompatibles pour l’homme – que sont l’immortalité tantôt dans un monde
tantôt dans un autre.
La seule solution compatible à deux
conceptions si différentes de l’immortalité serait dans l’acception que, à
l’instar de ce qu’a écrit Albert Einstein en 1955 à l’occasion de la mort de son ami qui l’a précédé de 6 mois dans
la mort (citation de mémoire) : «
Mon ami ne m’a précédé que de peu dans la mort, mais pour nous, qui croyons
à la physique, cela ne veut rien dire : Cette séparation entre passé,
présent et avenir n’est qu’une formidable illusion, si tenace soit-elle. »
1955,
lettre adressée à la famille de Michele Besso.
7.
De ces
rencontres, le « Proche Orient ancien » la Crête et la Grèce
ont été, entre autres, pour l’Europe toute entière, des « lieux
de passages obligés ».
Cicéron se demande si le mot
« religio » dérive de « re-ligare » (« relier »)
ou de « re-legere » (« choisir »).
Et peut-on imaginer une société humaine sans
« liens sociaux » ?
Et le caractère indispensable de ces
« liens » leur donne une valeur sacrée et, dès lors, fonde une
structure religieuse.
Et, à l’image de ce que représente la
« la figure parentale » pour la « famille », figure paradigmatique
originelle dont toutes les religions dérivent, les représentations du
« père », de la « mère » ou « des deux » tiennent
dans les religions une fonction de « repère » essentiel, que la
« patrie » dédiée à cette fonction soit céleste ou terrestre.
Et, même après l’abolition de la
« figure royale paternelle », c’est encore en référence à ses parents
que les principes sacrés de la « révolution de 1789 » portèrent sur
les frontons de nos mairies l’inscription du mot « fraternité » …
puisqu’il n’y a pas de frères sans parents[55]!
8.
Il n’y
a jamais eu de « miracle grec » :
De plus en plus héritiers et redevables à
l’Égypte, de plus en plus pénétrés du savoir de ces terres, c’est sous les
ordres d’un macédonien dont Aristote avait été le maître, que le Grecs
finalement les conquirent.
Puis à leur tour conquis et vaincus, 300 ans
plus tard, imitant ceux-là mêmes de qui ils avaient tant reçu, c’est du ciel
qu’ils attendront désormais le salut.
6 Bibliographie :
Outre les ouvrages traditionnels, universitaires
et/ou spécialisés, un ouvrage, faisant suite à d’autres du même auteur sur les
mêmes thèmes, tient une place particulière, de par l’engagement des ses thèses,
la présentation dialoguée de ses explications et la documentation réunie :
Sarwat Anis el Assiouty : « Europe l’Egyptienne »
Tomes 1et 2 (parus en 2003et 2005) Collection « Summa Aegyptiaca »
ISBN/BNQ 2-922618-00-5.
______________________________
|
|
|
|
C'est Horus,
fils de la vierge magicienne Isis et d'Osiris mort mais
reconstitué et ressuscité par elle après sa mort. Mais son phallus aurait été
avalé par un poisson du Nil. Cf. Plutarque,
Isis et Osiris. C'est pourquoi on
ne doit pas manger le poisson bulti du Nil. Cf. C.
Desroches-Noblecourt, Le fabuleux héritage de l'Egypte. Notons, si l'on
compare avec les croyances du christianisme, que : Ø
Isis l’égyptienne détient elle-même les
pouvoirs du Saint Esprit des Evangiles. Ø
Dans les
deux cas, la procréation, qui est divine, peut se passer de la sexualité qui
est terrestre. Ø
Le sacrement
chrétien de l’eucharistie représente un rapprochement divinité –
humanité, grâce à un renversement de comportement sur le thème de
l’incorporation. Ø
Mais le
poisson reste un symbole fort chez les chrétiens. En Egypte, on célèbre la fête de Cham
en Nessim le premier lundi de la Pâques copte en mangeant du poisson salé
et des oeufs colorés. |
______________________________
On trouve maintenant sur internet, http://www.enim-egyptologie.fr/index.php?page=enim-3&n=6
un texte de Bernard Mathieu téléchargeable, qui lie Osiris au Concile
de Nicée de 365 :
La Réforme « osirienne » fut un événement
suffisamment important pour entraîner, outre l'apparition corrélée des «
temples solaires », une modification de l'infrastructure des monuments
funéraires royaux, et, surtout, sa standardisation à partir du règne de
« DjékarêIsési », à la fin de la Vème dynastie.
Le « temple souterrain» que constituent les « appartements
funéraires », dans lequel le défunt est censé effectuer un premier parcours
d'ouest en est jusqu'au « serdab », c'est-à-dire jusqu'au sanctuaire tripartite
d'Osiris, peut être considéré en effet comme une traduction du dogme
« osirien » dans l'architecture interne des pyramides à textes.
Mais on retiendra surtout de l'invention « osirienne »,
pour dépasser sa dimension strictement religieuse, cultuelle ou architecturale,
ou, plutôt, pour la replacer dans un cadre fondamentalement politique, son
caractère normatif et universaliste.
Grand dieu, père tout puissant, créateur et création,
« Osiris » est aussi celui qui a souffert et est ressuscité.
Ayant autorité sur toutes les formes divines du territoire
égyptien, il est aussi le modèle auquel tout mortel aspire à s'identifier pour
l'éternité.
Détenteur de la « Mâat », dont le pouvoir royal s'est
adroitement laissé déposséder pour sacraliser davantage encore l'ordre
politique et ne plus paraître en être l'instigateur, « Osiris »
confie aux souverains le soin de la faire advenir et aux hommes le devoir de la
pratiquer.
Jugeant les vivants et les morts, il sanctionne in fine les actes
de tous.
On aura reconnu sans peine, dans
ce portrait synthétique, quelques remarquables convergences avec le credo (ou «
Symbole ») de Nicée de 325.
Non qu’il faille absolument
rechercher dans la théologie d’Osiris, aussi tentante soit l’entreprise, une
lointaine préfiguration du christianisme.
Mais le pouvoir qui décida
d’instaurer et de diffuser le dogme « osirien » vingt-cinq siècles
avant notre ère, dans son intention universaliste, en fit assurément une
doctrine « catholique » [« catholicos » en grec = « universel » en
français].
En érigeant en loi sacrée le fonctionnement
hiérarchisé de la vie sociale, en stigmatisant l'opposition sous toutes ses
manifestations, ramenées sans autre forme de procès au prototype de
l'attentat « séthien », en construisant avec la famille
« osirienne » un référent mythologique pour réglementer la
transmission du pouvoir dynastique, en promettant à chacun, pour prix de sa
loyauté, la même destinée divine, ce système théologico-politique fut un outil
de gouvernement précieux, voire déterminant, pour sa stabilité et sa
longévité. »
http://rechercheuniv-montp3.fr/egyptologie/eniml
__________________________________________
Et demain :
Il a généralement
été considéré que la Grèce était restée le plus oriental des pays
européens.
|
Nb : Notre lettre « A » symbolise les « cornes d’un taureau », notre « B » est l’initiale de « bèt »
= « tente » ou « maison », etc. |
Influence de l’alphabet égyptien sur l’alphabet
phénicien puis latin (In revue NOMADE, cf. infra) On notera – c’est rarement dit - que les alphabets
arabe, hébreux, grec, latin, etc. ont la même origine, avec des
aménagements : En grec : « alpha, béta, gamma, delta » ;
en français : « a, bé, cé, dé etc. » ; en
« arabe : « alif, ba, jim, dal etc. » ; Evidemment c’est moins visible aujourd’hui :
en arabe sont apparus les points diacritiques, mais autrefois, « ba,
ta, tha ; Jim, Ha, Kha ; etc. » ne comportaient
aucune différence écrite. |
Mais c’est
oublier surtout le recueil de ce qu’on pourrait appeler « la
géopolitique antique », à une époque où la navigation maritime
était simple, mais déjà très développée :
Et, à ce titre,
les anciennes représentations du monde – par leurs maladresses mêmes – ont
quelque chose d’aussi vraies que le nôtres : avec quelque jarres emplies
d’olives et de vin, on pouvait voyager, mais là, il fallait tenir compte des
montagnes, de la mer, des courants, et des vents.
La Grèce
s’est libérée de ses dangers orientaux en repoussant les perses. Mais
l’histoire n’est pas faite que de guerres.
Par sa situation
maritime (navigation triangulaire : Crête, Delta, Liban) la Grèce
a toujours été aussi en rapport avec l’Afrique : les écoles milésiennes
lui doivent à peu près tout, et il n’y a jamais eu de « miracle grec ».
Les grecs eux-mêmes ne s’en sont jamais cachés.
Il est étonnant
que l’on ait voulu l’oublier : Les théorèmes de Thalès, de Pythagore
etc. se retrouvent déjà sur les papyrus égyptiens plus de 1000 ans avant qu’ils
ne soient exprimés en grec.
Mais les grecs
ont continué le travail, car rien ne naît de rien, ni Zeus, ni Jésus,
ni la géométrie.
La culture, telle
un flambeau, se transmet, de main en main :
|
|
|
La Chine
l’a bien compris en achetant une partie du Pirée, déclarant que c’est
par la Grèce qu’elle allait « intensifier ses échanges »
avec l’Europe.
Se doute-t-elle
qu’elle y rencontrera aussi l’héritage de la culture pharaonique, et
même une « continuité de nos méridiens », qui, du Nord au Sud,
ne cesse d’en retrouver les partages.
_____________
|
|
|
Pour terminer cette page , retour
et hommage à mon bon conférencier d’internat, feu le docteur Thomas Efthymiou,
décédé en 2012. |
||
Caducée,
Egypte (période gerzéenne). V. Gordon Childe : L’Orient préhistorique,
Paris, Payot, 1953, p. 109, fig. 39. Nue Pet Tu , le serpent à 2 têtes bamoun. |
« Le serpent en Afrique est le symbole de la
force royale… il est gémelléité universelle : corps et esprit, monde des
vivants et monde des morts, force vitale et forces occultes », cf. E. Mveng : L’art d’Afrique noire,
Yaoundé, éd. CLE, 1974, p. 58. |
|
|
« Dieu
parle, il faut qu’on lui réponde. Alfred de
Musset : Poème « Tristesse ». |
|
In :
Revue NOMADE N°4, Ed. L’Harmattan, Paris, 1993 |
|||||
Dans l’Odyssée, les égyptiens sont
appelés « les meilleurs médecins du monde », et « Hérodote » les appellera
« le plus religieux de tous les peuples ». |
|||||
_____________
EPILOGUE :
Qu’est-ce qu’une religion ?
Tout manque pour le dire.
Depuis l’Antiquité, la
question n’a jamais cessé de faire couler beaucoup d’encre.
Cicéron interrogeait la question à partir
de l’étymologie : « re-ligare » ? ou « re-ligere » ?
Aujourd’hui, on pourrait poser la
question en termes plus modernes, « mathématiques » par
exemple.
On pourrait même risquer un jeu
de mot : Au fil des générations, la fonction religieuse est-elle de « défier »
ou de « déifier » le temps ?
Parmi celles qui nous sont
proches, certes, on n’aurait aucun mal à y retrouver pièces et morceaux épars
et sauvegardés parmi les milliers immémoriaux qui les composent et
s’entrecroisent même rétroactivement.
On n’aurait aucun mal à
retrouver : l’image d’Horus sous celle de Jésus ; les flammes
de l’enfer sous celle de la Géhenne ; Diabolos-Iblis, qui
refusa de se prosterner devant Adam, sous les traits de Malek-taouz ,
l’ange paon des kurdes yézidites, qui symbolise le feu-soleil qu’ils
adorent, et c’est pourquoi ils se tournent 5 fois par jour vers le soleil, pour
lui adresser la prière depuis 7000 ans….
Nous aimerions pourtant nous
attacher davantage aux fonctions sociales qu’à un vocabulaire qui importe
peu : Toute société, très grande ou très petite, partage des sentiments
que l’on peut appeler « religieux » ou « d’un mot
équivalent », et c’est peut-être ce qui la définit le mieux.
Nous aimerions en particulier
attirer l’attention sur les différences trop souvent confondues entre ce
que l’on nomme « foi » et « croyance » :
Toute « croyance »
est une affaire individuelle et intime jusqu’à l’ineffable, sur laquelle la
force n’a aucune prise : elle s’exprime toujours avec maladresse.
Pour chacun elle comble son besoin
de vérité.
La « foi » au
contraire (latin « fides ») est le partage de « la
fidélité à la parole donnée ».
En dehors toute vérité, elle est
en revanche confiance et fidélité.
Cette page « La conversion de la Grèce »
concernant l'apparition, puis le destin du christianisme en Europe est
née de mon interrogation sur cette curiosité - a priori aberrante et a
posteriori inadmissible - que, dans une France laïque, le mot « psychiatrie »,
qui signifie « médecine de l’âme » , désigne en réalité
un domaine entièrement contrôlé par l’Etat.
De fil en aiguille cette page - qui faisait suite à nombre de travaux
antérieurs - s’est allongée, me menant, entre autres, à la découverte de
l’étymologie du mot Jésus.
Cette page est une ouverture et non un aboutissement :
Ayant trop souvent travaillé dans l'adversité, mes moyens et aides (en
chercheurs, sujets de thèses à proposer, etc.) ont toujours été extrêmement
limités :
Par exemple, il conviendrait de monter bien davantage l'apport par les grecs
eux-mêmes de leur ascendance culturelle védique, même si elle ne fut pas
centrale, dans la construction du christianisme : Quand existait déjà « Dieu
père », il n'est pas très étonnant qu'on ait pu énoncer « Dieu
fils », même au prix de changements signifiés importants.
Citons Louis Renou , qui fut un grand spécialiste du « sanscrit »
à l'INALCO : « A l'arrière plan du panthéon réside Dyaush Pitar, le
Ciel Père, équivalent du Ju-piter romain, mais c'est une figure bien pâle,
comme la déesse Terre ou le couple Ciel-Terre, souvent invoqués pourtant. Etc. ».
Ainsi les brahmanes n'avaient pas que Indra, Shiva, Vishnou, Varuna ou Mitra...
« Dyaush » - qui signifie à la fois « Lumière »
et « Dieu » - et qui est à l'origine des mots « Zeus »
et « Dieu » - est devenu, comme tel, partie intégrante du mot
« Iès-us » (= « Dieu-fils »).
Fait important, on rappellera ici que, selon les travaux de Max Müller,
le védisme tendait, sinon vers le mono-théisme (un dieu exclusif
des autres dieux), vers le « cat-héno-théisme » (= un
dieu à la fois), ou plus simplement « l’héno-théisme » (εἷς-ἑνός θεός) ; (héno théos = un dieu).
On peut y voir là une douce tendance à l’universalisme
(« uni-versus = tourné vers le un ») sans avoir abandonné les
vénérations ancestrales.
Par contre, il n'y avait au départ aucune congruence
stricte entre les couples « Dieu-père/Jésus-Dieu-fils » et
« Osiris/Horus-pharaon ».
Cependant les assimilations ont pu être faites par la fonction sacrificielle.
Elle était rituelle et centrale dans la liturgie indo-européenne. Avec « Jésus »,
non seulement elle conserve sa fonction expiatoire et protectrice (inconnue au
tribunal osirien), mais se charge maintenant aussi d'une fonction
fondatrice par son identification avec le « Dieu » (mort
tragique d'Osiris).
Plus qu'humain, le geste est divin. Plus que « demande humaine de
protection », le geste devient « offre divine de salut ».
Ce travail, qui s'est rapidement focalisé sur le
christianisme, était, au départ, avant tout une recherche structurelle et
« sociétale ».
Il accompagnait - « en complémentation explicative » - mes
autres textes, dans la direction de ce en quoi, et pour quoi, la psychiatrie
était redevable du christianisme - dont elle s'était manifestement attribué
nombre de places, de prestance et d'ubiquité - après l'avoir progressivement
évincé - à commencer par de ses locaux et de ses représentations - mais aussi
en vidant ces places de ses dogmes et de ses valorisations.
Ainsi, la psychiatrie, qui doit sa naissance à un « avatar
[56] du dieu Raison », entretient désormais
un pernicieux mélange, particulièrement fait de dépréciations et de
répressions, prononcées toujours arbitrairement, grace à l'entretien de la
« confusion entre la morale et le mental », voire d'un « simple
report de la morale dans un bien particulier mental », c'est-à-dire du
report d'une « attribution du pénal » - duquel ledit « aliéné »
devient légalement soustrait - dans une « médecine à part » -
« mais jamais délimitée » - report décidé précisément par des
personnages dont il est partout rappelé qu'ils seront strictement exclus de
tout engagement ou responsabilité dans la prise en charge de la personne ainsi
« psychiatrisée ».
Et finalement, du fait de la nature des éléments engagés, de la confusion des
genres, et de l’engrenage des déresponsabilisations, c'est la société toute
entière qui se trouve existentiellement concernée, par le processus ou l'un de
ses paradigmes :
Le système est donc devenu un « succédané »
qui ne peut pas fonctionner réellement comme une religion pour plusieurs
raisons :
§
Sa
fonction n’est pas de proposer un « modèle religieux »
puisqu’elle est dirigée par un Etat laïc (justement, le « modèle
républicain » ne devrait rien avoir à voir avec elle ; or, là
aussi il y a beaucoup de confusions : (penser autrement n’est pas une
maladie !) : Un modèle religieux laïc serait par définition une aporie.
§
Du
fait qu’il émane de l’Etat, et fusionne avec lui, le système peut s’auto
alimenter sans limitations.
§
Remplissant
alors les « asiles » pour des motifs extrêmement variés, son
engorgement devient en théorie inéluctable car :
§
Même
en cas de changement des dogmes de l’Etat, la « stérilisation »
des « déviants » aura eu des effets irréversibles. Leur
resocialisation dans « un autre ordre » en est alors rendue
très difficile, sinon impossible, et ne pouvant se faire qu’au prix de lourdes
séquelles.
§
Il
y a une aporie aussi dans le fait que lesdits dogmes, eux, changent au gré des
idéologies du pouvoir, ce qui est le contraire du principe même d’une religion.
(le christianisme avait rejeté tous les effets de l’individualisme dans « l’Autre
Monde », centré autour du jugement de l’âme individuelle)
§
Finalement
les ordonnances préfectorales sont imprévisibles, ce qui est socialement
déconcertant, destructeur.
NB : Les gens croient généralement que ce sont les
juges et les experts qui internent, ce qui est totalement faux : ceux-ci
se démettent en ne faisant que transmettre leurs dossiers au préfet qui avise
et ordonne. (la loi du 30 juin 1990 a même fait des économies d’experts en
inscrivant dans la loi la transmission des dossiers, ce qui était illégal
auparavant).
Nous en retiendrons donc essentiellement :
1.
Les changements permanents et imprévisibles
2.
Une
fonction purement négative et la proposition d’aucun idéal.
Bien entendu, dans l’Inde moderne, les « intouchables »
ont rapidement compris que les valeurs du christianisme et de l’islam
représentaient pour eux une revalorisation de leur existence, ce qui fut à
l’origine de nombreuses conversions.
A cet égard, l’extension de la « psychiatrisation »
chez nous aurait le visage d’un étonnant renversement de valeurs.
L'Histoire dans sa longue durée, ici, ne m'est apparue que plus tard et peu à
peu - et presque par hasard - sinon que lorsqu'on est appelé « médecin
de l'âme », il est simplement « élémentaire » de
chercher à saisir ce que l'on peut entendre par « âme ».
Ce travail est resté à cette même place, parmi ces pages
de psychiatrie, parce que là était le lieu du support de mon travail, sous le
nom de « La conversion de la
Grèce ».
Cette brève présentation tient un peu ici une fonction de « postface »
et invitation à poursuivre - pour cette page.
____________________________
Biblographie et Documents ::
1.
Théophile Obenga – « La philosophie africaine de la
période pharaoniques 2780-330 avant ntre ère » - L'Harmattan, Paris
1990. « II
est par conséquent légitime de lire les cosmogonies et pensées
négro-africaines en s'orientant vers la vallée du Nil; réciproquement,
l'égyptologie ne parviendra à comprendre réellement la civilisation
pharaonique, son « âme » profonde, ses « mystères », sa spécificité humaine,
son originalité, son vrai visage, toutes ses « étrangetés », que du jour où
elle englobera l'Egypte antique dans son contexte natif, originel, le monde
noir africain, puisque « la psychologie et la culture révélées par les textes
égyptiens, s'identifient à la personnalité nègre. En
résumé, une histoire de la philosophie africaine est possible. Mais son
élaboration est fort exigeante. Elle requiert en effet la connaissance
parfaite de l'égyptien ancien, du grec, du latin, de l'arabe, en sus des
techniques et méthodes propres à l'histoire de la philosophie. Sans grec, pas
de connaissance véritable de la tradition philosophique occidentale; sans
égyptien ancien, pas de restitution possible de l'authentique tradition
philosophique négro-africaine en sa dimension tempprelle la plus ancienne, la
plus fondamentale.» (Introduction
p.17) Théophile
Obenga – « La philosophie africaine de la période pharaoniques 2780-330
avant ntre ère » - L'Harmattan, Paris 1990. |
|
|
|
2
________________________
Fin de la
page
Début des notes de bas de page
[1] NOTE – L’idée
grecque du père : Ce vase illustre un passage de « l’Iliade »
d’une grande sensibilité. Ici, comme dans une bande dessinée, le dessin ne peut
pas être compris sans le texte.
Le texte de l’Iliade concerné, daté
environ du VIII ème siècle avant Jésus-christ, montre comment est perçue en
Grèce à cette époque la structure sociale troyenne au temps de la guerre de Troie (Ilion) laquelle, d’ailleurs, est bien antérieure à
l’écriture de l’Iliade.
Il rassemble d’une façon concise les
rapports entre « père, mère, enfant, destin, guerre, et dieu ». Ce dieu est Zeus.
« Zeus »
(en grec : « Zeus, Dios,
Dia ») est le même mot
que celui contenu dans le dieu latin
« Ju-piter » (« Zeus-pater » = « dieu-père ») - et
c’est aussi le mot même qui a donné notre mot « dieu ».
L’origine indo-européenne du mot est
parfaitement connue : « Dei- »
= « idée de briller » (i-e « devah », « dieu »)
=> aussi latin « dies » =
« jour » => français « di-manche »,
« diurne », etc. , et
il nous est même apparu que des rapprochements avec un vocabulaire proprement
asiatique ne soient pas impossibles.
Mais il ne faudrait pas rapporter à
ce vocabulaire ce qu’il ne contient pas : Ce dieu n’est encore en rien
celui des chrétiens, et encore moins celui des égyptiens : Zeus est ici
celui qui tient entre ses mains le destin des hommes, mais ce destin ne se joue que sur terre, et c’est pourquoi il est
invoqué.
La mort
n’est encore que l’objet d’interrogations presque sans réponses.
Enfin s’il
est tendre et universel qu’une mère tienne son enfant dans ses bras, on est
encore loin des représentation « d’Isis et Horus » ou de la « Vierge
et Jésus » :
[ Hector à son épouse Andromaque
] :
« …Ah ! que je meure donc, que la
terre sur moi répandue me recouvre tout entier, avant d’entendre tes cris, de
te voir traînée en servage ! ».
Ainsi dit l’illustre Hector, et il tend
les bras à son fils. Mais l’enfant se détourne et se rejette en criant sur le
sein de sa nourrice à la belle ceinture : il s’épouvante à l’aspect de son
père. Le bronze lui fait peur, et le panache aussi, en crin de cheval, qu’il
voit osciller, au sommet du casque, effrayant. Son père éclate de rire, ainsi
que sa digne mère. Aussitôt, de sa tête, l’illustre Hector ôte son
casque : il le dépose, resplendissant, sur le sol.
Après quoi, il prend son fils, et le baise, et le berce en ses bras, et dit, en priant
Zeus et les autres dieux :
« Zeus et vous tous, dieux ! permettez que mon fils, comme moi, se
distingue entre les Troyens, qu’il montre une force égale à la mienne, et qu’il
règne, souverain, à Ilion. Et qu’un jour, l’on dise de lui : « il est
encore plus vaillant que son père », quand il rentrera du combat !
Qu’il en rapporte les dépouilles sanglantes d’un ennemi tué, et que sa mère en
ait le cœur en joie ! »
Il dit et met son fils dans les bras de sa
femme ; et elle le reçoit sur son sein parfumé, avec un rire en pleurs.
Son époux , à la voir, a pitié. Il la flatte de la main.
Il lui parle …« … Il n’est pas d’homme,
lâche ou brave, qui échappe à son destin, du jour qu’il est né. … Au combat veilleront les hommes, tous ceux
- et moi le premier – qui sont nés à Ilion. »
Ainsi dit l’illustre Hector, et il prend
son casque à crins de cheval, tandis que sa femme déjà s’en revient chez elle,
en tournant la tète et en versant de grosses larmes. Elle arrive bientôt à la
bonne demeure d’Hector. Elle y trouve ses servantes en nombre, et chez
toutes, elle fait monter les sanglots. Toutes sanglotent sur Hector encore
vivant, dans sa propre maison.
Elles ne croient plus, désormais qu’il puisse
rentrer du combat, en échappant à la fureur et aux mains des Achéens… »
Iliade
VI pp. 461-496
(Traduction : Paul Mazon)
Puis la mort d’Hector tant redoutée par Andromaque
survient :
In : Jean Humbert ; « Que sais-je
N°1483 »
La place du père dans notre société n’est évidemment plus du
tout la même, bien que beaucoup de données soient restées les mêmes.
Cette page de l’Iliade n’est sans doute plus très lue à
l’école.
Nous soulignons dans la présente étude, ainsi que surtout
dans celle-ci : clic,
la portée des évènements qui ont jalonné notre évolution sur ce point.
[2] NOTE -
Embaumement : La pratique de l’embaumement, et les
soins méticuleux apportés à la conservation du corps du défunt – la « momification »
– figurent sans doute parmi les raisons qui valurent aux médecins égyptiens une
réputation d’excellence durant toute l’Antiquité et signalée dès l’Odyssée
par Homère.
[3] NOTE - Horus : Horus est le
très ancien dieu-faucon des premières dynasties pharaoniques
égyptiennes. Il est représenté en hiéroglyphes par un dessin de l’oiseau de ce
nom, et était en égyptien vraisemblablement prononcé Hor ou Horou.
Les Grecs ont donc transcrit le mot par « Ωρος (Hôros) » mot
qui est devenu « Horus » en latin.
Il est utile de le préciser ici parce que plus tardivement
Le dieu Horus fut intégré dans la mythologie osirienne comme fils
posthume du dieu Osiris mort et de la déesse Isis, vierge et
féconde
Ainsi le rapprochement de Jésus avec Horus est
évident pour sa place mais pas pour le nom, puisque le - us du nom de Horus en français ne
provient en définitive que du grec –os.
Comparativement : La trinité divine familiale
égyptienne comporte donc Isis, Osiris et Horus, et l’Esprit dans
la mythologie égyptienne sera représenté par la déesse Maât, symbolisée
par la plume.
Reprenant le concept trinitaire, mais différemment, le
christianisme a conçu en quelque sorte deux trinités : L’’une est
terrestre et l’autre est céleste.
1) La trinité terrestre est charnelle et composée de Marie, la mère de Jésus
qui est vierge et féconde comme Isis, mais le vrai père de Jésus est
le Saint Esprit .
2) La trinité céleste, de laquelle Marie est absente,
comporte au contraire dieu le père à coté du Saint Esprit.
La trinité terrestre est composée très charnellement de Jésus
Marie et le Saint Esprit, alors que la trinité céleste est abstraite, sans
fécondité, et toujours énoncée comme un seul dieu en trois personnes : Le
père, le fils et le Saint Esprit.
Ainsi seul le Saint Esprit est présent à la fois dans
les deux trinités, si l’on se rend compte que Jésus n’est plus appelé
que le dieu fils après sa résurrection glorieuse.
[4]
NOTE – Trinité
: On voit encore, partout en France, ces 3 arceaux
décoratifs, souvent dans les églises, ou ce qui en est proche, et on y voit
comme une représentation de la « mystérieuse trinité d’un Dieu
Un » (ici la photo est celle d’un « tronc d'église »). On retrouve cette symbolique
jusque sur les dossiers de chaises profanes, etc. Ce
pourrait aussi bien être une représentation à plat d’un nœud simple « trèfle »,
ou triple, « borroméen » par exemple : « Unitas
Trinitas », ou « olympique ». |
|
|
Mais
comme on ne peut pas mettre un nœud à plat (en 2D), le nouage lui même est
remplacé par un trou. Ce serait alors un « nouage sans le
nœud », dont on ne peut plus dire la nature, aussi bien « olympique »
que « borroméenne », un simple « nœud-trou ». Le « trou » apparaît aussi alors
comme une solution à la représentation du mystère, de l’indécidable ou de
l’indicible. La difficulté réside aussi sans doute dans ce qu’on
ne peut « imager » qu’en 2 dimensions : une ne suffit
pas, et 3 ne font plus une « image », laquelle ne peut alors
que « suggérer », faire « imaginer » les 3D*. La
question de « l’unité-trinité » divine est une pomme de discorde
entre les religions catholique et musulmane parcequ’elle concerne dieu. Mais
la question de« l’unité-trinité » en elle même ne comporte
pas de religiosité, dès lors qu’on ne parle plus d’un dieu ou des composants
d’une religion. Elle n’a rien à voir, par exemple,
avec d’autre dogmes fondamentaux de ces religions, comme l’enfer, le paradis,
l’éternité, etc. Nous en
retenons plutôt ici l’étape d’une pensée mathématique, comme peut l’être le
passage de la représentation du carré à celle du cercle, d’une « terre
plate » (« planète ») à une « terre boule »,
etc. Le
passage du carré au cercle introduit immanquablement une difficulté, qu’Archimède
a repérée en introduisant une constante, dans les dimensions du cercle, du
disque, de la sphère et de la boule. On
retrouve désormais cette constante dans de très nombreuses équations
scientifiques de la mise en forme du monde. On
a désigné ensuite cette constante par la lettre grecque « Pi »,
initiale du mot « péri-mètre ». Sa
valeur précise n’en est toujours pas connue. |
Ce n’est
donc nullement un aboutissement d’on ne sait quoi, mais plutôt une étape dans
la construction des sciences : tourner en rond est tout de même plus
facile qu’en carré … On en
rapprochera aussi l’idée de Ieronymo Cardano exprimée dans
« l’Ars Magna » que « Le
nombre réel s’engendre de l’impossible ». On
remarquera que, comme par hasard, ce médecin-mathématicien a été un « protégé »
de la famille Borromée. Quant
à Lacan, dans ses derniers enseignements, il proposait de ne plus
imaginer un univers fait de « sphères » , mais de
« tores » qui se structurent justement autour d’un trou :
« Ca changerait un peu … » *Toute image plane qui veut donner l’illusion de 3D
est une imposture. Mais
toute image plane et verticale qui veut donner l’illusion de 3D, est une
double imposture, en négligeant, dans sa verticalité, la gravité. Car
les 3D en question ne sont pas équivalentes : les deux dimensions
horizontales ont une permutabilité que n’a pas la dimension verticale.. L’existence
de « la pesanteur » reste d’ailleurs totalement
incomprise : les « gravitons » seraient pure hypothèse,
et la plus récente théorie proposerait que la « masse en soi »
n’existe pas, pur « phénomène induit » par les
« champs de Higgs ». |
[5] NOTE - universel : Il est amusant de voir combien le
mot « universel » s’est répandu au moment même où le mot
« catholique », employé depuis les premiers temps du christianisme,
et qui a exactement le même sens, a disparu des rites officiels.
Mais
nul n’oserait parler de la « déclaration catholique des droits de
l’homme » ni du « suffrage catholique » en France :
C’est
qu’en réalité le changement n’est pas tant dans « la nature des choses »
que dans « les perspectives » contenues dans « leurs
formulations ».
En
témoigne, d’une façon continue depuis « l’édit de Villers-Cotterêts »
jusqu’à nos jours, une « francisation » qui n’est pas anodine,
et dans laquelle on peut voir une grande continuité.
La grammaire et le lexique ne sont pas indifférents à ce qu’on
appelle « la pensée ».
En Anglais, l’idée de l’homme est liée aux racines verbales « indo-européennes »
en ce qu’il est « man » (ó « mens -
mentis », « mensonge », « mania »,
« mémoire » et « main »).
Il est « woman » si, en plus, il a un « utérus »
(« woom »).
En Latin, « homo – hominis - hominem » n’est pas
détaché de « l’humus ». Il faudrait peut-être s’en souvenir,
tout comme on aurait bien tort d’oublier le latin, non pas « pour
savoir », mais « pour comprendre » et pour « remédier ».
En Français, l’homme peut devenir « on » quand il
est au « cas sujet » (<= « om » au Moyen
Age <= « homo » forme du « cas sujet » en
latin).
Le français « nasalise » toujours le « m »
et le « n » quand ces consonnes sont en position finales du
mot.
Dans « le parler vulgaire », ce « on »
peut représenter indistinctement la 1ère, la 2 ème, ou
la 3 ème personne - du singulier ou du pluriel : Il a une
fonction « polyvalente et indéterminée » – ou plus exactement
« contextuelle » :
« On » est une spécificité de la langue
française qui n’existe en aucune autre langue latine.
La raison en est très probablement que ce mot est issu, à
l’origine, d’une traduction en latin du germanique « man »,
dans une francité issue de la germano-phonie..
Mais le mot « homme » - dans une plus grande
complétude littérale - peut aussi être utilisé en position de « cas
sujet » si l’énoncé est à prétention « savante » ou
sentencieuse, mais non pas populaire comme peut l’être un proverbe.
Car, non seulement le français est issu du latin vulgaire, mais
il existe aussi un français vulgaire issu d’un français savant. L’évolution
semble se poursuivre et cette évolution incessante est sans doute une
caractéristique prononcée de notre langue. Elle n’est sans doute pas non plus
étrangère à notre prolifération démesurée « d’encadrements »
ou de « re-cadrements » juridiques.
Il serait pourtant vain, même pour le Législateur, de
chercher par là à atteindre à une « omnipotence du verbe »
en laquelle les « religions du verbe » n’avaient vu que
l’expression même du fait divin. (Cf. ci-dessous : note sur le « logos »).
Au XIII éme siècle, en modeste théologien, Roger
Bacon écrivait encore : « Homo naturae non nisi parendo imperat », « L’homme
ne commande à la nature qu’en lui obéissant ».
Par contre, en français, le mot « homme » doit
obligatoirement reprendre sa forme apparente (graphiquement et phonétiquement),
lorsqu’il est déterminé par sa « fonction grammaticale de complément »,
le premier « m » n’étant plus en position finale (<=
« hominem » en latin).
Autre chose est que, dans tous les cas où l’on parle de « l’homme »
en général, la détermination induite par l’article « le »
(<= du démonstratif latin: « ille-illa-illud ») présente
une situation « supposée générique », et non plus « précisément
démonstrative », la difficulté étant qu’elle nécessite de « définir
le genre » :
Ce n’est le plus souvent pas dans les mêmes types de « couples
oppositionnels » qu’on emploie l’article défini - ancien démonstratif
– quand on dit « l’homme » que quand on dit « le
soleil ».
Quand et comment un « démonstratif » peut-il
devenir un « générique », reste une affaire « contextuelle
circonstancielle » : « Le » peut désigner
tantôt « l’un parmi d’autres de même nature », ou tantôt
« ce qui est d’une certaine nature, parmi ce qui n’est pas de cette
nature ». Les 2 occurrences découlent pourtant, toutes deux, de son
sens premier déictique, servant à désigner une chose particulière.
[6] Il est difficile de s’imaginer comment a pu s’opérer, sur la durée d’un
millénaire, la rencontre d’une culture foncièrement africaine, avec une culture
indo-européenne structurée très différemment.
Rappelons
le sens des « mots-clés » qui nous intéressent ici dans l’une
et dans l’autre culture :
La culture
africaine apparaît pour nous fondamentalement « matriarcale » en ce sens que c’est la « mère »
qui y a fonction de « repère », de « repérage »,
quelles qu’en soient les subtilités dans les « us et coutumes »
qui l’entourent.
La déesse -
magicienne Isis incarne parfaitement ce repérage. Elle est d’ailleurs la
seule « opérante », « opératrice » dans la
reconstitution d’Osiris, son frère et époux. Puis elle donnera naissance
à leur fils Horus,.
Par contre
dans toute l’étendue des cultures indo-européennes anciennes, c’est autour du
père (« pita - pitaram » => « pater ») que
gravite le repérage.
Ainsi, le
« pater » est seul à avoir un droit de propriété.
Il n’est
pas lié particulièrement à une parenté biologique, mais a volontiers une
fonction sacralisée, divine, telle qu’elle apparaît dans le mot « Ju -
piter » = « Zeus - pater » = « Dieu – père ».
La « fonction
maternelle » par rapport à celle du « pater », n’y a
absolument rien de symétrique : « Mater » est de la
racine « matr- », qui représente « la matrice »
aussi bien « matérielle » que « spirituelle »
en langue ancienne.
Par
exemple, en latin ancien, « mater » désigne « la
souche - en tant que puissance vitale - qui donne des rejetons », et
de là dérivera le mot « materia » qui prendra d’abord le sens
de « bois » en tant que « matériau vivant »
(comme « madera » = « bois » en langue
espagnole, qui en a conservé ce sens premier), puis par extension, de là, le
sens de « matière », tel que nous l’entendons en français
actuel, et d’une manière qui reste d’ailleurs relativement énigmatique.
Notons que
le français est issu d’un latin de 3 siècles plus récent que le latin dont
découle l’espagnol.
(Cf.
« mesa » conservé en espagnol = « tabla »
plus tardif, adopté en français, = « la table » ; mais
c’est « mesa » qu’adoptera le latin liturgique).
L’anglais
dispose aussi du couple « mother / matter ».
Quoiqu’il
en soit, le sens originel de « mater » ne fait aucune
différence entre ce qui est pour nous actuellement clivé, un peu
artificiellement, mais peut-être pas pour toujours, entre « matière »
et « esprit ».
Etymologie de « mètèr » en grec dans
le dictionnaire étymologique du grec de Chantraine : ↓
On conçoit
dès lors toute la difficulté d’interprétation qu’ont pu éprouver les grecs pour
transposer dans un vocabulaire d’appréhension indo-européenne la représentation
de la déesse Isis dans cette triade divine.
Dans la
transposition céleste « d’Isis » à « Mère », c’est
la notion « d’esprit de la fertilité » qui a été retenue.
La notion
de « mère charnelle » a été dévolue à un être terrestre,
« Maria » = « Aimée », selon la tradition
pharaonique.
Indiscutablement,
on peut remarquer là une évolution sémantique et culturelle importante.
Que le mot « esprit » ait en français une assonance masculine nous paraît ici tout à fait contingent.
________________________________
«
La religion catholique est la religion de la trinité.
Elle est la seule à avoir pressenti qu'il fallait trois
consistances différentes, mais de même valeur, dont l'alliance est seule à même
de garantir une dimension symbolique et spirituelle.
Si l'amour du prochain est au cœur du message de la chrétienté, on
gagne à le penser comme relevant d'un rond de ficelle pris comme moyen dans le
nœud borroméen.
L'amour est le moyen par lequel la mort s'unit à la jouissance,
l'homme à la femme, l'être au savoir.
L'amour est l'imaginaire spécifique de chacun, ce qui unit à
l'autre, mais toujours de manière singulière. Chacun ne cesse de faire son nœud
à cet égard.
Mais dans les élaborations individuelles de nœuds, il peut y avoir
des fautes, des lapsus, des ratages …
D'autres fois encore, ce sont les particularités de la topologie
même des nouages réalisés qui provoquent la surprise … »
In
« Les non-dupes errent », Jacques Lacan, séminaire de
1973-1974.
[7]
A comparer avec : « Cinq
leçons sur la théorie de Jacques Lacan », In J. D. Nasio, Payot
1992, p.19 :
« Dans une analyse en cours, par exemple […] la femme
enceinte vous dira:
«Je suis tombée enceinte, mais je suis sûre que ma grossesse est
directement liée à mon analyse.»
Mais que signifie «directement liée à mon analyse» ?
Cela signifie que d'un certain point de vue, l'analyste serait le
père spirituel de l'enfant, la cause de l'événement. Etc. »
[8]
Le grec ancien écrivait
respectivement :
·
«πατήρ – πατρός » (« patèr
– patros ») pour « père », l’accent
de ce mot étant sur la 2ème syllabe
·
et
« μήτηρ – μητρός » (« mèter
– mètros ») pour « mère », l’accent de
ce mot étant sur la 1ère syllabe au nominatif ;
d’où sont
résultés l’orthographie actuelle
·
« πατέρας » pour « père »,
prononcé « patéras »
·
et
« μητέρα » pour « mère »,
prononcé « mitéra ».
Ainsi, bien
que l’accent tonique soit maintenant passé sur la 2ème syllabe dans
les 2 mots, c’est dans les lettres de l’écriture et dans la
prononciation que l’on sent la dissymétrie, puisque au son « a »
de la 1ère syllabe du mot « père » correspond
le son « i » de la 1ère syllabe du mot
« mère ».
En latin de
même, au « pater – tris » avec un « a »
court, correspond un « mater – tris »
avec un « a » long.
On est loin
de retrouver la similitude des assonances françaises.
La mère de Jésus
est très révérée dans le christianisme et, sous un nom légèrement
différent (Cf. infra : « Maryam ») dans le Coran.
Mais le
statut de Maria est plus radical ( « racine ») que
celui d’une divinité, à l’instar de celui d’Isis, qui partage avec elle
d’avoir conçu dans la virginité, et même plus largement enfin, en référence à
l’évocation de tout ce qui constitue la forme du matriarcat très particulier à
tout le continent africain, jusqu’à aujourd’hui.
Le statut
de Maria pourrait être qualifié « d’extra-divin », plus
encore que celui d’Isis, puisque, à la différence de celle-ci, elle n’a
pas été la sœur du dieu.
Contrairement
à ce qui a été trop souvent dit, à l’exception notable de Claude
Levi-Strauss, le matriarcat africain ne constitue nullement une forme
primitive de la pensée.
Hormis les
cas exceptionnels d’Isis et de Maria, même s’il insiste -
peut-être bien avec raison - sur la nécessité de l’intervention de l’esprit, le
matriarcat africain ne va même en rien à l’encontre des conceptions européennes
de la médecine.
Il en va de
même d’ailleurs de ce que l’on nomme « animisme ».
L’Afrique est un continent qui possède ses
particularités propres, de même que sa flore et sa faune propres, et il est
fort possible que la « parthénogénèse », si répandue dans le
monde reptilien, qui va du lézard au crocodile en passant par le presque
omniprésent « fouette-queue », ne soit pas étranger à la
sublimation d’une possible « fertilité virginale de femme ».
(Cf. infra,
à propos des œufs, dont c’est le nom des sarcophages, et de leur
« statut de tabou » chez les touaregs)
Il est tout
à fait clair que l’on ne retrouve absolument rien qui ne s’en approche ni de
près ni de loin dans la culture hébraïque, ni dans je judaïsme : Le
rôle de la mère y est pourtant très prégnant, bien que très différent, puisque
c’est la mère et elle seule qui transmet ce qui est appellé la « judéité ».
En ce qui
concerne le point de vue purement biologique de nos connaissances médicales
actuelles, on signalera ici le fait notable que la « parthénogénèse
animale » ne peut donner naissance qu’à des femelles, en raison de la
conformation des chromosomes sexuels qui sont X et Y chez le mâle et X et X
chez la femelle : le chromosome Y ne peut apparaître que d’un mâle.
Ainsi,
l’engendrement de Jésus par « parthénogénèse » ne
pourrait donc être biologiquement que très miraculeux.
Enfin, dans
un sens de dé-réalité nominale, si on voulait faire de Jésus un homme
juif, voire voir chez lui un prénom hébreux, on serait mathématiquement
conduit à voir dans le prénom Maria un prénom hébreux, ce qui n’a
jamais été le cas.
Les
croyances religieuses ne sont pas les croyances médicales : c’est comme si
les unes et les autres ne tiraient pas leurs vérités d’un monde univoque.
Le passage
du temps en renforce le décalage, puisqu’une médecine évolue quand une religion
fige des dogmes.
Et
l’explication de l’engendrement charnel selon Aristote (« hommes
en petit » présents dans les spermatozoïdes, pour lesquels
l’utérus de la mère n’en est que le réceptacle) nous paraît maintenant
tout aussi fausse que celle de n’importe quel savant de l’Antiquité.
En réalité,
le mot « croyance » est ici mal venu, car devenu confus quand
il est employé sans précision ; car il peut être employé en français dans
2 sens différents voire opposés : C’est l’occasion de rappeler ici, en
digression, à quel point il nous paraît important de faire la différence entre
« foi » et « croyance ».
C’est une
critique que l’on pourrait faire à bien des gens de mélanger l’un et
l’autre ; en réalité, « pour y voir clair », il faut
remonter au latin, langue dans laquelle « fides »
signifie la « fidélité à la parole donnée », ce qui est très
différent de « credo » qui exprime une « conviction
intellectuelle ».
On
remarquera que, en anglais (« be-lieve » <= « love »)
comme en allemand, la croyance est une « démarche sentimentale ».
[9] - « Le Réel »
ayant pour définition qu’il prend consistance de nouer ensemble – borroméennement
dans le cas ordinaire - « le Symbolique et l’Imaginaire » de
telle sorte qu’ils font « trois ».
Cf.
Jacques Lacan « Les Séminaires » largement disponibles sur
internet – fichiers audio et écrits – en particulier sur les sites et grâce à
la diligence du docteur Patrick Valas.
[10] Il y a des faits avérés et des
explications incertaines :
Sur
« la signification » des chiffres, des lettres,
des mots et des symboles, on n’en finirait pas de se perdre en
conjectures : Le drapeau israélien a adopté la très ancienne « étoile
de David » à 6 branches, composée de 2 triangles équilatéraux. Dans la
Torah il est écrit que Dieu fit le monde en 6 jours.
Les
ancienne pièces de monnaie marocaines étaient frappées d’une étoile à 6
branches : on a dit que c’est parce que les batteurs de monnaie étaient
juifs. Le premier drapeau marocain rouge frappé d’un étoile verte, l’était avec
une étoile à 6 branches.
|
|
|
avant
1915 |
|
Maroc Aujourd’hui |
Mais
en 1915, Lyautey la fit changer pour une étoile à 5 branches, que
le Maroc conserva depuis.
On
parla alors des « 5 piliers de l’islam ».
Mais
le mot 5 (« Khamsa ») tout simplement, porte bonheur en Afrique
du Nord, et on le prononce en écartant les doigts pour conjurer les démons.
Il est représenté en amulette stylisée appelée « main de Fatima »
qui porte bonheur. Et cette amulette ne doit rien à l’islam. On sait aussi que
les anciens habitants d’Afrique du Nord n’étaient ni arabes ni
musulmans, mais liés génétiquement aux touaregs , berbères, kabyles
et pharaons du Delta du Nil (Tavaux de Luc Lacotte sur l’ADN).
Quant
au drapeau européen il est frappé d’étoiles à 5 branches.
On
pourrait penser que le chiffre 5 figure les 5 doigts des mains (retrouvées si
fréquemment peintes sur les parois des grottes préhistoriques) ou encore :
2 jambes + 2 bras + une tête : On retrouverait alors un peu la figurine
dite « phénicienne » dont on retrouve des reproductions sur
toute la côte sud andalouse, de Malaga à Almeria.
Dans
les langues européennes, on pourrait interpréter le mot « sexe »
comme figurant un sixième membre : On peut très curieusement rapprocher six,
sexe et section ( sexe vient de <=
sectum, de secare ; couper, séparer).
Mais
qui saurait compter les branches des étoiles célestes ?
(Le
scintillement n’est qu’une impression d’optique, car une étoile est
nécessairement une « boule » en raison de sa masse).
Cf.
Drapeaux représentant la « Coix du Sud » : clic.
[11] Il va sans dire que tout ce qui est
aperçu comme opposition logique radicale, selon le sens commun, entre « immortalité
terrestre » et « immortalité céleste » perd tout son
sens dans une conception où « le temps » lui-même n’aurait aucune
existence.
Et il
n’est pas un secret que sous de multiples formes, mystiques, philosophes ou
physiciens – peu importe le nom qu’on leur donne – se sont approchés de
cette conception.
Mais
elle n’a jamais pris la place d’une « valeur commune de rassemblement » ;
pour tout dire « d’acte de foi », ce qui est d’ailleurs
différent « d’une croyance ».
(En
latin, « fides » est « la fidélité à la parole donnée »
– indépendamment de toute « croyance »).
Mais
la confusion entre foi et croyance a été bien souvent entretenue :
Il
y a pourtant une grande différence entre « une croyance » qui peut être individuelle (en anglais et en allemand
la croyance est même affaire d'amour : « believe » vient de « love » et « une foi » qui, par définition, devrait
impliquer plusieurs personnages.
L'assimilation,
la confusion, vont très loin : Dans ces conditions la « science moderne » - fondée
sur un doute qui lui est essentiel - Cf. Descartes etc. - ne
pouvait que mener en même temps :
Ø à
la dévalorisation de tout sentiment religieux puisqu'il est traité en
terme de croyance, au lieu de sentiment
Ø
et de la parole donnée , confusément assimilée et/ou fondée
sur la croyance.
[12]Lorsque, comme c’est souvent le cas,
« l’histoire se répète », on pourrait aller plus loin dans la
systématisation : Les philosophes comme Platon sont non seulement
philosophes, mais, eu égard au christianisme, en sont comme des « prophètes ».
Les arabes
ont une façon radicale de décrire la civilisation arabo-musulmane : Il y a
« avant l’islam » et il y a « après l’islam ».
« L’avant l’islam » est appelé « jahilia »,
ce qui signifie « ignorance », et il s’agit de l’ignorance
religieuse. La « jahilia » privilégiait des valeurs comme la
poésie, la bravoure, la générosité, mais elle ne laissait aucune place à
l’humilité. Exactement de la même façon, mais privilégiant ses propres valeurs
que l’on connaît, il y a eu une antiquité gréco-latine pré chrétienne avant
« l’antiquité tardive » gréco-latine chrétienne. C’est vers
cette « jahilia » gréco-latine que s’est retournée toute la
Renaissance européenne.
Dans cette
perspective, on comprendra mieux comment le retour s’est opéré « globalement »
vers les valeurs de cette civilisation pré-chrétienne, dans un mouvement, récent
à l’échelle historique, qui se poursuit sous nos yeux.
[13] De ce point de vue-là, alors qu’on
parle souvent trop « mécaniquement » de « culture
judéo-chrétienne », il serait très pertinent de parler de « culture
judéo-musulmane » et, bien sûr, « christiano-musulmane ».
[14]Cf. Voir une analyse des traditions
et du vocabulaire mésopotamiens:
Mondher Sfar : «Le Coran, la Bible et l’Orient ancien», Edition
Sfar, 1 rue Cassini, 75014 Paris, année 1998. Selon cet auteur, pour être rigoureux,
on pourrait situer le début du véritable monothéisme musulman à partir du
moment de la mort du prophète.
[15] C’est ici qu’il ne faut pas oublier
qu’Alexandre de Macédoine avait été l’élève d ‘Aristote :
Si
l’élève ne fut en rien fidèle au maître en matière de « démocratie »,
il en alla tout autrement en matière de « Sciences ».
L’œuvre
intellectuelle des Alexandrins, continue durant 300 ans, a été
littéralement immense.
La
raison en est le rapprochement rendu désormais possible, pour la 1ère
fois peut-être au monde, de travaux antérieurement épars, par leur réunion en
un même lieu.
Il en
résulta, bien entendu, des travaux propres.
C’est
un peu comme lorsqu’un atelier de montage permet de réunir en un même lieu les
divers éléments d’une automobile, construits de-ci de-là à travers le
monde : L’automobile pourra enfin rouler grâce à l’assemblage de tout ce
qui a été fabriqué ailleurs.
Et il en résultera de nouvelles observations.
[16] La ville de Bagdad a été
fondée par la dynastie « cabbasside ». Celle-ci n’a
jamais caché que le transfert du califat de Damas à Bagdad
répondait au désir d’y recueillir au plus près l’héritage « indo-iranien ».
[17] A partir de quoi on comprendra que
deux types de raisonnements sont incongrus, lorsqu’ils mèlent le
« scientifique » toujours défini aujourd’hui comme pouvant être
remis en question, au religieux, toujours défini aujourd’hui comme reposant sur
des certitudes intangibles :
1.
d’un
côté l’emploi de « théories scientifiques » à prétentions
explicatives voire thérapeutiques « du fait religieux » au
niveau collectif ou individuel,
2.
ou de
l’autre une l’appréhension sur un mode « religieux » d’un objet
étudié auquel on donne un statut d’objet « scientifique » :
|
ß |
|
ß |
|
|
||||||
1. Appréhension
scientifique du fait religieux : |
|
|
2. Appréhension de type
religieux d’une chose estimée scientifique : |
|
|
|
|||||
|
□ |
□ |
|
|
|||||||
|
|
|
|||||||||
[18] Connaître
le trajet des astres, au long d'un long parcours, était une nécessité.
Il
fut progressivement compris par les voyageurs :
Un
simple quadrant solaire, indique parfaitement la latitude à midi, en fonction
du moment dans l’année solaire.
Et
les anciens égyptiens
ont appris à connaître les phénomènes cosmiques célestes :
|
Le croissant de lune apparaît vertical au pôle et horizontal à
l’équateur. Mais la corde qui joint les deux cornes indique toujours l’axe
nord – sud de la terre. La même chose en plus sophistiqué : clic Rien de nouveau, bien au contraire : ce qu’on a plutôt
oublié… |
Par
contre, il est impossible, sans faire de savants calculs, de deviner la
grosseur exacte et la distance des astres : La lune pouvait bien paraître
aussi grosse que le soleil.
Certes,
l'étoile polaire au Nord, et la croix du sud au Sud, indiquent un axe de
rotation évident. Que de plus une croix très brillante tournant autour d'un point à peu près fixe,
dont il est absolument impossible de préciser l’exacte distance, dont la
dimension ne parait jamais changer en fonction des déplacements, qu’il semble
donc impossible d’approcher, a de quoi impressionner suffisamment pour être
perçue comme la porte d’un ciel mystérieux dont on ignorerait absolument la
distance !
[19] Dans la « Divine Comédie »,
Dante Aligheri entre aux enfers du centre de la terre par une
entrée située sous Jérusalem, et en sort, sur une nef poussée par le vent en un
point où brillent quatre étoiles « sacrées », en forme de
croix, que seuls les premiers humains avaient contemplées. (Purgatoire I, 22-27
traduction Rivarol).
Pour
Dante, dans les premières années du XIV ème siècle, la
représentation de la terre, est donc un globe.
Dans « L’ésotérisme
de Dante », Gallimard, 1957, page 64, René Guénon identifie ces
4 étoiles à la constellation de la « Croix du Sud » :
« ... D’autres part, aux antipodes de
Jérusalem, c’est-à- dire à l’autre pôle, s’élève le mont du Purgatoire, au
dessus duquel brillent les quatre étoiles qui forment la constellation de la
« Croix du Sud » ; là est l’entrée des Cieux, comme au dessous
de Jérusalem est l’entrée des Enfers ... »
Il
est tout à fait probable, par ailleurs, que ce voyage aux Enfers soit
inspiré par l’œuvre de Abou el A’la el Ma’ari : « Rissalat
el Ghourfan » (« L’Epître du Pardon »). Mais le trajet de la
nef, qui pénètre vers le centre de la Terre (et l’intuition de la
fournaise qui y règne) par Jérusalem, et en ressort par le Pôle Sud, n’est
pas présent chez Abou el A’la el Ma’ari.
[20]
Cf.
ce qu’écrit Taha Hussein dans « le livre des Jours »
(« El ayyam ») quand il parle de la mort de son frère.
[21] Notons, fait important, que le mot
« Tâboût » figure déjà dans le Coran, dans la sourate
« Ta ha » lors que Moïse (« Moussa »)
est déposé dans un « coffret » sur le Nil afin
d’échouer quelque part sur le rivage.
Ainsi,
nous avons :
-
en
hébreux « Tebat » pour « le bateau de Noë »
et le « coffret des Tables de la Loi »,
-
et en
arabe « Tabout » pour le « berceau de Moïse »
(non sans lien avec le peuple hébreux et au moins sa sortie d’Égypte),
et « le cercueil des chrétiens ».
Le
rapport linguistique apparaît très probable, et le mot désignerait un « contenant »,
quelles que soient ses dimensions.
Enfin,
ces 4 utilisations, même pour hétérogènes qu’elles soient, comportent
apparemment, dans leur usage, une certaine vénération, point qui mériterait
sans doute un apport de précisions.
[22]
Redisons
ici, au risque de nous répéter tant cela nous semble important, (cf. notes de
bas de page, de la page de mémoire familiale http://jadeperson.free.fr/) que les touaregs restaient l’un des rares
peuples au monde, sinon le seul, à ne pas manger d’œufs ni élever de poules.
Il reste très cohérent et très explicable que l’œuf, que
l’on retrouve sous de nombreuses formes et dans de nombreuses associations dans
les hiéroglyphes, siège d’une subtile et divine alchimie, qui prépare et
donnera la vie, soit resté longtemps pour toutes ces populations du nord de l’Afrique,
qui étaient de même génétique et de même culture - et peut-être au delà,
l’objet « tabou – sacré » par excellence.
Ceci explique beaucoup de la forme, des noms et des
pratiques de ces sarcophages.
Il ne s’agit nullement d’une simple boite. C’est la
garantie, la protection, l’œuf de la renaissance.
En témoigne aussi la célébration du 25 décembre – fête d’Horus
- où le dieu soleil, parce que dans son état de représentation minimal,
commence sa renaissance - comme un bébé sa croissance - et dont le renouveau
pascal – qui est la fête des œufs - sera, après une longue gestation, le signal
d’une éclosion.
Cette remarque permet en même temps de re-situer notre
sujet : Il faut le faire de temps en temps, pour éviter de tomber dans la
banalisation :
L’originalité de la religion égyptienne, qui deviendra aussi
une originalité de la religion chrétienne, puis de l’islam, ne tient pas
spécialement dans sa cosmologie, ni dans une adoration panthéique de la nature,
bien que cette adoration y ait figuré nécessairement, mais bien dans l’idée de
la « résurrection », et comme condition de cette résurrection,
la nécessaire « justification » du défunt.
Il n’existe évidemment rien de tel dans le judaïsme,
pour des raisons que Freud explique par le détail dans « Der
Mann Moses und die monotheistische Religion » (1939) (« Moïse
et le monothéïsme »).
La justification du défunt se concrétisait par de la pesée
du cœur du défunt sur la balance d’Osiris.
Le Coran aussi imagine sans cesse Dieu
avec sa fine et subtile balance, en train de soupeser le moindre des actes des
hommes.
Le paradigme du renouveau a été pour l’Egypte, on le
sait, la crue du Nil. Mais cette crue, tant attendue, n’a jamais été, en
soi-même, totalement assurée, restant sous le contrôle divin.
On aimerait bien savoir ce qu’il en fut du Niger et
de sa vallée. Les recherches n’y sont pas encore assez avancées.
[23]
Aujourd’hui, tant il est vrai
que l’homme est resté fidèle à lui même, les imbroglios se retrouvent plutôt
dans les nouvelles sciences, que les médias naturellement ne maîtrisent pas,
sans trop craindre les absolus contresens de vulgarisations médiatiques
innocentes et naïves : Ainsi, on déduit des « principes des
relativités » (dont Albert Einstein lui-même finit par
regretter le nom), que « tout est relatif, que tout vaut tout,
etc. », alors que justement des expressions de « principes de
l’absolu » conviendraient beaucoup mieux.
De
même Heisenberg lui-même appela le principe qu’il venait de découvrir
« principe d’incertitude », expression aussitôt traduite et
reprise en français par Langevin sous la forme que l’on connaît.
Mais Heisenberg
en modifia l‘appellation et l’appela « principe d’indétermination »,
pour des raisons précises.
Mais
en France on conserva la première traduction de Langevin, ce qui
ne cesse d’engendrer « dans les salons où l’on cause, plus qu’on ne lit
la physique quantique » beaucoup de confusions, alors que justement la
physique quantique est, jusqu’à ce jour, d’une rigueur et d’une précision
extrêmes, etc.
[24]
C’est très probablement la
cause majeure des multiples contradictions relevées entre les différents récits
des différents Évangiles – même dans ceux qui sont officiellement retenus -
l’Église ayant du, par ailleurs écarter un grand nombre, non véritablement
connu, de récits, les tenant pour « apocryphes ».
Une
des contradictions les plus éclatantes tient dans cette phrase prononcée par Jésus
sur la croix : « Eli, Eli, lama sabachthani ? » (=
« Mon Dieu, pourquoi m’as tu as-tu abandonné ? »).
La
pensée est ici évidemment contraire à tout l’esprit de la destinée christique
perçue par la chrétienté, mais entièrement conforme à la pensée juive dans
laquelle il n’y a – au moins jusqu’aux « Macchabées » - plus
rien après la mort, Dieu étant prié afin qu’il prodigue sur terre, au peuple
élu et protégé, bienfaits, gloire et longue vie.
Mais
n’allons pas dire que si les origines du christianisme les plus radicales
suivent les voies égyptiennes, elles « s’opposent toujours »
aux données de l’Ancien Testament (Torah).
Il y
a de nombreuses raisons à cela :
·
Les
échanges, les filiations, les influences ont été nombreux.
·
Les
récits de la Torah n’ont pas une source univoque (l’histoire du « déluge »
se trouve déjà dans des textes mésopotamiens antérieurs (Cf. Jean Botéro).
·
La
civilisation égyptienne est infiniment plus ancienne que les premiers récits
bibliques, et s’il est vrai que Moîse était égyptien (Cf. Freud :
« Moïse et le Monothéisme » ; et sa sœur s’appelait
« Maria »), on ne s’étonnera nullement que de nombreux
évènements, mythes, rites ou symboles – non pas les plus fondateurs, sans doute
– mais de signifiance commune, se retrouvent à la fois dans l’une et l’autre
culture.
[25]
Donnons comme aperçu, parmi
les plus récents essais de reconstructions, celles de Sarwat Anis
Al-Assiouty, in : «Summa Aegyptiaca, Jésus l’Egyptien »,
Imprimé en 1999, ISBN/BNQ 2-92261860065 2-922618-01-3 :
Elles
pourraient être explicatives des formes coraniques « Mariam »
et « ’Issâ », mais ne rendent pas compte du grec « Iès-ous »,
en particulier de la seconde syllabe, que nous rattacherions volontiers à une
forme grecque de « uios », signifiant en grec « fils
de » :
« Maria l'Égyptienne :
Maria ...est un nom égyptien, les savants juifs et catholiques le
concèdent.
Ce nom est dérivé de la racine égyptienne mar: aimer ;
M'ar(t), écrite avec un <t> final muet, … veut dire l'Aimée,
la Chérie.
Mariam, plus justement Mariammé - ainsi l'écrit l'historien juif
Flavius Josephus, au Ier siècle de notre ère - est un contracté de l'égyptien Maria-iammé
l'Aimée de l'endroit.
Miryam est la prononciation en cours à la fin du I- millénaire de
notre ère, lorsque les textes de la Thora reçurent leurs signes diacritiques.
Maria et ses composés forment les noms de femmes les plus répandus
dans l'Égypte Ancienne, bien avant l'apparition des Hébreux dans l'histoire …
Si Maria était un nom juif, beaucoup de femmes juives auraient
porté ce nom dans l'histoire alors que dans tout l'Ancien Testament, y compris
les écrits apocryphes et pseudépigraphes, couvrant dix-sept siècles, aucune
femme hébraïque ne porte le nom Mariam.
Seule, au cours de cette longue période, une femme a porté ce nom:
Mariam, la sœur de Moïse l'Égyptien.
Par contre, en Égypte, Mary (l'Aimé) et Maria (l'Aimée) sont les
noms les plus répandus au cours des siècles, attestés par des centaines
d'inscriptions. etc. » …
« Jésus l’Égyptien
- Comment se fait-il que Jésus, un Égyptien, puisse porter un nom
juif, Yehoshû’a: (Yahvé sauve)?
- Point du tout. … Si le nom de Jésus était Yehoshû'a (Yahvé
sauve), avec la gutturale ('aïn) comme dernière lettre du mot, cette gutturale,
qui n'apparaît pas dans la transcription grecque, aurait dû, si jamais elle a
pu exister, forcément apparaître dans les sources araméennes, hébraïques ou
arabes qui mentionnent Jésus de Nazareth, car ces trois langues connaissent la
gutturale ('aïn).
Il
n'en est rien. Ni le Talmud, ni le Coran, ni même l'ouvrage
scandaleux du 'Toledot Yeshu' ne mentionnent la gutturale ('aïn)
comme dernière lettre du nom.
Le nom de Jésus n'est pas Yehoshû'a (Yahvé sauve), le Père de
l'Église Irénée de Lyon l'atteste.
Jusqu'à l'époque d'Irénée de Lyon, au IIéme siècle de
notre ère, Jésus ne s'appelait pas Yehoshû'a, mais son nom se composait de
trois lettres : <I-sh-w>, qu'Irénée de Lyon interprète à sa façon, les
prenant pour les trois premières lettres de trois termes signifiant:
"Seigneur du Ciel et de la Terre."
Le véritable nom de Jésus, composé des trois lettres que mentionne
Irénée de Lyon, a été conservé dans des inscriptions anciennes, nabatéennes et
latines.
C'est un nom égyptien, utilisé par les Égyptiens au cours de trois
millénaires avant notre ère. La première lettre c'est la gutturale ('aïn) -
première et non dernière lettre—, translittérée en 'I la deuxième lettre c'est
le <sh>, interchangeable avec <s> ; la troisième lettre donne la
flexion finale, aussi varie-t-elle de langue en langue dans le Proche-Orient;
elle peut donner le phonème <ou>, comme en hébreu, elle est alors
translittérée par un <w>, tel le nom 'Isw (Esaü), l'ancêtre des Édomites.
Comme elle peut donner le phonème <a>, tel est le nom 'Isâ,
le nom de Jésus dans le Coran
- Que veut dire ce nom en égyptien?
- Il faut remonter pour cela aux Textes des Pyramides.
'Tshâ, le nom de Jésus en égyptien, est dérivé d'une racine qui
signifie cri, appel, annonce, déclaration, proclamation, prédication.
C'est ainsi qu'Osiris, dans les Textes des Pyramides, au III
millénaire avant notre ère, bravant la mort, noyé dans les eaux, immolé par les
forces du mal, émet un cri, fait un appel:
<'îshâ> tout comme Jésus sur la croix, avertissant le monde,
annonçant son propre sacrifice, pour sauver le genre humain. Etc. ».
[26] La langue
arabe : Ci dessous, le Coran bilingue de Denise Masson rend compte des
difficultés de traductions et de transcriptions :
« Essai d’interprétation du Coran inimitable,
Denise Masson, revue par le docteur Sobhi El-Saleh, Edition :
Dar el kitab al Masri, BP 156, Le Caire, Egypte, 1980 » :
|
[ Parmi les communications
inter-humaines – quelquefois pressenties autres aussi - les plus spécifiques (sui généris) sont linguistiques. (Cf.
pour la linguistique Brugman, Saussure, Emile Benvéniste, etc.)
La linguistique elle-même apparaît
de plus en plus difficile à définir, et la question est même en rapport avec
les recherches les plus récentes en matière d'intelligence dite artificielle,
et plus modestement de la nécessité de l'usage de conventions sémantiques dans
l’usage de celle qui est dite naturelle.
Les langues ont toujours évolué,
mais leur transmission génétique n’a jamais pu être mise en évidence.
Leur transmission privilégient le
son (l’oral) dont l’écoute interdit l’arrêt temporel; et l'image qui au contraire en immobilise un signe.
La transmission des langues
n'étant pas héréditaire, les signes linguistiques doivent toujours être
interprétés.
Pour s’en tenir là dans cette
remarque, le simple passage de la révélation orale dudit coran à son écriture
humainement interprétable a posé d’immenses problèmes au temps de la rédaction
et l’un des plus importants a été solutionné (sinon résolu) par l'introduction
des signes diacritiques (points ou lignes droites ou courbes) dont la présence
ou non, en dessus ou en dessous d’une consonne peut changer toute la lettre
elle-même et de même quelques signes témoignent de la présence de voyelles
brèves particulières, de liaison ou d’arrêt vocalique, etc.
Tout le présent reste donc
conditionné par des conventions connues.
Il est à remarquer encore que
certaines consonnes grecques n’existent pas dans les langues sémitiques et
inversement, mais que, au contraire, le vocalisme a généralement été traité
plus simplement dans le sens du passage du grec à l’arabe, lequel, dans ces
conditions, inscrit généralement les voyelles grecques (ou françaises par
exemple aujourd’hui) comme toujours longue, ce qui engendre un système
vocalique souvent contraire au génie des alternances des brèves et des longues
dans la langue arabe et les rend reconnaissable l’importation.
Exemples : Typiquement, dans
le mot arabe Qanoun la présence des deux longues
témoigne immédiatement de l’importation du terme juridique grec canon (=
loi) )
Inversement on comprendra comment
le latin seculum est arrivé au mot français siècle
et à la diphtongue. ]
Traduction mot à mot du verset
45 de « la famille d’Imran » :
Vocabulaire du verset 45
(NB : il n’existe pas de majuscule en arabe) : Ma traduction juxta-linéaire
cliquable |
|
Malik ;
malaîk : Denise Masson transcrit, selon la coutume, le mot arabe
« malâïka » par « anges ».
C’est en arabe le pluriel du mot « malâk », (racine malaka
= posséder, d’où le mot « malik » = « roi » etc.) ;
« malâk » correspond traditionnellement au grec « angelos »
(= « messager »). Traditionnellement, le passage de « malâk »
à « ange » est une traduction.
Mais le mot grec a un sens : Le mot
grec « angelos » est déjà présent chez Homère, mais son
origine est inconnue.
Injil : Le mot grec : « Eu-angelion » = « bonne
nouvelle » = « év-angile ». « Evangile »
est transcrit en arabe par « Injîl ».
Massih : Denise Masson
transcrit le mot arabe « massih », qui traduit le
mot grec chrétien « Christos », traduisibles l’un et
l’autre par « oint, embaumé »
en français. « Messie » et « Christ » sont des transcriptions, non des
traductions, mais ont un sens en grec et en arabe et en arabe, messie est la
traduction du grec « christos »
(et probablement le même mot en hébreux)
‘Aîssa :
HISTOIRE du mot AÏSSA : L’histoire
de cette page ayant au moins 20 ans, au cours desquels le web m'a servi non pas
à écrire des SMS mais à noter mes avancées intellectuelles au fur et à mesure
que mes informations se multipliaient, un lecteur « neuf » verra
peut-être un certain désordre dans l’es énoncés des faits. C'est toujours comme
ça en archéologie : Plus on creuse et plus l’histoire découvert este ancienne.
Je n’ai pas le temps de m’y attarder pour le moment mais
voici des éléments.
J’ai acquis la conviction que ce Aîssa coranique
est la transcription du mot grec
Mais il y a la une curiosité, qui est l’apparition, dans
l'écriture en arabe de ce mot grec, de la lettre « ‘aïn »
en initiale , lettre qui n'existe pas en grec.
Or Mohammed n’a guère pu connaître ce vocabulaire grec
que par ses rencontres, lorsqu'il faisait du commerce en caravanes, avec son
ami moine chrétien dans du Nord de l’Arabie, assez proche de l’Egypte donc. Ce
moine devait donc être copte et avait peut être quelques idées sur l’égyptien
pharaonique dont la prononciation
réelle nous reste inconnue.
Or Martin Bernal (infra) fait dériver le mot grec Aissa
du mot égyptien « ISW » (qui signifie échange)
Ce mot a surtout bien pu être à l’origine du mot grec « iso »
mais peut importe ici.
Pour la langue grecque, les mots qui ne sont pas d’origine
indo-européenne sont massivement soit d’origine sémitique, soit d'origine
égyptienne, cette dernière catégorie d’étymologie ayant alors pu intervenir ici
à titre de confusion :
Il aurait pu parvenir à l’auteur du Coran que le mot
grec Iesous entré dans le christianisme sept siècles plus tôt, avait
pour origine le mot égyptien ISW, ce qui colle assez bien
phonétiquement, et l'idée (consciente ou spontanée et inconsciente) d'en faire
un mot construit comme les mots sémitiques sur une racine tri-consonnatique
aurait alors apporté les trois consonne « Ain, Ya, sin » pour
finalement : Faire d’un « aïssa à la grecque » un « aissa arabisé »
En réalité ce mot « isw » égyptien
signifiait échange, aussi bien récompense que vente, c’est à dire
qu’il semble véritablement sans aucun rapport logique avec l’histoire (ou le
roman, selon le point de vue) de Jésus.
Un tel scénario me paraît plausible, mais comme toutes les
étymologies avancées dans cette page, toutes sont hypothétiques, et restent à
vérifier.
Je ne crois pas , au demeurant, que l’étymologie de ce mot
ait beaucoup d’importance, mais nous sommes sans cesse à la quête des origines,
insatiable curiosité qui se termine toujours en point d’interrogation, lequel
reste pour nous le premier symbole de la première lettre que l'homme ait jamais
écrite, puis, nul ne saura jamais comment, articulée …
Denise Masson transcrit le mot arabe
« ‘aïssa » par « Jésus » :
Pour la langue française, c'est une traduction
A l’intérieur de la langue arabe il faut y lire
un nom propre complet « ‘aïssa fils de Maryam »
qui a pu être rapproché d’une racine signifiant
« vivre » et du prénom ‘aïcha.
Sans la voyelle (diacritique) brève
« a » l’écriture de « ‘aïssa » deviendrait :
« ‘Issa », c’est à dire comportant : « Consonne ' + voyelle
ï long + consonne s (que j’écris avec 2s pour éviter le son « z » d’un
« s » seul intervocalique en français) + voyelle a longue » soit 2 syllabes composées
chacune d’une consonne et d’une voyelle longue. Le mot ne semble pas arabe mais
plutôt importé.
Mais la consonne initiale « aïn »
n'existe pas en grec.
L’étrange est que cette même consonne apparaît
dans le mot copte « Iésou' » mais en position finale, mot dont
on pourrait penser qu'il serait contemporain de la première apparition du mot
« jésus » quelques siècles plus tôt – comportant un sens que j’ai
tenté de restituer.
On sait par ailleurs que le copte est une langue
issue de l’ancien égyptien, écrit avec des hiéroglyphes, que l’on sait
maintenant lire, mais non pas parler, et qui fut transcrit durant l’époque
hellénistique avec des lettres grecques, plus quelque ajouts significatifs pour
introduire des lettres et sons supplémentaires.
Quel aurait pu être à cette époque un apport propre de la langue copte écrite en grec
? J’avoue - et c'est important - ne pas en connaître le système. Et quel a pu
être au moment de la conquête arabe une transcription encore une fois nouvelle
du copte dans l’alphabet arabe ?
Je penche pour « ‘aïssa »
, vers un nouvel emprunt à la langue grecque, en donnant dans tous les
cas un sens aux mots, et que celui-ci convienne.
Ce pourrait être alors une transcription
du mot grec « aïssa » qui apparaît dès l'Iliade et l'odyssée
d’Homère, puis chez le tragique Eschyle, etc.
Ce mot a un sens en grec: c'est celui de destinée en
tant que par décision divine inévitable. (Rappelons que Zeus est un
Dieu de justice (C’est pourquoi il doit ne pas sauver Sarpedon) et
ne peut se soustraire à ses propres lois Cf. Jacqueline Duchemin :
"La pesée des destins" 1980)
Je cite volontiers ici Jacqueline Duchemin qui est
sur la voie de « Aïssa », mais sans évidemment faire le
moindre rapprochements avec le « 'Aïssa » coranique , puisqu'il
est probable qu'elle n'ait jamais abordé la lecture du Coran.
Sa spécialité était le monde grec ancien et les origines
orientales des mythes grecs (Sumériens, Assyriens, etc.) bien qu’il est notable
qu’elle ait toujours plaidé en faveur des rencontres interdisciplinaires.
Elle connaissait par contre bien la scène égyptienne de la
« psychostasie » puisqu'elle en rapproche « les pesées
du destin de Zeus » à deux reprises dans l'Iliade : Il s’agit de
déterminer qui sera le vainqueur au combat entre Achéens et Troyens.
(L’immense balance en or de Zeus apparaît dans le ciel et le
plateau du vaincu penche chaque fois vers la terre alors que celui du vainqueur
monte vers le ciel), puis chez Eschyle et encore enfin Aristophane (dans la
comédie burlesque les Grenouilles)
Je suis par contre surpris de n’avoir jamais lu nulle part,
ni entendu, le rapprochement de ces mots grecs et arabe, pour avoir pourtant
questionné Imams et érudits jusqu'à l’Université d'El Azhar et lu le
remarquable ouvrage de Ali Merad : « l’exegèse coranique ».
L’emploi du terme religieux grec de « la destinée
fixée par Dieu » dans ce verset 45 de la sourate « La
famille d’Imran » renforce en même temps mon hypothèse de l’étymologie
grecque du mot « Jésus » = Dieu-fils ; fils de Dieu, dont
les deux sens de l’un et l’autre mots, l’un chrétien et l’autre musulman, tous
deux en langue grecque, ont pu être parfaitement connus, justifiant leur emploi
chacun dans des circonstance propres, puisque l’islam s’est fondamentalement
écarté du christianisme en refusant la divinité de Jésus , et même celle
du Saint Esprit tout en lui reconnaissant un rôle dans l’engendrement de
Jésus par Marie (ou plus exactement ici « Maryam » écrit
« M(a)rï(a)m ») D’ailleurs on entends
volontiers dans les langues vernaculaires
prononcer le prénom courant « Mrim »
On ne trouve donc ni dans l’islam ni dans le christianisme
d’origine hébraïque pour le nom de Jésus dont l’histoire aura enterré les
étymologies pendant 2000 ans pour l’un, 13 siècles pour l’autre, et jusqu’à ce
vieux mot grec employé encore il y a presque 3 millénaires, mais délaissé
aujourd’hui.
Quant à l’histoire de l’Egypte, qu’en
comprendrions-nous encore, sans les fouilles archéologiques et le déchiffrage des
hiéroglyphes - que l’on sait comprendre plus que lire puisque sans certitudes
sur les sons.
|
Le même phénomène d’apparition de mots grecs dans le Coran
est signalé par Ali Merad ( Ali Merad – Que sais-je? - L'exégèse coranique) par
exemple pour le passage du mot grec « dia-bolos » (qui a en grec
le sens de « diviseur" devenu Iblis dans le Coran
Le fait d’utiliser des « transcriptions »
et non des « traductions », en l’absence de précision ,
soulignons-le, peut entretenir « la confusion ». .
|
|
Martin Bernal dans Black Athena Vol 3 (2006) attribue une
étymologie égyptienne à ce mot Aissa,
et pour le moins la correspondance phonologique du grec avec l'égyptien
(isw ; issou) ce qui explique tres bien l’assimilation coranique.
|
Denise Masson transcrit le mot arabe
« maryam » par « Marie » :
c’est une transcription. mais
Maria a un sens en égyptien : ( = "aimée")
Denise Masson transcrit le mot arabe
« kalima » par « Verbe »
(« Idh qâlati l malâïkatou ya maryamou inna llaha
youbachirou-ki bi-kalimatin min-hou… ») : C’est
une traduction, à
laquelle nous préférerions substituer le mot parole, « kalima »
étant au singulier, sous forme indéterminée. Bien plus généralement c’est
« Kalam » qui signifie « le Verbe ».
Il ne nous a jamais été donné de voir une « traduction
juxtalinéaire » du Coran. Mot à mot, ce verset dit ( les
deux points, les virgules, les majuscules et les lettres italiques sont de nous
car ils n’existent pas en arabe coranique) : « Les
anges dirent alors : « Oh Mariam, Dieu t’annonce – une – bonne
- nouvelle par une parole de lui, dont le nom [est] le oint (ou
embaumé) ‘Aïssa, fils de Mariam, éminent ici-bas, dans
l’au-delà, et parmi les proches ».
La question des correspondances de mode et de temps verbal
est importante en grammaire française.
En arabe, le système verbal fonctionne différemment :
le verbe « dire » est ici à « l’aspect » dit
de « l’accompli », qui est aussi celui de la certitude. C’est
aussi le mode du récit.
Au contraire Le verbe « annoncer » est à
« l’aspect » de « l’innacompli », qui renvoie
ici aussi bien au temps de l’énonciation déjà faite, qu’à la postériorité des
événements à venir.
On voit combien il est impossible de faire correspondre la
grammaire arabe avec la grammaire française.
L’appréhension des concepts est autre chose que la
compréhension du vocabulaire de la langue :
Il faut choisir une langue et annoncer celle dans laquelle
on s’exprime, car un mot n’a de sens que dans un contexte : Ici, seuls les
mots « Dieu »
et « oint, enbaumé » pourraient trouver une traduction française précise.
Il n’y aurait aucune difficulté à
dire « oint » ou « embaumé » en français, au
lieu de « christ », etc.
Le problème est tout différent
Enfin, il arrive que ce qui était
compris à une époque donnée, ne le soit plus 2000 ans plus tard, et nécessite
alors un ajustement.
L’évocation des idées issues des
mots est propre à chaque culture, et même dans chaque culture, propre à chaque
individu.
Comme pour tout le Coran,
il paraît excessivement difficile de reproduire en français les très belles
assonances du texte arabe.
Remarque :
Dans ce verset coranique
« la parole rapportée est celle de Dieu ».
Selon l’évangile de Saint
Jean, différemment, « le
logos est Dieu lui-même » : « … Kai
theos èn o logos : … et Dieu est [était] le verbe », « kai o logos sarx egeneto… » = « et le verbe s’est fait chair » :
Il y a une différence
sémantique considérable entre « Dieu a dit »
et « Dieu est ».
Là a toujours été l’une des expressions les plus importantes
de l’originalité du christianisme. => (Cf. infra dans cette page)
Au
total :
Dans une expression comme « Jésus Christ le Messie,
fils de Dieu » :
o
« messie »
est la « transcription » d’un nom commun sémitique qui
signifie exactement la même chose que « christ » en grec, l’un
et l’autre étant « traduisibles » en français et signifiant
« oint, embaumé ». Il y a donc là « redondance ».
o
« Jésus »
est la transcription d’une composition grecque selon nous « traduisible »,
qui exclue l’adjonction de « fils de ».
o
enfin, le mot « Dieu » est, comme chacun
sait, exclusivement un mot européen : Il ne peut en arabe n’être traduit
que par Allah, pour toute religion monothéiste s’exprimant
en arabe :
_______________________
Le mot arabe « Allah » (contraction de : Al-ila-h) est la masculinisation de l’ancienne grande divinité féminine sémitique « Al-ila-t » dans laquelle le « t » (qui est la marque du féminin) sera remplacé par le « ha » (le ha de houwa)
Dans ces deux mots qui se ressemblent « al » est l'article arabe (qui n'a pas de genre) et « ila » signifie « divinité » On retrouve le nom divin « El » pour désigner dieu chez tous les peuples sémitiques : hébreux, phéniciens , etc. Ainsi dans Bab-El (porte de dieu) ou Babylone, etc.
La divinité Allat est déjà mentionnée par l’historien grec Hérodote (le père de l'histoire , et l’inventeur de l'utilisation de ce mot (= recherches) pour la désigner au Veme siècle av.JC.)
Dans le livre II, Hérodote écrit en effet très justement :
« … Τούτοισι
μὲν δὴ θύουσι μούνοισι
ἀρχῆθεν
ἐπιμεμαθήκασι
δὲ καὶ τῇ Οὐρανίῃ
θύειν,
παρά τε
Ἀσσυρίων μαθόντες
καὶ Ἀραβίων.
Καλέουσι
δὲ Ἀσσύριοι τὴν
Ἀφροδίτην Μύλιττα,
Ἀράβιοι δὲ Ἀλιλάτ
(Alilat),
Πέρσαι δὲ Μίτραν. »
Traduction : http://remacle.org/bloodwolf/historiens/herodote/clio.htm
« … Ils font encore des sacrifices au Soleil, à la Lune, à la Terre,
au Feu, à l'Eau et aux Vents, et n'en offrent de tout temps qu'à ces divinités.
Mais ils y ont
joint dans la suite le culte de Vénus Céleste ou Uranie, qu'ils ont emprunté
des Assyriens et des Arabes.
Les Assyriens donnent à Vénus le nom de
Mylitta, les Arabes celui d'Alitta, et les Perses l'appellent
Mitra. »
Le traducteur des éditions des Belles Lettres aura maladroitement et inutilement compliqué la transcription du grec qui, au contraire, avec « Alilat » transcrit parfaitement l'arabe.
Comme tous les mots empruntés difficiles, « Alilat » reste indéclinable en grec, alors que « Mitran » est un accusatif (de Mitra, mot persan, du persan, langue sœur du grec)
_______________________
Quelque remarques plus générales de
vocabulaire : Culture et inguistique arabe <=> français :
La « chahada » (= « témoignage,
profession de foi »), musulmane comprend 2 parties :
·
La première partie :
« Ashahadou an la ilaha illa Allah » c’est-à-dire :
« Je témoigne qu’ [il n’y a] aucune divinité à l’exception de Dieu »
est en parfaite conformité avec les énoncés chrétiens.
·
la seconde
: « wa an Mohammadan rassoul Allah », c’est- à –dire
« et [je témoigne] que Mohammed [est] messager de Dieu », n’a pu
participer aux premiers énoncés chrétiens, ne serait-ce que pour des raisons
chronologiques.
En vérité, cette « chahada » est
si simple que, n’étaient-ce certaines parties du Coran – qu’elle ne
mentionne pas - on n’y trouverait guère de difficultés pour qu’elle soit
le témoignage tant d’un chrétien, que d’un judaïsant, qu’il soit
clerc ou laïc.
Pragmatiquement, les principes moraux recommandés
sur terre par les 3 monothéismes sont souvent les mêmes : respect de
l’autre, rejet de la violence, interdiction du suicide et de l’avortement, etc.
Il exite pourtant aussi des différences, dont
certaines sont rituelles, et d’autres plus importantes, voire vitales,
concernant les héritages, le choix du conjoint, la religion des enfants, etc.
La « chahada » ne mentionne
nommément ni le Coran, ni le jugement après la mort, ni l’Enfer, ni le
Paradis, et après tout, le christianisme lui-même a eu beaucoup de « messagers »
de Dieu, dont les plus fervents sont désormais appelés des « saints ».
Mais si Mohammed est synonyme de Coran,
la situation devient très différente, car apparaissent alors des dogmes ou
des principes non partagés :
Le jugement après la mort, l’Enfer, le Paradis et
la résurrection ne sont pas contenus dans les 12 dogmes du judaïsme
énoncés par Maïmonide.
Le christianisme, lui, retient le jugement de Dieu
après la mort, l’Enfer et le Paradis, la résurrection ; mais la Sainte
Trinité du christianisme est considérée par les ulémas musulmans
comme un polythéisme, contraire à l’affirmation coranique :
« Dieu n’a pas engendré et n’a pas été engendré ».
Différemment, pour le christianisme Jésus,
fils de Marie est l’incarnation du père divin de même
nature que lui (« homo-oussios ») :
Il n’est donc pas une divinité différente. Les 3 aspects d’un Dieu unique
sont appelées « les 3 hypostases » de la Trinité du
christianisme. Enfin, le Coran mentionne nommément le Saint Esprit,
grâce auquel Maryam put miraculeusement enfanter. Le Coran
appelle les miracles « des signes ». |
|
Mais revenons à la question linguistique
temporelle des énoncés : cette question temporelle semble n’avoir jamais
retenue l’attention des traducteurs de la « chahada ».
Nous aimerions ici énoncer quelques points, de
natures apparemment différentes, mais pourtant congruents à l’aulne de
plusieurs regards, conjuguant le temps céleste, le temps terrestre, et la physique
moderne :
1 – Le temps
religieux : Mohammed n’a jamais eu l’idée de fonder une nouvelle
religion, mais, estimant que le christianisme et le judaïsme s’étaient éloignés
de la religion abrahamique primitive, c’est ce retour qu’il prônait.
Toutes les préoccupations de Mohammed
auront toujours été de prôner un retour à la religion d’Abraham.
Abraham est désigné
dans le Coran comme « monothéiste » et
« musulman ».
Prônant ce retour unificateur, Mohammed
épousa une chrétienne, Maria la copte, dont il eut un fils qu’il appela Ibrahim.
Ibrahim, le fils de Mohammed
est mort en bas age.
Le mot « Allah » est la seule
façon de dire « Dieu » en arabe : Ce mot existait avant l’Islam,
est resté après lui et naturellement est toujours celui qui est utilisé par les
chrétiens arabophones.
Le mot « Islam » est le « nom
verbal » du verbe « aslama » (= « conserver
sain et sauf, islamiser »), 4éme forme du verbe « salima »
(= « être sain et sauf »).
Il figure assez peu dans le Coran qui
traite assez peu des conversions.
« Mouslim » = « musulman »
est le participe actif du même verbe. Tout ce vocabulaire contient l’idée
d’apaisement et de sécurité.
Mais, au moment de la « révélation »
de Mohammed, le judaïsme et le christianisme se
déclaraient également descendre de la religion d’Abraham, tout en se
rejetant l’un et l’autre.
C’est pourquoi pour désigner ceux que l’on
appelle aujourd’hui « musulmans », parmi les autres croyants
qui s’estimaient également successeurs d’Abraham, c’est l’idée de
« disciples de Mohammed » qui a d’abord prévalu chez les non-musulmans,
d’où le mot « Mahométan », plus tardif et apparenté à la
prononciation ottomane, qui fut employé en français jusqu’au XIXème siècle.
Pour un européen, au Moyen Age comme
encore aujourd’hui, la prononciation du mot Mohammed est difficile, et
sa transcription est restée longtemps variable : On trouve, au Moyen
Age, de nombreuses variantes, dans les poèmes ou les romans, en latin ou en roman,
comme : « Vita Mahumeti », « Otia
de Machomete », « Le roman de Machomete »,
etc. œuvres souvent assez fantaisistes.
Elle est aujourd’hui fixée - difficilement car ni
le « o », ni le « h », ni « la
syllabe précédant le redoublement du « m », n’ont de correspondance
stricte avec le français, et la difficulté est encore accrue par le fait qu’il
existe « deux « h » très différents l’un de l’autre en
arabe,
2 – La
grammaire arabe : Pour des raisons linguistiques et
culturelles évidentes, le Coran doit être, au mieux, entendu et commenté, et
discuté, en arabe.
Le second membre de la « chahada »
ne comporte aucun verbe en arabe, ce qui est conforme à la « phrase
nominale » arabe, et celle-ci est un prédicat dépendant du verbe et de
la personne énonciatrice du témoignage.
Ce verbe énonciateur est dit à « l’inaccompli » :
On le traduit en français par le temps du moment de l’énonciation, soit ici, un
présent.
Dans le prédicat, le français exige d’insérer le
verbe être, qu’il convient d’utiliser aussi au présent, cette fois non pas pour
indiquer le temps de l’énonciation, mais celui
d’un énoncé éternel.
Le verbe arabe, lui, ignore les temps, que la
phrase précise à l’aide d’autres catégories de mots.
Par contre, le verbe arabe utilise des catégories
inconnues du français, que l’on appelle « aspects », et que
l’on traduit maladroitement par « accompli », « inaccompli »
et « subjonctif ». Mais ces « aspects » ne
correspondent absolument pas aux temps européens.
Ainsi, lorsqu’un arabophone dit « je
viendrai te voir demain, In Cha’ Allah »,
il emploie le verbe « venir » au futur, mais le verbe « vouloir »
arabe, dans « in cha’ Allah », à
« l’aspect » que l’on appelle « accompli »
qui ne pourrait logiquement être traduit en français que par un passé.
Sans d’ailleurs qu’une traduction comme « si
Dieu l’a voulu » ne soit très bonne non plus, puisque l’expression
indique en fait « la certitude d’un fait indépendamment du temps ».
Chaque langue a son génie.
3- Les
ouvertures de la physique moderne. Autre remarque, assez moderne, c’est
que, depuis quelque temps, chez les scientifiques, la dimension temporelle des
mondes est mise en question.
Il serait pourtant difficile d’ajouter que les
conceptions changent rapidement, précisément dans un domaine où ce mot n’a
aucun sens.
4 – La
grammaire française . La seconde partie de la « chahada »
énonce : « Mohammed est messager de Dieu », et non
« LE messager », comme elle est trop souvent traduite :
Il est certain que grammaticalement « l’état
d’annexion » de « Dieu » à « messager »
(« Idafa ») apporte une « détermination syntaxique »,
laquelle interdit alors l’utilisation de l’article en arabe, mais elle laisse
une « indétermination sémantique ». Souvent le contexte suffit
à lever l’imprécision qui en résulte.
Mais pour déclarer que Mohammed fût
« l’unique messager de Dieu », la langue arabe
disposerait de plusieurs façons de le faire. Cette contrainte grammaticale est
constante en arabe :
Le français, lui, pourrait dire : « Jean,
fils de Pierre », ce qui est une semblable « annexion grammaticale »,
et donc une précision syntaxique, mais elle laisse de la même façon une « imprécision
sémantique », en ne précisant pas si Jean est l’unique fils de
Pierre.
Par contre, le français pourrait dire « Jean,
le fils de Pierre », ce qui apporte, en fait, deux précisions
relatives à Jean.
Mais la grammaire arabe interdit de poser un
article devant un mot déjà déterminé par une « annexion ».
L’arabe devrait dire alors : « le seul, l’unique, etc . »
ou utiliser bien d’autres tournures encore.
D’autre part, « rassoul »
signifie « messager », et non « prophète »,
qui se dit « nabi » en arabe : Le Coran fait la
distinction entre les 2 mots : cf. Coran, Sourate 33, verset 40 :
« Mohammed n’est le père d’aucun homme parmi vous, mais il est
« messager de Dieu » et « sceau des prophètes … » :
« مَا كَانَ مُحَمَّدٌ
أبَا أَحَدٍ مِن
رِجالِكُمْ وَ
لاكِن رَسولَ اللّهِ
وَ خَاتَمَ أَلنّبِّيِّنَ
.. ».
|
« Le sceau des prophètes » in : La sagesse des prophètes Muhyi d din ibn ‘Arabi Spiritualités
vivantes – Albin Michel |
En couverture, un sceau en lettres koufiques
reprenant 4 fois la formule : « houwa Allah ». clic. « La sagesse
des prophètes », traduit par Titus Burckhardt. Ibn ‘Arabi était un soufi mystique d’Espagne,
né à Murcia en 1165, mort à Damas en 1240. |
L’article défini français et l’article défini arabe
n’ont ni la même origine, ni le même emploi, ni le même sens.
Les articles définis des langues d’origine romane
viennent du démonstratif latin « ille,
illa, illud ». Il n’en va pas de même de l’article arabe, ni de son
usage.
La langue espagnole, qui a mieux assimilé le
génie de la langue arabe, emploie régulièrement simultanément les deux articles
qui ont en effet un sens différent l’un de l’autre et dit par exemple :
« el al-macen » là où
le français dit seulement : « le magasin » (=
arabe : « al makhzen »), et appelle « El Alcoran »
ce que nous appelons « le Coran ».
[27] Le Coran
n’a de cesse de fustiger Pharaon. Pourquoi ?
Un
fait mérite ici d’être expliqué : On sait ce que le christianisme doit aux
religions de l’Egypte ancienne et l’on sait d ‘autre part ce que l’islam
doit au christianisme.
Or le
Coran n’a de cesse de fustiger Pharaon. Pourquoi ?
C’est
précisément ce désir de réconciliation qui explique cet apparent paradoxe
: Pour le Coran, la Torah et les Evangiles
(« Injil ») ont tous deux été révélés aux hommes par Dieu,
de la même façon aux juifs puis aux chrétiens, puis les uns et les autres se
seraient détournés de la voie droite.
Mais
le christianisme ne fustige jamais l’Egypte, et cela très
précisément parce que le Nouveau testament (les Evangiles) s’instaure en
rupture radicale avec le message de l’Ancien Testament (la Torah) comme
il le déclare lui-même (St Paul, St Jean, etc. Les juifs étant
tenus pour responsables de le mort de Jésus, les versets à leur encontre
sont nombreux et violents.)
L’explication de ces divergences de perception radicales entre le christianisme
et l’islam, c’est dans l’histoire de Moïse qu’il faut la
rechercher :
Pour
la Torah, Moïse est le fondateur du Monothéisme.
(Cf.
aussi Freud : Moise et le Monothéisme. Ce dernier écrit de Freud
(1939), écrit à Londres où il était réfugié, lui tenait à cœur, et est
important. Moise y est démontré avoir été un égyptien important. La
tradition veut que la sœur aînée de Moise s’appelât Maria)
Pendant
longtemps, et peut-être encore jusqu’à aujourd’hui, l’Eglise enseigna
une ascendance culturelle sienne juive, probablement parce que les
hiéroglyphes nous étaient devenus inaccessibles depuis plusieurs siècles avant
la vie de Jésus, et cela jusqu’à Champollion.
Les
Evangiles introduisirent
tout de même la rupture du christianisme avec la Torah et le
concept de Nouvelle Alliance. En contre partie, le judaïsme n’a jamais
reconnu Jésus.
On se
demande pourquoi Torah et Evangile sont encore si souvent réunis sous
le même vocable de Bible (= « livre » en grec, tout
simplement), car le contre-sens est énorme, et l’on peut aujourd’hui désormais
mieux comprendre la genèse de ces corpus dogmatiques.
[28] Cf. dans la Note de bas de page N°5,
à propos des populations touaregs, dans notre page : http://jadeperson.free.fr/
:
On en
rapprochera :
BOUCHE : L'ouverture de la bouche des momies, par
où passe l'âme = souffle = vie, etc. : C'est évident qu'il y a un rapport avec
le « voile – turban – linceul » des touaregs, (de même quand on fait 2 trous devant les yeux d’un
sarcophage dressé debout : c’est pour que le mort voit le monde).
ŒUFS : Sans doute doit-on rapprocher le
fait que les touaregs sont sans doute la
seule culture qui ne mange pas d’œufs de poule, de ce "sarcophage (en
grec) , mais = "oeuf de la résurrection"
(en hiéroglyphes) : (c'est le mot égyptien pour dire
sarcophage => cercueil en français, mot qui est une bien mauvaise
traduction grecque). Ce sont
là très probablement tabous et religion dont les racines, les
origines, ont pu être oubliées, à rapprocher aussi de la « fête des oeufs de Pâques »
(passée dans le
christianisme à Pâques) pratiquée depuis 5000 ans en Egypte (« Cham en
Nessim » aujourd’hui est toujours la plus grande fête de l'année en Egypte).
Les « Chamites »
(on hésite sur le nom à leur donner) (= Egyptiens du Nord de l’époque
pharaonique, de la Vallée du Nil, mais aussi des oasis comme Siwa (et
peut-être aussi Dakhla) + Kabyles en
Algérie ( « Qabila » = tribu en arabe) + Berbères du Rif, du Sous
et de l’Atlas au Maroc (<= « Barbaros » en grec = qui ne parle
pas grec) + Touaregs nom en amazight, leur langue commune) sont la population ancienne de l’Afrique
du Nord, aujourd’hui dispersée en îlots par les invasions arabes. Ils
sont une seule et même culture, qui ne doit aux arabes qu’un islam peu ancré
en profondeur, peu suivi dans ses pratiques vestimentaires (les femmes ne
portent pas le voile au contraire des hommes), et alimentaires (boivent du
vin assez librement) etc. |
|
=> Cf.
in : Encyclopédie berbère http://encyclopedieberbere.revues.org/2328 => « …L’œuf
d’autruche représente environ le poids de 24 œufs de poule. …Chez les
touaregs, alors que les nobles s’abstenaient d’en manger, les esclaves les
appréciaient beaucoup en omelette ou cuits sous la cendre, les coquilles
pouvant servir ensuite de récipients à beurre »… et => |
|
« Montage d’une
coquille d’œuf d’autruche dans une gaine de cuir. Porte-bonheur
d’Agadez ». (Photo M. Gast)
|
VIRGINITE : Ce sont les gens de l'esprit
surnaturel (dans la fécondation, le rapport sexuel ne suffit pas a
donner la vie, et on peut même s'en passer ), de l'âme immortelle et de
la résurrection.
Cf. :
les pharaons étaient tous réputés de père divin, et de mère charnelle, et bien
sûr aussi, Jésus fils de Maria et de Dieu manifesté sous la forme du Saint
Esprit.
On
n’oubliera pas d’ailleurs que ces gens avaient tous sous les yeux
–particulièrement il y a 7000 ans, au temps de la verdeur et des rivières
sahariennes, des reptiles (crocodiles et gros lézards verts du désert), dont
les femelles pratiquent couramment la « parthéno–genèse » (du
grec « parthénos » = vierge), c’est à dire « la
production d’œufs non fécondés mais viables sans rapport sexuel ».
Ce ne sont
pas des clones, mais, cependant, comme tous les chromosomes sexuels des
femelles sont des X (comme chez les
humains, les femelles sont XX et les mâles sont XY) la « parthéno-génèse » ne
donne que des femelles.
Or les
pharaons étaient quelquefois des mâles, quelquefois des femelles ; ils se
mariaient entre frères et sœurs, et Jésus fut réputé être un mâle.
[29] Pourquoi le christianisme a-t-il
conquis la Grèce ?
Alors
même que la Grèce pouvait sembler militairement plus forte, dans tous
les domaines culturels, et particulièrement dans le domaine religieux, c’est la
culture égyptienne qui fut transmise à la Grèce - et non l’inverse -
même si la langue grecque a administrativement dominé la langue égyptienne.
La
raison principale en a été, à l’évidence, la grande « vulnérabilité/avidité
religieuse » que la Grèce présentait à ce moment là – résultat
d’une évolution longue, lente et continue - bien plus forte que celles de
toutes les autres nations issues de la même culture indo-européenne (Perse
ou monde latin par exemple). La Grèce avait en effet perdu presque
toutes ses racines et sentiments religieux issus de sa culture indo-européenne.
Seul
le nom de Zeus avait acquis une certaine transcendance.
En
revanche la Grèce avait davantage que les autres européens intégré le monde
méditerranéen oriental ancien, pré-héllénique – mal connu d’ailleurs – à
Rhodes, à Chypre, en Crête, etc.
Un
simple exemple le montrera, mais les exemples de ce type pourraient être une
multitude :
L’indo-européen avait, pour désigner le feu, un
« doublet religieux-profane » :
Ø Un mot de « genre animé »
(masculin-féminin) correspondant au dieu « Agni », dont les
latins ont fait le mot « ignis »,
Ø et un autre mot de « genre
inanimé » (neutre) désignant « la chose »,
l’objet : C’est ce seul mot neutre que les grecs ont retenu, et adopté sous
la forme « πυρ » (« pur »),
totalement profane, et qui a d’ailleurs donné notre radical-préfixe « pyr- ».
Cette
« vacuité religieuse » pourrait bien avoir tenu un rôle
majeur dans la formation puis dans la diffusion du christianisme, qui n’apparaîtrait
alors que comme une sorte d’accomplissement.
Car,
en réalité, « l’importation culturelle » des grecs, et même de
toute l’Europe dura plus de 1000 ans.
La
présentation historique traditionnelle de l’installation d’Alexandre le
Grand en ce qui deviendra désormais Alexandrie d’Égypte, est celle
d’une conquête. Et il est incontestable que la conquête a eu lieu, puis qu’Alexandre
développa la ville.
Mais
en même temps, et c’est probablement ce qui comptera le plus pour l’avenir de
tout le Bassin Méditerranéen, sinon davantage, désormais les grecs – que
représentait Alexandre de Macédoine - allaient « s’abreuver »
à « vannes ouvertes » en recueillant un héritage égyptien
considérable.
Le
« pont maritime » durera 300 ans, jusqu’à l’invasion romaine.
[30] Un nouveau dictionnaire
étymologique du grec, écrit en grec ( G. Babinioti ; paru en
novembre 2009) fait apparaître le mot « Ièsous », (en le
déclinant, fait important, car les mots empruntés à l’hébreux ne sont jamais
déclinables en grec comme c’est le cas (infra) de Joseph, David et
Emmanouèl, mais non de Maria).
Ce
dictionnaire donne comme étymologie de « Ièsous », l’hébreux
« Yechuah » (écrit à moitié en
phonétique, mais pas en hébreux) mis à la place, - précise l’auteur - de
« Yehochuah » (= « dieu
sauve » ? ) ; (étymologie
déjà alléguée qu’on trouve aussi sur internet) en s’appuyant comme
unique source, sur l’Evangile de Matthieu : 1, 21.
Si on
consulte alors l’Evangile de Matthieu, il n’y est en aucune façon
fait allusion à un « Yechuah ».
L’Evangile de Matthieu est écrit en
grec : La traduction des versets 18 à 23 donne :
18. Voici donc l’ascendance de « Ièsous Christos »
[ traductions : = « Jésus le oint ou l’embaumé = « Ièsous
massih » = Jésus le messie »] : Maria sa mère était accordée en mariage à Joseph.
Or, avant qu’ils n’aient habité ensemble elle se trouva enceinte du saint
esprit.
19. Joseph, son époux pour pas
la diffamer publiquement voulut la répudier secrètement.
20. Il avait formé ce projet, mais un
ange du seigneur lui apparut en songe et lui dit : « Joseph fils
de David, ne crains pas de prendre Maria pour épouse, car ce qui
a été conçu en elle vient du saint esprit.
21. Elle enfantera un fils, et tu
l’appelleras « Ièsous » car il sauvera le peuple de ses
péchés.
22. Tout cela arriva pour que
s’accomplisse ce que le seigneur avait dit par le prophète,
23. « la vierge enfantera et
ce sera d’un fils, qui sera nommé Emmanouèl - ce qui signifie - dieu
est avec nous ».
etc. ..
c’est ainsi qu’il le nomma « Ièsous ».
_________________________________
Essayons
donc de ne pas nous perdre entre transcriptions, traductions et
supputations : Ainsi, mot à mot, Matthieu écrit donc que la mère de « Ièsous » (mot
grec) est Maria (mot et prénom
égyptien commun) et que son père est le saint
esprit (ou « saint souffle » : en grec : « πνεύμα αγίος »).
(Notons au
passage que ce triplet ne représente pas « la trinité chrétienne »).
Il ajoute
que Joseph fils de David est son père adoptif ;
Matthieu écrit d’ailleurs « fils » (« υιον ») et non pas « de la lignée
de ».
[Rappelons que les hébreux n’ayant jamais reconnu « Ièsous », on comprend mal, dans ces conditions, pourquoi certains cherchent à trouver absolument au mot « Ièsous » une étymologie hébraïque, jamais nulle part dans les documents, ni énoncée ni écrite]
Le
dictionnaire étymologique du grec de Chantraine : ↓
NB : Le « z » était prononcé « zd » en
grec ancien. |
|
|
|
Remarquons
aussi que l’évolution phonétique du latin « dies » a donné
« jour » en français. Notons
aussi que Ammon-Zeus , « Άμμωνα
Δία », (écrit en grec avec deux « m »)
était déjà une divinité « gréco-égyptienne » mêlant, ou
identifiant, le dieu égyptien Amon avec le dieu grec Zeus dès
le début de l’époque hellénistique. Les
sanctuaires consacrés à Zeus-Ammon étaient déjà nombreux dans le monde
grec, et même en Égypte, puisque c’est dans l’oasis de Siwa,
dans un sanctuaire qui était consacré à ce dieu, qu’Alexandre le Grand
reçut d’un oracle la confirmation qu’il était fils du dieu. Les
prêtres le reconnurent comme tel. |
|
|
|
Le
dictionnaire étymologique du grec de Chantraine permettrait cette
possibilité de « uios » => « us » :
↓ |
Le
dictionnaire étymologique du latin de Meillet : ↓ |
|
|
[32] Il est tout à fait hors de doute
que l’araméen a été profondément hellénisé, et non l’inverse. Il
en va de même jusqu’au persan et à l’arabe.
Selon
Ali Mérad (« Que sais-je » N° 3406), Le mot grec
« dia-bolos » serait à l’origine du mot arabe « Iblis »
du Coran.
Notons
que la lettre « delta » initiale de « dia-bolos »
avait disparu à l‘époque hellénistique pour laisser place au « yod »
en cette position : Ainsi « διάϐολος » => « γιάϐλος » => « γιάλος » ; (prononcer le « gamma »
comme un « i grec » devant « i » et « e »,
puis le « ϐ » comme un « v »).
Par
ailleurs, pour certains musulmans, Malek Tawûs
(« L'Ange Paon ») était dans le Jardin d'Éden quand, à
cause de sa fierté, il a refusé l'ordre de Dieu de se prosterner devant Adam
(de même que « Iblis » dans le Coran. Ce spectacle de
fierté aurait établi une hostilité éternelle entre Dieu et « l'ange
Paon », qui ne serait pas Azazel, mais Azrail. Cf. in
Wikipedia : Le Yézidisme, « qui plonge
ses racines dans l’Iran antique… » : clic.
Extension du grec dans tout le bassin méditerranéen oriental :
Citons ici A. Meillet, éd. Klienckseck, Paris, 1965,
in : Aperçu d’une historique de la langue grecque, pp. 269-270 :
« Peu propre à la poésie, la « κοινή » (« koïnè ») était au contraire
un bon outil pour la science et la philosophie. Un long usage avait fixé le
sens des mots, assoupli la phrase, et philosophes et savants avaient dans le
grec commun du IIIe siècle av. J.-C. le moyen d'exprimer leurs idées d'une
manière exacte et nuancée.
Soit par l'influence directe du grec des philosophes et des
savants, soit indirectement par l'entremise du latin, dont le vocabulaire
philosophique et scientifique est emprunté ou imité du grec hellénistique, la
« κοινή » a exercé sur le
vocabulaire de toutes les langues européennes une action dont on ne se
représente pas toujours assez l'importance.
Un mot comme le latin conscientia, qui est courant dans la prose
littéraire à partir de la Rhétorique â Herennius, est le calque du mot
hellénistique « συνείδησις », tout comme
l'allemand gewissen ou le russe sovest' sont des calques de conscientia.
La valeur du latin humanus, humanitas ne se comprend que si l'on
sait que ces mots ont servi à rendre φιλάνθρωπος. φιλανθροπία.
Le vocabulaire abstrait des langues modernes de l'Europe remonte
ainsi à celui qu'ont employé, et pour une large part créé, les savants et les
philosophes de l'époque hellénistique. Le travail fondamental à faire pour
l'histoire du vocabulaire européen consisterait à déterminer le vocabulaire
intellectuel de la « κοινή », en tenant compte
des origines ioniennes et attiques et en en suivant l'usage à l'époque
hellénistique.
Par malheur, la perte de la plupart des ouvrages des philosophes et
des savants de cette époque, s'ajoutant à la perte des ouvrages principaux des
anciens Ioniens, rend la recherche difficile, et même en partie impossible;
mais il serait de grande importance de chercher ce que les données permettent
de reconnaître.
C'est aussi sous l'influence de la phrase grecque que les Latins
ont appris à assouplir leur langue pour lui permettre de rendre des idées
compliquées; et c'est le modèle grec ou le modèle latin, fait d'après le grec,
qu'ont reproduit à leur tour les écrivains qui depuis ont eu à exprimer des
idées dans les diverses langues de l'Europe.
Tous ceux qui expriment aujourd'hui des idées abstraites se servent
de mots et de tours de phrase qui viennent des Grecs, et en particulier des
Grecs de l'époque hellénistique.
En forgeant des mots nouveaux avec des éléments grecs, les savants
modernes continuent une tradition, et le fait qu'on a donné à des inventions
nouvelles comme le télégraphe, le téléphone, le phonographe, le microphone, des
noms grecs et que, malgré l'ignorance grandissante de l'antiquité, l'automobile
a un nom à demi grec atteste jusqu'aujourd'hui l'influence de la « κοινή », qui est encore par là en un certain sens
la langue commune de la science et de la technique.
Le latin a arrêté en Occident les progrès de l'hellénisme il a
refoulé le grec en Italie méridionale et en Sicile. Mais il n'y a réussi qu'en
devenant, pour les choses de civilisation, un Calque du grec.
Le terme avatar trouve son origine en Inde (du sanskrit avatara:
descente, ava-T? : descendre) et signifie « descente, incarnation divine »1.
Dans l'hindouisme, un avatar est une incarnation (sous forme d'animaux,
d'humains, etc.) d'un dieu, venu sur terre pour rétablir le dharma, sauver les
mondes du désordre cosmique engendré par les ennemis des dieux (les démons).
Généralement les avatars sont ceux du dieu Vishnu, fils de la déesse Ahi?sa et
du dieu Dharma2.
Ainsi, tandis qu'il n'y a pas plus dans les langues occidentales de
mots phéniciens venus de Carthage qu'on ne trouve en Sicile, ou même en Tunisie
de monuments carthaginois, tandis que la Carthage punique, dont la force
n'était que politique et commerciale, a disparu tout entière, l'hellénisme, qui
était une civilisation, vit dans les langues modernes de l'Occident à travers
le latin.
L'araméen, qui est devenu en Orient une sorte de lingua franca dans
les siècles qui ont précédé et suivi le début de l'ère chrétienne, a subi
l'influence grecque.
Les Parthes, qui ont relevé contre les Grecs l'indépendance de
l'Iran, se sont pénétrés de la civilisation hellénique ; ce n'est que la
dynastie sassanide qui a rompu avec l'influence de l'hellénisme.
Par l'araméen et par l'iranien, l'influence grecque s'est étendue à
l'arabe au moment où s'est formée la civilisation islamique.
Le christianisme, constitué à partir du début de l'époque impériale
dans la partie orientale de l'empire romain et que l'Occident a vite adopté, a
eu pour langue le grec.
Les ouvrages qui constituent le Nouveau Testament sont en grec.
Au fur et à mesure qu'a grandi le rôle du christianisme, la « κοινή »
s'est dégagée des traces de conception ancienne que la tradition y
maintenait elle a pris ainsi un caractère universel et tout rationnel.
Quand le christianisme s'est étendu sur tout l'Empire et hors de
l'Empire, il a porté avec lui, directement ou indirectement, l'influence de la
langue grecque.
En latin, la langue du christianisme est imitée du grec les termes
techniques sont ou empruntés au grec, ainsi presbyter ou ecclesia, ou pénétrés
de valeurs grecques, ainsi misericordia qui rend έλεος, dominus qui rend κύριος.
Les langues littéraires qui se sont établies en Orient, le gotique,
l'arménien, le copte, le slave, sont calqués sur le grec en tout ce qui relève
de la doctrine chrétienne et même de la civilisation en général.
Dans le monde chrétien, donc dans tout le monde civilisé
d'aujourd'hui, les langues reflètent ainsi la « κοινή » hellénistique. »
[33] Cet « universalisme »
(= en grec « catholicos ») est exactement le même que celui
qui a fait la grande fierté des « révolutionnaires » de 1789.
Il y
a donc là une très longue continuité civilisationnelle.
Mais
paradoxalement, à l’heure où cet « universalisme » est devenu
comme « à portée de main », voire s’impose, cela même qui a
motivé la grandeur d’une « exaltation », pour laquelle l’homme
était capable de se battre, lorsqu’il ne pouvait l’atteindre, est aussi en
passe de devenir sa faiblesse :
A
l’heure de la mondialisation, beaucoup s’y trouvant insatisfaits parce que
noyés dans la masse, conviés à jeter leurs drapeaux parmi les vieilles
affaires, réduits à l’état d’instruments automatisés, d’autres au contraire –
et parmi eux, fait notable, des religieux - se lèvent pour affirmer leur
identité.
Entre
anonymat, fruit de nécessaires soumissions, et identité, fruit d’inévitables
particularités, l’homme semble en perpétuelle recherche des germes qui l’ont
conduit à l’un et à l’autre, et qu’il est bien incapable de découvrir.
C’est
pourquoi cette insatiable quête originelle tient une si grande place dans les
tréfonds de l’histoire de l’humanité.
[34] Cf.
In : Mirambel Grammaire du grec moderne, Introduction, p. XV, Ed.
Klincksieck, 1939, retirage 2002, ISBN 2 252 03381 9 :
|
[35]
Instabilité « Δ » => « Ι » noté en
fait « ζ » à Elée (région napolitaine) :
In : « Phonétique historique du
Mycénien et du grec ancien », Michel Lejeune, Edition Klincksieck,
11 rue de Lille, Paris, 1972 : Cf. particulièrement la note de bas de page :
↓ |
|
[36] C’est peut-être à une dérivation
semblable que pourrait faire appel Ali Mérad
(in :
« Exégèse du Coran » ; édition P.U.F. collection « Que
sais-je » ; Paris 1998)
quand
il fait dériver le nom du personnage « Iblis » cité dans le
Coran (décrit comme « fait de feu ») (équivalent du « Lucifer »
de la Genèse), du mot grec « dia-bolos » qui a donné en
français « diable ».
Grec archaïque |
Grec classique |
Latin |
français |
arabe |
Di(w)(y)os |
Zeus |
Deus |
Dieu |
En
arabe, le mot Dieu dérive d’une construction complètement différente : [Al + ilah =>Allah] |
Dia – Bolos [= littéralement « qui désunit »] [Di-a ou dis-a
= Za = idée de division (apparenté au
latin « dis- ») |
Dia-bolos |
Dia-bolus [« Luci-fer = « Qui porte la
lumière »] |
Dia-ble |
[=> I + blis
=> Iblis] (créé
à partir du « feu », et c’est pourquoi il refuse de se
prosterner devant Adam créé à partir de « l’argile ») (Dans
l’hypothèse d’une telle filiation [Dia-bolos
=> I-blis], intuitive sans être matériellement étayée, le fait
que ce soit le son « i »
qui est resté pourrait orienter vers d’intéressantes recherches). |
Il ne
peut nous étonner q’un même concept ( feu, lumière) donne naissance à un couple
de mots désignant deux opposés (Dieu, lumière du jour et Lucifer, qui porte la lumière) : C’est un phénomène très
fréquent dans les langues dites archaïques et les exemples foisonnent :
Latin |
Sacer |
= sacré et impur |
Arabe |
Haram |
= sacré et interdit |
[37] Précisément
l’écriture chrétienne « ous » aurait pu transcrire le son
classique « us » (= « fils »). Cf. In : Mirambel
Grammaire du grec moderne, Introduction, pp.XIV et XV, Ed. Klincksieck, 1939,
retirage 2002, ISBN 2 252 03381 9 :
|
|
[38] C’est un phénomène tout à fait
habituel, quand la prononciation populaire évolue, que la prononciation « sacerdotale »
(« sacrée ») cherche à maintenir la tradition.
C’est
même l’une des principales fonctions des clergés dans les religions : d’où
par exemple tout notre vocabulaire conservé : de « chrétien »
et non de « oint » ; de « catholique »
et non « d’universel » ; « d’église » et
non « d’assemblée » ; etc., conservé même en dépit
du « concile Vatican II ».
C’est
pour cette même raison que, pour la langue arabe, quelle que soit la confession
de l’arabophone, le Coran joue le même rôle que l’académie française
pour la langue française :
C’est
ce que refuse de comprendre notre « Education nationale » en
interdisant dans les universités l’apprentissage du Coran, au nom d’une
« laïcité » dont ce ne serait pourtant pas la fonction
d’empêcher l’apprentissage des langues et des religions.
« Laïc »
n’a jamais voulu dire « anti-religieux », et, nécessairement,
toute langue a une fonction sacrée qui en maintient la consistance et
l’esprit : sinon elle se déliteraient.
C’est
pourtant notre roi François 1er qui avait officialisé l’enseignement des
langues orientales avec la fondation du « Collège de France »
à Paris – heureuse initiative !
Son
revers – pourtant non nécessaire – en est que c’est lui aussi qui, par l’édit
de Villers-Cotterets, nous fit adopter la langue française comme langue
nationale, alors que rien ne l’y obligeait - au prix de lourdes pertes,
linguistiques en matière de latinité et de compréhensions européennes –
invitant aussi les ottomans à Toulon et en méditerranée
occidentale, empêchant l’Europe de reprendre Constantinople, et
la France d’être présente à la « bataille de Lépante »
- fierté de Cervantès - en 1571, dont la victoire un terme à l’expansion
ottomane.
Il
fut notre premier grand « anti-européen ».
On lit dans le livre de A. Meillet, « Histoire de la langue grecque », Paris, Klincksiek, 1965 : ↓ |
|
Et dans : « Extraits d’Hérodote,
classiques pour tous, Hatier 1933 », Henri Cabrol note
déjà les mêmes altérations (passage de « α » à « η », etc.) dans le dialecte
ionien d’Hérodote d’Halicarnasse (- 490 à 425 Avt J.C.) ,
dialecte qui deviendra celui de la « κοινη »
: ↓ |
|
[40] Note sur l’arabe et l’hébreux :
1.
Ces sont des langues faisant partie de la famille des langues dites « sémitiques ».
Ces langues sont relativement
nombreuses, mais on ne peut pas toujours, en considérant l’état de langues
parlées il y a 1000 ou 2000 ans, en déduire entre elles des parentés de
beaucoup antérieures ; et il est souvent difficile de relier une langue à
un peuple : les langues n’ont pas grand chose à voir avec les peuples qui
les parlent.
C’est particulièrement vrai pour
les parentés entre l’arabe et l’hébreux - même s’il s’agit là d’un « topique »
jamais remis en question - et nul ne connaît vraiment l’origine des liens de
proximités linguistiques, actuellement évidents, entre la langue hébraïque et
la langue arabe, parlées aujourd’hui par des peuples en vérité jadis fort
différents.
En ce qui concerne les langues et
les peuples, il est d’ailleurs souvent impossible de classer ou définir
certains termes qui ne rentrent pas dans les cases façonnées par notre pensée
moderne :
La question est difficile en ce
qui concerne « les indo-européens ».
Elle relativement facile, quoique
non simple, en ce qui concerne le mot « arabe » (ce qui ne
veut pas dire que ces difficultés ne viendront pas un jour) : On définit
ce mot à partir de populations ayant eu un vécu plus ou moins clos – qu’il
n’est pas de notre sujet de détailler ici – associées à une langue que l’on
arrive à suivre depuis 4000 ans – à l’origine « l’akkadien » :
On en retrouve des traits linguistiques et des traces historiques homogènes.
Il est plus difficile d’appliquer
de mêmes règles à un « peuple hébreux », ayant – peut-être - vécu
il y a quelques millénaires autour du « croissant fertile » en
l’associant à la langue de « l’Ancien testament » et de la
nation d’Israël d’aujourd’hui.
Si les proximités linguistiques
entre l’hébreux et l’arabe d’aujourd’hui sont une évidence, on ne saurait dire
avec précision ni où, ni quand, ni comment elles naquirent.
2.
Quoiqu’il en soit, en
ce qui concerne la question très précise du mot « Jés-us », qui selon notre travail signifierait « Dieu-fils »,
ajoutons quelques remarques :
Dans lesdites « langues
sémitiques », la divinité se dit « El » en hébreux et
« Ila » en arabe : le mot « El »
apparaît en hébreux dans tous les prénoms se terminant par « -
el », des mythes tels que celui de la « Tour de Bab-el »
(= la porte de Dieu), des toponymes (« Babylone »)
etc..
En arabe, le mot « Allah »
est de même une composition de l’article « El » et du mot
« ilat ». Le « t », est ici une marque du
féminin, car ladite divinité était autrefois féminine. Le Dieu est maintenant
masculin, mais Il en reste un « h » orthographique, sans les
deux points qui en faisaient la marque du « t » du féminin.
Le mot est largement anté-islamique.
C’est le mot par lequel les
chrétiens désignent Dieu en arabe.
Tout de même que notre mot « Dieu »
est largement anté-chrétien – si l’on peut dire – puisque la langue française
n’existait pas au moment de la naissance du christianisme.
3.
Ce qui est certain,
c’est qu’il est très facile de dire « Dieu-fils » ou « fils
de Dieu » en arabe ou en hébreux.
Mais l’Islam n’a pas voulu le faire.
Antérieurement, le judaîsme
n’avait pas voulu le faire.
Ce qui est tout à fait
extraordinaire, c’est la conviction avec laquelle certains théologiens
chrétiens affirment avoir trouvé des origines étymologiques hébraïques au mot
« Jésus » - sans jamais d’ailleurs prendre en compte une
signification qui serait véritablement en adéquation avec la fonction de
« Jésus » (par exemple, précisément une traduction de « Dieu-fils »
ou de « fils de Dieu ») alors que :
o
d’une part « Jésus »
- qu’il fusse « Dieu » ou non – réel ou symbole - a toujours
été dit « fils de Marie » alors qu’aucune femme juive (le
concept de judaïté était plus facile à cerner il y a 2000 ans qu’aujourd’hui)
n’a jamais été prénommée « Maria »,
o
et que d’autre part, « Jésus »
n’a jamais été reconnu par le judaïsme.
Etymologie du mot Christos in : Dictionnaire étymologique de la langue grecque de Pierre Chantraine. Paris, Editions Klincksieck, 1984: (Christos = Massih = Messie) ↓ |
|
|
|
On
aura remarqué que dans « le saint chrême », « l’onction
des rois de France », le mot « chrême » est de même origine que
« Christos » : N°2 :
« Chrisma » = « onction ». |
[42]
Note sur le
suicide de l’historien Dominique Venner : On rapprochera de cette iconographie saisissante, le
suicide de l’historien Dominique Venner, devant l’autel de Notre Dame
de Paris le 21 Mai 2013.
L’autel
est, pour les catholiques, riches de symboles violents, et en premier lieu de
sacrifices expiatoires :
1.
Il
évoque peut-être le sacrifice d’Abraham. De toutes façons l’idée de
sacrifice est omniprésente dans la religion catholique.
Mais dans le cas d’Abraham, ce n’est pas Abaham qui
est sacrifié : Dieu demande à Abraham d’immoler son fils :
Abraham est sur le point de le faire lorsque Dieu déclare que ce n’était qu’une
épreuve, et qu’un agneau pourra être immolé à la place de son fils (=>
l’évènement est commémoré tous les ans par les musulmans lors de
« l’Aïd el kébir = Aïd el Adha = fête du sacrifice »)
.
2.
Dans
le cas de Jésus, la tradition veut que Jésus ait accepté sa
crucifixion, en signe de soumission à son père, « pour racheter les
péchés du monde ». La suite nous apprendra qu’il est ressuscité.
Le célébrant commémore au cours de chaque messe la
transsubstantiation du corps de Jésus dans la consécration du pain
et du vin qu’il offre aux fidèles, en faisant dire à Jésus :
« ceci est mon corps », « ceci est mon sang ».
3.
Dans
le cas de Dominique Venner, incroyant au catholicisme, qui prônait le
retour aux coutumes religieuses celtes, plusieurs éléments des mêmes registres
interviennent :
En vérité,
le geste explicite est parfaitement compris de tous. Il n’a pas été beaucoup
cité.
Pourtant,
en France, on parle de plus en plus de « mémoire », et d’une
certaine façon, sous les vocables de mémoire et de respect de nos pères, c’est
bien « de religieux » qu’il s’agit.
____________________________________________________________
[43]La séparation de l’Église
et de l’État :
Il en résulte par exemple que la séparation de
l’Église et de l’État existe déjà en germe en Égypte pharaonique.
Certes, il s’agit là de deux institutions terrestres, et l’Église n’est pas
l’au-delà. Mais la distinction, qui repose sur deux finalités séparées, toutes
deux d’ailleurs conçues avec le même degré de matérialité, à l’origine, puisque
l’au-delà a autant de matérialité que l’ici-bas, est conséquence de la
reconnaissance de deux mondes: l’au-delà et l’ici-bas. Si le pouvoir a
une allure religieuse en Egypte pharaonique, les « croyants »
n’en font pas moins la distinction entre deux justices, celle d’ici-bas et
celle de l’au-delà. A la même époque ou un peu après, le judaïsme,
lui, et jusqu’au Macchabées, ignore telle conception, et, jusqu’à aujourd’hui,
telle structuration.
C’est pourquoi ensuite l’Evangile fait
réaffirmer à Jésus devant Pilate : « Mon royaume n’est pas de
ce monde » Ceci est en rupture avec le judaïsme, et apparut
révolutionnaire aux juifs qui rêvaient pour le judaïsme un « royaume de
ce monde », mais n’est pas non plus compris par le romain.
Puis, on ne peut que constater, une fois encore, combien
la Révolution française, sous des « apparences » de
dénégation, est redevable du christianisme: La première séparation de l’Église
et de l’État date de 1795, et apparut révolutionnaire à une époque où le
christianisme était devenu religion d’État. (Cf. sur ce site dans le texte
« Entre justice divine et médecine d’État : l’invention de la
psychiatrie », l’une des dernières notes de bas de page (numéro
environ 77) : … « En séparant l’Église de l’État »…).
L’islam est du point de vue du dogme de la séparation entre les
justices des deux mondes, pour des raisons profondes, proche du christianisme.
Pour des raisons bien analysées par Mohammed Arkoun (professeur émérite
à la Sorbonne - Paris III, auteur de nombreux ouvrages), certaines conceptions
de l’islam, sont proches de celles du judaïsme, d’autres de celles du
christianisme. Quoiqu’il en soit, dans l’islam, quels que soient les
comportements de chacun, la distinction entre les justices des deux mondes
demeure, et même, explique les comportements.
Dans la tradition historique, Jésus ou les
« chrétiens des origines », ont été persécutés pour ce qu’ils
faisaient cette même distinction.
On se doit enfin de remarquer qu’au temps des
origines du christianisme, l’islam n’existait pas encore, et que, quand l’islam
est né, le christianisme était devenu religion officielle à Rome ou à Byzance.
Car il existe d’une part la notion de distinction des choses, et d’autre part
la pratique et l’usage, qui parfois en arrivent à instaurer – en son nom-même -
l’inverse de ce qui a été énoncé comme principe fondateur.
Sans au-delà, la distinction entre
« Église » et « État » perd toute signification.
[44] Au commencement sont les
cosmogonies, comme explications du monde, souvent évolutives, d’ailleurs.
Elles
se pensent toujours « les plus rationnelles possibles », pour
expliquer ce qu’on en peut des grands mystères du monde.
Nul,
en effet, ne prétendrait que ses explications sont irrationnelles! Au pire, on
dira que l’on ne sait pas.
Puis,
avec ces explications plus ou moins parcellaires, on organise et nomme les
choses que l’on conçoit ou perçoit.
Puis
ces constructions supportent l’ordre des rapports des gens entre eux, orientent
et guident les aspirations, et finalement toutes les vies.
Ainsi
se forme une culture, au sein de laquelle s’affirme une appartenance, une
identification.
Telles
sont en définitives les allégeances que l’on appelle croyances…
Les
croyances sont comme un couronnement, bien plus qu’un mouvement initial, et le
vocabulaire importe moins que la conception.
Mais
si la conception est abandonnée, le mot « croyance » peut
devenir vide, vestigial, et confiner à l’absurde.
Il
n’est plus alors qu’un piège lexical, quand il devient difficile de parler de
choses que l’on ne comprend pas et ne saurait expliquer.
Mais
les appartenances sus dites n’en sont pas moins déterminantes, et les
différentes conceptions engendrent chaque fois autant de comportements
différents : Telle tribu imaginant son dieu placé dans un petit nuage,
veillant sur le groupe, le suivant dans ses déplacements, pour le protéger, lui
procurer ses bienfaits et lui assurer au besoin la victoire, ne voudra en rien
en partager la puissance, et gardera jalousement jusqu’à son nom de peur qu’une
autre tribu ne se l’approprie.
Au
contraire, un dieu de justice, quand bien même celle-ci ne serait achevée qu’en
un autre monde, sera d’autant plus influent sur l’organisation des relations
des hommes entre eux, même sur terre, que son ordre sera universellement
partagé !
[45]Cf. à propos des inévitables révisions
historiques, le livre récent de jacques Heers : « l’histoire assassinée, les pièges
de la mémoire » Éditions de Paris. 2006.
« ... Alexandria,
principally a Greek city but with a Jewish population of one million, now became
the greatest trading city in the world.
Still less dramatically,
in Roman Palestine the Christian religion was born, to develop silently and
have its principal intellectual seat neither in Palestine nor in Rome, but
among the Greco-Judaic intelligentsia of Alexandria. Already around A.D. 40 the
Jewish pholosopher Philo, wrighting in Greek, had set out to reconcile Greek
philosophy with the teachings of the Septuagint. He was followed in the second
century by celebrated Gnostic teachers such Basilides, Carpocrates, and
Valentinus, against whom a catechetical (or theological) school was set up by
what came to be called “orthodox” Christians. Among these the most famous were
Clement of Alexandria in the second century, and Athanasius in the fourth century.
It was the later’s skill, although he was still a deacon, that dominated the
Council of Nicae in 325, formulating orthodox belief in the divinity of Christ
and in the Trinity ...”
In: “The new atlas of African history” page 34,
by: G.S.P. Freeman-Grenville, 1991.
Simon & Schuster,
A Paramount Communications Company, 15 Colombus Circle, New York, NY
10023.
ISBN
0-13-612151-9.
[48] Les Évangiles présentent Jésus,
par sa naissance, comme le représentant du « dernier des
pharaons » ; mais un pharaons déchu et dépossédé de ses attributs
royaux terrestres. En revanche, il conserve toute la puissance de sa divinité –
soit l’essentiel pour les chrétiens.
La
question posée par les historiens modernes de savoir s’il a « réellement existé »
est relativement nouvelle jusqu’en son vocabulaire, et, à vrai dire, reste sans
grand intérêt, puisque le christianisme, lui, non seulement a bien existé, mais
n’a cessé de développer les valeurs de son message sur la terre entière.
Les
questions des historiens « rationalistes » sont radicalement
insolubles, puisque :
-
D’un
côté, ils se perdent en conjectures sur des détails, pour chercher à expliquer
les textes évangéliques : « Comment Jésus a-t-il pu « marcher
sur les eaux » ? « ressusciter Lazare » ?
« multiplier les pains et les poissons » ? quelle langue
parlait-il ? etc.
-
Et
d’un autre côté, étant « rationalistes », il n’est pas
question pour eux d’admettre « la virginité de Marie mère de
Jésus », qui est pourtant essentielle aux dogmes.
Par
contre, ils semblent ne jamais percevoir le sens profond des paraboles qui sont
précisément l’essentiel du message.
Au
total, les forçages mènent à des incompatibilités et à des anachronismes
insurmontables :
Comment
peut-on réunir en un même livre appelé « Bible », à la fois la
Torah (Ancien Testament) et le Nouveau testament, qui ne
partagent que très peu de principes, et réunissent le plus souvent des textes
difficilement compatibles entre eux, comme le sont « la création du
monde en 6 jours » et « l’incarnation du verbe »,
« l’imprononçabilité du mot « YW » et « l’énonciation
de la trinité divine, du Père, du Fils et du Saint Esprit », etc.
Ce
sont évidemment des questions sur lesquels les théologiens devraient se pencher
promptement.
[49] L’empire d’Alexandre est un
calque de l’Empire perse sassanide. (Cf. « les mille et une
nuits ») !
La
comparaison est saisissante.
Il
conviendrait d’ailleurs de rajouter Zanz-i-bar (= « le port des
noirs »), les Comores, autres rivages de l’océan indien,
probablement Bahraïn, etc.
Le
nom « Ormuz » du détroit est la contraction de Ahura Mazda.
Cf. Machiavel
parlant de ces vastes empires dont il suffit de frapper la tête pour s’en
emparer :
[50] « Après le coup d'État de
Brumaire, Bonaparte affirme : « Je suis la Révolution », pour se contredire aussitôt : « La Révolution
est finie ! »
Finir la
Révolution : on l'a pensé le 5 août 1789 ou lors de la séparation de la
Constituante, quand la Convention célébrait l'Être suprême ou lorsque la tête
de Robespierre tombait dans le panier.
Pour
terminer la Révolution, trois voies sont offertes:
-
retour
au système monarchique et aristocratique (avec l'ancienne ou une nouvelle
dynastie);
-
consolidation
des conquêtes bourgeoises et paysannes;
-
satisfaction
des aspirations de la « sans-culotterie » parisienne.
Retour
au passé; maintien du présent; préparation de l'avenir.
L'aventure
napoléonienne tient dans un choix, celui qu'effectue Bonaparte en 1799. »
Jean
Tulard, “Napoléon ou le mythe du sauveur », Ed. Fayard 1977.
[51][51]Note sur le mot « logos » :
Le
mot « logos » vient d’une
très grande famille européenne de mots : « racine :
« leg – » , qui donne « lego », « lexique »,
« locution », etc. avec les sens de « parole, mot,
vocable », « lire » et/ou « élire, choisir,
=> intel-ligence », en grec comme en latin, etc.»,
Mais
il faudrait être très prudent avant de rapprocher « logos » du
sens du mot latin « ratio » -
qu’il prend parfois - et encore plus des
sens du mot français « raison » -
multiples - au pire lorsque l’on oppose la « raison » à la
« folie » : « Traduttore
traditore » !
« Logos » en grec ancien fonctionne en
opposition avec « ergon », où
l’on peut saisir « la réalité », bien que ce dernier mot français
fusse impossible à retrouver exactement en grec ancien ou en latin.
Ainsi,
un « hiatus » a été senti dès l’origine entre « le mot »
d’un côté et « la chose ou l’idée » dont il est censé rendre
compte, de l’autre.
Mais,
s’il est vrai qu’un caractère « intellectuel », « mental »,
et même « partageable », est indéniablement attaché au mot « logos »,
il ne fait pas la différence entre la nature « passionnelle »
ou « rationnelle » de l’expression.
Cette
précision est essentielle, car les grecs classiques - dont on se
recommanderait volontiers à travers tout un vocabulaire re fabriqué, auquel on
donne parfois un sens qu’il n’aurait pas pu avoir à l’époque à laquelle on
prétend se référer comme source de ce que l’on dit – ne se sont jamais
prétendus « virtuoses du rationalisme », ni même seulement
avoir découvert « La Raison ».
Mais
une longue durée et de multiples échanges, en enrichirent les sens.
1.
Avec le christianisme, le mot acquit toute la transcendance qu’on lui connaît, et
en vint à désigner « Le Verbe » chez Saint Jean (1-1):
Avec Saint
Jean, le « Logos » peut devenir une « abstraction
pure de langage », abstraction immatérielle d’un langage qui n’a même
plus besoin d’être prononcé.
|
|
Saint
Jean peut alors
opposer « logos » à « chair », comme
un signifiant à un signifié, lorsqu’il formule : « kai o logos sarx égéneto … et le verbe s’est fait chair ». Et Dieu est
l’un et l’autre.
Humainement, le couple des opposés serait irréductible, mais Saint
Jean voit comme inhérent au « fait divin » « l’abolition
radicale » de la « barre des opposés », en même temps
que, dans la terminologie saussurienne, de la « barre du
signifiant », puisque « logos »
est posé à la fois comme « origine, catégorie, signifiant de tous les
signifiants » quand il écrit : « En
archè èn
o logos…: Au commencement était le
verbe… »*, puisque,
en grec, « archè » est à la fois « premier pas, origine, principe et
autorité ». « … Kai theos èn o logos : …
et dieu était le verbe ».
*On peut remarquer que la formule, quel que soit le sens exact
qu’on donne au mot « archè », peut être acceptée dans une conception
religieuse du monde, psychanalytique aussi, etc.– mais en aucun cas dans la
« vulgate scientifique » - et quasi-officielle en occident – de la conception darwinienne du monde.
Pour Darwin le temps est conçu de façon linéaire, à partir d’on ne
sait quel début – on a trouvé depuis un mot mystérieux et magique, « le
big bang » - et dans cette conception, ni les minéraux ni les bactéries ne
parlant, « le logos » étant propre à l’homme, serait en
quelque sorte parmi ce qui est en dernier apparu.
« La
parole » est ici « Dieu lui même ».
A
l’inverse, dans la « Création » formulée dans la « Torah »
( « Dieu dit : « Soit, et il
fut ») puis dans le « Coran »
(« Dieu dit : « Kun fa yakun »)
la parole est détachée d’un Dieu qui la prononce et « ordonne un
accomplissement », c’est à dire qu’un signifiant devienne signifié.
Saint
Jean formule
« l’incarnation » comme « intrinsèque » au « fait
divin » : il n’y a plus de séparation entre l’idée et la
chose ; prononcer la parole n’est plus nécessaire : « Le
verbe s’incarne ».
Ainsi,
l’originalité de la divinité, dans le christianisme, réside dans cette
possibilité de consubstantialité d’une abstraction pure et de sa matérialité,
d’où résulte la consubstantialité des trois personnes de la Trinité formant « un
seul dieu en trois personnes : le Père, le Fils et le Saint Esprit »
(« Homo ousia » « même être » ;
de « eimi » = verbe « être » => « ousia » = « essence, nature, substance »).
Nous avons montré – en d’autres pages – la continuité de cette conception avec
la représentation pharaonique de la divinité. Cf. : Osiris, pharaon et
Mâat.
2.
Hors du christianisme , on peut faire quelques remarques sur la langue de Saint
Jean :
Ø
Quant à la grammaire :
Il
est bien possible que le texte de Saint Jean, ait dans sa forme verbale
(au sens grammatical) quelque chose de sémitique.
Les
verbes des langues
sémitiques sont caractérisés par l’absence « de temps » comme
dans les verbes européens.
Par
contre ils comportent « deux modes » que l’on nomme en
français « accompli » et « inaccompli ».
Cette dénomination ne correspond qu’à peu près à ces modes, car ce qu’on
appelle « accompli » peut à l’occasion correspondre à « un
futur français », car c’est aussi un mode de « certitude, de
détermination, d’immuabilité voire d’intemporel ».
Ainsi la
formulation grecque à l’imparfait pourrait bien exprimer ledit « accompli »,
exactement comme dans les traductions françaises d’aujourd’hui, bien que la
traduction en soit impropre ; mais il n’existe aucune traduction exacte
possible en langue européenne.
Le
vocabulaire :
L’emploi du mot grec « Archè »,
peut, lui aussi, avoir un sens intemporel, puisqu’il signifie en grec « Principe, origine, commencement, voire paternité ».
Cela ne fait que renforcer la cohérence de cette « dé-temporalisation ».
Mais
il faut aussi remarquer qu’il y a une différence entre la langue et ce qu’elle
exprime, malgré les
difficultés que fait surgir un changement de conception :
Par
exemple au moment de la Révolution Française, on continua à s’exprimer en
français, bien qu’en changeant beaucoup des valeurs de certains mots.
On
changea même ou inventa certains mots comme les mot « ci-devant citoyen » en place de « mon-sieur » ou « décadi » pour le jour de repos du dixième
jour.
On
remplaça « catholique » par
« universel », (qui n’en
est que l’exacte traduction).
Certains
mots sont restés, d’autres non, mais l’ensemble du corpus exprimé a bien
changé.
De
même, ainsi, écrire dans un grec d’aspect sémitique ne signifie en rien une
allégeance au Judaïsme, et n’empêche en rien de s’en différencier.
Ø
Quant aux religions : Une lecture un peut attentive de Saint Jean fait apparaître
que :
La formulation « En
archè èn
o logos…: Au commencement était le
verbe… » n’a rien de spécialement religieux.
« … Kai theos èn o logos : … et dieu était le
verbe » est au contraire une allégeance religieuse.
« kai o logos sarx égéneto … et le verbe s’est fait chair » est beaucoup plus de
tonalité freudienne ou lacanienne que religieuse, etc.
Ø
On élargira la question en rappelant à quel point il faut se
méfier des traductions et des amalgames :
Ainsi, étymologiquement, le mot « Dieu » = « Lumière » dans les langues
européennes.
Mais il n’en va pas de même dans toutes les familles
linguistiques : Par exemple les arabes chrétiens, qui sont apparus 6
siècles avant les arabes musulmans, ont depuis toujours appelé leur Dieu
du nom d’Allah jusqu’à aujourd’hui.
Allah n’est donc pas seulement le dieu des musulmans.
La « shahada » musulmane (profession de foi
musulmane) comporte deux parties :
La première « Je témoigne qu’il n’y a de divinité que Dieu » est parfaitement
en accord avec le christianisme ; la seconde « et que Mohammed est
prophète de Dieu » ne l’est plus.
[52] Le mot « physique »
ici inclut « somatique » aussi bien que « mental »,
mais il s’oppose ici au mot « psychique » dans son sens
originel qui concernait en chrétienté
« l’âme immortelle ».
A certaines époques (du Moyen Age
européen en particulier), la vie terrestre était conçue comme si « secondaire »
que la catégorie des « maladies » n’était pas même existante
en tant que telle (d’où la simple expression « male habitus »
=> « malade » ) ! Aujourd’hui, le vocabulaire de la
« psychiatrie » « confond » habituellement
les vocabulaires relatifs au « mental » (relatif à l’esprit)
et au « psychisme » (relatif à l’âme). Pourtant la distinction
mériterait d’être maintenue sans assimilation. (Cf. sur ce point ▬)
Dictionnaire
étymologique du latin de Meillet : ↓ |
Le
dictionnaire étymologique du grec de Chantraine permettrait cette
possibilité de « uios » => « us » : ↓ |
|
|
Remarquons
aussi que l’évolution phonétique du latin « dies » a donné
« jour » en français |
[54] Et peut-être, fondamentalement,
l’invention du « théâtre », avec toute la dimension
imaginaire, potentielle, virtuelle, déréelle, de ses plusieurs réalités rendues
possibles.
On sait que le théâtre grec est né avec Eschyle. On y
lira volontiers des questions nées de confrontations culturelles. Elles
atteindront peut-être chez Sophocle un acmé avec les questions posées par Antigone,
dont l’âme a tout d’une étrangère. Sophocle innovera aussi avec l’invention du
3ème acteur, et, peut-être dans le même esprit, imaginera une
destinée très particulière pour un « Œdipe » dont Freud tirera
l’idée d’un « complexe », dans une mise en scène tout
spécialement apte à représenter les structurations mentales occidentales en son époque. Ces voies frayées par
Sophocle, formalisées, en langage psychanalytique, dans ladite
« castration symbolique », sont à la fois l’inverse et
une certaine « sublimation » des conceptions antérieures,
(apologie de la lutte et de l’héroïsme (Cf. l’Iliade), et qui avaient conduit à
l’instauration des « jeux olympiques » trois siècles et demi
plus tôt (776 Av. J.C.).
Quelques 2500 ans plus tard, les inventions du
cinéma, puis de la télévision et même de « l’inter-net »,
pourront d’autant mieux se mettre au
service des exigences de « l’artificialité »
qu’elles ne retiendront plus que les supports « audio et visuels ».
« L’espace
imaginé » représente sans doute une dimension dont la présence est
universelle chez tous les peuples. Mais, plus que les « contes », « romans
», « légendes », « mythes », sinon même « l’histoire
racontée» elle-même, lesquels peuvent déjà œuvrer dans le sens d’un « forçage
», voire « forgeage » d’une
réalité, le « théâtre », puis
les « média audio-visuels », tendent à « concrétiser » la
dimension de cet « espace imaginé », sous forme « d’objectivation » .
On ne
peut pourtant encore donner ici à ce mot le sens « d’ impartialité »
qu’il va plus ou moins acquérir « de fait », et dont seul « LE
réel théorique » pourrait être
garant, puisque, ici, seul « UN réel » parmi d’autres, est « mis en
scène ».
Cette
« mise en scène » de « l’espace imaginé », voire cette extirpation
de « l’espace imaginé en l’autre » requiert en effet encore la « main
de l’homme », en tant qu’homme particulier, lui-même concret mais « subjectif
», « sujet », même si l’on cherche à rendre le « montage »
invisible ou dissimulé dans ces arts, comme c’est le cas de la présence des
caméras, dont la dissimulation représente une sorte de règle d’or dans l’art du
cinéma et jusque, généralement, dans les « reportages ».
L’entreprise,
au fil du temps, acquit la dimension d’une « machinerie » gigantesque, et
nécessitera même la création d’un vocabulaire européen nouveau, auquel, par
exemple, la cinématographie arabe choisira d’emprunter les mots « montage
» et « reportage ».
Cette
« objectivation » n’est donc, en fait, que la présentation sous forme « d’objet
» d’une « subjectivité » extirpée « subjectivement ».
L’apport
de la « troisième dimension » à laquelle on a fait allusion, qui
pourrait être seulement celle de « l’enregistrement », n’y change
rien. Serait-elle encore celle du « consensus », dont le nombre, on ne
le sait que trop, n’a jamais pu avoir aucune valeur de « crédit de
Vérité », que cela n’en changerait donc pas davantage tout ce « subjectif ».
Comme
on le voit en passant, finalement, « l’objectivité » d’un « réel
théorique » unique et sûr reste de l’ordre de l’invérifiable
hypothèse, ou de la croyance, que celle-ci porte la marque de la tradition ou
de la découverte, déduite ou révélée.
A
propos du « consensus », dont la « prestance submergeante »
prend trop souvent le pas sur les « méthodes démonstratives »,
on rappellera ici, encore une fois, que la « démocratie » - système
paradigmatique dont le moteur même répond à la règle « du plus grand
consensus » - et dont l’apparition dans le temps, en Grèce, a été
contemporaine de l’apparition du théâtre et de ses aléas - n’a jamais eu, à
l’époque ancienne, d’autre valeur que politique.
En délaissant artificiellement les longues phases
d'élaborations, d'échanges et d'emprunts, et en ignorant, parmi les religions,
les multiples « écoles », on pourrait schématiser ainsi
quelques stades:
Ø
Alors
que ces parties du monde de l'antiquité que nous avons mentionné avaient
développées chacune des registres de croyances spécifiques (de plus en plus
confusément rassemblées en Grèce et à Rome, au fur et à mesure des conquêtes),
Ø
le
christianisme a assigné un place à chacune des deux grandes aspirations
(« Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu »),
Ø
L'islam
(le nom est tardif) aura sans doute voulu « sceller » plus définitivement les termes de ce qu’il considère
comme un retour aux origines , en honorant Mohammed du titre de « sceau
des prophètes » ( خَاتَمُ
أَلنّبِّيِّنَ), en
rassemblant dans l’écriture du Coran le texte de la révélation, et enfin par la fermeture des portes de « l'ijtihad »
chez les sunnites au XI siècle de l’ère chrétienne.
Ø
Puis,
depuis la « Renaissance », un occident « rationaliste »
n'aura de cesse d'en vouloir reprendre et d’en explorer les « dialectiques » par des recherches
poussées, et souvent fructueuses, dans tous les domaines.
Ø
Mais
la psychiatrie, dans un contexte volontiers « passionnel », en
devenant malencontreusement une « institution exécutive »,
s’interdisant alors, par « l’attitude dogmatique de ses procédures »,
nombre « d'authentiques recherches », sociales, médicales ou
religieuses, deviendra le champ de l’impossible « mise en scène » de ses propres dialectiques abstraites :
ü
Impulsée
à agir, concrète, dans l’exécution,
ü
contrainte
à rester abstraite dans ses pensées causatives.
ü L’immobilisme
de ladite thérapie côtoie alors la célérité de son instauration.
Mais le « quiproquo » n’aura résolu,
sinon en les écartant, aucune des incontournables questions du « bien
fondé » de nos institutions. Car, conformément à nos plus longues
traditions, les réponses à ces questions n’en ont jamais été attendues de
l’exécutif, ni il n’a été attendu de la psychiatrie qu’elle n’énonçât
« à quel saint se vouer ! », dès lors qu’elle restait
soumise à cet exécutif par ailleurs nécessaire.
Toute institution humaine a besoin, au plus haut
point, de « non-contradiction » et l’on ne saurait renverser
« le religieux » au prétexte de sa contraignante « raison
dogmatique », en le remplaçant par une autre « raison »
toute aussi « dogmatique », sans s’exposer soi-même aux mêmes
critiques que celles que l’on avait porté.
Les datations de l'ère chrétienne jalonnent avec
précision les rencontres.
La naissance de la psychiatrie comme « institution », elle, témoigne d'un engagement « du rationalisme » dans une voie qui contredit donc la propre justification qu’elle avance.
[56]
Le terme avatar : « Wikipedia » :
… trouve son origine en Inde (du sanskrit avatāra: descente,
ava-TṚ : descendre) et signifie « descente,
incarnation divine »[1]. Dans
l'hindouisme,
un avatar est une incarnation (sous forme d'animaux, d'humains, etc.) d'un
dieu, venu sur terre pour rétablir le dharma, sauver les
mondes du désordre cosmique engendré par les ennemis des dieux (les démons).
Généralement les avatars sont ceux du dieu Vishnu, fils de la
déesse Ahiṃsā et du dieu Dharma[2]….
Fin des notes de bas de page